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L'Economie : Le système de santé des Etats-Unis
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MARDI 14 SEPTEMBRE 1993
FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY - DIRECTEUR : JACQUES LESOURNE
Arafat et d’Itzhak
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§§§§§ Les Etats-Unis garantissent l’accord Israël-OLP
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saluée par i e Pr
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lois attribué .
commerce d c SaJJJv
entreprise éirangènT^
Pour le maire,
André Labarrère,
le nécessaire
rééquilibrage
du Sud-Ouest pas
par le percement
du tunnel du Sorç
et le développent
du réseau
Pau-T arbes-Lounfe
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Espagne . N'ide.üct
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« Opportunisme »
et continuité
L 'HISTOIRE, au Procha-
Orient, n'aat pat Ingrats
pour Bût COnton. En t'accéMrant
^Soudain d« manière a psc t seulahs
«Ms a parmis au présidant améri*
iln da récupérer aujourd'hui à
r-éon profit uns bonne part da fa
gloire qui rejaillira aux yeux du
monda sur Isa participants è la
cérémonie da signature da
Washington. Voilé qui témoigna
sinon d'une grands Intuition poli-
tique, du moini d'un beau sans
da rtopportufdama».
Dieu sait pourtant ai, dans
cette affaire, Bill Clinton revient
da loin. N'avait-il pas, dans un
premier temps, accueilli l'an-
nonça da l'accord «Gaza-Jéri-
cho», avec la plus parfaits désin-
volture, an assurant qu'a II y
[avait] eu dans la passé nombre
da choses semblables»? La vire-
volta ne tarda guère et depuis
une semains, h chef da la Mai-
son-Blanche multiplie las propos
enthousiastes pour saluer la
caractère ahistorique» da l'ar-
rangement conclu dans la dos
des Américains.
E T pour lui donner la maxi-
mum d'éclat II n'a paa
hésité è forcer jla maki d'Itzhak
Rabin, qui n'anijtjotirbutf jm»
Ini tialeme nt l'Intention de vawè
Washington serrer cêffe de Yas-
ser Arafat. En fait, Bill COnton
re cisaille aujourd'hui las fruits
des efforts constants déployés
par la dfploiratii américains sous
la règne da sas trois prédéces-
seurs, an particulier grâce è
l'obstination patienta da James
Baker.
En effectuant huit tour nées au
Proche-Orient pendant la saule
année 1991 («S'occuper da
cette région est un travail à plaln
temps I » notait déjà Henry Kis-
singer), an cultivant la confiance
des pays arabes aMée des Etats-
Unis pendant la guerre du Golfe,
an mettant au point la confé-
rence da Madrid - coparralnée
par Washington et Moscou, - on
sachant hausser la ton, ai néces-
saire, notamment à l'adressa
d'Israël lors da la controvareâ aur
la poursuite par la gouverne me nt
8hamlr des Implant a tio ns Juives
. an Cisjordanie - ce qui lui valut à
l'époque las foudres du candidat
démocr a te Bill CUnton - l'ancien
secrétaire d'Etat américain a
ouvert la vola è l'accord du
13 sept e mbre.
C E qui compta aujourd'hui,
c'est que las dirigeants da
Washington affirmant vouloir
foira flèche do tout bois pour que
1*0000111 «Gaza -Jéricho» soit un
succès aur la terrain. H est vrai
qu'lia ne manquant pas d'atouts,
not am ment la confiance que tour
témoigna Itzhak Rabin, da longue
data la plus pro-amérlcain des
dirigeants Israéliens, et la datte
politique contractée par les pays
du Golfe, priés da financer géné-
reusement la future «paix»
israélo-palestinienne.
Au dalè da l'accord «Gaza-
Jéricho s, las Etats-Unis souhai-
tant consolider rapidement la
processus on cou», an l'élargis-
sant aux autres pays arabes.
VoHè pourquoi Warren Christo-
pher a laissé entendra di ma nche
que des Gl pourraient prêter
main-forts sur la Golan è la misa
an appBcation d'un traité iaraéto-
«yrian. La «pax amerlcana » au
Proche-Orient marquerait alors
un nouveau point
M0147- 0914 0 -7.00
et veulent rassurer la Syrie
Avant d'arriver à Washing-
ton pour participer, lundi
13 septembre, à la signature
de raccord préRrninaim israé-
lo-palestinien sur l'autonomie
des territoires occupés, Yas-
ser Arafat a déclaré que la
négociation sur le statut défi-
nitif des territoires occupés
doit conduire i la formation
d'un Etat palestinien formant
une confédération avec la Jor-
danie. De son côté Itzhak
Rabin, a confié : a Je suis en
paix avec ma conscience et je
pars à Washington le cœur
léger.»
L'administration américaine
veut maintenant s'efforcer de
rassurer la Syrie.
por Jeon-Pîerre Langellier
Dans le grand album illustré
du Proche-Orient, trop riche en
guerres et en drames, la cérémo-
nie de Washington ira rejoindre
les' rares images d’espoir offertes
par le conflit israélo-arabe, et qui
remontent, pour l’essentiel, è la
fin du règne d’Anouar El Sadate :
le discours du rais à la Knesset et
les sourires de Camp David. Par
sa puissance symbolique et son
Exorcismes
■
impact politique, la signature, à
la Maison Blanche, en présence
d’Itzhak Rabin et de Yasser Ara-
fat, d’une « déclaration de prin-
cipes sur des arrangements intéri-
maires d’autonomie» n’a rien à
envier aux célébrations du passé.
Mais elle a lieu dans un climat
di ff é r e n t.
L’Etat juif avait, en novembre
1977, accueilli par un
déchaînement d’enthousiasme la
décision stupéfiante du président
L’éventail des futurs
par Jacques Lesourne
Uenrw aspirait de plus en plue *
échanger des territoires contra
une paix durable;
2) En ne aa Imitant paa è la
dimension politique du pro-
blème. mais an consacrant da
nombreux paragraphes aux
questions économiques, la
Déclaration, avec une hauteur
da vues remarquable, s’inspire
d’une vision è long tanna et
réunit en un seul texte ce que
furent pour l'Europe occiden-
tale, ë neuf ans de distance, la
naissance de la République
fédérale en 1949 et le traité de
Rome en 1958;
3) En quelques jours, les
regards que portaient aur l'Au-
tra fa majorité des Palestiniens
et des Israéliens se sont déjfc
senslblemsnt transformés,
comme si près de quarante ans
de promiscuité hostile avaient
inconsciemment engendré las
prémices d’un respect mutuel.
lira la strfta paga 3
UL doute que, en dépit des
muhiplM future qu’il contient en
germa, l'accord signé h
Washington le 13 septembre
entra IsreAI et l'OLP annonce
une rupture dans l'évolution
d'un Proche-Orient marqué par
les tracas des tivBeationg nom-
breuses qui se sont succédé ou
ont coexisté sur son aol. Mais
uns rupture est toujours source
d’incertitudes, comme vient de
nUuatrar la fin du commuresme
soviétique. Quels enchaî-
nements et quels acteurs peu-
vent mortifier demain le devenir
des relations israélo-palesti-
niennes?
Au dépan, une triple consta-
tation :
1} L’accord est devenu pos-
sible parce que l'OLP, convain-
cue de i’ebsence de solution
militaire, s’était progressive-
mtnt dégagée de l'emprise des
autres pays arabes pour assu-
mer seule son destin, tandis
que l'opinion publique israé-
ëgyptien. Arafat n’étant pas
Sadate, la fièvre est empreinte,
cette fois, de gravité. La recon-
naissance mutuelle et l’accord
Israél-OLP suscitent un assez
large sonjjen, mi-tranquille, mi-
inquiet. Selon les derniers son-
dages, 57 % des Israéliens juifs
l’approuvent (60.% en comptant
les Arabes). Mais l’incertitude est
trop grande pour autoriser des
réjouissances massives.
lire Je smlt» page 5'
La longue quêta d'une reconnaissance américaine
par ALAIN FRACHON
Les Américains ont forcé la main à M. Rabin
Réjouissances et vague d'attentats dans la bande
da Gaza et en Cisjordanie
par PATRICE CLAUDE
Comme un rêve d'enfance à Nazareth, parmi les
quelque 800 000 Arabes Israéliens
par DOMINIQUE LE GUILLEDOUX
Quarante-cinq ans de conflit
pages 3 à 6
PS : le retour
de Lionel Jospin
L'ancien ministre de l'éduca-
tion nationale, qui avait pris
sas distances avec la politi-
que an avril damier, a réuni
ses amis sociafistss au cours
du week-end.
pag§8
Un entretien
ane JSrgen Htbtmas
Le philosophe sllsmand
revient sur l'état d'esprit dé
sas compatriotes et plaide
pour des progrès rapides de
l'union politique de l'Europe.
page 2
Emploi : recettes éprouvées
j Mok Mûrement, le projet à M lest emre évolutif ; 3 comporte hrnmp à mesures et peu d'innovations
par Alain Lebaube
Tel qu'il devait être présenté en conseil des
ministres, le 13 septembre, le projet de loi
quinquennale sur l’emploi sera un simple
brouillon. Q ne comprendra pas tous les amé-
nagements élaborés lors des récentes discus-
sions avec les partenaires sociaux, et notam-
ment ceux qui concernent la formation
professionnelle. Evolutif, le texte devrait
adopter sa forme définitive - et convenue -
lois de la discussion parlementaire, par voie
d’amendements déposés par le gouvernement
Ce qqî supposera une parfaite discipline de la
mqjorité...
Cette situation pour le moins curieuse,
voire inédite, s'explique par des contraintes
de calendrier qui avaient déjà amené le
Conseil économique et social (CES), la
semaine dernière, & condamner la * précipita-
tion » gouvernementale. Comme il est de
droit, le Conseil d’Etat a été consulté, mais
sur une version antérieure à la «concerta-
tion» qui a eu lieu le 6 septembre avec les
.syndicats et le patronat {le Momie du S sep-
tembre) et qui s'est poursuivie depuis. Et
c’est cette version qui devait être soumise au
conseil des ministres. Drfile de cafouillage
institutionnel pour un document censé être,
selon les vœux de Michel Giraud, ministre du
travail, aune loi de société» 1 Ironie de la
procédure quand il s’agît d’arrêter des orien-
tations dans une duree elle-même voulue
exceptionnelle, à savoir cinq ans.
Quoiqu’il en soit révélateur d’une improvi-
sation surprenante, largement due à un man-
que de rigueur dans la pratique du dialogue
social dont se sont plaints les partenaires
sociaux è des degrés divers, là n’est pourtant
pas FessentieL En dépit' de son ambition affi-
chée, des objectifs fixes et de l'importance du
catalogue offert, il ne ressort pas de ce projet
de loi quinquennale le souffle que la gravité
des temps aurait pu dicter.
Un is sait» page 20
Le gestionnaire des crises
Jmfhde Tridet sera le mm gouverneur
è la toupie à France. Christian Royer M soccèè m îrésor
par Erik Izraelewicz
Si, par hasard, vous l'aviez sur-
pris, cet hiver, dans son salon de
thé-restaurant pcéfibé du Marais, à
Paris, vous n’auriez sans doute pas
été étonné par sou choix: aux for-
mules «le classique» et «le colo-
nial», Jean-Claude Trichet, direc-
teur du Trésor an ministère des
finances, préfixait déjà le menu «le
gouverneur»! Un choix qui,
inanny J amnignt —im trahis-
sait son ambition du moment :
gouverner ta Banque de France.
Pris en flagrant délit, Jean -Claude
Trichet devait en sourire. Six ans
presque jour pour jour (c’était le
26 août 1987) après avoir été
nommé A b tête de b. direction du
Trésor, M. Trichet, cinquante ans,
quitte donc son poste, sans doute
Fun des plus influents de l'adminis-
tration française, pour devenir gou-
verneur de la Banque de France.
Cela au moment même - pure
coi&icidence - où le pouvoir moné-
taire se déplace, avec la réforme de
l'institut d’émission, de Bercy vus
b nie de La Vriüièret siège de b
banque. Chargé d’en étrenner les
nouveaux statuts, «J.-C. » -
comme on rappelle au ministère -
y arrive alors même que le flanc, le
système monétaire européen (SME)
et Féoooamîe française sont en dif-
ficulté. Ce qui ne devrait pas trop
gêner ee grand commis de rËtat -
u en est presque une caricature -
qui a démontré, au cours d’une
csfriftre déjà bien riche, un savoir-
foire sans doute inégalé dans b ges-
tion da aises.
lire la suite pag» 1$
A L'ÉTRANGER ! Mme. S DH ; TtrtaJa, B50 m; ASatnagrw. 2JBQ DM; Ainridia. 28 ATS; Bskfoua. 4S rarCSwk, 2Jtfi S CAN ; Aitf wM onlav B F ; Cate-tflwln. 488 F CFA; Denameric, U KflO : Etpegna, 180 PTA ; (L4L BS p. ; Mml 2SO M ■
Irlande. 1J0 X r Italie. 2 400 L ; Lwambours, 48 FL j Norvège, 14 KRN ; Peyi-fciêrÏR- : Vonugal Con*„ ISO PÏE ; Sénigel, 480 F CFA : SoMe. 18 KR$ ; Stria», 1,80 ÉSîUSA |NV), 2 S ; USA (oitiiini)7 îTboj!
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2 Le Monde • Mardi 1 4 septembre 1 993 •
DEBATS
Un entretien avec Jurgen Habermas
« Nous oublions que les nouveaux problèmes ne changent rien aux anciens »
s A ta différence de fa pliqtart
des universitaires allemands.
vous Intervenez dans le débat
pubBc à propos de questions par-
ticulièrement sensibles. En
outre, vos prises de position ren-
contrent un écho International.
Nous aimerions vous demander
d'abord de rappeler quel est l'ar-
rière-plan philosophique de vos
interventions. Pourrait-on les
caractériser globalement en
disent que vous considérez les
dangers de notre civilisation
comme un défi pratique, alors
que des penseurs comme
Adomo et Heidegger les envisa-
geaient comme un destin inéluc-
table?
- Je ne mettrai pas si nettement
sur le même plan Adomo et Hei-
degger. H est vrai que tons deux
font on diagnostic dramatique de
l'époque en la plaçant dans la vaste
perspective d'un déclin historique.
La «ntison instrumentale * ou bien
le «dispositif ée la technique» font
apparaître au grand jour des ten-
dances fatales, d’origine archaïque,
conduisant & Ihssqjettissement et a
la réification. Mais Adomo savait
que même la critique la plus radi-
cale de la raison ne peut se passer
d’une force de négation inhérente à
la raison eOe-mème. A la différence
de Heidegger, il n’a jamais rejoint
les adversaires des Lumières. Aussi
était-il suffisamment inconséquent,
comme intellectuel assumant un
râle public, pour parler et agir en
contradiction avec ce que l’on
aurait attendu du théoricien du
«monde administré». Malgré son
pessimisme théorique, il a tout bon-
nement adopté, vis-à-vis du grand
public, une attitude de pédagogue.
- N 'avez- vous pas mafgré
tout envers des questions
d'intérêt public, une attitude
plus pragmatique, qui vous dis-
tingue a la fols d'Adoma et de
Heidegger ?
- Peut-être a-t-il fallu attendre
ma génération pour que nous nous
débarrassions de certaines préten-
tions propres à la culture des man-
darins allemands. Après la guerre,
nous sommes entrés plus étroite-
ment en ‘contact avec Tèsprit 'anglo-
saxon. D existe par ailleurs aujour-
d'hui, _■ en -■ philosophie.- - uae
conscience plus nettement dévelop-
pée du fait que nos arguments sont
faillibles. Je ne fais plus confiance
au concept fort de «théorie» pro-
pre à la tradition philosophique, ni,
pour ainsi dire, à la Vérité avec un
grand V. Mais je ne fais pas non
plus le deuil d r une telle connais-
sance de la totalité, dans le style
d’une théologie négative.
- Vous souhaitez cependant
mettre e n évidence les enjeux de
notre époque et dire comment
faire race aux défis que nous
rencontrons. Quels sont en ce
Né à Düsseldorf en 1929, JQrgen Hôbermas, professeur à
t université de Francfort est l'un des philosophes les plus
renommés de notre époque. Auteur <f une œuvra œnsdôm-
trie, tam par le norrim de ses ouvrages et rides que par
l'ampleur de sa réflexion, où convergent rapport de la tradi-
tion philosophique et celui des sciences humaines, B se
caractérise aussi l depuis près de quarante ans, par une
constante activité JoumaSsOque menée paraSèlament à son
travaB de recherche.
Prolongeant de manière originale le mouvement de pensée
inauguré par récote de Francfort, où B fut dès 1956 l'assis-
tant dJ Adomo, 3 s'est fcvmé notamment atqxès de Horkhei-
mer, de Gadamer à Heidelberg, et de Kart Lôwitfh Au cours
de œs dernières ornées, une quinzaine de ses Bvres ont été
traduits en français. Ses analyses, notamment cela de la
* raison communicatiormeBe», sont aujounfhui au centre
des débuts aiteBectuels entre l'Europe et les Etats-Unis.
Connu pour ses prises de position en faveur du mouvement
étudfsnt de 1968. 9 n'a cessé dlntervenk, particulièrement
sur les questions qta confrontent l'Allemagne à son passé,
provoquant de fréquentes polémiques, dont ta frius récents
concerne la motSBcadon du statut du chrit d'asile dans la
Constitution aBemande.
domaine vos principaux thèmes,
et vos obÿectm?
- A une telle question, on ne
peut répondre que par un livre on
par une phrase : a mon sens, la
question formulée par Max Weber
à propos des paradoxes de la ratio-
nalisation reste la meilleure clé
pour un diagnostic de l’époque
fondé & la fois sur la philosophie et
la science.
- Qu'est-ce à dire?
- Nous devrions, sans gémir,
nous rendre compte tout A la fois
de la tournure ironique propre à un
progrès social et culturel qui ne
cesse de se démentir lui-même, et
du prix A payer pour une moderni-
sation A laquelle nous refusons
néanmoins de renoncer. Ce qui
domine actuellement, c’est une cri-
tique assez peu dialectique des
Lumières qui ne nous apprend pas
grand-chose: Quand Horkheimer et
Adomo pariaient de « raison instru-
mentale », ils ne voulaient pas dire
que l’on serait en droit d’identifier
la raison à l’activité objectivante
d’un entendement tel qu’a est pro-
pre A un sujet qui s'affirme lui-
même. Ce qui leur importait, c’était
qu’un entendement qui cherche A
s ériger en totalité usurpe une place
qui ne revient en vérité qu’A la
raison. Les Lumières se changent
alors en mythes positivistes. C’est
notamment au cours de notre siècle
qu’elles montrent leur revers bar-
bare. Les horreurs nues d’une dérai-
LES NOURRITURES
DE DEMAIN
Manger pour vivre
ou vivre pour manger ?
Médecins, sociologues, chercheurs,
diététiciens et autres nutritionnistes
se penchent sur le contenu
de nos assiettes et nous expliquent
les liens entre habitudes alimentaires
et santé, entre "science-fiction"
et nourriture de demain.
Un numéro spécial été
de Sciences et Avenir
pour devenir - enfin -
des consommateurs avertis. •
3 SS
. flt r
SCIENCES
* ET
AVENIR
son existante noos ont débarrassés
du dernier reste de oonfîance essen-
tialiste dans la raison.
» En même temps, il n’existe à
notre connaissance aucune solution
de rechange A une modernité qui a
pris conscience de ses propres
contingences. Moins nous choisis-
sons des subterfuges imaginaires,
moins nous sommes tentés d’inter-
préter les risques inhérents à Ea
modernité comme une fatalité agen-
cée depuis longtemps. U n’existe
rien de supérieur ni de plus profond
A quoi nous pourrions en appeler.
Seule existe une raison, devenue
procédurale A force de désenchan-
tement, et qui travaille
seulement au moyen d’arguments, y
conquis en s’opposant A elle-même.
C’est d'ailleurs ce qu’a voulu dire
KahtTfff ttitfqUé'de la raison ‘àa* sa
propre œuvre.
N'estr.çe. pas, en fin. .de
compte, l'ancien rationalisme
que vous êtes en train de
décrire?
- Non, à condition que la dialec-
tique de la raison soit animée par
une méfiance, radicalement antipa-
tonicienne, contre. la consolation
idéologique qu’apportent les fausses
générantes. Le travail d’une raison
autocritique consiste en effet A sur-
monter ses propres projections
déraisonnables. Une telle raison est
capable de transformer ses énergies
critiques en forces d'engagement de
la communication qui réalise l'ac-
cord sans contrainte. Je pense à la
force de l’entente intersubjective
S ri, en cas de conflit, est la seule
tentative A l’emploi de la vio-
lence.
» Grâce A la force non coercitive
du meilleur argument, elle permet,
eu effet, d'aboutir A un accord non
violent, y compris entre étrangers
qui ont besoin d’une communica-
tion de ce type pour se reconnaître
comme étrangers et pour se respec-
ter précisément A travers ceux de
leurs traits qui les font «autres», et
par lesquels ils se distinguent les
uns des autres.
- Soyons plus concrets, si
vous le voulez bien. Les boule-
versements intervenus en
Europe centrais et orientale ont
profondément modifié la vision
que no tre époque avait d'elle-
même. Les problèmes actuels
ont-Bs encore un Ben avec ceux
que vous aviez identifiés et étu-
diés au cours des années 60 et
70. ou bien vous semblent-ils
être d'une nature tout à fait dff-
férente?
- Eh bien, on peut tout de même
parler d’émancipation A propos de
cette «révolution de rattrapage» à
laquelle nous avons assisté avec
étonnement et enthousiasme.
Certes, nul ne s'attendait à une telle
faillite du socialisme d'Etat D va de
soi qu’un événement aussi inat-
tendu et qui change le cours de
l'histoire, entraîne de nouveaux
problèmes auxquels nous n’aurions
pas osé penser il y a dix ans :
reconversion d’une économie d’Etat
épuisée en rapports de propriété du
capitalisme privé} retour de guerres
civiles à motivation ethnique et de
conflits nationalistes, désintégration
de l'ordre bipolaire du monde, nou-
velle constellation des forces en
Europe centrale. D'un autre côté,
des césures aussi profondes génè-
rent leurs propres illusions. Nous
oublions que les nouveaux pro-
blèmes ne changent rien aux
anciens, ils ne font qu'en détourner
notre attention.
- Par exemple?
- Officiellement, la CEE compte
aujourd’hui 17 millions de
chômeurs. Dans les pays de
m
J A
w U .
>^1-.
Jt-S
rOCDE, on en prévoit 36 millions
pour l'année prochaine. Même la
prochaine reprise s’effectuera sui-
vant le modèle d’une «croissance
sans création d’emplois» ( jobless
growth). Cela signifie que Ta seg-
mentation se renforcera dans nos
sociétés, avec les conséquences bien
connues que F on observe aux Etats-
Unis : ghettoïsation, dégradation du
cœur des villes, augmentation de la
criminalité, etc., sans parler des
problèmes de l'immigration, de
l'écologie, de F égalité des femmes.
Bref, tous les problèmes que nous
abordions avec 1989 du point de
vue (fune transformation sociale et
écologique du capitalisme industriel
sont simplement devenus plus
ardus.
** «LeS.Kgim-.-r.::
appauvries du monde
ne disposent
d’aucune sanction
:: contre le Mord»
» Cria dit, l'interdépendance des
événements mondiaux, qui s'accroît
de façon drastique, a anéanti l’illu-
sion de ceux qui croyaient encore à
la possibilité de régler ces pro-
blèmes d’un point de vue purement
nationaL La responsabilité de l’Oc-
cident dans la misère croissante de
l’Europe de l’Est, les flux migra-
toires planétaires dont les causes ne
pourraient être éliminées que par
une reconstruction de ce que l’on
appelait autrefois le tiers-monde, la
pression des conflits internationaux,
le nouveau rôle de TONU, tout cela
nous a rendus plus sensibles A la
simultanéité des développements
inégaux à l'échelle du globe.
- Vous attendez-vous à une
Intensification de crises sans
issue partout dans te monde, ou
bien ces crises portent-elles en
efi es leur solution virtuelle?
- Je n’en sais rien. Nos réactions
sont peut-être souvent trop subjec-
tives. De nombreux observateurs se
sentent paralysés par raccumnlation
des problèmes qu'ils perçoivent par-
tout dans le monde: La théorie des
systèmes répand une idée qui ren-
contre une fois de plus un écho
favorable : tout change, mais rien
ne va plus. Il me semble que la
constellation qui caractérisait le
début du mouvement ouvrier en
Europe, lorsque les masses se révol-
taient contre la domination de la
bourgeoisie, se reproduit aujour-
d’hui à l’échelle mondiale, mais
dans une configuration bien diffé-
rente:
» En effet, les masses des régions
appauvries du monde ne disposait
daucune sanction efficace à l’égard
du Nord : elles ne peuvent pas faire
la grève, tout au plus peuvent-elles
nous «menacer» de vagues d’immi-
gration massive. Ce qui, en Europe,
était un effet secondaire du désir
d’émancipation est aujourd'hui un
objectif déclaré : atteindre les
formes de vie des sociétés pros-
pères, participer A cette dvQisatioa
dont les conquêtes rayonnent A tra-
vers le monde et qui t par ses signes
avant-coureurs (sénés télévisées,
Coca-Cola et jeans), a effectivement
pénétré jusque dan s les derniers
recoins. Or nous savons, ne
serait-ce que pour des raisons écolo-
giques, que le niveau de bien-être
que cela suppose ne peut pas être
étendu au monde entier.
- Cette évolution mondiale
coïncide avec une situation très
particulière en RFA. A ht diffé-
rence des Etats d'Europe de
l'Est qui doivent résoudre lettre
problèmes sur la base d'une
indépendance politique recon-
quise. l'Allemagne, engagée
dans le processus de sa réunifi-
cation, se trouve pour ainsi dire
face à eüe-mème. Pan/lendra-
t-eüe i sortir seule de cette
situation?
- Etant les partenaires les plus
p roches de la France Ot membres de
la CEE, nous ne sommes heureuse-
ment pas seuls. De plus, pour un
pays comme l&n&Pr, dfikf écoio-
mie est fondée largement sur I ex*
rmelièmeift rëtafnié e*'à juif Jque
peu fictive. D’un autre coté, de
telles fictions ont parfois loir poids
propre, lorsqu’elles touchent l'ima-
gination des masses, ou même seu-
lement celle des élites. Certains se
remettent A river d’une Allemagne
devenant A nouveau un e g rande
puissance au centre de l'Europe.
C’est pourquoi il est important
d’observer la mentalité politique
qui sera celle des Allemands au sor-
tir de cette rencontre avec eux-
mêmes. De nombreux Allemands
de rOuest ont l'impression de ren-
contrer A l'Est une part de leur pro-
pre passé.
» Cela suscite à la fois des souve-
nirs légitimes et des sentiments nos-
talgiques, mais aussi des affects
inconscients qui semblaient être
oubliés depuis longtemps. Même
parmi les intellectuels, on rencontre
des sentiments bizarres, comme 1e
soulagement d’avoir surmonté, en
même temps que la division natio-
nale, une prétendue aliénation
culturelle, nous permettant aujour-
d’hui seulement de revenir A ce qui
nous est propre. Au lieu de laisser
se développer de tefles idées, il fau-
drait ouvrir un débat sur le rôle de
la nouvelle Allemagne. Une telle
explication aurait dft avoir, lieu
dans le cadre d’un débat sur la
Constitution. Cela n’a pas été possi-
ble, en raison de la précipitation
avec laquelle la réunification a été
mise en œuvre.
- Dans ce contexte, comment
jugez-vous le changement du
droit d'asile ? Voyez-vous une
évolution identique an finnoa od
le gouvernement, avec sa
réforme du code de la nationa-
fité. a mis en cause ta rbrrit du
sol en vigueur depuis la Révolu-
tion?
- En effet, dès que le gouverne-
ment français a changé, Charles
Pasqua a agi très rapidement En
trait cas, en République fédérale, la
manière dont les partis conserva-
teurs ont utilisé œ thème du droit
d’asile contre une opposition
impuissante a été extrêmement
dommageable. Devant Panière-plan
des changements de mentalité déjà
évoqués et d’un potentiel de confins
sociaux accumulés depuis Punifica-
tion, la dramatisation sans scrupule
de ce thème a encore accentué une
montée de la xénophobie et de l'an-
tisémitisme qui n’en avaient pas
besoin. De toute façon, il n’y a pas
de solution simple du problème de -
l’immigration.
D’autre paît, \1 noos mut faciliter îa
naturalisation des travailleurs étran-
gers que nous sommes allés cher-
cher eu Europe du Sud-Est depuis
le milieu des années 30. Ils vivent
chez nous dans le rôle paradoxal
d'Allemands ayant un passeport
étranger et ont peur aiyourdTiui
d'être, comme à MflUn ou à Soün-
a les victimes d’agressions incen-
5S de Textrêmc droite.
' - Comment combattre h
racisme en Allemagne, et plus
généralement en Europe? Est-Il
a mos yeux de même nature que
celui des années 30?
- A la seconde question je lépon-
drai par oui et non- Bien Que les
ag ressions et les meurtres sur fond
de terrorisme de droite aient été
trios fréquents en Allemagne de
l’Est, les charges catastrophiques
qu’y subissent des régions aujour-
d’hui désind us trial isees, avec un
tain de fhAtnagp régional allant jus-
qu'à 40 %, offrent au moins une
explication. En revanche, dans
P ouest de l’Allemagne, les condi-
tions n'ont pas changé. Là, ce sont
des écluses qui se sont ouvertes; en
effet, les vieux préjugés, qui avaient
été soumis A une censure infor-
melle, ont rejailli. Or si cela est
vrai, la haine actuelle de tout ce qui
est étranger ou quelque peu déviant
présente une généalogie qui
- en passant par des traditions peu
spectaculaires - remonte jusqu’à
l'époque nazie, et probablement
plus Irai encore.
«Nous devrions
faire avancer
l’union
politique -
à l’Europe »
-7 l? ! .TL^rïo-jf- pp?
- » D’un Autre côté, la comparai-
son avec les années 30 est musse.
En effet, depuis le débot des années
60, la mentalité politique de la
population d’Allemagne fédérale
s’est manifestement libéralisée: Par
suite de la révolte des étudiants, ce
Reste A savoir si ce progrès de la
civilisation politique observable
dans l'ancienne République fédérale
se poursuit, aujourd’hui, après runi-
fication de P Allemagne. L’attitude
que la République fédérale adopte A
l'égard dés valeurs occidentales eu
est un bon indicateur. Eu disant
cçta, je pense aux liens intellectuels
avec l’Ouest, plus encore qu’à la
politique étrangère.
- Cette dernière est égale-
ment imp or tante. Quelle devrait
être selon vous h place de l'ABe-
magne dans le contexte interna-
tional?
Nous devrions faire avancer
Tunion politique de l'Europe, mais
en évitant de le faire par des
moyens administratif, sans soutien
populaire. Dans la mesure où les
résistances se développent, y com-
pris en République fédérale, u nous
faut un droat public sur le dévelop-
pement futur de la Communauté.
Ce développement doit certes pas-
ser par Maastricht mais en visant
une démocratisation résolue des
institutions bruxelloises et une
interpénétration politique effective
des espaces publics nationaux en
choses sont nécessaires en Alle-
magne: D’une part. il nous faut une
politique d’immigration ouvrant de
nouvelles options juridiques, afin
faire en sorte que TONU se trans-
forme rapidement en organe exécu-
tif, au lieu de s’en tenir A des réso-
lutions. Pour être reconnue comme
une force neutre, garante de Tordre
mondial, i’ONU doit être capable
d’agir au moyen d’une armée placée
sous son propre commandement
Ce sont IA deux exemptes d’on pro-
gramme alternatif A une politique
étrangère qui pourrait se développer
chez nous, orientée vers l’Est et
militarisée dans Fesprit de la nou-
velle souveraineté.
» En tout cas, l’état interne assez
flou de la République fédérale, avec
des alternatives qui restent singuliè-
rement confuses, est plutôt m alsain
Pour l’instant, le mot d’ordre
inquiétant selon lequel «{'Alle-
magne devient plus allemande»
n’exprime qu’un état d’esprit vague,
assourdi par nos propres problèmes
internes. Mais demain? »
Propos recusilfis par
ROGER- PO L DROIT
et JACQUES POULAIN
(trarkôi de l'allemand
par Ramer RochBtz)
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• L® Monde • Mardi 14 septembre 1993 3
L’ACCELERATION DU PROCESSUS DE PAIX AU PROCHE-ORIENT
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est olrançiTT ou q m»u - ^
prêsemo unc^fe
* en passant par
spectaculaires -lÿjf
IcptMue nazie, ei pmi
plus loin i-ncoa-
C'est è une cérémonie «sobre et cBgne», selon
les vœux du présidant américain, à laquelle étaient
conviés à assister, lundi matin 13 septembre, su-
ies pelouses de la Maison Blanche, à Washington,
quelque 3000 invités, au premier rang desquels
Itzhak Rabin, le premier ministre israélien, et Yas-
ser Arafat le chef de l'OLP. Shimon Péris, ministre
des affaires étrangères, pour l'Etat juif, et Abou
Mazen, au nom de la centrale palestinienne dont il
est membre du comité exécutif, devaient signer la
déclaration de principes sur l'autonomie des terri-
toires occupés. Premier arrivé, dimanche, dans la
capitata fédérale, Yasser Arafat qui avait abandonné
le pistolet qu’il porte d'habitude à la ceinture, a
reçu, dans son hôtel, de nombreux visiteurs, au
nombre desquels l'ancien président américain.
George Bush. Après la cérémonie de signature, le
chef de l'OLP devait s'entretenir en tata-à-tète avec
M. Rabin, puis être reçu par le secrétaire d'Etat
américain, Warren Christopher. En revanche, il
n'était pas prévu qu'il rencontre Bill Clinton.
Après avoir fait une brève escale aux Pays Bas,
qui leur a permis de rencontrer leurs homologues
néériandais, MM. Rabin et Pérès étaient arrivés,
luné matin, à Washington. Le président américain
devait rencontrer le premier ministre, après la céré-
monie de signature. Dans un entretien accordé au
New York Times, celui-ci a évoqué la posscbfîté de
soumettre à référendum l'accord de paix avec l'OLP
si la Knesset qui est appelée à se prononcer, le
20 septembre, refusait de l'entériner. Tandis que
l'OLP avait décrété une journée de c fête natio-
nale», lundi, dans les terrritoires occupés, les mou-
vements islamistes, le Hamas et le Jihad, avaient
appelé, ie même jour, è une grève générale. Plu-
sieurs attentats avaient été commis, la veille, à
Gaza et en Israël, par des e x trém iste s musulmans.
M. CCnton a souhaité que Yasser Arafat condamne
notamment les meurtres de quatre israéliens, dont
trais mHKaires.
Les tensions demeurent très vives au sein de la
centrale palestinienne. Elles se sont traduites,
samedi, par la démission du comité exécutif de
rOLP. d'un membre (indépendant} - le cinquième -
Abdallah Hourani. Dans une déclaration poétique, le
comité a présenté l'accord de paix avec Israël
comme «le premier accord de l'histoire contempo-
raine è recomaître les droits légitimes des Palesti-
niens et leur unique représentant : l'OLP» .
Les Douze de la CEE vont inviter Yasser Arafat è
m rendra à Bruxelles et un Consafl européen sera
convoqué à cette occasion, a annoncé, dimanche, la
présidence belge. L'Organisation de la conférence
islamique (OCI) a qualifié, samedi, dans un commu-
niqué, les accords de paix de « développement émi-
nemment positif». La Chine a Jugé quft s'agissait
d'une «étape majeurs» sur la voie de la réconcilia-
tion au Proche-Orient tandis que Jean Paul II y e vu
«le début d'un chemin long et ardu sur lequel les
difficultés ne manqueront certainement pas» .
Les Américains ont forcé la main à M. Rabin
JÉRUSALEM
à ÏEim >
v P'jîn autre effl£.lacc
son les années Mei:
En effet, ticpvjh icdrtwc
M). la menl aide point:
popc!àfi«<n J 1 Aliénais £
>'<M inaniicsicmcni bbccs 1
Mille <Je îa Italie dette
change nient «l'ali nude : c
liai:*}? rurne Je li PP
RC'itc ■! vau'ir SI a jKtç
eiuliMiiion politique èr
dans l’anocnne KrputeP-
w tvi;rs;:;î. aujounl’ta.P
iKMtion de l Allenuptl-
viuc la République roteec
Rpir.i Jcv fleurs «bS
c«t un bon indicateur a-
cela ie pense m\ bras-
ssee iMuC'f. pfB « oc ' f
piVliluîuf rîranpflt.
- Cane demèteM
msnt importante.
êtrs selon s ws hp***
msgne dans le cw®*
tkmsl ’
Nous «fcvriets
l'union fMf *gp
pu csitan: Je
mmiW ■ lJn ;; n ' i î r î^--
jvpyiài^ njn i fk>rI «L) :
rcMst.iîice» * fftEi-
pns en “Jt
de notre correspondant
Ses proches sont tons d* accord : la
premiÈre des raisons pour lesquelles
Itzhak Rabin n'avait aucun désir de
se rendre, lundi 13 septembre, i
Washington, c’est que la perspective
de serrer la main de Yasser Arafat
* révulsait tout son être». Sept heures
après que le premier ministre eut
explique que, après ravoir mûrement
rêJléaU», u n'irait pas à Washington,
il changeait d’avis après avoir reçu à
sa résidence, dimanche matin &
Faube, un coup de £3 personnel du
secrétaire d’Etat américain, Warren
Christopher.
Depuis le début des négociations
secrètes menées par le chef de la
diplomatie, Shimon Péris, Itzhak
Rabin, qui fut ambassadeur è
Washington de 1967 â 1973, était un
peu mal à ruse d'avoir été contraint
de tenir i Técait ceux qu’il considère
comme ses meilleurs alliés. Considé-
rant que, pour la mise en œuvre du
plan de paix, il aurait éminemme nt
besoin de l’aide, notamment finan-
cière, du président Bill Ginton, le
premier ministre s’est donc finale-
ment rendu i ses arguments. Selon
certains membres de son entourage,
3 devait cependant rentrer en Israël
sitôt après la cérémonie et ne pas
participer au grand dîner à la Maison
Blanche.
Interrogé à deux reprises par la
chaîne améri caine CNN SOT te point
de savoir s’3 accepterait de serrer la
main de «l’homme au keffieh»,
M. Rabin, un instant hésitant, a fini
par lâcher-: *Si c’est nécessaire—» Le
vieux soldat, chef victorieux de l'ar-
mée israéüenhe Idra de la guerre de
.six jours, an mois de juin 1967
- cote qm a permis la conquête de
tous les territoires présentement
occupés, - confie que «cela, ne sera
pas jaeûe» pour hu. « Je ne prétends
pas pouvoir changer en quelques
jours.»
A la radio d’Etat, Leah Rabin, son
épouse, avait auparavant commenté
la réserve de son mari : «Ce sera
difficile pour lui. mais il ie fera. Il
faudra bien.*» Et h vieille combat-
tan le des unités d’élite juives clandes-
tines d’avant la création d'Israël
d’ajouter : « C’est un acte naturel
dans la culture des deux peuples. (.-)
Qui mieux que nous, les Juifs, pour
vont pardonner à ceux qui nous ont
fait au mal? Vous savez, les gens sont
quelquefois différents de leur image
publique. Qui sait? C’en peut-être le
cas pour Arafat*.»
En tout cas, 1e premier ministre ne
fait pas une confiance illimitée au
chef de l’OLP. «Je M accorde, ’a-t-ü
dit, le bénéfice du doute » Le geste
hautement symbolique de la pognée
de main représ e nte pour bemiooup
d'Israéliens, y compris parmi ceux
qui soutiennent tes efforts de paix,
un véritable séisme psychologique.
«fC’ert beaucoup trop tôt», estiment
nombre de journalistes locaux.
alla spectacle
obscène»
«Depuis trente ans Arafat incarnait
pour nous le diable en personne.
Rafaël Eytan. quand il était chef de
famée en 1982, parlait des combat-
tants de VOIR comme de véritables
« cafards dragués». And Sharon, son
ministre de Vépoque, aualifiaii Arafat
de e créature bizarre avec des
partout sur le visage». Mime si
taucoup d’entre nous faisaient la
part de la propagande, nous avons été
élevés avec ces images-là. Vraiment, il
fallait déjà laisser un peu de temps à
l’opinüOrvoar digérer kr reconnais-
sance de l’OLP. Vota qûè les choses
s’eMlentet me k gouvernement
donne ITmprêssÛm ae ne plus
contrôler le mouvement, c’est grave.»
«Ce sera un spectacle obscène», a
prédit te Jérusalem Past, journal de
la droite anglophone. «Le premier
ministre, se demande l'éditorialiste,
paurm-t-il au moins éviter les embras-
sades d’un homme directement res-
ponsable, comme dit And Sharon, de
la plus large flaque de sang civil juif
-i . — « _ _
a espece
poiu pœ
beaucou
jamais répandue dans le monde
depuis l’époque nazie?» La réactions
vont du refus franc et net au matnw
Des hommes peu suspects d’opposi-
tion an processus de paix en cours se
demandent si la vofte-Eace d’Itzhak
Rabin sur cette affaire ne laisse pas
présager des tournants plus dange-
reux encore.
Editorialiste vedette du principal
quotidien national - Yedioùi Ahôro-
not, — Nahiim Barnéa s’en prend
ainsi directement aux Américains,
«incapables de discerner la paix
quand die arrive mais champions du
monde quand il Joui mettre la table,
préparer les repas et flore signer l'ad-
dition par les convfns». «(Z) Itzhak
Rabin, «joute le journal, n’est pas le
caniche ae Qiruon. Il aurait du résis-
ter. En acceptant le diktat US, le
premier ministre non seulement
n’améliore pas sa stature d'homme
d'Etat, mais compromet sa capacité à
convaincre ceux d’entre nous qui hési-
tera encore à soutenir son pum. »
Politiquement pariant, la poignée
de main voulue par la Maison
Blanche a bien failli rouvrir des
plaies A peine refermées entre le chef
du gouvernement et M. Pérès.
Celui-ci, affirme sa proches, a appris
la volte-face de M. Rabin par un
flash de la radio. Furieux, l’architecte
des accords secrets avec l’OLP a
immédiatement demandé & sa calter
barateurs de défaire leurs valises. Os
n’iraient pas à Washington. Aussi
pro-euiopeen que son vieux rival tra-
vailliste est américanopfaile acharné,
le chef de la diplomatie, qui consi-
d fe re- flv oir- é t é- t raité. depws-soe
retour aux affaires an mois de juin
1992. comme.rmantité négligeable
par ^administration Clinton, n'était
pas mécontent de leur avoir, comme
dit l’un de sa amis, « rendu la mon-
naie de leur pièce».
Finalement, , après avoir été
contraint d'annuler tes invitations à
raccompagner qu’il avait lancéa à
certains de sa plus vieux amis de
l' intellig entsia de gauche israélienne,
M. Pères, finalement convaincu par
M. Rabin, qui lui a présenté sa
excuses, a, une fois encore, avalé la
couleuvre venue des Etats-Unis. A
18 boires, dimanche, un peu amer, il
était avec sa collaborateurs tes pins
proches aux côtés du premier minis-
tre et de son épouse Leah, prêt à
s'envoler pour Washington.
La poignée de main voulue par
Bill Clinton n’en continuera Jus
moins de faire conter beaucoup d’en-
cre et de salive en Israël. Selon la
plupart des experts locaux, Tévène-
meot constitue «une erreur grave, un
pas de trop . un pas trop tôt». On ne
comprend pas, à Jérusalem, «quel
intérêt M. Rabin a bien pu trouver à
aider Arafat à se construire une
image d’homme d'Etat». D'autant,
rcmarque-t-on, que te premier minis-
tre n’ofTre pas d’Etat au chef de
l'OLP.
M. Rabin l’a répété dimanche,
dans son entretien avec la chaîne
amfrrainf «Arafat affirme que l'ac-
cord est la première étape vers un
Etat palestinien et que son drapeau
flouera bientôt sur Jérusalem», lui
a-t-on fait remarquer. «C'est exacte-
ment le contraire, a-t-U rétorqué. Il
s’agit d'un accord intérimaire qui per-
mettra aux Palestiniens de gérer leurs
affaires propres (4 Mais nous main-
tiendrons la sécurité des implantations
[jnivtt dans la territoires], nous
aurons le contrôle de la sécurité des
Israéliens circulant dans les territoires
et tout le dispositif de sécurité exté-
rieure, le long du Jourdain dans la
vallée du Jourdain, et au sud de la
bande de Gaza.»
. Pour ce qui concerne Jérusalem, te
premier ministre a été' encore’ pros
neL «Notre position est très claire :
Jérusalem est imlflèè-sàùPhâJe sou-
veraineté, a-t-il répété. Elle est la
capitale if Israël et de tout le peuple
juif pour toujours. Les Palestiniens
ont accepté ce fait pour toute la
période intérimaire [cinq ans] au
cours des négociations de Norvège : le
conseil qu'ils vont élire n’aura pas
juridiction sur Jérusalem. »
PATRICE CLAUDE
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pOG^Vrf-
U éventail des futurs
émi dt :c
âgvnnt »'•»*
sim
“tf**
Suite de la première page
Aussi, au-delà d'un accident à
court terme provoqué par les
radicaux et toujours possible,
l'analyse suggôre-t-elle trois
scénarios pour penser le futur à
un horizon de dix ans.
Dans le premier scénario,
l'éloignement de l'Iran, l'affai-
blissement de l'Irak, une relative
stabilité an Syrie, Jordanie, Ara-
bie Saoudite et Egypte assurent
la pérennité du tôte-à-tête israé-
lo-palestinien. Dès lors, la
nécessité de résoudre ensemble
des problèmes quotidiens, l’es-
prit d’entreprise des Israéliens,
ie niveau d’éducation des Pales-
tiniens, la démocratie relative
qui règne au sein de l'OLP, l’exi-
gurté des territoires, l'aide des
diasporas, le soutien économi-
que de la Communauté euro-
péenne et des Etats-Unis favori-
sant Iss investissements
étrangers et l'essor économique
de la. zone. Dans un tel
contexte, les intégristes de tous
bords peuvent se retrouver mar-
ginalisés et les questions les
pkis difficiles, comme celles de
Jérusalem et du statut et du
devenir des implantations israé-
liennes en Cisjordanie, recevoir
une solution. A plus long terme,
rien n’empéche même de rêver
è l'émergence d'un marché
commun proche-orientai
incluant la Jordanie, l'Egypte et
peut-être l’Arabie saouefite.
Un deuxième scénario est
concevable, avec de multiples
variantes : (a déstabilisation
politique de l'environnement
israélo-paiesiinien - chaos dura-
ble en Syrie après la disparition
d'Hafez El Assad, lunes vio-
lentes de dans en Arabie Saou-
dite, ébranlement du régime
égyptien par les Frères musul-
mans, élargissement des possi-
biités de manœuvre de Saddam
Hussein, montée en puissance
P-
de l'Iran. Dans es scénario, la
découplage israélo-palestinien
subsisterait, mais il serait en
permanence menacé par ie ter-
rorisme d'intégristes musulmans
trouvant refuge dans l'un ou
l'autre des pays de la région.
Des hommes politiques de pre-
mier plan pourraient être assas-
sinés. Le développement écono-
mique israélo-palestinien s'en
trouverait ralenti par suite des
craintes des investisseurs étran-
gers, at les inégalités de reve-
nus entre israéliens et Palesti-
niens contribueraient è alourdir
le dimat déjà assombri par les
attentats.
Un troîsiàme scénario enfin,
le plus noir : le bouleversement
de l'environnement atteindrait
un tel niveau et prendrait des
formes telles que la coexistance
paisible entre Israël et l'Etat
palestinien en serait gravement
compromise, tandis que l'Etat
hébreu pourrait se voir à nou-
veau impliqué dans des conflits
avec ses voisins. L'accord du
13 septembre 1993 aurait
certes changé le cours de l'His-
toire, mais ses effets potentiels
auraient été largement annihilés
par las soubresauts d’une
région encore grosse de ten-
sions.
Ces images du futur ne sont
que des caricatures, des
béquilles pour la pensée. L'ave-
nir tracera son chemin irréguDer
au gré des déas, de l'action des
forces sociales et de la volonté
des hommes. Rien n'est encore
écrit, mais les deux signatures
apposées, à la Maison Blanche,
au bas de la Déclaration de prin-
cipes israélo-palestinienne ren-
dent soudainement concevable
un futur d'espérance.
JACQUES LESOURNE
f,
Abou Mazen
an grand jour
Mahmoud Abbas - alias Abou
Mazen - qui devait signer pour
l’OLP raccord avec Israël est un
homme de l’ombre, plongé depuis
plus de dix ans ans dans 1e complexe
dossier da relations israélo-palesti-
niennes. Considéré comme Pun da
archi tecta de l’accord sur Tautono-
mie palestinienne, il est avant tout
un ndèle de Yasser Arafat. Il a
adhéré à son mouvement, le Fath, an
tout début (tes années 60, afans qu’il
vivait dans tes pays du Golfe.
Agé de 58 ans. le discret Abou
Mazeu, apprécie da dirigeants
arabes et da diplomates, n’est pas
spécialement populaire dans tes rangs
palestiniens. La militants ne Te
connaissent pas. II n’est pas prolixe
et reste peu connu da joumalista
qu’il évite généralement
Originaire de Safêd, dans le nord
de la Palestine (aujourd’hui Israël),
qu’il quitte en 1948 pour s’établir à
Damas, 3 est titulaire d’une thèse de
doctorat sur le sionisme; soutenue à
Moscou à la fin da années 70. Cest
à cette époque qu’Abou Mazen. de
nature réservée, «a été convaincu
qu’il nV avait pas de solution possible
au conflit israélo-arabe sans un dialo-
gue entre Israéliens et Palestiniens»,
scion sa prodns collaborateurs.
Dès 1e milieu da années 70, ce
pragmatique noue da contacts dis-
crets avec da personnalités de la
gauche israélienne non-sioniste,
notamment da membres du Parti
communiste israélien qu'il rencontre
à Prague. Membre du Comité central
du ratah, il entre en 1983 - au
moment où il quitte Damas pour
Tunis - au Comité exécutif de
rOLP, où 3 devient chef du départe-
ment da relations arabes et interna-
tionales. Cest à cette époque qu'il
commence è apparaître en public lors
de rencontres avec da Israéliens en
1983. n participe à tous tes forums
qui se tiennent a l'initiative d'organi-
sations non-gouvernementales en
Roumanie ou en Hongrie et s’entre-
tient alois avec da personnalités du
Mapam, la gauche sioniste israé-
lienne. Ces rencontres devaient lui
attirer l’hostilité d'une partie da
cadres de l’OLP. - (AFP.)
Le précédent
de Camp David
La signature da l'accord entre
Israël et l'OLP en rappelle une
autre, celte de raccord négocié,
à Camp David, aux Etats-Unis,
dans l'Etat du Maryland, au mois
de septembre 1978, sous
l'égide des Etats-Unis, entre
l'Egypte et l’Etat juif. Cas deux
pays s'engageaient alors à
conclure un traité de paix dans
les trois mois, l'armée israélienne
se retirant du Sinal selon un
calendrier précis. L'avenir des
territoires occupés de Cisjordanie
et de la bande de Gaza était
aussi évoqué. Un projet d’auto-
nomie dans ces terri to ires occu-
pés - assez comparable à celui
qui vient d'être étabfi - avait été
déjà élaboré, mais, les Palesti-
niens ayant refusé de l'examiner,
1 était resté lettre morte.
Le voyage historique du pré-
sident égyptien, Anouar El
Sadate, à Jérusalem, la
19 novembre 1977, avait ouvert
la voie au processus de paix. P
fallut de longues tractations
avant que le président américain,
Jjmrny Carter, décide, au début
du mois d'août 1978. de ianoer
ees Invitations à Anouar El
Sadate et au premier ministre
israélien, Menahem Begjn. afin
de «chercher un cadre pour la
pabc au Proche-Orient».
La réunion commença, le
6 septembre, à Camp David, ta
résidence de week-end des pré-
sidents américains. Alors que
Ton commençait à croire que tas
négociations étaient dans l'im-
passe, l'accord fut annoncé et
paraphé, le 17 septembre, par
Jknmy Carter, Anouar Al Sadate
et Menahem Begln.
La traité de prix Israélo-égyp-
tien fut signé ie 26 mars à la
Maison Blanche par les prési-
dents américain et égyptien at
par te premier rranistra israélien,
au cours d'une cérémonie à
laquelle quelque 1 600 per-
sonnes avalent été conviées.
Les principaux points de l’accord
Voici les principaux points de
raccord entre Israël et l'OLP sur
l'autonomie palestinienne pour
Ie> cinq ans è venir, en com-
mençant par «Gaza, Jéricho
d’abord», qui devait être signé,
hindi 13 septembre, è Washing-
ton. Intitulé «Déclaration de
principes sur des arrangements
intérimaires d'autonomie», cet
accord doit entrer en vigueur un
mois après sa signature. Le
Monde avait publié, la 2 sep-
tembre, cette c Déclaration »
dans son intégralité.
■ Prénatale : Israël et la Pales-
tiniens proclament qu’il at temps
de mettre fin ft leur conflit, de
reconnaître kurs droits légitimes et
politiques mutuels, de s'efforcer de
vivre dans la coexistence pacifique
et d’aboutir i un accord de paix
juste, total et durable.
a ■ Elections : un conseil sera élu
directement, sous supervision inter-
nationale, par tes Palestiniens de
'Cisjordanie et de la bande de Gaza
pour gérer l’autonomie pour une
période transitoire n’excedant pas
cinq ans. Un accord sera conclu sur
tes modalités de rétectian, gui aura
lieu au plus tard neuf mois après
rentrée en vigueur de la Déclaration
de principes. La Palestiniens de
Jérusalem qui y vivent pourront par-
ticiper au processus électoral
■ Juridiction : la juridiction du
conseil s'étendra aux territoires de la
Cisjordanie a à la bande de Gaza, A
rexceptida'des'.qüênions'qui seront
discutées lois da négociations sur le
statut peririaaenL-La Cüÿefdanie et
la bande de Gaza forment une unité
■territoriale unique dont l'intégrité
■sera préservée durant la période
•mtérimaire.
i ■ Période transitoire et négocia-
tions sur le statut final : la période
transitoire de cinq ans commencera
avec le retrait israélien de la bande
de Gaza et de la zone de Jéricho.
La négociations sur te statut défini-
’tif commenceront au plus tard au
:début de la troisième année de la
période intérimaire. Ces négocia-
tions couvriront notamment : Jéru-
salem, tes réfiigiés, la imnhntatioas,
la arrangements de securité, la
frontières et tes relations avec la
voisins.
n Passation préparatoire da pou-
voirs : dès rentrée en vigueur de
cette Déclaration de principes et te
retrait de la bande de Gaza et de ta
zone de Jéricho, commencera un
transfert d’autorité du gouvernement
militaire israélien aux Palestiniens,
dans tes domaines suivants : éduca-
tion et culture, santé, affaires
sociales, taxation directe et tourisme.
■ Accord Intérimaire : la deux
parties négocieront un accord sur la
période intérimaire qui devra spéci-
fier la structure du conseil ainsi que
le transfert da pouvoirs en faveur
du conseil. L’accord intérimaire
devra aussi spécifier l'autorité exécu-
tive du conseil et son autorité légis-
lative ainsi que la organes judi-
ciaires palestiniens indépendants.
Après la mise en place du conseil, k
gouvernement militaire israélien se
retirera.
■ Ordre publie et sécurité : le
conseil établira une puissante force
de police. Israël conservera la res-
ponsabilité de la défense et de la
sécurité globale da Israéliens.
■ Coopération : un comité de liai-
son israélo-palatin ien sera établi,
ainsi qu'un comité israélo-palesti-
nien de coopération économique.
La deux partia inviteront b Jorda-
nie et l’Egypte A participer A da
arrangements de coopération. Une
coopération israélo-palestinienne est
prévue notamment dans les
domaines suivants : au, électricité,
énergie, finances, transports, com-
merce, industrie, recherche, affaires
sociales, protection de l’environne-
ment, média et communication.
■ Redéploiement da bras israé-
liennes : pas plus tard qu’à la vrille
dea élections .pour, le conseil, un
redéploiement dès força' militaires
israéliennes en Cisjordanie et dans
la bande de Gaza sera opéré hors
da zona peuplées. D’autres redé-
ploiements dans da endroits préa-
lablement spécifiés seront mis en
oeuvre graduellement avec la prise
en charge par la police palestinienne.
■ Gaza-Jéricho : tes deux parties
signeront, dans la deux mois sui-
vant l'entrée en vigueur de cette
Déclaration de principes, un accord
sur le retrait da força militaires
israéliennes de la bande de Gaza et
de la zone de Jéricho, qui sera
achevé au plus tard quatre mois
après la signature de cet accord.
L’accord pourra prévoir la présence
d'une force internationale tempo-
raire.
REGIS DEBRAY
L’ETAT
SÉDUCTEUR
i l S RI \ M|l | |( INS Ml .1 H' > I ' H . 1 C j 1 • s
l >i j’i > ! . \ mi i-:
ANALYSE DE LA FORMIDABLE
DETERIORATION DE L'ETHIQUE
DE LA FONCTION PUBLIQUE
ET DE L'ART DE GOUVERNER.
mf
G A I 1 . I M A R D
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■ I
4 Le Monde • Mardi 14 septembre 1993
f
L’ACCÉLÉRATION DU PROCESSUS
Le départ de Tel-Aviv du premier ministre israélien
« En paix avec ma conscience
je pars le cœur léger »
JÉRUSALEM
de notre correspondant
«Bravo! Vive Rabin I Vive la
paix!» C'est une véritable haie
d’honneur que plusieurs centaines
de femmes, israéliennes et palesti-
niennes, côte i côte, portant éten-
dards et calicots aux couleurs
nationales bleue et blanche, ont
dressé, dimanche soir, à Jérusalem,
pour je départ d'It 2 hek Rabin à
Washington. Souriant et un peu
gauche comme à l’ordinaire, le pre-
mier ministre a serré des mains,
accepté quelques baisers et quel-
ques fïeurs avant de se rendre,
accompagné d’un joyeux cortège,
en direction de C aéroport Ben-
Gourion, près de Tel-Aviv.
«Je suis en paix avec ma
conscience et Je pars à Washington
le caur léger», avait auparavant
déclaré le chef de l’exécutif, à l'is-
sue de la réunion dominicale de
son gouvernement. Mis à part la
démission attendue d’Arien Deri,
le ministre de l’intérieur ultrareli-
S ieux, mêlé à une sombre affaire
e corruption, la réunion s’est
déroulée sans incident, les dix -sept
membres restants du cabinet
votant comme un seul homme la
reconnaissance officielle de l’OLP.
De nombreuses réjouissances, à
Jérusalem-Ouest et dans la partie
orientale arabe de la ville, de
même qu’à Gaza et Jéricho, étaient
programmées pour célébrer un évé-
nement qui devait être notamment
retransmis, en direct depuis la
capitale américaine, sur des écrans
géants dressés sur certains sites
publics. Une association a été créée
qui, sous l'appellation d’« état-ma-
jor de la paix», groupe des élus
travaillistes et du parti de gauche
Meretz, ainsi que des militants du
mouvement La paix maintenant et .
plusieurs personnalités arabes et'
palestiniennes.
Le premier ministre, accompa-
gné de son épouse, Léab, de son
chef de cabinet. Shimon Shévès. et
de son aide de caiftp, le général
Dany Vatom, a passé en revue une
garde d’honneur et salué le dra-
peau national, avant d’embarquer i
bord d’un avion militaire. Le
ministre des affaires étrangères,
Shimon Péris, accompagné de son
vice-ministre, Yossi Beilin, et du
directeur de ce ministère, Ouri
Savir - trois hommes-clés de l’ac-
cord historique conclu avec
l’OLP, - a été accueilli par des
centaines de personnes, parmi les-
quelles de nombreux écoliers, au
cri de « Shimon , nous t’aimons!
Bravo!». Le long du tapis rouge
déroulé pour l'occasion sur le tar-
mac, de nombreuses autorités reli-
gieuses d'Israël étaient venues
saluer les « voyageurs de la paix».
Les lignes
d'avant 1967
M- Shulamit Aloni, ministre de
la culture et des sciences, et chef
de file du parti de gauche Meretz
- principal partenaire des travail-
listes au sein de la coalition gou-
vernementale, - était aussi du
voyage. M. Rabin avait tenu a
inviter un certain nombre de
parents de victimes israéliennes
d'actes terroristes commis par des
Palestiniens. Une femme,
M”* Smadar Haran, qui a perdu
son époux et ses deux enfants en
bas âge lors d’une prise d’otages
montée, en 1979, par des comman-
dos du Fath de Yasser Arafat, a
noblement déclaré forfait. «Je sou-
tiens le processus de paix , a-t-elle
dit au bord des larmes, mais je
n’aurais pas la force de faire face à
celui gui est responsable du meurtre
de ma famille.»
Nouvelle illustration du pragma-
tisme de M. Rabin dans l’entretien
accordé, dimanche après-midi, à te
chaîne américaine CNN. e Lorsque
vous avez un ennemi très dur. a-t-il
expliqué, ou bien vous continuez à
Confirmation
de la démission
dn ministre de l'intérieur
Le ministre de L’intérieur israé-
lien, chef du parti Shass (ultra-
orthodoxe), Arieh Déri, a confirmé,
dimanche 12 sep t embr e , sa démis-
sion . «Je ne pense pas reprendre
ma fonction de ministre de l’inté-
rieur. Je veux seulement prouver
mon innocence et renforcer mon
parti. C’est mon premier objectif»,
a déclaré M. Dèri à sa sortie du
conseil des ministres.
H est impliqué dans une affaire
de corruption et de détournement
de fonds publics. Les trois vice-mi-
nistres du Shass ont également pré-
senté leur démission à leurs minis-
tres respectifs. Les six députés du
Sb3ss n'ont pas encore fait savoir
s’ils allaient soutenir le gouverne-
ment, à la Knesset, lors du vote
prévu le 20 septembre sur l'accord
avec l’OLP. - (AFP.)
vous battre cent ans contre lui. ou
bien vous essayez de trouver un
compromis pour réduire l 'anima -
sUé. la haine et te sang versé. J’ai
passé l'essentiel de ma vie d’adulte
comme soldat, ministre de la
défense et premier ministre : ma
responsabilité est d’essayer de met-
tre un terme au conflit. C'est ce que
je fias.»
M. Rabin estime et «espère»
?iue l'accord passé avec Yasser Ara-
at « pourra fonctionner (...) ».
«Nous n’allons pas nous retirer tout
de suite, précise-t-iL Nous allons
négocier un retrait graduel de cer-
taines zones et observer jusqu'à quel
point la police palestinienne sera en
mesure de garantir la sécurité.
Cette question est un problème
commun entre eux et nous (...)
C’est une sorte de test Notre armée
est forte : en un moment, si la
situation dérape, nous pourrons en
reprendre le contrôle » « Atten-
tion . ajoute-t-il, cela ne veut pas
dire que je chercherai l’excuse pour
envoyer l'armée... »
« Pour l’instant, je n'ai donné
aucun territoire, a qjouté M. Rabin.
Mime dans le contexte de leur sta-
tut définitif, (lequel sera débattu au
début de la troisième année de
l’expérience d'autogouvernement
transitoire palestinien), je ne veux
pas que nous nous retirions le long
des liâtes d’avant 1967. Comme
chpf a état-major pendant la guerre
de six Jours, j’ai fait un serment : je
n’aiderai jamais à créer une situa-
tion dans laquelle l'un de mes suc-
cesseurs à la tête de l’armée aurait
à défendre Israël à partir des lignes
que /'avais à défendre avant
juin 1967.»
PATRICE CLAUOE
Dans lavion qui le conduisait à Washington
« Construire est plus difficile que se battre »
souligne le chef de l’OLP
WASHINGTON
de notre envoyée spéciale
« Construire est plus difficile que
se battre. Je sens que maintenant
les vraies responsabilités ont com-
mencé pour nous. Il va nous falloir
réaliser dans les faits ce que nous
allons signer. » Dans l’avton qui,
dimanche 12 septembre, le condui-
sait de Tunis vers Washington,
tendu et fatigué par deux longues
semaines de batailles intestines,
Yasser Arafat avait bien conscience
de n’en être qu'au tout début d'un
nouveau et long chemin.
La gravité du moment était per-
ceptible chez tous les membres de
la- délégation qui l’accompagne,
conscients que, dans cette partie
décisive, ils n'ont pas droit à
l’échec. Principal artisan de cet
accord qu’il signera lui-même,
Mahmoud Abbas (Abou Mazen)
l'avoue : « J’ai peur.» Cette «paix
des braves» à laquelle il avait
appelé Israël, Yasser Arafat le sait,
n en est qu’à ses prémices. Evo-
quant sa rencontre à venir avec le
premier ministre israélien, Itzhak
Rabin, le chef de l’OLP confie :
«Ce sera la rencontre des ennemis
qui font la paix et seuls des
hommes courageux peuvent la
faire.» Mais, qjoute-t-il, tout de
suite, « l’appliquer sur le terrain
demandera plus de courage et de
lourds devoirs des deux côtés. Le
dus important est de bâtir pour que
les prochaines générations puissent
vivre sur leur propre terre et leur
propre Etat» .
Pour ce voyage sans précédent à
Washington du chef de l’OLP, le
roi du Maroc avait bien fait les
choses. Aménagé avec une chambre
et deux salons, le Boeing 707 des
Forces armées royales (FAR) offre
à Yasser Arafat ces derniers ins-
tants de répit et de réflexion avant
une visite qui. affirme souriant un
de ses conseillers, «il y a deux
semaines encore, .aurait relevé de la
science-fiction».
Le « merveilleux rôle »
de Bill CUotoa
« J’espère avoir l’occasion de
remercier le président Clinton du
merveilleux rôle qu’il a Joué discrè-
tement avec M. Christopher pour
nous permettre d'accomplir ce que
nous avons fait en Norvège», sou-
ligne le chef de l’OLP. Au-delà de
«la reconnaissance du peuple pales-
tinien » qu’elle signifie, M. Arafat
espère bien qu’elle permettra aux
siens « d'établir de nouvelles rela-
tions avec l'administration et le
peuple américain. Ainsi, dît-il, nous
pourrons coordonner à haut niveau
nos actes pour la réalisation de nos
droits et intérêts. Sans leur aide ,
nous ne pouvons pas continuer» .
L’émotion et les souvenirs ne
sont pas absents de ces
longues heures de voL Yasser Ara-
fat évoque « les martyrs, les réfu-
giés, le long chemin de souffrances,
de peines, de difficultés, parcouru
par te peuple palestinien». «La
guerre n’est pas un but. dit-il Noire
objectif est de libérer notre terre.
Cet accord que nous allons signer
va nous donner une complète auto-
rité nationale dans les régions de
Gaza et de Jéricho, ce qui signifie
que nous allons déjà commencer,
sur une partie de nos territoires
occupés, a appliquer le statut final
Celui-ci conduira à un Etat complè-
tement indépendant, confédéré, avec
la Jordanie, selon le choix des deux
peuples», qout&t-fl. •
C’est, à dessein, qu’il rappelle ce
voeu du roi Hussein d’une consulta-
tion populaire avant toute décision
de confédération. «On y vient.
assure le chef de l’OLP qui, rece-
vant, après son arrivée a Washing-
ton, des représentants de la com-
munauté palestinienne, leur dira :
« Pour la première fols de noue his-
toire, dans les prochaines semaines,
un drapeau palestinien flottera sur
une terre palestinienne. Sur cette
terre, il y aura , un pouvoir palesti-
nien et un gouvernement palesti-
nien.»
Va visiteur sommé
George Bush ..
En attendant ce moment, proche
à l’en croire, puisque c’est «en
semaines» que Yasser Arafat
compte le temps qui le sépare de
son arrivée à «Jéricho et à Gaza ».
c'est un nouveau pas qu’il a fran-
chi, dimanche, en foutent, pour la
première fois, le sol de Washing-
ton! Paria aux Etats-Unis il y a
encore trois jours, le chef de l’OLP
y a été accueilli, sur la base
aérienne d’ Andrews, par le secré-
taire d’Etat adjoint pour le Proche-
Orient, Edward Djeredjian.
La têre couverte de son keffieh,
Yasser Arafat qui, dans l’avion,
avait changé son habituelle saha-
rienne vert olive pour une autre,
kaki clair, a simplement déclaré :
«Je suis très heureux d'être là en ce
moment historique.» Très concen-
tré et quelque peu nerveux, il a
serré les mains des ambassadeurs
des pays arabes et islamiques
Pour les prochaines étapes
Les Etats-Unis veulent ménager et rassurer la Syrie
WASHINGTON
de notre correspondant
Et maintenant? Passées les poi-
gnées de main «historiques»,
l'émotion accompagnant la conclu-
sion du premier accord entre Israël
et l’OLP, passés Les commentaires
lyriques sur la «paix des braves»
et l’énumération du nombre de
tabous pulvérisés en quelques
heures, passée la signature de la
Déclaration de principes sur l'auto-
nomie, quelle va être l’étape sui-
vante?
L’administration américaine pré-
voit une route semée d’embûches,
une course d'obstacles, qui pour-
raient s'avérer pas moins redouta-
bles que ceux qu’il a fallu franchir
pour en arriver & cette cérémonie
du lundi 13 septembre, à Washing-
ton, sur la pelouse du jardin sud -
south iawn - de te Maison Blanche.
Pour soigner son prestige; à l'inté-
rieur et à l’extérieur, et, aussi, pour
donner {dus de crédibilité encore à
l’accord sur l’autonomie des terri-
toires occupés, le gouvernement
souhaitait une «ceremonie à la
Camp David», quelque chose de
spectaculaire. Le president Bill
Clinton a insisté auprès d'Itzhak
Rabin, le premier ministre israé-
lien, pour que celui-ci vienne à
Washington. Ce faisant, il n’igno-
rait pas qu’il incitait Yasser Arafat
- qui ne demandait que cela - à se
rendre, lui aussi, à la Maison
Blanche.
Seulement, la «beauté du geste»
ainsi provoqué - la poignée de
main Arafat-Rabin - ne doit pas
occulter les dures réalités de la
situation sur le terrain. Un terrain
autrement plus rocailleux que le
gazon de la Maison B lanche—
En parrainant une cérémonie
aussi spectaculaire pour entériner
ce qui n'est après tout qu'un
accord sur l'autonomie en Cisjor-
danie et à Gaza, les Etats-Unis
acceptent, d’une certaine manière,
de se porter garants de sa bonne
exécution. A eu croire un long
entretien que le président Clinton a
accordé ce week-end au New York
Times, (es Etats-Unis estiment que
deux facteurs seront déterminants :
l’opinion israélienne, qui doit être
rassurée, et la Syrie, qui doit l’être
également et qu’il faut aider à
conclure un règlement de paix avec
l’Etat juif.
Fin connaisseur de la scène
israélienne, comme de la politique
américaine, Ori Nir, le correspon-
dant du quotidien Haaretz i
Washington, relève avec prudence :
« personne ne sait très bien com-
ment l’opinion publique en Israël va
réagir à la cérémonie de la Maison
.Blanche», une cérémonie qu’Holly-
wood n’aurait osé imaginer. Au
New York Times, le président CUn-
; torra-coufié z« Beaucoup vaMépen-
dre de la manière dont raccord sur
l’autonomie est reçu en Israël Une
des choses que j’espère accomplir en
étant, lundi, l'hôte de cet événe-
ment. c'est, sans vouloir m'immis-
cer dans leurs affaires intérieures,
de réaffirmer aux Israéliens que tes
Etats-Unis sont engagés à assurer
leur sécurité.»
Garanties
de sécurité
Des sources officielles laissaient
entendre que tes Etats-Unis pour-
raient augmenter - qualitativement
sinon quantitativement - leur aide
militaire à l’Etat juif Le Washing-
ton Past et le New York Times par-
laient de « garanties de sécurité»
supplémentaires. Comme au
moment du retrait israélien du
Sinaï, en 1979, au lendemain des
accords de paix de Camp David
entre Israël et l’Egypte, les Etats-
Unis entendent «compenser» en
aide militaire ce que Jérusalem
rend en territoire.
Il s’agit, dit le président améri-
cain, d’obtenir que «le peuple
israélien se sente plus et non moins
en sécurité du fait de cet accord»
(sur l’autonomie). M. Clinton ne
promet pas d’aide financière sup-
plémentaire (autre que les 3 mil-
liards de dollars d’assistance
annuelle, militaire et civile, que les
Etats-Unis accordent déjà à IsraH).
A l'Europe, au Japon et aux pays
arabes du Golfe, il laisse le som
d’investir en Cisjordanie et à Gaza.
Mécontente de ne pas avoir été
mise dans Le secret des négocia-
tions d’Oslo, opposée à tout ce qui
ressemble à un «accord séparé»
encre une partie arabe «X l’Etat juif,
convaincue qu’elle a son mot à
dire dans le règlement de la ques-
tion palestinienne, la Syrie du pré-
sident Hafez El Assad doit aussi
être «rassurée». Elle peut grande-
ment contribuer à faire capoter le
processus en cours. Selon l'appui
qu’elle donnera ou non aux
groupes palestiniens qui dénoncent
l’accord d’autonomie, Damas,
estime l’administration américaine,
jouera un rôle fondamental.
Dans 1a capitale fédérale, les
échos recueillis sur l’humeur du
président Assad sont contradic-
toires. L’envoyé spécial du New
York Times à Tunis rapporte que,
recevant Yasser Arafat, la semaine
dernière, le président syrien lui
aurait dit : «Je ne vais pas m’oppo-
ser à cet accord fsur rautonomiej
mais je vais aider quiconque s'y
opposera. Cet accord ne marchera
pas.»
’ M. Clinton, qui-’s’est entretenu
au téléphone avec M. Hafez al
Assad, a recueilli; des propos moins
négatifs. Le président américain a
assuré que son interlocuteur lui a
tenu le langage suivant -. «Je crois
que vous avez raison, cet accord est
quelque chose de positif pour nous
tous. Mais je veux être sûr que vous
[les Etats-Unis] restiez engagés
dans l’ensemble du processus» de
réglement des conflits entre Israël
d les Arabes.
Cest la hantise d’un «accord
séparé à 1a Camp David». Selon le
Times , 1e chef de l’Etat syrien
aurait lancé un avertissement :
«S’il n’y a pas de paix globale
[entre Israël et ses voisins arabes],
cet accord [sur l'autonomie palesti-
nienne] ne tiendra pas le coup; s’il
y a un long délai sans progrès [sur
les autres dossiers du conflit israé-
lo-arabe], les difficultés vont com-
mencer.»
Tout se passe comme si le prési-
dent syrien, fidèle à sa manière,
avait décidé de garder deux fera au
feu. D’un côté, il maintient son
appui aux groupes palestiniens
opposés aux accords de paix. De
l’autre, il manifeste une certaine
bonne volonté à l’égard de
Washington en dépéchant son
ambassadeur à la signature de la
Déclaration de principes sur l’auto-
nomie. Mais, s’il ne boycotte pas,
comme il l’avait fait pour Camp
David, il met eu guide : des pro-
grès doivent intervenir rapidement
sur le front israélo-syrien.
Un traitement
d’homme d’Etat
Les Etats-Unis entendent multi-
plier les garanties en ce sens. Us
vont tout faire pour que progres-
sent les autres négociations bilaté-
rales qui mettent face à Israël, à
Washington, la Syrie, le Liban, et
la Jordanie, ns n’ignorent pas,
cependant, que l’opinion israé-
lienne pourrait difficilement «digé-
rer» à la fois un retrait, même
partiel, de Cisjordanie et de Gaza,
et un retrait du plateau du Golan,
pris & te Syrie en 1967 et que
celle-ci entend récupérer.
Le secrétaire d’Etat Warren
Christopher devrait prochainement
se rendre au Proche-Orient, et
notamment en Syrie. De l’attitude
de Damas dépendra, pour une
huge part, celle du Liban et, dans
une moindre mesure, celle de la
Jordanie. Avec ce dernier pays, les
progrès pourraient être rapides. A
la chaîne américaine CNN,
M. Rabin disait, dimanche, « qu’û
y avait de bonnes raisons de araire
qu’il y aura, mardi, la signature
d’un ordre du jour avec ta Jorda-
nie» -uttéqsdvaleut'.de»la Déclara-
tion de principes établie avec les
PdesùqtengK LLLo* -
Avec l’opinion israélienne et la
Syrie; l’OLP est, pour l'administra-
tion américaine, le troisième élé-
ment de l’équation «autonomie».
Pour être appliqué, l'accord de la
Maison Blanche suppose une OLP
forte. Incapable de s'imposer,
défiée par les islamistes, privée de
moyens financiers suffisants, divi-
sée, la centrale palestinienne ris-
querait de ne pas même réussir le
premier galop d’essai de l’autono-
mie, dans la bande de Gaza et &
Jéricho.
En l'accueillant, pour la première
fois, à Washington, en lui réservant
à la Maison Blanche on traitement
d’homme d'Etat ou presque, l’ad-
ministration américaine entend
rehausser le prestige de Yasser Ara-
fat. Cest une manière de donner
un peu pfau de poids encore à l’ac-
cord d’autonomie.
Pas plus que M. Rabin, Yasser
Arafat ne devait signer 1a Déclara-
tion de principes sur l’autonomie
palestinienne; cette mission devait
être confiée au ministre israélien
des affaires étrangères. Shimon
Pérès, et à un membre du comité
exécutif de l’OLP, Mahmoud
Abbas (Abou Mazen). MM. Rabin
et Arafat devaient assister à la
cérémonie, aux côtés du président
Bill Clinton et de ses 2 500 hôtes
(parmi lesquels, les anciens prési-
dents Jimmy Carter et George
Bush). MM. Rabin, Arafat et Clin-
ton devaient prononcer, chacun,
une allocution de trois minutes. Le
chef de l’OLP devait ensuite avoir
un tête-à-tête avec M. Rabin et
être reçu au département d’Etat
par Warren Christopher. Presque le
tapis rouge.-
Le moins que Ton paisse dire est
que l'événement diplomatique qui
a pour théâtre te capitale fédérale
ne paraît guère bouleverser ses
habitants. N'étaient quelques bar-
rières, un dispositif de sécurité
serré autour de 1a Maison Blanche
et une densité de limousines un
peu supérieure à 1a moyenne (déjà
élevée), rien ne transparaissait de
l’intense activité politique en
cours. Aucun groupe d' Arabes-
Américains, aucun représentant de
1a communauté juive ne paradait
devant 1a présidence.
Il y avait bien des manifestants,
mais c'étaient de faux manifes-
tants, figurants d’un film que l’on
tournait devant la Maison Blanche.
Comme pour souligner un peu plus
encore le caractère quelque peu
irréel de toute cette affaire. „
ALAIN FRACHON
venus l’accueillir, embrassant
ensuite la délégation palestinienne
aux négociations de paix, présente
sur place depuis plus de deux
semâmes.
. . A peine arrivé à son hôtel, le
ch rf de l’OLP dont tes entretiens se
sont succédé sans interruption jus-
qu’au milieu de la nuit, a pu mesu-
rer l'intérêt que suscitait sa visite .
Premiers à venir le saluer, les
.représentants de. la communauté
palestinienne aux Etats-Unis l’ont
accueilli par des «Arafat. Arafat
jusqu’à la victoire », auxquels il a
répondu, rayonnant de joie : « Ce
qui compte c'est qu'un jour les
enfants de nos enfants puissent his-
ser le drapeau palestinien au-dessus
des muratiles de Jérusalem. »
Deuxième sur la liste des visi-
teurs, l’ancien président Jimmy
Carter a qualifié «de grande ren-
contre» son entretien d’une demi-
tecbre avec Yasser Arafat. Entre
des membres du Congrès, les
ambassadeurs arabes, tes représen-
tants des associations paîe&tino et
arabo-américaines dont il a solli-
cité l’aide pour « relever l'infras-
tructure économique des Palesti-
niens», l’hôte de marque de la
soirée a toutefois été l'ancien prési-
dent George Bush, initiateur du
processus de paix. Loi dont l’admi-
nistration avait soigneusement
tenté d'exdure l'OLP du processus
de paix, est donc venu discuter
avec l’homme dont Israël reconnaît
aujourd’hui qu’il n'y a pas de solu-
tion sans lui. Retournement d'une
histoire qui avance à si grands pas
que l’on en viendrait à oublier les
multiples et énormes obstacles qui
demeurent sur 1a route de la poix.
FRANÇOISE CHIPAUX
Yasser Arafat
a échappé à la mort
■ des dînâm es
de fois...
Du jamais vu : Yasser Arafat
décodant, dimanche 12 sep-
tambff rÿja g aé roport da Tunis
au vu aT'éu Si de tous tes
jo urn alistes I Par le passé, les
déplacements du leader pales-
tinien étaient un secret bien
gardé : ni ses coBaborateurs ni
lea équipages des avions
n’étaient tenus au courant des
heures de départ et d'arrivée
de Yasser Arafat. Una
consigne destinée à prévenir
tout at t en t ai israélien.
Autre changement histori-
que : le chef de l'OLP troquera
vraisemblablement sa légen-
daire tenue de combat kaki
contre un costume dvfl pour la
srçynture de l'accord, ce kmrï
à Washington, et remettra,
selon son entourage, son pis-
tolet - qu’à ne qiàtte jamais -
aux services de sécurité amé-
ricains. Yasser Arafat est un
miraculé : il s échappé à te
mort des dizaines de fois,
notamment au Liban, à l'épo-
que où l'OLP avait son quartier
général à Beyrouth, de même
qu'à Tunis, siège de l'organi-
sation depuis 1982. rOn s
essayé plusieurs fois de me
tuer... des doaines de fois à
Beyrouth. En 1982, ut rrdssSe
israélien avait détruit un
bétiment où j’étais censé
être», témoignait Yasser Ara-
fat en 1990.
En 1985, des avions Israé-
fiens avaient bombardé te quar-
tier général de l'OLP à Ham-
man-Echatt, près de Tunis. Le
sort vodut que Yasser Arafat
fût en retard ce jouHà... Si Ton
en croit ses proches, sa
«baraka» tient à son cuits du
secret : 8 ne dort jamais deux
fois de suite au même endroit
«Un jour, S a même dormi
dans m camping-car géré dans
une iue déserte», se souvient
l'un de ses coflsborateurs.
t,.
Aux dires mêmes de ('inté-
ressé, c'est son sens du dan-
ger qui le maintient en rie :
«J'ai te don extraordinaire de
sentir le danger. flfcsfeurs fois,
fai échappé à ht mort grâce à
mon intuition. Bien sûr. Dieu
mepmtège...»
(rente de Histoire, te leader
da l'OLP craint désormais plus
tes Palestiniens que les Israé-
liens. La Front populaire de
libération de la Palestine-Com-
mandement générai (FPLP-CG)
d' Ahmed Djjbril a prédit que
«te peuple palestinien » va l’as-
sassiner pour avoir conclu un
accord de paix avec l’ennemi
israélien». - (Reuter.)
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Le Monde • Mardi 14 septembre 1993 5
DE PAIX AU PROCHE-ORIENT
Yasser Arafat et les Etats-Unis
h longue qaête d’une reconmismce
WASHINGTON
de notre correspondant
MA me auprès d'un pobfic- blasé,
qui a déjà vu le drapeau rouge
descendre du Kremfln et qui a
assisté à la chute du mur de Berlin,
limage est de celles qui laissent
rêveur : Yasser Arafat à la Maison
Blanche, d'homme au keffieh»,
longtemps accusé aux Etats-Unis
d'être un des ps nains du terro-
risme. repu dans les salons officiais
Invité pour la première fois de sa
vie à Washington, hôte de marque
de l' administration américaine,
M. Arafat, guérillero-
diplomata, chef d'Etat sans Etat,
rescapé de toutes les bataSes du
Proche-Orient, a dû, à coup sûr,
savourer riitime étape de ce qui a
été pour fOLP un long marathon
diplomatique : la quête d'une cer-
taine reconnaissance de ta psrt des
Etats-Unis.
Yasser Arafat touche au but
après plusieurs essais. SU obtint
un visa pour sa rendre à New-
York, la 13 novembre 1974, où,
pistolet à la ceinture et rameau
d'obier è ta main. 9 prononça un
discours è ta tribune da l'assem-
blée générale de l'ONU, B ne put
recommencer en 1988. Las Etats-
Unis rechig n a n t à lui accorder un
visa, ta chef de l'OLP se rendit è
l'ONU, à Genève.
_ La même année vit M. Arafat
prononcer les «mots» que le gou-
vernement américain attendait:
reconnaissance du droit è l'exis-
tence d’Israël et dénonciation du
terrorisme. Washington décida
alors d'ouvrir le dialogue avec la
Centrale palestinienne. Brèves ren-
contres^ Au début de l'été 1990,
radnvüstnnion Bush suspendt les
discussions après que l'OLP eut
refusé de condamner une attaque
menée par une de ses factions sur
une plage, au sud de Tel-Aviv.
A vrai dire, redministi’ee'on ne
faisait que respecter une Rgne de
conduite detée par le Congrès. En
1389, cakn-ci avait voté une légis-
lation Imposant au gouvernement
de suivre l'activité da l'OLP et de
cesser tout contact avec la centrale
palestinienne ou cas où l'une de
ses composantes serait coupable
d '« activités terroristes». Cette
législation est toujours en vigueur
et, formellement, l'administration
ne peut pas «reconnaître» fOLP
tant que le Congrès ne l'aura pas
abrogée.
Le dialogue avec l’«OLP de
Tunis» cessa. Mds, conséquence
du processus de négociations
israélo-arabes mis an œuvre au len-
demain de la guerre du Gode, tas
Etats-Unis engagèrent un dbiogue
soutenu avec tas représentants da
r«OLP de l'intérieur», Fayçal Hus-
sein» et Hanene Advenu, qui, pour
être résidents des territ o ires occu-
pés, n'en prenaient pas moins
leurs consignes è Tunis.-. En réa-
lité, les relations entre les Etats-
Unis at l'organisation palestinienne
avaient commencé avant les
contacts de 1988 : au Lfoan, la
CIA avait passé un accord avec
l'OLP, aux termes duquel ceHe-d
assurait ta protection de l'ambas-
sade américaine è Beyrouth.
AL Fr.
Exorcismes
SUte de la première pege
m Tout se passe comme si les Israé-
liens avaient, au fil des ans, large-
ment accompli, de manière souter-
raine, la révolution mentale qui
éclate maintenant au grand jour.
Comme s’ils avaient déü, plus ou
moins confusément — surtout
depuis le déclenchement de l'Inti-
fada, - qu'il leur faudrait, le
moment venn, accepter de
construire la paix avec Yasser Ara-
fat et personne d’autre. Bref, la
majorité d’entre eux étaient
«mûrs» pour l'aventure. Encore
fallait-U qu’un dirigeant respecté,
au-dessus de tout soupçon de fai-
blesse, les obligeflx à en prendre
conscience. Ce ne pouvait être
qu’ltzhafc Rabin, ce sabra pragma-
tique, sans dogme ni état d’âme.
*La mémoire est un droit»,
affirmait autrefois, en songeant
autant aux Arabes qu’aux Juifs,
' Haîm Weizmann, futur président
de l’Etat d’lsra£L Ce peut être
aussi un poison qui nourrit les ran-
cœurs et brouille la vue. En l'oc-
currence, le premier ministre joue
un rôle d’exorciste. Bousculant
l’Histoire avec une rudesse toute
militaire, transgressant les tabous,
il aide ses compatriotes à se libérer
du poids des peurs et des haines -
ees levains du conflit, - i se déli-
vrer du passé. Itzhak Rabin,
comme Yasser Arafat, a su, en
quelaue sorte, avoir l’audace de sa
modération.
Et comme il n’est pas l’homme
des demi-mesures, le premier
ministre est allé plus vite, et plus
loin, qu’on aurait pu le croire. «A
partir du moment où nous avons
décidé de prendre le risque de nous
fier aux engagements de Yasser
Arafat, il faut aller jusqu'au bout et
ne pas s'arrêter en chemin », expli-
quait, samedi 11 septembre, un
proche dltzhak Rabin, le ministre
de l’habitat, et lui aussi ancien
général, Btnyamin Ben EÎiezer.
Un sionisme
pins confiant
Cédant aux suggestions pres-
santes de P Amérique, dont u est
un très fidèle allié depuis un
de siède, Itzhak Rabin devait
s’entretenir avec Yasser Arafat,
avant la cérémonie de lundi, «m»
aller toutefois jusqu'à cosigner l’ac-
cord avec lui. En se rendant lui-
même à Washington, il a sans
doute voulu donner la plus grande
solennité & l’événement. Le monde
est ainsi pris à témoin, de la plus
spectaculaire manière, des engage-
ments souscrits par le chef de
rou».
«Le passé n'importe plus», lan-
çait récemment Itzhak Rabin à ses
ministres. Manière d'inviter les
Israéliens à se tourner lucidement
vers l’avenir. Le premier ministre
incarne ainsi un sionisme beau-
coup plus confiant et plus pragma-
tique que ses prédécesseurs; il
prône un Israël «ouvert» et raison-
nable, réceptif aux suggestions et
prêt à prendre des risques pour la
paix, .plus attentif au monde. On
est lom de l'indifférence hautaine
affichée naguère par Golda Meir:
«Israël, ironisait-elle, n'a que faire
de son image. Il ignore les salons
de beauté*. »
Itzhak Rabin, comme Shimon
Pères, rejette le « pessimisme his-
torique» qui a longtemps hanté les
gouvernants israéliens. Ceux-ci
voyaient en Israël un Etat-forte-
resse encerclé d’ennemis mortels,
ce qu'on appelle depuis toujours le
«complexe de Afassada» (1). Il leur
était plus facile d'évoquer l’apoca-
Comme un rêve d’enÈnce...
A
l^-Liia . K.U f diiJn
et parmi les quelque 800 000 Arabes israéliens,
même ceux quLsont contre- la paix sont émus
. i
NAZARETH
■ • §• » 'M
de notre envoyé spécial
Pour Ndta, c'était un rêva qu'aie
faisait, enfant, un de ceux dont efle
savait qu'ils n'étaient pas très
sérieux mais qu'elle faisait «de
toute façon» : « c'était comme
ça ». Pour Nafla, la monda était è
r époque très simple, «Hastore ne
s'enseignait pas. Elle s'expliquait
cTeBe-fn&me. Dots Isa montagnes,
dans les champs, dans les vêles. 8
suffisait de voir». Samedi, Natta,
cinquante-cinq ans, est aHée voir
ce qu'elle considérait encore, la
semaine dernière, comme un
mirage, son rêve, ta miracle cfen-
Eüe s'est tenue è l’écart, sous
les arcades des cafés, des
pâtisseries et des petits restau-
rants. Au côté de sa fia, Qjemita,
âgé de dix-neuf ans, els a écouté
las orateurs qui n'ont rien dit de
partictéièrennm nouveau dapus le
«séisme des signatures». Puis. U
est apparue cette Ima ge qui l'avait
si longtemps hantée : deux dra-
peaux, des couleurs autrefois jntar-
dhes, flottant et croisant les pfe de
ta grande étoQe bleue de David.
Natta n’a pas pleuré. Djemila a
répété : «Cest incroyable, c'est
incroyable». Natta et Djemila sont
Palest in iennes da nationalité Israé-
lienne. Elles font partie des huit
cents rrnle Arabes en Israël.
Les organisateurs avalent choisi
ta place du 1* Mai, installé une
estrade devant le portique de
(‘église orthodoxe au-dessous de
deux branches de palmier. Ils
avaient prévu une fouie, une marée
humaine, un défilé d'autocars.
Deux è trois rraêa personnes seule-
ment sont venues à Nazareth, la
vite arabe de Gaflée. JaW, un étu-
cfiant en médecine de dbt-neuf ans
axpfique, en souriant derrière ses
Ray-Bans, que «comme mgours,
las gens sont contents mais ils
restant devant leur téléviseur, Bs
préfèrent regarder Cévénement».
Md. U. a au envie de prendre
se voiture et de faire des klomè-
tres députa son vSage près de Tel-
Aviv, longer la mer, traverser les
vallées et crier son soulagement
per cet après-midi ensoleillé. «Un
rêve», dit-il, lui aussi, une déli-
vrance que tas circonstances vien-
nent, ài moto fespère-t-B, d'offrir
à une communauté qui n'a cessé
de vivre entra deux identités :
israélienne par nécessité, évidem-
ment palestinienne par sympathie
■t solidarité.
«B est temps maint e na nt de feur
donner hure droits, leur pays et
leur capitale è Jérusalem, s'enthou-
siasme JalaL Dans mé"tSts, Sa ont
toujours été mes frères. Mes
grands-parents sont nés en Pales-
tine . Mon grand-père a été tué par
un commando juif an 1948, ma
famille s'est installée ensuite en
Israël. Maintenant ça va. Mon père,
chauffeur-routier, est payé comme
w) juif. Moi, j'ai des petites amies
/unes, je vais à b plage avec elles,
à Tel-Aviv, je dors chez elles. Mes
voisins sont juifs, je rie veux pas
avoir de problèmes avec eux. Mal s
jamais je n'ai accepté que nos
frères vivent comme des chiens
dans les territoires occupés » .
Croire
au «petit pas»
«Bs sont comme des poussins à
l'intérieur d'un oeuf», dit Natta.
Cet» femme, professeur de mus-
qué è Nazareth, voudrait expliquer
ce qu'elle a ressenti pendant la
guerre du Golfe : «Mds ï n'y a pas
de mot: nos compatriotes qui
riaient à Gaza, le peuple irakien qui
tombait dans b misère et ce Sad-
dam, b Italie de Saddam Hussein,
qui a voulu prétendre qu'il pouvait
battra, è lui seul, bs Américains et
Obérer b Palestine.»
Aujourd'hui, Natta voit croire au
«petit pas» qui est en train de
s'accomplir : «La route est encore
très longue et tSfhcBa. J'ai très
peur mais je vaux être heureuse.
Je voudrais oublier, parités foubBa
qu'a y a deux peuples. Je ses que
nous sommes b depiés des siècles
et qu'aux. Bs sont arrivés B y a des
dizaines d'années. Qu'ils ont
consentit sur nos terres. Je comais
les propriétaires arabes qui ont été
lésés. Je sas que b nouvelle vBb
de Nazareth-IŒt. b cotante Juive
bâtie è côté de chez nous, reçoit
de l’Etat des fonds de développe-
ment que nous, nous ns touchons
pas, je sais».
«Mate, en même temps, ja suis
contente de vivra avec te peuple
jttif: B nous a apporté te progrès,
b technologe, te fiberté, fa démo-
cratie, c'est unique dans fa région.
Ja me sens israélienne, malgré fa
discrimination. Je ne quitterai pas
Nazareth pour efer vivre en Pales-
tine si te nouvel Etat indépendant
se créait. Nazareth reste mon
pays.» Amateur de musique fbfido-
rique. Natta adorerait aBer en Syrie,
au Liban : «Nous avons tes mêmes
voix, las mêmes visages, les
mêmes musiques, ja me sens si
proche d'aux, pourquoi ne pour*
rions-nous pas nous voir, nous
rencontrer?»
Palestiniens 7 Israéliens? Amira
et SÜman, vingt ans, ôtudrants è
'■ Berlin, ' ■ s'en" tirent avec %ne
pirouette qu'te prononcent en fian-
çais : «Comme çi, comme ç al»
Dans ta rua, loin de la tribune, un
vieD homme, Tawfiq Toubi, qui a
été député communiste à la Knes-
set de 1947 è 1991, fait écho au
dtecours d'ibrahim Nvner Hossein,
le porte-parole du Conseil arabe
d'Isradi : «Nous, tes Arabes israé-
liens, nous avons contribué à ce
que tes deux parties se rappro-
chent et négociant Depuis foigburs
nous voûtions cette cohabitation.
Cest notre victoire historique.»
A quelques kilomètres de là,
dan a la ville d’Aum El-Fahim,
Mohamed JemaJ, trente-sept ans,
juriste installé è Bruxelles, «en
vacances au pays», se dit « de tout
cœur avec les manifestants de
Nazareth pour soutenir te proces-
sus da paix». Mais, finalement, il
s'est promené avec ses parents -
ta père r e traité, ancien ouvrier dans
le bâtiment - è Magedu, «leur
ancien véage, B a été rasé par les
colons». Aussitôt, sa mère est
siée voir ta source : «Cest b que
mes parents se sont rencontrés
pour te prandère fois - selon te
coutume ancienne, tout avait déjà
été combiné k f avance/»
Même cnltnre,
même désespoir
Aujourd’hui, ta source alimente
un kibboutz et Mohamed montre
les vieux titres de propriété arabes
correspondant aux terres confis-
quées. «Avant l'arrivée des fala-
c bas (les immigrés juifs éthiopiens},
nous étions considérés comme
des citoyens de troisième degré.
Mainten a nt, nous sommes descen-
dus un degré en dessous», dit-il en
montrant sa carte d'identité israé-
lienne sur laquelle est inscrite ta
mention : «Nationalité : arabe».
« Nous sommas Palestiniens, nous
parions te même langue, nous
avons te même culture, te même
« Quand nous étions petits, è
l'école, te directeur qui était,
comme nous, arabe, était obligé de
noua faire porter des chapeaux
israéliens et de fêter ranwersséng
de /Indépendance d'braëL raconte-
t-il. Il a faite 1974 pour qu'un
médecin sTnstaBe è Aum B-Fehkn.
C'était l'un des nôtres. Il avait
réussi è faire des études è Mos-
cou. Nous avons toujours eu le
sentiment d'être des étrangers
dans notre propre pays, ne
serait-ce qu'à travers tes contrôles
d'identité des potiebrs.»
Bien sûr. Mohamed Jemal est
ému par ce qui ast en train de se
passer, « même un Palestinien- con-
tre la paix est en ce momenr
ému». Ii approuve le processus
engagé mais il attend : «Qui peur
connaître véritablement tes inten-
tions israéliennes? Pour l'instant,
Rabin donne nmpression qu’il y
aura un jour un Etat palestinien.
faut voir. La communauté interna-
tionale est-eBe prête à inverser, au-
delà de l'effet , émotionnel du
moment l'évolution anti-palesti-
nienne qui a eu Beu après te guerre
du Golfe?»
De leu - côté, les dirigeants isla-
mistes qui gèrent la ville d'Aum
El-Fahim ont refusé, jusqu'à main-
tenant, de commenter publique-
ment les accords israélo-palesti-
niens. La présence d'un seul
responsable du mouvement islami-
que, Abdallah Nimer Darwish,
samedi, è Nazareth, aux côtés des
représentants arabes israéliens,
était è la fois interprétée comme
une approbation ctiscrète au pro-
cessus de paix at comme le signe
d'une probable divisfon des isla-
mistes sur le sujet.
«Comme dans toute démocratie,
nous discutons, résume, par un
euphémisme, Ibrahim Atai Jiber,
directeur du Centre de recherches
islamiques d'Aum El-Fahim. Le
sentiment général serait d'approu-
ver le processus de paix tout en
exprimant des réserves. Après
autant d'années d'étranglement,
les -Palestiniens ne veulent pas
d'une paix qui se Bmitarak à une
simple autonomie On ne paria,
dans tes acc or d s, ni de Jérusalem,
ni du retour des réfutés». Serveur
dans un snack-ber d'Halfa, Ali, un
islamiste de base, pense, lui, que
«l'OLP a fait un faux pas». «De
toute façon, nous ne croyons plus
an un Etat palestinien mais an un
Etat islamique. La seule loi est celte
du Coran et Jérusalem reste à Obé-
rer», cGt-i avec un grand sourire.
Samedi soir. Natta et Djemila
sont restées encore longtemps
sous les arcades. La place était
devenue déserte, des amis leur ont
proposé de tas raccompagner en
voiture, les deux femmes ont
refusé. Une affichette s’est mise à
tourbillonner sur la place : «45
years, h's too long». Plus loin, un
autobus transportait un groupe de
visites Italiennes de la basilique de
r Annonciation vers l'un des trois
modestes hôtels perchés au som-
met de la villa. Natta et Djem3a
sont rentrées, la nuit tombait.
■
DOMINIQUE LE GUILLEDOUX
lypse que de croire à la réconcilia-
tion avec l'ennemi. Les actuels
dirigeants travaillistes sont
conscients que leur pays n’a jamais
été aussi fort qu'aujourd'hni et
qu’il est largement capable de
«gérer» la paix. Et ils savent égaler
ment qu’il a perdu réprouve d'en-
durance de I*« occupation» des ter-
ritoires.
Convaincus que la sécurité et la
prospérité d'Israël progresseront
d'un même rythme pourvu que Je
pays retrouve les vertus du com-
promis, l’équipe an pouvoir à Jéru-
salem rejette résolument le spectre
d'une guerre perpétuelle. Elle veut
doter l’Etat juii d'une véritable
«sécurité politique» où la force de
dissuasion, la vigueur de l’écono-
mie et la cohésion nationale comp-
tent M»rnnt que le contrôle du terri-
toire. La reconnaissance mutuelle
et l'accord signé lundi, conformes à
ce pari optimiste, contribueront
aussi à exorciser les vieilles peurs
héritées de l’Holocauste, à inciter
les Israéliens - et par contrecoup
les Palestiniens - à renoncer peu à
peu à leur «victimologie compara-
tive».
Fidèle à ses vieux réflexes, la
droite israélienne tente de mobili-
ser contre l’accord la majorité
silencieuse, en réveillant sa peur.
Mais ses exhortations n’ont pas eu,
jusqu’à présent, l’écho espéré. Les
arguments idéologiques - la
défense du «Grand Israël» - et
sécuritaires - le spectre d’un Etat
palestinien aux mains d'anciens
terroristes - ne semblent plus
émouvoir une population qui sou-
haite qn’on lui parle de la paix à
laquelle elle aspire. Le Likoud sem-
ble plus que jamais prisonnier
d'une strategie purement négative,
qui, au-delà du statu quo, n’offre
ni perspective claire ni espérance
durable.
De nombreux
problèmes concrète
Leur accord conclu. Israéliens et
Palestiniens ne vont pas s'aimer
pour amant, et d’aitteius personne
ne le leur demande. Pour Itzhak
Rabin, Yasser Arafat reste «un
ennemi tout à fait désagréable». Et
les deux hommes se serreront sans
doute la main sans plaisir. Mais
l’acte même de négocier est un évé-
nement considérable, qui modi-
fiera, dans les deux camps, bien
des réflexes et des comportements.
Des verrous psychologiques saute-
ront, des soupçons se dissiperont.
Au Proche-Orient, comme ailleurs,
la confiance ne se décrète pas, elle
se mérite.
Dans les mois et les années qui
viennent, Israéliens et Palestiniens
devront s’atteler à de nombreux
problèmes concrets. Chaque diffi-
culté surmontée peut consolider
leur désir mutuel de pré ser ver l'ac-
quis commun. Paradoxalement,
l’occupation des territoires aura eu
au moins un effet bénéfique inat-
tendu, en permettant aux deux
peuples de se mieux connaître.
Par une amère ironie de l’His-
toire, c'est l'affrontement avec
Israël qui a. permis aux jeunes
Palestiniens de reconquérir fière-
ment l’identité nationale perdue ou
émoussée chez leurs pères. Mais,
en même temps, vingt-six ans de
voisinage forcé avec l’Etat juif ont
attisé leur goQt pour une société
plus occidentale, moins pesante et
moins conformiste que ta leur. Us
ont ht ta presse ta plus frondeuse
du Proche-Orient, malgré la cen-
sure de l’occupant, et regardé les
émissions de la télévision israé-
lienne en hébreu, langue que beau-
coup parlent. Ils rêvent d'un Etat
palestinien exemplaire, démocrati-
que et progressiste, qui serait la
«lumière des Arabes».
Fortement scolarisés, chaleureux,
solidaires, les Palestiniens, comme
tous les peuples, aspirent à ta paix.
Depuis plusieurs années déjà, ils
esquissent, par petites touches, les
structures d’un Eut, administrant
écoles, ateliers et hôpitaux. A l'évi-
dence, ils auront besoin d’une
assistance économique substan-
tielle. Encore faut-il garder le sens
des proportions. La communauté
internationale a largement les
moyens d'aider deux millions de
Palestiniens à prendre en main leur
destin. Tel est le véritable enjeu de
la longue partie dont le premier
acte se sera joué lundi dans le jar-
din de la Maison Blanche.
JEAN-PIERRE LANGELUER
(1) Dernier bastion de la résistance
juive à l’avance des légions ramaÎDes de
Titus, Massada, sur ta mer Morte, ne
tomba, en l’an 73 de notre ire, qn’aprts
le suicide conectif des assiégés.
ci/
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15-17 SEPTEMBRE 1993
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6 Le Monde • Mardi 14 septembre 1993 •
LE PROCESSUS DE PAIX AU PROCHE-ORIENT
Les Palestiniens divisés
Réjouissances et vape d’attentats
dans la bande de Gaza et en Cisjordanie
JÉRUSALEM
de notre correspondant
«Si les choses tournent mal, a pré-
venu, i plusieurs reprises, Itzhak
Rabin, si les Palestiniens s'avèrent
incapables de maintenir la sécurité,
Tsahal [Farinée israélienne] pourra
toujours reprendre le contrôle de la
situation en quelques minutes. »
Samedi 11 et dimanche 12 septem-
bre, l’armée israélienne, toujours aux
commandes dans tes territoires occu-
pés, n’a pas réussi à prévenir quatre
attentats et tentatives d’attentat, per-
pétrés par des extrémistes palesti-
niens.
Au totaL^ en incluant les deux
jeunes manif estants islamistes tués,
samedi après-midi, à Ramallah; par
des soldats qui affirment avoir
essuyé des coups de feu, quatre
Palestiniens et quatre Israéliens sont
morts ces dernières trente-six
heures en Israël et dans les terri-
toires occupés. Tandis que les adver-
saires armés de raccord de paix se
mobilisent pour faire dérailler le
processus de réconciliation en cours,
tes forces de sécurité de FEtat juif,
apparemment tendues et hésitantes
sur la conduite à tenir, semblent
subir sans broncher les graves incon-
vénients d’une situation en
constante et rapide mutation.
«On ne sait plus quoi faire, confie
un 'policier. Faut-il laisser les mani-
festants en faveur de l'accord défiler
avec leurs drapeaux? Et s'il y a des
provocateurs parmi eux, que
fait-on?» Dimanche matin, après
une manifestation calme et discipli-
née, à Jérusalem-Est, des ordres
selon lesquels les forces de l’ordre
devaient faire preuve a du maxi-
mum de retenue» sont arrivés dans
La bande de Gaza
D'une superficie de
350 kilomètres carrés, entou-
rant et incluant la ville de
Gaza,-!» -bande -de -Gaza est
située le long du littoral médi-
terranéen^ .entre le désert,
égyptien du SinaT et la fron-
tière sud d'Israél. Elle est
considérée comme l'une des
régions du monde è la plus
forte densité démographique.
En 1948, la bande de Gaza
comptait 70 000 habitants,
360 000 au mois de juin
1967, au moment de son
occupation par Israël. Elle en
compte. aujourd’hui,
780 000, dont 560 000 réfu-
giés, parmi lesquels 308 000
sont disséminés dans huit
camps ; 5 000 colons juifs
vivent dans l'enclave de
Gouch-Katif.
La population active de la
bande de Gaza est de 50 000
personnes, dont les deux
tiers sont au chômage depuis
le bouclage du territoire, le
28 mars 1993. L'Etat juif
contrôle 42 % des terres.
les casernements. A Gaza, le com-
mandant en chef; le colonel Yomtov
Samia, a précisé, sur (es ondes de la
radio militaire, que, compte tenu de
«la réalité nouvelle qui s’instaure sur
le terrain, il mm faudra changer cer-
taines de nos méthodes de maintien
de l'ordre».
Un accord sans précédent et un
peu surréaliste entre l'OLP et le
mouvement de résistance islamique
Hamas a été rendu public,
dimanche. Aux termes de ce com-
promis négocié «pour éviter les effu-
sions de sang entre frères», les Pales-
tiniens de Gaza devaient ainsi
respecter, jusqu'à 15 heures, Tordre
de grève lancé, pour lundi, par
toutes les organisations opposées à
l’accord de paix. A partir de
16 heures, les manifestations de
réjouissance populaire organisées par
TOLP en faveur de l’accord pour-
raient se dérouler dans le calme.
Reste à savoir si les groupes armés
qui écument le territoire obéiront
aux injonctions de leurs chefs de file
politiques.
Un dimanche
noir
La journée dominicale a, en tout
cas, été la plus sanglante depuis
longtemps. A l’aube, une jeep mili-
taire avec trois soldats à bord a été
mitraillée dans le quartier de Zei-
toun, à Gaza-vifle. L’un des soldats
a eu le temps de vider un chargeur
de M 16, avant de mourir, comme
ses deux camarades. Les assaillants
- des commandos du groupe Ezze-
dine-al-Qassem - se réclamant de
Hamas ont pu s’enfuir en emportant
deux des fusils-mitrailleurs de leurs
victimes.
Un peu pins tard, dans .la même
région, un commando-suicide, au
volant d’une camionnette chargée de
bouteilles de gaz et de bidons d’es-
sence, a voulu se jeter contre un
autocar blindé de l’administration
pénitentiaire israélienne. La camion-
nette a fait une embardée, et son
chargement a explosé, à quelques
mètres du véhicule officiel. Le
chauffeur est mort, seuls deux sol-
dats ont été légèrement blessés.
Au même moment on presque, un
peu plus au sud du territoire, à
Rafah, c’est un jeune Palest ini e n de
vingt-deux ans, recherché par l’ar-
mée pour appartenance au groupe
armé des Aigles rouges - lié au
FPLP de Georges Habâche, - qui a
trouvé la mort en manipulant Fen-
gjn piégé qu’il préparait
En fin d’après-midi, près d*Ash-
dod, en Israël même, un Palestinien
solitaire monte dans l’autobus 300
qui relie Ashkdon à Tel-Aviv. Le
véhicule est plein de passagers.
Quelques minutes après s’être assis,
rhomrne se lève, sort un couteau et
poignarde le chauffeur dans 1e dos.
Celui-ci aura le temps, ayant de
mourir, d’arrêter son véhicule au
bord d’un fossé et d’en ouvrir les
pûtes. L’assaillant se retourne, avise
deux jeunes soldats en uniforme, se
jette sur eux et les blesse de son
arme. Au fond de l’autobus, un
sous-officier de réserve sort alors son
pistolet et l'abat La police retrou-
vera, pris du corps, un sac conte-
nant des grenades et plusieurs engins
piégés..
Enfin, près d’Hébron, en Cisjor-
danie occupée, c’est un autre autocar
transportant des colons israéliens
qui esanera, vers 18 h 30, des tirs
d’armes à feu. Le chauffeur sera
La Cisjordanie
D’une superficie de
6 878 kilomètres carrés, ta
Cisjordanie, située entre le
Jourdain et la.fffigne verte», .a,,
été conquise au mois de juin
4967 par Israël, .qui . lui restitua ■
son «titre» bibÜque de Judée-
Samaria.
Sa population est passée de
600 000 habitants en 1967 è
980 000 en 1993, dont
460 000 réfugiés, parmi les-
quels 121 000 sont dissémi-
nés dans dix-neuf camps,
selon des chiffres fournis par
l’Agence des Nations unies
pour l'aide aux réfugiés de
Palestine fUNRWA). A cette
population palestinienne s’ajou-
tent quelque 1 20 000 colons
juifs, la population juive de
Jérusalem-Est non comprise.
La Cisjordanie compte une
population active de 80 000
personnes, dont la moitié sont
au chômage depuis ie bouclage
des territoires occupés par les
autorités israéliennes, le
30 mars 1993. L’Etat juif
contrôle 65 % des terres,
Jérusalem-Est non indus, ainsi
que la totalité despoints d’eau.
Les Douze fourniront une aide financière
massive aux Palestiniens
BRUXELLES
(Communautés européennes!
de notre correspondant
La Communauté est décidée &
aider massivement les Palestiniens à
installer leur autorité dan* la région
'de Jéricho et rian« la bande de
Gaza. Les ministres des affaires
étrangères des Douze, réunis i
Alden-Biezen (Belgique), samedi 1 1
et dimanche 12 septembre, ont
approuvé à l’unanimité les orienta-
tions que leur proposait la Commis-
sion européenne : d’abord une aide
immédiate, de Tordre de 35 millioas
d’éens (230 millions de francs) afin
de permettre i TOLP de mettre en
place les services administratifs
minimaux et d’être en mesure de
répondre aux besoins les plus
urgents de la population ; & moyen
terme, une aide de 500 millions
tfécus (3,32 milliards de francs) sur
cinq ans afin de contribuer au
redressement économique et à
l'équipement des territoires occupés.
Willy Claes, ministre belge des
affaires étrangères, qui préside les
travaux des Douze, a annoncé que
ceux-ci avaient décidé d’inviter
M. Arafat à Bruxelles, une invitation
que lui-même et Jacques Delors
devaient remettre, hindi à Washing-
ton, pu chef de l’OLP puisqu’ils
devaient y représenter la Commu-
nauté à la cérémonie de signature de
Paccord israélo-palestinien. «L'objec-
tif de cette rencontre sera d'avoir un
dialogue politique, de voir dans
quelle mesure la Communauté peut
aider à renforcer le processus de
paix, en accord bien sûr avec les
coprésidents américains et russes de
la conférence. Nos entretiens porte-
ront aussi sur l'aspect économique.
Cest maintenant le plus important
pour M. Arafat : il faut en effet mon-
trer à la population que quelque
chose de fondamental est en train de
changer», a déclaré M. Claes.
La Communauté, par ailleurs, est
désireuse de renforcer ses liens avec
Israël, notamment en étendant le
champ d’application de l’accord de
coopération conclu en 1975. EQe va
jouer de son influence pour inviter
les Etats arabes à lever l’embargo
Syrie,
Jordanie, au Liban, pourra être
accrue lorsque ces pays auront, &
leur tour, coodu des accords de paix
avec IsraëL
M. Delors a souligné le souci de
la CEE d’agir avec efficacité. Echau-
dée par l’expérience de l’aide à la
Russie, elle se méfie, a-t-il expliqué,
des effets d’annonce : des contribu-
tions financières portant sur des mil-
liards de dollars sont promises à
l’occasion de conf&ences internatio-
nales très médiatisées, mais ensuite
rien ou presque ne se passe sur le
terrain. Jacques Delors a rappelé
que la Communauté est déjà, et de
très loin, ie principal bailleur de
fonds de la région : 1 milliard cFécos
en faveur des réfugiés palestiniens
au cours des dernières années, 1 mil-
liard d’écus (1/3 de dons, 2/3 de
prêts) pour favoriser le développe-
ment des partenaires méditerranéens
de la Communauté et 100 miltinns
d’écus cette année pour l’équipe-
ment des territoires occupés, aux-
quels vont s’ajouter les aides déci-
dées ce week-end.
Des délégations d’experts palesti-
niens et israéliens devraient se ren-
dre bientôt à Bruxelles afin de dres-
ser un inventaire des besoins. Pour
le moyen terme, les Douze ont
approuvé l’idée de la Commission
de promouvoir la création d’agences
israélo-palestiniennes pour gérer en
commun les problèmes que soulè-
vent F approvisionnement en eau, en
énergie, les transports et les commu-
nications. Une telle coopération
devrait aider à consolider le proces-
sus de paix. «La Communauté veut
s’impliquer pleinement dans cette
affaire», a souligné M. Delors,
Corée da Ssd : le dtaofi^r de la «yati»
M. Mitterrand était attendu le mardi 14 septembre
à Séoul où le président Kim Young-sam est engagé
dans un vaste programme de Me contre k corruption
r
.HltmurfS
légèrement blessé. On ignore l’ùten- >
tiré des attaquants.
Cette succession d’art emats a évi- !
demment plongé Israël dans la ;
consternation sans surprendre véri- ;
tablement personne. Le chef de b ‘
police; Rafi Pried, a mis en pl ace un ]
dispositif de sécurité «considérable- ]
ment renforcé» à Gaza, à Jérusalem
et le long de l’ancienne «ligne
verte» qui séparait jadis Israël des
territoires occupés de Cisjordanie. 0
a ajouté que le bouclage des terri-, j
tares occupés, décidé il y a près de ;
quatre mois, allait être, lui aussi,
renforcé.
Les réactions à cette vague d’at-
tentats ne sont guère surprenantes.
Pour Tsahi Hanegbî. membre de
Faite extrémiste du Likoud, «Rabin
devrait immédiatement annuler les
cérémonies prévues aux Etats-Unis.
Car ce sont les mêmes mains qui
tuent des Juifs aujourd’hui, qui signe-
ront demain le soi-disant accord de
paix.» Rehavara Zeevi, chef de file
du parti d’extrême droite Moledet,
s’est exclamé : « Voilà la réponse des
Arabes aux gestes de bonne volonté
de ce gouvernement!»
Du côté de la majorité, Mosbé
Shahal, ministre de b police et pré-
sentement chef du gouvernement
par intérim, a déclaré que e ces inci-
dents sanglants confirment, s'il en
état besoin, qu'il nous faut conforter
rapidement les partisans de la paix
contre les extrémistes». Le ministre
de ta santé, Halm Raraon, un
proche de M. Rabin, s’est dit certain
que «l'OLP va coopérer avec nous j
pour combattre ceux qui s'opposent à
la paix. Tous ces extrémistes finiront
bientôt dans les poubelles de l’His-
toire ».
P. C.
SÉOUL
dis nom s envoyé spécial
Dans un assaut frontal contre le
«mal coréen», 1e président Kim
Yorag-sam entend mettre fin à une
corruption endémique, favorisée
par des décennies de collusion entre
de hautes sphères de b politique,
de b bureaucratie et de Tannée,
encouragée par tes régimes muselés.
Quelques semaines après son arri-
vée «x pouvoir, en février, tes têtes
ont commencé à tomber : trois
mille fonctionnaires; politiciens et
officiers ont été arrêtés ou démis de
leurs fonction. Depuis te début du
mois, b commission éthique
épluche les avoirs d’un millier de
fonctionnaires, dans 1e cadre de
l'application de b loi sur l'éthique
de ta fonction publique, adoptée en
juin.
Dans b Corée «vertueuse» de
Kim Young-ssm, b richesse et les
privilèges sont devenus des péchés
sociaux tandis que l'austérité et tes
valeurs traditionnelles sont à Tordre
du jour. La pression
est forte: les terrains
désertés, tes fiais de
réduits de 90 %. et Je bol de
nouilles a remplacé la viande
comme ordinaire des bureaucrates.
Une austérité invoquée par le
ministère de b culture et de Tin-
formation pour interdire- te concert
de Michael Jackson en tournée de
Moscou à Pékin.
On a pu penser que M. Kim,
ancien opposant à b carrière lou-
voyante, cherchait seulement à
rehausser son image. En décidant le
12 août de lever l’anonymat des
comptes bancaires, 1e président sud-
coréen a donné une substance à ce
qui pouvait passer pour du popu-
lisme bon teint. Politiciens, fonc-
tionnaires et hommes d'affaires qui
ont amassé des fortunes en pots-de-
vin ou en spéculant ont jusqu’au 12
octobre ponr déclarer les comptes
ouverts sous un nom d'emprunt -
en risquant des poursuites - ou
abandonner leurs avoirs;
Une épuration qui n’est pas
dénuée de visées politiques : parmi
les « victimes ». figureront. vraisem-
blablement lès adversaires de
M. Kim au sein du. parti gouverne^
mental' ëK' particulier' la " «mafia de
Taegu», berceau du pouvoir. La
levé de l’anonymat bancaire est
néanmoins une décision courageuse,
ajournée pendant des années par
ses prédécesseurs, qui devrait favo-
riser une réforme du fonctionne-
ment du système politique et assai-
nir la vie publique. Les deux
prédécesseurs de M. Kim restent
jusqu’à présent épargnés par la
campagne anti-corruption : une
enquête sur Tâchât en 1991 de
chasseurs américains F-I6 vient,
par exemple, de conclure que b
décision du prérident Roh était jus-
tifiée.
Ces pilules de vertu sont amères
pour Tâite dirigeante. Elles ne sus-
citent cependant pas de réactions
ouvertes. Le zèle purificateur de
M. Kim ravit les petites gens, qui
pensent que 1e pouvoir les «venge»
des puissants, et une classe
moyenne irritée de l’ostentation de
nouveaux riches : il lui vaut une
Homme à qui beaucoup de
Coréens ne pardonnaient pas
d'avoir été politiquement
« malhonnête », en trahissant l'op-
position pour rejoindre le parti au
pouvoir en 1990. M. Kim a bénéfi-
cié d’un effet de surprise positif.
Mais b pu rifi cation a des limites :
sera-t-il aussi habite à construire
qu’à détruire Tordre ancien?
Des critiques commencent à
poindre. Sur le fond, le président
parait ader de Pavant sans toujours
savoir très bien où il va : «La
Corée est dirigée par le vent, non
par la hi », nous dit te directeur
d'un grand quotidien. On peut met-
tre à b déchar ge de M. Kim qu’il
n’a pas d’antre moyen que d’agir
par coups brutaux - finalement
dans la mentalité locale - pour
trancher des questions qui auraient
dû Fêtrc deptns longtemps.
An gré
du vent .
Cest 1e cas de b levée de Fano-
cymar bancaire. Mais cette mesure
risque d’avoir un effet économique
dévastateur : elle assèche brutale-
ment un marché financier para&ète
(estimé à 25 milliards de dotbn)
? ui alimente l’économie noire -
valuée de 40 milliards à 60 mil-
liards de dollars pour un PNB de
294 milliards, - frappent de {ricin
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□ ÉGYPTE : deux policiers tués
dans BU attentat - Deux policiers
ont été tués par balles, samedi 1 1
septembre, dans un attentat com-
mis, eu Haute-Egypte, par quatre
intégristes présumés dans la ville
de Daïrout, province d’Assiout
(fief de l’intégrisme égyptien). Les
auteurs de l’attentat sont parvenus
à prendre b fuite. Ces décès por-
tent à cinquante-deux le nombre
des policiers tués depuis le prin-
temps 1992. - (AFP.)
a IRAK-ONU : pus d’accord en
vue. - Les représentants irakiens et
les délégués de l’ONU ont achevé,
samedi 1 1 septembre, une semaine
de pourparlers sur 1e désarmement
de l’Irak sans déboucher sur un
accord permettant à Bagdad de
reprendre ses exportations de
pétrole (sous embargo depuis b
guerre du Golfe). Les Nations
unies veulent s’assurer qu’à long
terme Bagdad ne reprendra pas ses
programmes d’armements de des-
truction massive [le Monde daté
12-13 septembre). Elles estiment
n’avoir pas obtenu, à l’heure
actuelle, cette garantie. - (Reuter.)
DANS NOTRE PROCHAIN NUMERO
fouet les petits entrepreneurs (un
quart de leur refinancement venait
du marché financier parallèle). Une -
nouvelle vague de faillites de PME •
s’annonce. Compte tenu de l'ar-
chaïsme du système bancaire. Tas- .
sèchement de ce marché parallèle _
peut provoquer une crise de liqui-
dités.
A un moment où 1e gouverne-
ment appelle les investissements,
cette mesure va accentuer un repli
déjà sensible (- 10 % au cours du ' ‘
premier trimestre) : tes industriels '
délocalisent leur production afin de
réduire les coûts de main-d’œuvre
et «boudent.».te territoire national
L’économie coréenne, qtn a perdu
sa- compétitivité en raison des
hausse de salaires consécutives à la
démocratisation de la fin des
années 1980, opère une reconver-
sion laborieuse vers des productions *
à plus forte valeur ajoutée. Bien
que la revalorisation du yen
«dope» les exportations, Tatonie .
dn premier semestre a conduit à ■
réviser en baisse tes perspectives de ;
croissance pour 1993 (de 6.6 % à
4,7 %). Or, en dessous de 6%, des
risques sérieux de chômage se pro-
filent. Les conflits sociaux ont été
ns modérés qu’auparavant, mais
faiblesse de la consommation et
b stagnation des investissements
productifs hypothèquent la reprise.
Une morosité qui entame b
confiance dans la politique d'un
gouvernement «vertueux», mais
dont l'efficacité reste encore à
démontrer.
PHILIPPE PONS
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1 ^ J" ^
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énorme popularité (70 %) qui le
rend, pour l'instant, inattaquable:
pas Tannée,
force Doliti-
id, pour l'instant, mattaqua
La présidence a mis au pas Tara
longtemps b
que du pays. Le limogeage de
gradés, l'arrestation d'anciens chefs
des services secrets et un grand net-
ige au ministère de la défense,
tes deux tiers du personnel ont
été remplacés, assurent à M. Kim
une certaine tranquillité.
□ JAPON : M. Major devrait évo-
quer à Tokyo te cas des anciens
prisonniers de guerre britanniques. -
Le premier ministre britannique,
John Major, évoquera, lors de sa
prochaine visite officielle à Tokyo,
le cas des anciens prisonniers de
guerre britanniques capturés par les
Japonais pendant la seconde guerre
mondiale, contraints à trav aill er
dans des camps dans des conditions
épouvantables, et qui demandent
aujourd’hui des dédommag emen ts,
écrit dimanche 12 septembre le
Sunday Times. Selon 1e journal
dominical, M. Major, qui se rendra
au Japon du 18 au 21 septembre;
discutera de cette affaire avec le
premier ministre japonais Morihiro
Hosokawa. - (AFP.)
DANS NOTRE PROCHAIN NUMERO
SCIENCES ET MÉDECINE
-
INDE
Hait personnes
ont été tuées
dans un attentat
à New-Delhi
Une voiture piégée a explosé
samedi 11 septem b re en plein cen-
tre de New-Delhi, devant le siège
des jeunesses du Parti du Congrès
au pouvoir, faisant huit morts et
trente-six blessés, selon la police,
qui a attribué l’attentat à des sépa-
ratistes sikhs. Pour la police, la
bombe visait le président de Forgp-
nisation de jeunesse du Parti dû
Congrès, Maninder Singh Bitta, on
proche du premier ministre Nara-
rimha Rao, qui quittait les locaux
au moment ou Fexpkxion s'est pro-
duite: M. Bitta n'a eu que des bles-
sures légères et a été mis en obser-
vation dans un hopitaL
Le chef de b police de New-
Delhi, Mukund KaushaL a accusé
les séparatistes sikhs, qui luttent
pour un Etat indépendant au Pend-
jab. Cest l’attentat 1e plus meurtrier v
dans b capitale depuis une explo- . ’ ' - t> ,
sion qui avait fait dix morts a la '-. ^
gare de Delhi en 1990 et qui avah . ;-fc
aussi été attribuée aux terroristes /. / ■'<
sikhs. M. Bitta, qui est lui-même un -,
sikh originaire du Pendjab, a déjà s ""
survécu à deux attentats, mais a
perdu une jambe dans l’explosion -=. 4 _
d’une voiture piégée Tan dernier aû _ .
Pendjab. Deux personnes ont (Tau- ■; ■
Ire part été tuées et deux autres . i.
blessées par l'explosion d'une *
i l m s r. k
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& «ilwr
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S - 1 T • W » ir M *
Le Monde • Mardi 1 4 septembre 1 993 7
& Mitterrand était attendu /<■ nM; , ,
À Séoul où le président Kim Yot *
dins m vaste programme de lutte
SÉOUL
Yonne *
mre | s
dnvoyrf
Qgpi un mu ftpraai oomrc le
U président Kim
Yqu^hmi «tend mettre fin â uœ
oormjSKW cndéfflkjut, favorisée
déx ddemtnta de cwrâofl entre
de tttirtes sphères de te politique,
«te bumvcraln « de l'armée.
JJWWfigée par ta tdgiraes musclés.
Qwtaw» semaines ftprés son arri-
vée ms pouvoir, «a ftvrfer, ta tfaes
tal wntMnoé à tomber : trois
fonctionnaires, politidcas et
w»m ont été anta ou démis de
eut» fonction. Depuis le début du
•wi. la commission éthique
Jpluchc ta avoirs d'un minier de
onctirninairo^ dans te cadre de
application do la ta sur réthiquç
te a fonction publique, adoptée en
uin.
Dans ta Corée *«rra*Bwv de
Cim Yoong-sam, h richesse et les
xiyilégs «ont devenus des péchés
ocaux tandis que l'austérité et Ses
«tari traditionnelle* sont à roidre
ht jour. La pression psychologique
jf tarte ; ta terrant» de pair sont
tatetés, ta tait de représentation
éduits tte 90%. et le bol de
lOuitios a remplacé U viande
onune o r d waire des bureaucrates.
Jne austérité invoquée par le
riftktàro de te culture et de l’in-
jrmafk» pour interdire 1e concert
t Michael Jackson en tournée de
«Oteflu A Pékin.
On a pu penser que M, Kim,
Mteu opposant A ta carrière lou-
oyanta, cherchait seulement à
ÿaasser km image. En décidant le
2 «oit de lever l'anonymat des
MtpteS bancaires, le président sud-
sréen a donné m»c substance A ce
ui pouvait passer pour du papu-
sme bon teint. Politiciens, ranç-
onnâmes ci hommes d'afliures qui
nt amassé <ta fortunes en pots-dc-
in ou en spéculai» ont jusqu'au 12
tfabre pour déclarer les comptes
rats sous un nom d'emprunt -
t risquant des poursuites - ou
«adonner taire avoirs.
Une épuration qui n'est pas
butée de visées politiques ; parmi
s «vtetimeM.fiiurcroot .vraBcm-
abtariien! res . adversaires de
. Kim su sein .dv parti awvcmc-
ewertM odrtiçuM u * mafia de
Ufs«, berceau du pouvoir. La
*« de l’anonymat bancaire est
inmâta une «datai courageuse,
N niée peu da ni. des années par
i p rfdwtewu re. qui devrait favo-
ter tu» réforme du fooctioflne-
mt du *y*èn» politique et asai-
r te vrt publique. Les deux
é dé c æeu rs de M. Kim restent
■qu'A présent épargnés par la
sspègne a nli «corruption : une
quête sur l'achat en 1991 de
meure américains F- 16 vient,
r exempte, de conclure que la
rtaoo ite pritetdew Roh était jus-
de.
Ses ottuta de vertu sont amènes
ar lw ËJtes ne sua-
int cèpMutem pas de. réactions
vfrtflL U *ète purificateur de
Kta r avk ta petites geas» qui
tare» que te pouvoir ta « venge»
s patssanu, « une cluse
ymsi irritée de Fosteiuaiion de .
wtittx mes : ü lui vaut une ;
Mbm pôpeterité no %) Qui le !
Æ pour nattant. Inattaquable. ;
bîmfaeti A taré m pas l'armée.
gmm * principale m polin- '
t du pays. Le limogeage de hauts :
M, retfWttiM <Tuockoi chefs ;
w nrices soenas «t un grand ne»-
tge en mi n istère de 1a défense. ■
ta dota tare du p er so n nel ont :
rempteote» «surent A M. Kim -
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r A T«K|S h eu ta tahs»
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EUROPE
Intensification des bombardements en Croatie
Les faubourgs de Zagreb ont été touchés
par un missile serbe
ESPAGNE
Manifestation imposante an Pays basque
pour protester contre les violences de FETA
■‘ton*
du FenL,
Wlinitpvn wttftttq»
fiëtm ter mmfarttv brHinmquc.
■ «
iwm «üw OCWHHfe a toiyv?,
« dw a o d e ft s prisonniers de
«i brtfttfttaat eaptuta par les
mu pa fldta l te wcnnde guem
idÎÉte. contraints A travailler
i dm camps dans des conditions
ivftfttabta. e* qui demandent
dre dédommag^nents.
; dimanche 12 «ptembre le
fta fi**** Selon te journal
teteal, M- Major, qui se rendra
•008 ta t> au J t septembre,
««a de cette affaire avec le
tar Atetetre tepoftan Monhmi
dmwa. -» fÀfr.J
pences et médecine
C CSl le Cîis de la IkvL i
nymat bancaire. Mais
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dévastateur : elle
ment un marché finSîS
(estimé à 25
qui alimente l’économï 5
® va i u ^ d «- « métaikiS
io^ dS Jc ! ar * ^ur un PNB
-94 milliards. - trappm it»|
les rv-nti
La quasi-totalité de la ligne de
front serbo-croate s'est rallumée,
samedi 1 1 et dimanche 12 septem-
bre, en Croatie, où un faubourg de
Zagreb a été atteint' par un missile
serbe, tandis qu’une vingtaine de
localités croates paient touchées
par des tirs d'artillerie. Les com-
bats ont débuté jeudi, lorsque les
forces croates ont lancé une offen-
sive autour de la ville de Gospic,
tans le sud de la Croatie, afin de
s’emparer de trois villages tenus
par les Serbes. Loc ali sée au départ,
la riposte serbe s'est étendue les
jours suivants, atteignant, outre les
environs de la capitale, des villes
comme Samoboc, éloignées du
Pont.
Dimanche, les rebelles serbes de
Krajina (région de Croatie
contrôlée par les Serbes) ont
menacé d’utiliser de nouvelles
armes lors d’actions massives de
représailles contre des objectifs
militaires croates, si l’armée croate
ne se retirait pas des trois villages
qu’elle occupe depuis jeudi dernier
tans les environs de Gospic. A
mo ins que les Croates ne se reti-
rent, les Serbes t utiliseront des
armes et des systèmes Jamais
encore employés dans la guerre
KrùjinorCroalie », a déclaré le com-
mandement militaire des rebelles
serbes dans un communiqué dif-
fusé par Tagence Tanjug de Bel-
grade. Les Serbes n’ont toutefois
pas précisé le type d'armes qu’ils
utiliseraient. Les Serbes ont déjji
utilisé des missiles sol-sol munis
d’une charge de 600 kilogrammes
contre des cibles en Croatie, y
compris les faubourgs de Zagreb,
atteints par un Frog 7, selon la
Force de protection de l’ONU
(FORPRONTJ). La ville de Karlo-
vac, i une cinquantaine de kilomè-
tres au sud de Zagreb, a été parti-
culièrement visée par l’artillerie
serbe : onze personnes y ont été
tuées et vingt-six blessées, selon
l’agence croate Hina.
Le président croate Franjo Tudj-
man a ordonné dimanche soir à ses
troupes d’observer un cessez-le-feu
dans les vingt-quatre heures et leur
a demandé de ne pas répondre aux
provocations des Serbes dans le
secteur de Gospic. Un porte-parole
militaire croate, Drago Krpina, a
annoncé que les forces croates
étaient prêtes à signer .un accord de
cessez-le-feu général avec les Serbes
- qui ont ravi près d'un tiers de la
Croatie lots de la guerre d'indépen-
dance de 1991 - mais qu’elles
n’abandonneraient pas les trois vil-
lages occupés tant que les forces de
rôNU n'auraient pas désarmé les
Serbes, comme convenu en 1992.
Un ordre de cessez-Ie-fea
lancé par Franjo Tndjman
M. Tudjman a demandé A
M. Thorvald Stoltenberg, l’un des
deux médiateurs internationaux,
actuellement à Zagreb, d’intervenir
en faveur de la conclusion d’un
cessez-le-feu, dont Zagreb fait
dépendre son accord pour un
renouvellement du mandat de la
FORPRONU, qui expire fin sep-
tembre. M_ Tudjman a alterné ces
derniers jours les mises en garde et
les appels à la coopération aux
Serbes de Krajina. Les * rebelles a
devront, a-t-il dit samedi,
« reconnaître le pouvoir croate » et
ils jonirant alors de «tous les droits
civiques».
Dans le cas contraire, ils
« connaîtront le sort de ceux qui.
ces Jours-ci, ont été défaits dans la
région de Gospic». Les Serbes de
Krajina ont jusqu’à présent rejeté
toutes les exigences croates. Cedric
Thomberry. responsable des
affaires civiles de la FORPRONU,
a, quant à lui, estimé que les com-
bats en Croatie « étaient
extrêmement sérieux», les plus
graves depuis la guerre d’indépen-
dance de la Croatie en 1991.
« C’est extrêmement sérieux et
menaçant („) Nous n’avions pas vu
ce niveau de tension et d’activité ou
cette quantité d’armes lourdes (...)
depuis la guerre de 1991-1992».
a-ï-il déclaré. - (AFP. Reuter.)
□ Poursuite des affrontements
entre Croates et Musulmans. — Des
tirs d’artillerie des forces croates
(HVO) contre la partie musulmane
de Mostar ont fait huit morts et
dix-sept blessés, samedi 1 1 septem-
bre, selon Radio-Sarajevo. Le HVO
a également lancé des attaques à
Gomji-Vakuf, en Bosnie centrale,
lesquelles, toujours selon la radio,
ont été repoussées. Celle-ci a égale-
ment fait état de tirs sporadiques
de l’artillerie serbe contre des sec-
teurs situés au nord de Sarajevo,
ainsi que contre les villes de
Magiaj. Olovo et Zvornik. - (AFP.)
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s annonce C-mpie Knil ^
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A un morue ni ou le goure
ment appelle les imesusaE
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délocalisent leur production é:
réduire les coins Je maiinfr
et «boudent» W territoire be:
L’économie coréenne, qui je
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années 1 9$0. opère unesn-
sion laborieux' vers Jespebc
à plus forte valeur ajouàb
que la revalorisation
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réviser en bai>»e les percpïB
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4,7%). Or. en Jeywus ifc ri;
risques sérieux de diômaat;
filent. Les conflits socomtf
plus modcre> qu’auftwav*-
u faiblesse do i.i cons 8 naff ;
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productifs hvpothèiiuenlLS-
Une moroMtc qm f” 1 */
confiance d.ms b politiq®
gouvernement ivrMtvi». ■-
dont l’efficacité reste»*
démontrer
PHILIPS#
Les Douze appeUent les trois parties
bosniaques à reprendre les négociatioi
Le médiateur international,
David Qwen, a estimé, samedi
11 septembre, que les négociations
de paix sur la Bosnie-Herzégovine
pourraient reprendre dans dix
jours i Genève, et il n’a pas exclu
qu’un accord puisse être trouvé
d’ici & la fin septembre. Selon un
diplomate, qui rapportait les pro-
pos tenus pat Lord Owea devant
là ministres des affaires étrangères
des Douze réunis au. château d’AI-
den-Biesen, en Bdgique, ela ren-
contre Cliniorhf ietbegovic [la
semaine deniïèreT^ ff été d'une
grande importance, laüibegovic sait
qu’il est ^désorptaiS" Inutile de
demander>’pius».
Lord Owen s’est cependant
refusé à faire publiquement un
quelconque pronostic sur un calen-
drier. 0 a affirmé que » les Douze
sont maintenant prêts à administrer
Mostar», comme le suggère l’une
des propositions du plan de paix
en discussion A Genève, à laquelle
les Croates ont cependant jusqu’à
présent refusé de souscrire. Les
ministres européens ne se sont
d’ailleurs pas prononcés publique-
ment sur cette requête de Lord
Owen.
Les ministres ont exhorté toutes
les parties à retourner à la table
des négociations. Le président bos-
niaque devrait rencontrer, dés
mardi prochain à Genève, son
homologue croate Franjo Tudjman
pour préparer la reprise des pour-
pari ers.
Ua possible allègement
des sanctions
La possibilité d’alléger les sanc-
tions qui frappent les Serbes a éga-
lement été abordée, notamment à
la demande de la France, mais elle
a été écartée par des pays comme
l'Allemagne, qui refuse' d’autre part
d'en instaurer contre les Croates,
eux aussi accusés dé violations des
droits de l'homme.
D’autre part, à Bruxelles, où il
intervenait devant l’Institut inter-
national d’études stratégiques, le
secrétaire américain à la défense.
Les Aspin. a confirmé, dimanche,
que les Occidentaux envisageaient
renvoi d’une force de maintien de
la paix d’environ 50 000 hommes
en Bosnie dès lors qu’un accord
aurait été conclu. Il a cependant
souligné qu’une forte contribution
américaine ne serait probablement
pas approuvée par le Congrès si les
alliés des Etats-Unis ne partici-
paient pas au moins à hauteur de
50%.- (AFP, Reuter.)
En dépit de rintervention de M, Karadzic
Les soldats rebelles serbes
occupent toujours Banja-Luka
BELGRADE
de notre correspondante
Le bataillon des forces serbes de
Bosnie qui s’était mutiné, vendredi
dernier, pour obtenir une meilleure
solde et l’arrestation des «profiteurs
de pierre» bloquait toujours avec ses
chars, dimanche 12 septembre, le
centre de Banja-Luka, principale ville
sous contrôle serbe du nord-ouest de
ta Bosnie. Cette révolte a viré au
mini-putsch militaire lorsque- les
rebelles ont pris le commandement
du corps d’armée de Bosnie occiden-
tale et désavoué le chef militaire de
la région, le général Mourir Talic. «Il
n’est pas question de nous mirer tant
que nos revendications ne seront pas
satisfaites », ont fait savoir Ira mutins
au responsable politique des serbes
bosniaques, Radovan Karadzic, qui
leur avait demandé à plusieurs
reprises de retourner sur le front.
Tout en reconnaissant le bien-fondé
des revendications sociales des sol-
dais rebelles, M. Karadzic a estimé
que; «si les troubles à Banja-Luka se
poursuivaient, tout ce qui a été obtenu
sur le champ de baume et à la table
des négociations risquerait d’être
remis en question»..
F. H.
do notre correspondant
Une manifestation sans précé-
dent s’est déroulée, samedi 1 1 sep-
tembre à San-Sebastian, contre
TETA et la violence et afin d’exiger
la libération d'un industriel, Julio
Iglesias Zamora, enlevé depuis le
5 juillet par un commando de l'or-
ganisauon indépendantiste
(le Monde du 8 septembre).
Soixante-dix raille à quatre-vingt
mille personnes, selon la police,
ont défilé derrière une énorme
banderole «Julio Askatu» («Julio
Liberté») en portant un petit mzud
bleu en forme de A, du «A» de
Askatu, le nouveau symbole des
pacifistes au Pays basque.
Cest en effet la première fois
dans l'histoire mouvementée de
cette région qu’un mouvement de
réprobation contre les exactions et
les crimes de l’ETA prend une telle
ampleur, d'autant qu'il trouve son
origine dans la société civile. Le
raz-dt-matée protestataire a en
effet démarré au sein de l’entre-
prise où travaille M. Iglesias - la
société Ikusi qui emploie trois etm
quarante personnes - et s’est
étendu non seulement à San-Sebas-
tian mais i toute la province de
Guipuzcoa, pourtant un fief natio-
naliste, et à toute la région, voire
au-delà de ses frontières. Comme
l’a dit le secrétaire général des
socialistes basques, Ramon Jaure-
gui, « je crois que l'on va être en
mesure de dire qu’il a eu un
» avant» et un » après» dans la
haie sociale contre l'ETA »,
Afin de relever le défi, Henri
Batasuna, le bras politique de
l’ETA, a décidé d’organiser une
contre-manifestation, samedi pro-
chain 18 septembre. Nul doute q le
les nationalistes radicaux, bien que
de plus en plus isolés, rassemble-
ront également beaucoup de
monde, nerri Batasuna a recueilli
14,49 % des suffrages au Pays bas-
3 ue lors des élections législatives
u 6 juin.
M. B.-R.
ALLEMAGNE
Les sociaux-démocrates
gardent la mairie de Munich
□ Création d’un collège universitaire
fiançais A Sarajevo. - Un collège uni-
versitaire français de l’université de
Sarajevo a été inauguré, samedi
1 1 septembre, dans la capitale bos-
niaque, afin de « manifester l’engage-
ment de la France» auprès de la
Bosnie-Herzégovine. Une convention
sur la création de ce collège a été
signée par Michèle Gendreau-Massa-
loux, chancelier des universités de
Paris, et par le vice-recteur de l’unî-
versité de Saruevo, Haruk Sdrakovic.
Le ministre délégué fiançais à rensei-
gnement supérieur et à la rec her c h e;
François Fillon, s'était rendu pour
l'occasion à Sanueva - (AFP.)
□ Visite du président Izetbegovic eu
Iran. - Le président bosniaque, Afija
Izetbegovic, arrivé dimanche 12 sep-
tembre à Téhéran, a exhorté Ira pays
islamiques & soutenir plus activement
les Musulmans de Bosnie. Selon
l'agence iranienne IRNA, le président
bosniaque a souligné que les Musul-
mans de Bosnie «n’abandonneraient
pas leurs demandes fondamentales».
Le président Hachemi Rafsandjani a,
quant à lui, qualifié la situation des
Musulmans de Bosnie de «problème
le plus grave du monde musulman».
- (Reuter.)
de notre correspondant
Le Parti social-démocrate (SPD)
a conservé, dimanche 12 septem-
bre, la mairie de Munich face à
Peter Gauweiler, tête de file de
l’aile droite populiste de l’Union
chrétienne-sociale (CSU) de
Bavière. Avec 50,7 % des voix, le
candidat SPD. Christian Ude, l’a
emporté dès le premier tour. A
quelques mois des élections régio-
nales dans ce Land, où la CSU
bavaroise, menacée par l'extrême
droite, risque de perdre sa majorité
absolue, il s’agissait d’un vote indi-
catif.
A une exception près, en 1978,
la capitale de la très conservatrice
Bavière a toujours élujdes maires
sociaux-démocrates. Mais cette fois
.la faible notoriété de son candidat
ne lui facilitait pas la tâche. Le
maire sortant, M. Georg Krona Wit-
ter, ne s'était pas représenté pour
raisons personnelles. Personnage
contesté, M. Gauweiler, ministre
de l'environnement du gouverne-
ment régional, était nettement plus
connu que son adversaire.
La campagne électorale a été peu
reluisante. M. Gauweiler, qui
s’était fait connaître dans les
années 80 comme partisan d’une
politique d’ostracisme à l'égard des
victimes du sida, ne donne pas
dans le raiTmement. Porte-parole
des anti-Maastricht et des défen-
seurs du deufschemark en Alle-
magne, il était là pour tester un
langage politique dur qui n'a visi-
blement pas fait recette, puisqu’il
n’obtient que 43,4 % des voix.
L'extrême droite, représentée par
Heinz Kremzow, membre des
Républicains de Franz Schônhuber,
subit un échec cuisant avec 2,8 %
des voix - le plus mauvais résultat
des «Reps» dans une élection
importante depuis deux ans. L'élec-
tion municipale de Munich faisait
figure de test pour les élections
régionales de l'automne 1994, où la
CSU devra défendre sa majorité
absolue face aux assauts de
l’extrême droite et à une opposi-
tion social-démocrate emmenée par
la dynamique Reoate Schmidt.
H. de B.
□ ROYAUME-UNI : M. Dick
Sprlng souligne l’intérêt d'une éren-
'tneUe médiation « extérieure » en
Ulster. - Le ministre des affaires
étrangères de la République d'Ir-
lande, Dick Spring, a évoqué, à la
fin de la semaine A Cambridge, la
possibilité d’une intervention
« extérieure » dans la recherche
d’une solution politique au conflit
nord-irlandais. M. Spring a souli-
gné «l’atout» que représentaient à
ses yeux les « préoccupations utiles
de fa Communauté européenne et
des Etats-Unis concernant l’Irlande
du Nord». Washington a proposé
récemment d'envoyer un émissaire
à Belfast. - (AFP.)
A TRAVERS LE MONDE
Huit personts
ont été tuées
dans un atteif
à New-Deflu
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CHILI
De violents incidents
ont marqué
le vingtième anniversaire
du coup d’Etat
contre Salvador Abonde
Plusieurs incidents ont fait deux
morts et une centaine de blessés,
dont dhq par bettes, samedi 11 sep-
tembre à Santiago, jour du vingtième
anniversaire du renversement du pré-
sident Salvador Attende p ar le géné-
ral Pinochet Un homme Agé est
mort après avoir été renverâé par
tu» des voitures da polies interve-
nant contre des manifestants de
gauche, qui se dirigeaient vers te
paMs ds la Moneda où la veuve de
Salvador Attende a cependant pu
déposer ire gerbe.
Un jeine homme de dix-sept ans,
VlacSrnto Munox, a été d’autre part
tué d'une balle dans le cou, au
moment où las forces de l'ordre dte-
Pw iti ant un autre cortège de trois
néte personnes, qui se rendaient sur
te tombe de f ancien président, dre»
h principal cimetière de la capitale.
Plusieurs petites bombes avaient
""Ptaé la vêtis, dont une avait fait
un blessé, devant une permanence
riu Parti de la rénovation nationale
(droite). Lb général Pinochet, qui
**88 toujours ('année de taira, a
ra °nresi devant des officiers que des
* excès > avaient été commis sous
13 denture. B a par aieure demandé
Qua tous les auteurs de violations
ÿ 8 droits de l'homme bénéficient
d 'une amnistie totale. - (AFP, Reu-
. . ..
5 .
Pou I Schiûter
quitte la présidence
du Parti conservateur
Poul Schiûter a abandonné,
dimanche 12 septembre, la prési-
dence du Parti conservateur qu'il
occupait depuis 1974. U avait diigé
le gouvernement danois pendant
plus de dix ans (1982-1993).
Acclamé pendant cinq minutes par
des délégués debout, M. Schiûter a
cédé la présidence «à des forces
pk/s vives» en la personne de son
dauphin, Hans Engel, ancien ministre
de h défense et de ta justice.
Le départ de M. Schiûter était
attendu depuis sa démission du
poste de premier ministre en janvier
damier, à la suite du scandale du
«Tamouigatei. En fait, M. Schiûter
n’avait alors nuNement l'Intention
d'abandonner le pouvoir, encore
moins les rênes de son parti mais,
éclaboussé par l'affaire du gel tiégal
du regroupement familial des réfu-
giés tamouls du Sri-Lanka, 8 a dû sa
résigner à une retraite forcée.
A soixante-quatre ans, et malgré
son amertume d'avoir été victime de
ce scandale. Roui Schiûter n’est pas
prêt è quitter la scène politique. Ses
amis, en tout cas, ne semblent
guère disposés è se séparer d'un
homme de grande expérience et qui
a été pendant des années fa figure
politique la plus populaire du
Royaume. Ils l’ont même proposé
comme tête de liste pour les élec-
tions européennes de juin prochain.
- (Cùrresp.)
'i
HAÏTI
Les adversaires du retour
du président Aristide
mukipFient les actes
de violence
Antoine bméiy, un riche commer-
çant d'origine palestinienne, qui
finança la campagne du président
Jean-Bertrreid Aristide en 1990. a
été tué d’une balle dans la tête,
samedi 11 septembre, è Port-au-
Prince, sous les yeux des observa-
teurs de (a mission des Nations
usas et de l’Organisation des Etats
américains. Les tueurs, identifiés par
plusieurs témoins comme étant des
< attachés» (auxSatres de la police)
l'ont enlevé alors qu’il assistait è une
messe è la mémoire des victimes
d'un mas s acre perpétré, a y a cinq
ans, dans l'égBse Saint-Jean-Bosco
où officiait alors le Père Aristide. Ils
l’ont froidement exécuté è la sortie
de TégEse. avant de tuer une autre
pereonm.
A Pétionvie. banlieue résidentiel
de Port-au-Prince, un colonel è la
retr ai te. Fritz Joceiyn, a été d'autre
part assassiné par un commando de
dvBs armés. Son nom aurait été cfté
dans le cadre du plan de démocrati-
sation de l'armée. Dans la nuit de
samedi è dimanche, au moins cinq
autres personnes ont été exécutées
par les cescadons da la mon» dans
la capitale. La médiateur des Nations
unies, Dante Caputo. a estimé que la
chef de la police rrafitake, le colonel
Michel François, «était derrière» ta
nouvelle vague de violences qui
menace le retour du président Aris-
tide, prévu pour fin octobre. Paris et
Washington ont vivement condamné
ces assassinats. - (Corresp.)
EN BREF
a AFRIQUE DU SUD : 1e
Coagrès dès syndicats a désigné ses
candidats poar les premières élec-
tions multiraciales. - Le Congrès
des syndicats sud-africains
(COSATU). réuni en congrès extra;
ordinaire, a désigné, samedi
11 septembre, ses candidats pour
les premières élections démocrati-
ques et multiraciales du pays, le
27 avril 1994. Ils se présenteront
sur la liste du Congrès national
africain (ANC). Les candidats de la
centrale syndicale sont Jay Naidoo,
secrétaire-général, et Chris D la-
mini, vice-président. Les responsa-
bles de deux fédérations, le secré-
taire-général de l’Union des
métallurgistes, Moses Mayekiso, et
le secrétaire-général adjoint de
l’Union nationale des mineurs,
Marcel Golding, ont également été
désignés par le COSATU. La liste
de l'ANC doit également accueillir
des candidats du Parti communiste
sud-africain. - (Correspf
a AZERBAÏDJAN : an journal
d'opposition censuré. - Les 35 000
numéros de la dernière édition du
journal d’opposition Azodlig, qui
■dénonçait l’intention du nouveau
{pouvoir d’adhérer à la CEI et
(publiait une caricature du prési-
,dent en exercice, Gaïdar Aliev, ont
[été saisis et détruits, a annoncé,
Isamedi 11 septembre, son rédac-
teur en chef Ganimat Zakhidov.
Ce journal, créé par des proches du
Front populaire, paraissait déjà
avec des espaces blancs en raison
de la censure. M. Zakhidov a aussi
affirmé qu’un des journalistes
d' AzodUg a «été battu par cinq
hommes, pour raisons politiques» -
traitement également subi par des
journalistes d’opposition lorsque le
Front populaire était au pouvoir,
jusqu’en join dernier. M. Aliev
vient d’achever une visite à Mos-
cou, où il a multiplié les déclara-
tions en faveur d'une adhésiou de
l’Azerbaïdjan à la CEI, mais sans
indiquer s T ü demanderait le retour
de troupes russes en Azerbaïdjan
comme forces d’interposition face
aux Arméniens. - (AFP.)
a DJIBOUTI : trois blessés dans
une attaque contre une délégation
goovernementsle. - Deux militaires
et une troisième personne dont
r identité n’a pas été révélée ont été
blessés, samedi 1 1 septembre, par
huit maquisards du Front pour la
restauration de T unité et la démo-
cratie (FRUD), au cours d’une
attaque d’une délégation gouverne-
* mentale, à une cinquantaine de
kilomètres an nord-ouest de Dji-
bouti. Le 4 septembre, nn convoi
militaire était tombé dans une
embuscade du FRUD, faisant de
quatre à six morts parmi Ira mili-
taires. Le lendemain, neuf à douze
jeunes Afars avaient été tués au
cours d’une opération de repré-
sailles. - (AFP.)
a ÉTATS-UNIS : découverte d'un
réseau de faux visas vendus en
Egypte. - Le département d’Etat et
les services d’immigration améri-
cains ont découvert un réseau de
vente de faux visas d’entrée aux
Etats-Unis à des Egyptiens, dont
deux au moins étaient des disciples
du cheikh Omar Abdel Rahmane, a
affirmé 1e Washington Post dans
son édition du samedi 11 septem-
bre Le procès de quatre des extré-
mistes musulmans accusés d’avoir
posé au World Trade Center la
bombe qui fit six morts et plus
d’un millier de blessés en février
doit s’ouvrir mardi à New-York.
Soupçonné d’être l’instigateur de
cet attentat, le cheikh aveugle ne
comparaîtra que l’an prochain. -
(AFP. Reurer.)
□ KENYA : des parlementaires
néerlandais dénoncent une «épura-
tion ethnique ». - Des parlemen-
taires néerlandais ont menacé au
cours d’une conférence de presse,
dimanche 12 septembre à Nairobi,
de saisir les Nations unies d’une
demande d’enquête sur les affron-
tements tribaux qui déchirent le
pays depuis deux ans, en affirmant
avoir les preuves d’une « épuration
ethnique terrible». D’autre part,
plusieurs personnes ont été bles-
sées, dimanche, lors d'affronte-
ments entre des policiers et des
milliers de musulmans, essentielle-
ment des partisans du Parti islami-
que du Kenya (LPK, interdit), qui
manifestaient à Malindi, sur la
côte de l’océan Indien. - (AFP J
a NIGER ; reconduction de la
trêve avec une des trois compo-
santes de la rébellion touarègue. -
Selon un communiqué officiel,
publié samedi 11 septembre, le
gouvernement et les représentants
da Front de libération de Tamoust
(FLT), mouvement dissident du
Front de libération de i’Aïr et de
PAzaouak (FLAA), ont «décidé de
reconduire la trêve» signée le
10 juin, pour une nouvelle période
de trois mois. Le FLT, fondé
en juillet dernier, « en réaction à
certaines déviances» du FLAA, est
dirigé par Mono Dayak, ancien
porte-parole du FLAA. - (AFP.)
û TURQUIE : plusieurs dizaines
de morts en trois jours. - Entre
trente-neuf et cinquante-cinq per-
sonnes, selon les sources, ont été
tuées, depuis le vendredi 10 sep-
tembre, lors de divers accrochages
entre les forces de sécurité et les
séparatistes kurdes dans le Sud-Est
, Anatolien. - (AFP, Reuter.)
■' ■*— 7- T -7 r .- NtÉî x
8 Le Monde • Mardi 14 septembre 1993 *
POLITIQUE
Revenant sur la scène politique
Lionel Jospin veut participer an combat du PS
contre « le conformisme, la résignation on l’impuissance »
Après une retraite de cinq
mois, l'ancien premier secrétaire
du PS et ancien ministre d'Etat
Lionel Jospin a décidé de revenir
sur la scène politique. Ses amis
sa sont réunis à huis cios,
samedi 11 et dimanche 12 sep-
tembre, à Cauterets (Hautes-Py-
rénées). Lionel Jospin veut lutter
9 contre le conformisme, la rési-
gnation ou l'impuissance». Les
rocardiens s'en félicitent. Les
amis de Laurent Fabius sont aux
aguets.
Lionel Jospin est de retour! Une
petite nouvelle que nul n’attendait
de sitôt. Avril 1992 : il n'est plus
ministre, rupture avec François
Mitterrand. Avril 1993 : il n’est
plus député, rupture avec le PS.
L'ancien premier secrétaire du PS,
l’ancien ministre d’Etat déserte.
« Par règle de vie personnelle et par
nécessite», comme il dit à l’épo-
que, il choisit de retourner là d’où
U était parti en 1963 : la diploma-
tie. Petit din d’ail de l’histoire : il
revient au quai d’Orsay au
moment où s'y installe son adver-
saire d'hier à Paris, Alain Juppé.
Ministre plénipotentiaire de
seconde classe, à cinquante-six ans,
Lionel Jospin rêve d'une ambas-
sade, pas trop loin de la France. Il
le fait savoir. Il attend toujours. Le
dédain d'Alain Juppé est sans
doute la cause première de ce
retour en première ligne politique
d'un homme qui, par déontologie
personnelle, était, de toute façon,
incapable de se satisfaire d’un pla-
card doié.
Lionel Jospin ne pouvait accep-
ter cette préretraite forcée. 11 était
fatal que le virus de la politique le
reprît Durant l’été, ii a pris langue
avec Michel Rocard, réorganisé des
déjeuners hebdomadaires avec ses
proches pour un retour, dès lors,
programmé et consacré par la réu-
nion à huis clos, les 1 1 et 12 sep-
tembre, d'une centaine de ses amis
à Cauterets (Hautes-Pyrénées).
«Nous sommes au fond du trou,
nous essayons de remonter. J’ai
pensé : c'est maintenant qu'il faut
en être», explique-t-il dans un
entretien publié par Libération
lundi 13 septembre. Certains de ses
amis con fient que c’est plutôt le
démenti inflige par la nouvelle
«méthode Rocard» à son pronos-
tic personnel, lequel n’était pas
particulièrement optimiste, qui l'a
convaincu de faire ce nouveau pas
de côté.
Officiellement, les rocardiens ne
peuvent, évidemment, que s’en
féliciter. Ce retour de Lionel Jos-
pin devrait conforter leur dispositif
de transformation du parti, ainsi
que son axe majoritaire. L’ancien
premier secrétaire du PS peut être
un coéquipier précieux pour le pré-
sident de la nouvelle direction du
parti. En mars dernier, il plaidait
déjà pour «la métamorphose du
PS». Son discours n’a apparem-
ment pas changé. « Contre le
conformisme, la résignation, l'im-
puissance, beaucoup, à gauche et
ailleurs, seraient prêts àse mettre
en mouvement », persiste-t-il à
espérer.
Sur ce discours de transforma-
tion de leur parti, les deux
hommes, comme avant l'été, res-
tent exactement sur la même lon-
gueur d'onde. Lionel Jospin a su
préserver, aussi, une image morale
intacte, ce qui, par les temps qui
courent, ne peut qu’être profitable.
Son ancrage à gauche, solide,
devrait offrir une capacité nouvelle
de dialogue avec les autres forces
de gauche - et, notamment, avec le
Parti communiste - qui manquait
à l’équipe rocardienne. Enfin, ce
S ui n’est pas secondaire, Lionel
bspin bénéficie encore d'un poids
médiatique qui peut être utile à un
Michel Rocard fort dépourvu sur
ce terrain, envahi par la droite.
« Le PS n u pas été muet, constate
Louis Mermaz dans le Figaro du
1 3 septembre. Les déclarations de
ses responsables ou celles de son
bureau national n’ont pas été
reprises. Nuance. 1 » Le 16 septem-
bre, Lionel Jospin ira, déjà, soute-
nir Claude Evin dans son combat
important et symbolique de Saint-
Nazaire.
Le retour de Lionel Jospin n’a
pas que des avantages. A l'heure
où tous les efforts des rocardiens,
en vue du prochain congrès, ten-
dent à «fixer» les fabiusiens dans
une majorité cohérente et impo-
sante, cette rentrée pourrait, au
contraire, accentuer leur mauvaise
humeur. «Ce n’est pas le meilleur
moyen de stabiliser tes choses.
reconnaît l'un des lieutenants de
Laurent Fabius, Claude Bartdone.
Nous, nous n’oublions pas qu’il a
une part de responsabilité énorme
dans la division de notre parti, ni
que, s'il est sorti par la fenêtre le
3 avril dernier, c’était au moment
où ses amis écrivaient le dernier
acte d’une pièce écrite en 1986. »
tes rapports
arec l’Élysée
H faudra, aussi, savoir comment
ce retour est interprété par l'Elysée,
au moment où le PS s'interroge sur
la rupture nécessaire ou pas avec le
mitierrandisme. Pierre Mauroy a
expliqué au bureau exécutif, le
S septembre, que le PS n’aurait
que des désagréments à vouloir
couper, d’un coup d’un seul, tous
les ponts avec l'Elysée. Devant ses
amis, Lionel Jospin a affirmé, lui,
que « le PS est, désormais, dans
une autre époque ». Dans Libéra-
tion, il ajoute, même, qu'il a été
« désolé » d'entendre les propos du
chef de l’Etat, le 14 juillet dernier,
sur l’impuissance des politiques à
lutter contre le chômage. Il n’a
donc pas l'intention de se taire.
Sera-t-il chargé de dire ce que
Michel Rocard ne pourra se per-
mettre de déclarer? Pour compren-
dre le raisonnement de Lionel Jos-
pin sur le bilan du mitierrandisme,
- il faut se reporter à ses propos, sur
Antenne 2, en septembre 1991 :
«Ce n'est pas simplement Ai. Mit-
terrand qui a fait le PS. avait-il dît.
C'est aussi . le PS qui a fait Mitter-
rand. Cette dialectique-ià, entre un
leader et une formation politique, se
poursuivra dans l’avenir. »
Reste, pour l’heure, à définir
plus précisément la tâche qui sera
dévolue à Lionel Jospin. Aura-t-il
un rôle de simple consultant ou
prendra-t-il une part active dans la
direction? 11 pourrait se voir
confier L'organisation des Assises
de la transformation socialie, pré-
vues au lendemain du congrès
d'octobre. Son nom est avancé
pour la tête de la liste socialiste
aux prochaines élections euro-
péennes. Lionel Jospin veut rede-
venir parlementaire européen, mais
il ne semble pas être naturellement
disposé à relever un défi auquel il
avait déjà dû répondre, en tant que
premier secrétaire, en juin 1984.
Les fabiusiens ne veulent pas en
entendre parler, considérant qu’en
la circonstance le dévouement de
Michel Rocard s’imposera... Mar-
tine Aubry a semblé, dimanche, au
«Grand jury RTLr/e Monde», se
rallier à cette opinion, en déclarant
que pour ces élections européennes
Michel Rocard ferait «un excellent
candidat j», compliment rare autant
que suspect dans sa bouche.
Dans un entretien publié
dimanche par les Dernières Nou-
velles d'Alsace. Michel Rocard n'a
pas rejeté cette éventualité.
Comme on le confie dans son
entourage, «la logique voudrait
qu’il y aille si les circonstances ne
sont pas extraordinairement
contraires». En tout état de cause,
Michel Rocard précise, dans cet
entretien, que le rôle de Lionel Jos-
pin, « dirigeant intelligent et expéri-
menté, homme de convictions et de
haute exigence éthique», serait
«celui de son choix». C’est ce
qu'on appelle être accueilli à bras
ouverts!
DANIEL CARTON
Dénonçant tme * tentative de lynchage »
Le MRG réaffirme
son soutien à Bernard Tapie
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Le comité directeur du MRG.
réuni samedi 1 1 septembre à hun
dos. a confirmé son - ftwnen poli-
tique* à Bernard Tapie, qui, en
raison d’une « semaine éprou-
vante », était absent. De même, ne
participaient pas aux travaux du
«parlement» du mouvement Fran-
çois Doubin et Roger-Gérard
Schwanzenbeig. anciens présidents
du MRG, réputés être parmi les
plus fermement opposés à la pré-
sence du député des Bouches-du-
Rhône dans les rangs de cene for-
mation depuis son adhésion en
février dernier.
Dans une motion adoptée à
l’unanimité moins quatre absten-
tions, les radicaux de gauche
regrettent « les débordements judi-
ciaires et la excès médiatiques qui
ont marqué les récents développe-
ments des affaires touchant V Olym-
pique de Marseille» et assurent que
« toute personne. Bernard Tapie ou
autre, faisant l’obiet d’une tentative
de lynchage public doit pouvoir
compter sur le ferme soutien de
tous les républicains ». Pour Jean-
François Hory, président du MRG,
«quelles que soient les turbulences
du moment », le président de Ï’OM
représente pour son parti la
feure chance de faire un vcare très
ngin.Hrafi/» aux élections turo-
r tenues, c’est-à-dire entre 3 % et
% des voix. Un congrès extraor-
dinaire, prévu pour février, devra
confirmer ce choix de la tête de
liste. D’ici là, M. Tapie devrait
animer «à peu près toutes les
étapes » d’un tour de France,
retardé d’un mois, que la direction
du MRG commencera à la rai-oc-
tobre.
Regettan/ « les difficultés persis-
tantes du PS à sortir de sa longue
cure psychanalytique *. M. Hory a
affirmé, d’autre pan, qu’il revient
au PS de «prendre l’initiative de
rétablir les relations » avec te
MRG, rompues depuis le 8 juillet
demiet, après l’annulation in extre-.
mis par Michel Rocard d’une ren-
contre à laquelle devait participer
M. Tapie. Le comité directeur a
également approuvé une motion
dénonçant les «dangers de régres-
sion sociale v de la politique
« conservatrice » du gouvernement,
ANNE CHAUSSE BOURG
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1929-1993 : d’une déflation à l’autre
ÉTATS-UNIS : l’emploi à deux vitesses
1 994 : année de la reprise ?
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POLITIQUE
Le Monde • Mardi 14 septembre 1993 9
PHumamté
Les communistes épellent
faire échec au ulan Ballad
Dans le discours qu'il a pro-
noncé, dimanche 12 septembre,
à la Fêta de l'Humanité. Francis
Würtz, membre du bureau politi-
que, a stigmatisé la politique
d’Edouard Balladur, décrivant ce
dernier comme «dur aux faibles
et dévoué aux puissants » et
appelant è « faire échec a à son
«plan». La grande manifestation
annuelle du PCF a été l'occasion
de débats sur l'avenir du com-
munisme.
De la porte «bleue», 4 States,
jusqu’à la scène centrale, au coeur
du jiarc paysager de La Courneuve
(Seme-Saint-Denis), ce n’est qu’un
océan de boue, né des pluies tor-
rentielles du premier soir et des
longues averses qui ont suivi Dans
les allées, toutes baptisées du nom
de rivières ou de fleuves de métro-
pole, -les milliers de visiteurs s’es-
saient obligeamment au pas du
patineur, dans la gadoue. Les plus
dégourdis protègent leurs chaus-
sures dans des sacs en plastique.
Les vrais habitués ont pris le soin
de se chausser de bottes de caout-
chouc pour résister à l’épreuve.
- L'un des porte-parole des Verts,
Yves Cocbet, n’est pas de ceux-là.
LC plus «politique», sans doute,
des. dirigeants du mouvement éco-
survivonce du siècle passé, dites -
nous donc qui vous êtes: sinon,
vous êtes fouuu», insistait le jour-
naliste face au président du groupe
communiste de l’Assemblée natio-
nale, Alain Bocquet. fl s'agissait
d’un débat sur l’avenir du PCF en
France. L’interpellé, considéré
comme Ton des successeurs possi-
bles de Georges Marchais à la tête
du PCF, devait dialoguer, peu
après, avec le philosophe Roger
Garaudy, ancien dirigeant du parti.
Il a fait simplement cette réponse :
«Je me souviens, avoir ■ assisté,
comme Jeune délégué au congrès de
1970, au discours de Garmufy et au
silence qui l'accompagna avant son
exclusion. Mais nous avons beau-
coup changé : aujourd'hui, il ne
serait pas exclu.»
Le Comité
Hoaecker
Pendant que l’on discutait, cour-
toisement, de l’avenir du commu-
nisme, à quelques dizaines de
mètres de la scène centrale, devant
le stand de la fédération du Pas-de-
Calais du PCF, un jeune militant
distribuait tranquillement les tracts
du Comité Honecker de solidarité
internationaliste. Le «comité
d’honneur» de cette association,
fondée le 10 octobre 1992, est
notamment composé d'Henri AUeg.
journaliste communiste torture
Francis Wurtz : dans l'ombre
du secrétaire général
Agé de quarante-cinq ans,
Francis Wurtz a accompli toute
sa carrière, au sein du Parti
communiste, dans l'ombre de
Georges Marchais. La guerre du
Vietnam, puis les événements
de mai 1968 sont è.l'oijgine da
l’engagement politique de cet
étudiant en philosophie de
StrasÉîotnfg,^1s»Ër r tiw 1 - milieu 5 *
modeste de.petits. employés,
protestants pratiquants.
Membre du PCF depuis le
16 novembre 1969, Francis
Würtz devient, à vingt-cinq ans,
permanent au secrétariat de la
fédération du Bas-Rhin. Après
un passage è l'école des cadres
du PCF, è Choisy-ie-Roi (Val-de-
Marne), en 1975, il est pres-
senti, un an plus tard, pour
devenir le secrétaire particulier
de M. Marchais. 11 le restera jus-
qu'en 1982.
Dès lors, sa trajectoire sera
née à celle du sacré taira général
du PCF, dont il coordonne la
campagne présidentielle en
1981. M. Marchais sait récom-
penser la fidélité de son secré-
taire particulier, qui entre, en
1979, au Parlement européen
de Strasbourg; 'dont- iF est le
phis jeune représentant français,
et accède, la même année, au
comité central. Alors que la
contestation gronda, au PCF, è
l'encontre du secrétaire général,
M. Wurtz, qui a été réélu
en 1984 et en 1989 au Parle-
ment européen, se voit confier,
en 1991, Je secteur des affaires
intemationalas du PCF, en
remplacement de Maxime
Grematz.
P. R.-D.
looste confesse que « c'est (sa] pre- pendant I
nuère Fête de I'Huma». Cest aussi Aochedé,
la première fois que le Parti com-
muniste a invité officiellement les
Verts à participer i l’un des nom-
breux débats organisés dans le
cadre de la fête. Les Verts sont
même le seul parti français, cette
année, à avoir eu le privilège de
discuter «r avec les gens» - terme
que le PCF substitue désormais à
ceux de «travailleurs» ou de
«salariât» - dans le parc de La
Courneuve.
Le cru 1993 de la Fête de l’Hu-
manité devait être, en effet, tout
spécialement placé sous le signe du
rassemblement et du dialogue,
voire - comme Ta affirmé Claude
Cabanes, rédacteur en chef du quo-
tidien communiste - de «l’écoute
des autres». Il l’a été assez
ment, par exemple, lors d’un
passionné sur «les pratiques des
médias » organisé avec la partici-
pation du directeur de l’informa-
tion de France-Inter, Ivan Levai.
Au stand de la revue Avancées,
Yves Cochet put soutenir, sans
provoquer trop de chahut, face à
une assemblée de militants décidés
à partager le travail mais non les
revenus, qu’il n’y aurait point,
selon lui, de partage de l’un sans
un partage modulé des ressources
dant la guerre d’Algérie, Rémy
uchedé, membre du comité cen-
tral du PCF et député du Pas-de-
Calais, Jean Garraud, maire du
Tréport (Seine-Maritime), et Léo
Figuères, maire de Malakoff
(Hauts-de-Seine). «Sur une base de
Classe », ce comité réclame la libé-
ration de la veuve d’Enver Hodja,
L’ancien dictateur communiste
albanais: il dénonce «le « démo-
crate » Vadav Havel, président de
la chasse aux sorcières» dans la
nouvelle République tchèque, et
l’interdiction du drapeau rouge en
Hongrie, tandis que, dans les pays
baltes - toujours selon cette meme
source, - «les habitants russo-
phones sont privés de droits civiques
et politiques». Très fier de cet
i n t le jeune mili -
tant ajoutait : «Je ne peux pas dire
que la direction nous voit a un bon
ail. mais elle ne peut pas tout
contrôler.»
Dimanche, il est vrai, le porte-
parole du bureau politique a tenu
un tout antre discours. Evoquant la
politique du gouvernement Balla-
dur, Francis Wurtz, tenu lui aussi
pour un «dauphin» éventuel du
secrétaire général, a déclaré :
d'une
de chacun. Et Bernard Guetta^
ancien correspondant du Monde
Moscou et chroniqueur à France-
Inter, n’a pas été sifflé lorsqu'il a
affirmé que, sur ses trois options
principales - la dictature du prolé-
tariat, le oentratisme démocratique
-et l'étatisation des moyens de pro-
duction, - le mouvement commu-
niste avait commis trois erreurs.
"Jt ■ •
«Si vous avez l'ambition d'être
ature chase. en l'an 2000, qu'une
« C'est bien d’une entreprise conser-
vatrice de grande envergure qu’il
s’agit. File appelle une mobilisation
exceptionnellement large des Fran-
çaises et des Français, sans considé-
ration d’aucune sorte, à l'exception
d’une seule, décisive, vitale: faire
échec au pian B alladur ! (...) Der-
rière ses allures onctueuses, son
apparence d'homme de mesure et
l r image d'arbitre au-dessus de ta
mêlée qu’il tente de se donner, le
premier ministre a très clairement
choisi son camp : dur aux faibles et
dévoué aux puissants. » M. Wurtz a
annoncé six mille sept cents nou-
P^Bekà LIH* jage le gooverne-
**tat.«Ér£s conformiste». - Brice
Lalonde qualifie le gouvernement
fjESbüard Balladur d '«èminem-
amt'-rassurant. mais liés confor-
dans un entretien publié
Journal du dimanche du
IZ nqptembre, L’ancien ministre de
raivÎTobnemem juge que «le cou-
rage et l’audace manquent». «J'es-
time mais je ne soutiens pas ce
gouvernement», ajoute le président
de Génération Ecologie, qui a
accepté de se voir confier une mis-
sion par le premier ministre parce
que, souligne-t-il, «pendant le gou-
vernement Balladur, la défense de
la planète continue».
vellcs adhésions au parti et trois
mille cent sept aux Jeunesses com-
munistes. 0 a conclu sur une cita-
tion d'Emile Zola, lui permettant
de saluer la présence ae Renaud.
Gérard Depardieu et Gaude Béni,
acteurs et réalisateur du film Ger-
minal.
En dépit de l’abandon prochain
du «centralisme démocratique»,
les cellules, sections et fédérations
du PCF n’ont, en fait, rien fait
d’autre que décliner, d’une façon
quelque peu mécanique. leur oppo-
sition à la politique du gouverne-
ment issu des élections du mois
de mars dernier. «Eh! Balladur, il
y a deux cents ans que 1'esdavage
c’est Jim!», proclamait la Jeunesse
communiste de Bobigny. «Balla-
dur, c'est le servage moderne. Ras-
semblons-nous pour faire du
neuf l», proposaient les commu-
nistes d’ArgenteuiL Au sein de la
«cité internationale», désormais
occupée principalement par les
pays du tiers-monde, le choix est
sélectif : l’ancien parti frère italien
n'est plus représenté que par les
orthodoxes de Refondation com-
muniste; les plus grands stands
sont réservés à ce qui reste encore
de ce qui fut un grand rêve de
libération de l’homme, la Chine et
Cuba.
FRANÇOISE DAUCÉ
et JEAN-LOUIS SAUX
Chirac
Le premier ministre assure
p’il n’est pas «fâché» avec le président du RPR
Jacques Chirac, président du
RPR, s’est entretenu pendant deux
heures & l’hôtd Matignon, samedi
11 septembre, avec le premier
ministre, Edouard Balladur. Au
terme de l'entretien, le chef du
gouvernement a raccompagné son
hôte sur le perron, soulignant que
cette rencontre n’avait « rien d'un
événement exceptionnel». Les deux
hommes ont procédé à « un large
•tour d'horizon de la situation »,
selon l’expression de M. Balladur,
3 ixi a précisé : «Nous avons parlé
es journées parlementaires fdu
RPR, prévues pour les 25 et
26 septembre à La Rochelle], des
problèmes de fond qui concernent
notre pays et de la conduite de ses
affaires.» M. Chirac s’est refusé à
toute déclaration maiy on précise,
dans son entourage, que le maire
de Paris rencontre régulièrement le
premier ministre, «wr pour autant
que les journalistes en soient infor-
més. Cette fois-ci, le nécessaire a
été fait pour que cette entrevue
soit connue.
Invité par les journalistes à dire
s’il s'agissait d’une visite de
« réconciliation », M. Balladur a
répondu : «Pour se réconcilier, il
faut êtrejâchê.» Depuis plusieurs
semaines, en effet, une rameur per-
sistante fait état d'une détériora-
tion des relations entre les deux
hommes. Elle a été alimentée par
r absence de soutien de M. Chirac
à M. B a llad ur après le discours sur
« l’autre politique» prononcé par
Philippe Séguin (le Monde du
p juillet), par la persistance de U
forte cote de popularité du premier
minis tre et par les sondages qui le
présentent comme le meilleur
«présidentiable» de la droite.
L’absence de M. Balladur lors de
l’université d’été des jeunes du
RPR à Strasbourg et le soutien
remarqué apporté par M. Séguin à
M. Chirac n’avaient pas contribué
à faire taire cette rameur. Le len-
demain, au « Club de la presse
d’Europe I», M. Chirac avait tenté
de dissiper le mai»;»» en indiquant
qu’il ne serait « jamais en concur-
rence» avec le premier ministre.
A l’intention de ceux qui i
nent que M. Chirac pourrait s'el._
cer devant M. Balladur, Jean-Louis
Debré, secrétaire général adjoint
du RPR, a précisé, dimanche à
Nîmes : «Il n'y a aucune ambi-
guïté, a déclaré M. Debré. Je sou-
haite que ce soit Jacques Chirac qui
soit notre candidat à la présiden-
tielle. dans une complémentarité
avec Edouard Balladur. » « Je sais
bien, a ajouté le porte-parole du
RPR, qu'aujourd'hui, tout le monde
dit : «il ne faut pas en parler, c'est
trop tôt », mais je dis : il faut en
parler, car les élections, c’est dans
dix-huit mois, et cela va très vite. »
Pour sa part, Nicolas Sarkozy,
ministre du budget et porte-parole
du gouvernement, a indiqué,
le même jour, au cours de l’émis-
sion de TF 1 «7 sur 7», que
MM. Chirac et Balladur «n'ont
besoin de personne pour s'enten-
dre». Interrogé sur 1a réforme du
droit d’asile, M. Sarkozy a affirmé
qu’un référendum constitutionnel
serait «un pis-aller » et qu'en ta
matière, «si le premier ministre a
interrogé le Conseil d’Etat , c'est
pour que cette haute assemblée dise
le droit».
□ Le congrès da Froat m
réunira ea février 1994. - Au terme
d'une réunion du conseil national
de son parti, dimanche 12 septem-
bre, à Paris, Jean-Marie Le Pen a
indiqué que le prochain congrès du
Front national se réunira du 4 au
6 février prochain au Port-Marly
(Yveline*). Comme il l’avait déjà
indiqué lors de son discours do
rentrée à La Trinité-iur-Mer (le
Monde du 24 août) et, avant lui, le
délégué général, Bruno Mégret (le
Monde du 25 juin), M. Le Pen a
répété que le mouvement
d’extrême droite va lancer une
« campagne pour un nouveau pro-
tectionnisme».
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10 Le Monde • Mardi 14 septembre 1993
POLITIQUE
L’élection législative partielle de Loire-Atlantiaue
Etienne Garnier (EPR) et Claude Evin (PS) se préparent à un second tonr serré
l ne
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1 - ' ■ . « ■■ ■' ■
3 (
ef
Avec une participation médio-
cre, mais plus forte que prévu,
dimanche 12 septembre, pour le
premier tour de l'élection légis-
lative partielle de la huitième
circonscription de Loire-Atienti-
que (Saint-Nazaire), le représen-
tant de la majorité, Etienne Gar-
nier (RPR), dont l'élection, en
mars dernier, avait été invalidée
par le Conseil constitutionnel,
devance d'environ un millier de
voix son adversaire socialiste,
Claude Evin. Celui-ci enregistre
cependant une nette remontée
par rapport au scrutin de mars,
supérieure è la progression de
M. Garnier. Le second tour pro-
met d'être serré.
nent, en effet, nettement leurs
concurrents, en réunissant, à eux
deux, près des trois quarts des suf-
frages exprimés.
Pourtant, pas moins de douze
candidats sollicitaient les suffrages
des 73 731 électeurs de la circons-
cription de Saint-Nazaire, invités
pour la troisième fois en deux ans
à retourner aux urnes {le Monde du
10 septembre). On redoutait une
faible participation : die se situe à
39,93 %, soit un peu mieux que
lors de la partielle de septembre
1991 (37,62 %). Au premier tour
de mars 1993, le taux de participa-
tion était de 63,57 %
M. Evin réduit l’écart avec son
adversaire UPF en ga gnant près de
12 points de pourcentage par rap-
port au premier tonr de mars, alors
que M. Garnier enregistre une pro-
gression légèrement inférieure à S
points. Arrivé en troisième posi-
tion, le candidat communiste,
Jean-René Teillant, a recueilli
i 1,46 % des voix, contre 14,18 % à
Jean-Lotus Le Corre, maire de Tri-
gnac, qui représentait le PCF en
mars. Ce recul était attendu, dans
la mesure où NL Le Corre bénéfi-
ciait d’un «coefficient personnel»
dont ne dispose pas son premier
adjoint, candidat pour la première
fois.
M. Evin a profité de ce recul sur
Saint-Nazaire, mais, aussi, i Mon*
toir : dam cette commune dirigée
par le communiste Hubert Bouyer,
où il est conseiller municipal.
Claude Evin, avec 32.23 % des
voix (21,41 % en mars), repasse
devant le candidat communiste
(17,87 % contre 23,38 % en mars).
A Trignac. le communiste reste n
tâte avec 36.9 % des voix (contre
45.SS % pour M. Le Corre en
marsl. mais M. Evin, avec
25.54 %, opère une remontée de
10 points. A droite, un mouvement
semblable, aux dépens du Front
national, semble avoir bénéficié à
M. Garnier. Les écologistes reca-
lent eux aussi.
FJ:'
- - T
Loire-Atlantique 8‘ circonscription (Saint-Nazaire)
Sjtün 1988
12 juin 1988 115 septembre 1991 22 s e p t e m bre 1991 21 mars 1993
mars 1993 112 septembre 1993
Votants
Abstentions (%)
Suffrages exprimés —
72 067
44 838
37,781b
44 097
72 065
45 719
36.55%
44 430
71240
26 797
6238%
25 503
71240
27 917
60,81 %
24 551
73 999
47 039
36,43%
44 381
73 996
47 767
35,44%
43 596
73 751
29 461
6045%
28 544
SAINT-NAZAIRE
Candidats et
Voix
Voix
Voix
Voix
Voix
Voix
Voix
de notre correspondant
Appelés à voter, dimanche, après
l'annulation de l'élection, en mars
dernier, d’Etienne Garnier (RPR),
tes électeurs de 1a huitième circons-
cription de Loire-Atlantique ont
opté, dès le premier tour, pour Le
vote utile. Avec 38,85 % des voix
pour le député invalidé et 34,91 %
pour Claude Evin, ancien ministre
du gouvernement de Michel
Rocard, les deux adversaires du
second tour de mars dernier domi-
Etieane Garnier (UPF-RPR)_.
Claude Evin (PS)
Jean-René Teillant (PC)
René Boum (FN)
Marie-France Belin (LO)-
JoS Gicqniaud (Verts)
Philippe Bodard (GE)
André Fagès (div. d.)
Bernard Hazo(PT)
Nicole Gird (NE)
Monique Jacobs (AP)
Chartes Gcnaudeau (PLN)
U 737 26,61
21 880 49,61
5 855(1) 13,27
2 266 5,13
2 359 534
14 535
29 895
32,71
6738
6428 2530
7 621 2938
4 103(1) 16,08
2 173 832
1 105 433
2 394 938
1679(3) 6,58
12 091
12 460
4934 13 767 !
50,75 10 221
6 297(1)
3 703
1094
2 241(2)!
4 406(4)
813(5)
754
1085(6)
31.02
23.03
14,18
834
2,46
5,04
932
133
1,69
, 2,44
21 915
21 681
5035
49,73
11 088
9 966
3 272
1 186
659
659
64 6
385
363
174
74
72
3834
3431
11,46
4,15
230
230
236
134
1,27
0,60
0,25
0,25
(l) Jean-Louis Le Corre; (2) Joël Gicquiaud, Verts diss.; (3) Jean-Claude Demaure, écoL; (4) Gilles Denigot, Entente des ëcologistcs-GE; (5)
Gabriel Guilloux, div. d.; (6) Brigitte Limesse.
Au soir de ce premier tour,
M. Garnier s'est dit convaincu que
cette huitième circonscription e res-
tera du côté où elle est passée
en mars 1993 », tandis que
M. Evin pense qu'fil est possible
de remettre cette circonscription à
gauche dimanche prochain ».
Comme en septembre 1991, où
M. Evin avait récupéré son siège
avec 369 voix de pins que son
adversaire, et en mars dentier, où
i! l’avait perdu pour 234 voix, le
second tour devrait se jouer dans
un mouchoir. M. Garnier peut
espé rer attirer è loi les électeurs du
Front national. Les communistes
ont réaffirmé qu’il faut s faire bar-
rage à la droite v, M. Teillant se
prononçant dimanche pour le sou-
tien à M. Evin. De même, contrai-
rement è ce qu’il avait fait en
mais, Joël Batteux, maire de Saint-
Nazaire, partisan de Jean-Pierre
Chevènement, a clairement appelé
à voter pour M. Evin, comme fa
fait, aussi, NL Bodard (Génération
Ecologie).
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JEAN-CLAUDE CHEMIN
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Quatre élections cantonales partielles
f-
Pour réduire les temps de trajet,
AISNE : canton <fAuzzy-le-Chàteaa
(1* tore).
J- 705 5; V., 3 119 ; .L, 55.77%;
K, 3001.
été battu, an second tonr. par Maurice _
Boisson £dl*. g.), maire iTAnbais, active-
ment sonlenc par M. Banmcf.
■*. - >1
Annick Counot, maj. p., 1 370
5,65 %); Jean-Louis Forzy. div. <L
nous organisons de grandes rencontres
(45,65 %); Jean-Louis Forzy, div. d_
612 (20,39 %); Michèle Marenco,
div. d., 595 (19,82 %); Michel
Saleck, FN, 174 (5,79 %); Patrick
Vallas, CNI, 129 (4,29%); Alain
Dubois, PCF, 121 (4,03%). IL Y A
BAU. OTAGE.
sous nie de France.
[Le scrutin était rende nécessaire par
IfBvnXidaCfoci de réfection. an second tonr
des cantonales de mars 1992, de Daniel
An second tonr de rétaltai cantonale
de mars 1992, noe triangabrire avait
opposé Maurice Boisson, conseiller géné-
ral, sortant M. Cambacérès - qui ratait
de quitter le PS et de se démettre de ses
mandat de nain de Sommières - et n
uonrean venu, Alain Danilel (RPR),
adjoint an maire de VDkfieQle. >L Bois-
son avait été réélu, mais, è la snte de la
dJflnsfon, la veille du second tonr, d'n
Eux tract de M. Csmtmxskt, ce scruta 1
été annoté.
? *ÏÀf* 4. rf\
** m* .4 bL
• • vfr ""l^v • 1 rjr
Coaaot (aref. p.J, décidée par le Conseil
d'Etat le 5 janvier dernier an motif qae
kn coaqnre de campagne iWnt pas été
rendus dans les formes. M. Coaaot étant
inéligible pour an an, c'est son épouse,
Annick Comot, qtd s’est présentée. M le
PS id les Verts de ptésentakm de cnS-
dat. Le Front national perd pins de
I point de p oar ct ot ag e par rapport as
p our cent ag e par rapport
de 1992, taa£qaefe PC
. • ♦
gagne 1,29,
22 mars 1992 : U 7 152; V, S 377;
^ ? 2 84ï Danlel Coonot’
Pow cette pirtielie, JL CeatbacirH
était Indirectement grisent è t raver s l’in-'
restltnre donnée par son dsb AGIR i
Ch ristia n Martin, qui avait été son .
coDcarrest an premier tonr de 1991. Le :
score de M. Martin est foférici r de
6,62 pœats de pomceatage i criai léaBsé -
par M. Cambacérès alors qne M. Boisson
progresse de 9,7 points. M. Danllet gagne
près de 18 points et le candidat omn-
nfate pins de 4, tandis qne te Front artfe-
nal recale de près de 5 points.
22 nuis 1992: L, 13 311; V„9SB;
U'-: vi-
r nnv
Q ■ 1
<
I 657 0134 K); Josette Cosüfe, div. dZ
sont RPR et UDF, 1 413 (27.15 tt):
rent RPR et UDF, I 413 (27,15 %);
Mfcbd Reb, PS, I 064 (20,44 %); Denis
Cornille/Verts, 372 (7,14%); André
Demoostler, FN, 358 (6J7 %); Gilles
GMtel, div. 4 197 (3,78 %); Michel
Périnl, PC, 143 (2,74 %).]
«-PS, d, 1 497 (16,27 *); Henri Bonis,
1 154 (1234 %); Christian Fabre, I 137
0136 %); JeanOande Lafisot, div. 773,
(8L40 %) : Marie-Anne Sabatier, Verts.
«HJ# %); Yves Heran, dh. g^ <3
(435 %M
■ ’ *' x ' i
• -' r ^ -
U" 4
»
DROME : canton de Saiat-Vaiü#»
(l'tour).
7, J J 977; V, 7 591; A.. 5147%;
£•§ 7 3SS*
;r \ -vr
■ . » j j ^
> • j üv
mât.
Jean-Michel Culty, UDF, m. de
S ai n te Uze, 1 484 (20,08 %); Jacques
•Carcel, PS, m. d’Albon. 1 385
(18,74%); Bernard Vallet, RPR.
1 0^9 (14,46 %); Bruno Girardet,
■PC, 974 (13,18 %); Louis Blachon,
LCR, m. de Mureils, 572 (7,74 %);
Gérard OrioL RPR-diss., 420
/C £0 CU_\. ir.l fl ¥ _ A r-Cv «.ï
(53® %); Michel Lo PrêstL FN, 343
(4,64 %); liond Bernard, UÎ>F-diss_
289 (3.91 %): Jean-Qflurie Bhtk* rifv
289 (3,91 %); Jean-Claude Banc; div
. cL, 276 (3,73 %); Gilles DessenxuL
LOTTAGE.
■
MOSELLE : canton de Grotte*
quin (2* tour).
/., 9529 ; V.. 6 059; Æ. 36,41 %; J '
E-, 5 762. - : .
Qaude Bitte, div. d_ m. de Val-- ■
lerange, 3 282 (56,95 %) ÉLU. - r
Norbert Massfelder, div. d n m. de/-
Morhange, 2 480 (43,04 %). /-V
[Arrivé en tète an pre mi er ton, Oanée^ ‘‘
BUte, qui remptaee Daniel Sedan (RPSX- ■'*
décédé a brin dernier, avait obtem le sot- "i. ■
ti« da RPR entre les deux hres. D dermes ,
de 802 voix Norbert Massfelder (div. dJ, ....
snccessnr de Dnéei Sndaa i la mafefclr.
Mw rbange, cnnamme b pire importante
-*■ *
1
J 1 .
ii
r- .1 * - • .
M
” T. i
, - .■ - 1 . •.— »
JL .• _ ,
T- ”• :
GE, 245 (3.31 %); Pierre Noyaret,
div. 219 (2.96 %}; René Malatrait,
div. d, 1 12 (1.51 IL Y A BAL-
Extension
du réseau RER SNCF.
La ligne D raccordée
du nord au sud.
La ligne E (Eole) raccorde
l'est à i'ouest.
La SNCF se creuse pour étendre
toujours davantage son réseau
RER. Avec le percement d'un tun-
nel entre Châtelet- les- Ha II es et gare
de Lyon, la ligne D traversera l’Ile-
de-France du Nord au Sud, via le
cœur de la capitale. Dès septembre
[Jean-Michel Culty arrive en tète da
premier toor de cette partielle, onanisée è
la aitot du décès, le 24 juin dorai et^ de
Loden Steûaberg, PS. Le total des voix
des candidats de droite atteint 49,48 %,
abcs qu’a t’était qne de 40^02 % an pre-
mier tsar de 1988. La gaacbe, titnUra de
“ trente ans, totalise
42^3 « des exprimés, coetre^ 20 % B y
a duq ans.
5 septembre 1993 : L, 9 531; 5776;
A, 3W9%; E, 5603; Claude Bitte, lOSi-i
8W2ÿ)î Norbert Massfddm, Z Z2fl
(21,773): Achille Bler, UDF-ODS, 9»
116^4 %); Pfem Barbidra RPR-tfisx, 793 :
(14,15%); Bernard Wdler, RPR, 582, * T
-•--a-
- - *
- +■ h*- -#< i
■ 1-.'
j=~rz~t I
..i ...
* V
a 5%); Bernard Wefler, RPR, ». ’
*8 %) ; Gilbert Pbirot, écoL, 265 - 1>>
’ %); Jean-Antûfae Reiss. FN. «7
%); Qrede Manterié, PC, 51 CMi
2 jKtofare 1988 : L. 9 283; V q 6 165; A,v *
33g58%; E. 5 938; Daniel Surfin, - .
2 S SffivSfc Cé ** ri Tbaaaa ' VW ' ' 5 -
1 I . w,
J -r. T' - ;
_ . . - . . R
‘ “ " -i-i : .
T . — . . . C .
- t..; . -r - •
1995, cette ligne reliera la plaine de
France et le Nord de Paris à la ban-
lieue Sud-Est et desservira les villes
nouvelles d'Evry et de Melun-
Sénart. Et ce n’est pas tout Dès
1998. EOLE, la ligne Edu RER
reliera la banlieue Est au quartier
Saint-Lazare/Opéra. Ensuite, la
ligne sera prolongée vers l’Ouest
via La Défense. Quatre nouvelles
gares seront créées dans Paris 1
L'extension du réseau RER, ce sont
des milliers d’heures gagnées pour
des millions de Franciliens.
25 septembre 1988: L, 15 SU;
V,7 7#;^50%;^733;Uc&
- - 1
le journal mensuel
de documentation politique
(22,42 %); Gérard OrioL RPR. 1 333 x ■ >
M’aBssasaisi apres-demain
' ’4-
■ . s
t--. -_v
ta*'
îf ~‘ v' " 1 * j- - u. î
i*k r 1
GARD : canton de Sotmnièies (1*
ton).
I 13606; V.. S 504; A., 59J4 %;
EL, 5 321.
Alain DanUet, RPR. d., I 941
(36,47 %); Maurice Boisson, c.
div. fe, m., d’Aubais, 1 570
P9.50 %j; Christian Fhbrè, PC, 893
(16,78 %); Christian Martin, div.
514 (9*65 %); Henri BuüSTVn, 4©
(747 <!& IL Y A BALLOTTAGE
Fondé per ta Ligue
des droits de l'homme
— h-« *b jm# éra
(non vendu dans les kiosques]
• :
offre un dossier compter stff
- i
/le de France
progrès
{Lougtmpi détesa par le soc b liste
Sîî? ta J B< ïSvJï l,, S Congénire et
idw. g.) nanuS génériL ce ange mit
été convoité après fe décès dn coredüer
général, en 1991* par Jean-Marie Qufea-
çérb, alors dépoté (PS) da Gard, maire
deSonnniètre et rival da M. Banmet dans
LES JUGES
ET LA JUSTICE
N4-V*.
Envoyer un chèque de 80 F è
APRÈS-DEMAIN. 27. me Jaaâ-Ooleet.
75014 Paria, en spécifiant le dossUr
demandé ou ISO f peur l'abonnement
anmdfSO % déeamdd. qufdomedrtd
à renvoi gsm# de ce mnéro
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SOCIETE
• Le Monde • Mardi 1 4 septembre 1 993 1 1
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Pour protéger la santé des jeunes
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Une large majorité de Français est favorable
à de fortes augmentations des taxes sur le tabac
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Selon un sondage réalisé par
Institut CSA pour le CNCT
a ü5 .j • ^ (Comité national contre le taba-
gisme), rendu public lundi
de *,13 septembre, une large majo-
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' ^«une forte augmentation des
\'j ij/oJ < taxes sur le tabac, permettant
r '; n l’tfiseqj.'.^le réduire la consommation des
■1: .. '■''■% ^jeunes. 71 X des personnes
1 -'mm,.- ^" ,dï '<f interrogées se (Usent favorables
F-m j\ s ^ p(£ tà une augmentation de S francs
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cl ft ^CNCT dénoncent, par ailleurs,
l , ! 1 PL ‘ rd 'i toï'les récentes différences d'aug-
ii v. niMuï-h^^ïmentation des taxes sur les
- ur u ^cigarettes, les marques étran-
JVî^’fiT xiireiCf
1 r *'r» njii, ma i 7 “gères bénéficiant d’augmenta-
r, '.iMirm c qg^tions notablement inférieures à
.^yW.JceRes des cigarettes françaises.
eupbé-
tabac n'a pas
i.xi Bjh^T' ‘ une bonne image en France. Perçu
N "- n.v. pjr.i^^de plus en plus comme un produit
\ ! ‘''‘ er.i-m-:ni. 3 ^nocif pour la santé, il devrait être
fcur M. tt'plus taxé qu’il ne l’est aujourd’hui,
^ Btàlafm de réduire ou de prévenir sa
consommation par les jeunes.
JEAN-Cl^Telles sont les principales conclu-.
Jr w?. uceRes des cigarettes frai
i!.-,, WÈ^: C* esl au J° ur< rhui un
!V:n.-ni a ^“'^Cmistne de dire que le tabac
lïl.i? . I -..M n ■ 1 h'ime hnnitfl iifiotte pn Pranr
) Criées Dentjùi, Entente des écctogisic?<-Ol:
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-■•m 1 W- -N.
sions que l’on peut tirer du son-
dage conduit par l’Institut CSA
pour le compte du CNCT (1) et
qui situe à 31 % la proportion de
fumeurs dans notre pays, propor-
tion décroissante si l’on se réfère
aux statistiques antérieures.
A la question de savoir si elles
seraient ou non favorables à des
augmentations supplémentaires des
taxes sur les produits du tabac,
44,8 % des personnes interrogées
(contre 41,3 %) se déclarent «favo-
rables» ou «très favorables» à une
hausse de 8 francs par paquet. Ces
proportions sont respectivement de
50,7 % (contre 36.7 %) et de 55 %
(contre 32,6 %) s'il s’agissait d’aug-
mentation de 4 francs ou de
2 francs.
Ces résultats évoluent notable-
ment dés lors que l’on explique
aux personnes interrogées qne
l’augmentation du prix du tabac est
un facteur essentiel de limitation
ou de prévention de la consomma-
tion chez les plus jeunes. Ou sait,
selon le CNCT, qu'une augmenta-
tion de 10 % du prix du paquet de
vingt cigarettes correspond à une
diminution de la consommation de
l'ordre de 4 %, cette diminution
étant proportionnellement beau-
coup plus importante chez les
jeunes (- 10 %), le caractère dis-
». 1
I.
Quatre élections cantonales m
RELIGIONS
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Dubois. PcT. 121 14.03%!. II. > \
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il Sd WtWn « t-Hil 6 M ftuniri -? ■
k «wkmi leev *
XlÜfttUf (Wtr W a
Une assemblée de mormons an Palais des congrès
Un coin de Salt-Lake-City
à Paris
Plusieurs mfflers de mormons
français avaient envahi,
dimanche 12 septembre i Paris,
la Palais des congrès. «Nous
sommes les vrais disciples du
Seigneur»,, chante un choeur
féminin au fond de la scène,
pendant que Gordon B. Hinckley
s'avance lentement vers le
micro. Gordon ast le premier
conseiller du «prophète» Ezra
T. Benson, chef suprême de
l'Eglise des saints des derniers
jours (1). Près de lui, l'un des
douze «apôtres», Joseph B.
Wirthün. A la tribune, tous les
dignitaires mormons sont
accompagnés de leur épousa.
C'est u première fois depuis
quinze ans que Salt-Lake-City
(UtahJ envoie en France, terre de
mission, une si haute délégation.
Leur discours est dur et dru,
fondé sur le rejet des «séduc-
tions» du monde et l’appel è
une stricte discipline personnelle.
Le mormon ne boit pas d'alcool,
ne fiims pas, refuse toute dro-
gue et tout excitant, sa soumet
è la règ^e absolue de la chasteté.
R arrive vierge au mariage et,
une fois marié, ne tolère aucune
aventure axtracoiÿnala. B versa
à son Eglise te dixième de son
revenu (â «Ane»), respecte son
employeur, ses dirigeants,
consacre une part de sa vie è
des engagements huma ratai res
et chèques.
Un prophète
et dooze apôtres
Gordon B. Hinckley dénonce le
déferlement de Sa pornographie,
du sexe, de la drogpe. « Chaque
cigarette que l’homme fume
réduit se vie de sept minutas»,
ajouta t-fl, pressent ses fidèles —
un piAUc bon chic, bon genre -
de vivre et d'élever leurs enfants
dans la vertu, la tempérance, ta
(fidélité, d'obéir aux lois du Sei-!
gneur et d'attendre son retour'
qui ne tardera plus, «car le Se-
igneur tient toujours ses pro -
On l'écouta dans un silence
religieux. Pas d'applaudisse-
ments, pas de cris, pas d'envo-
lées lyriques ni de visages exta-
tiques comme dans certaines
assemblées baptistes ou
pentecôtistes. Les mormons
croient aussi à f Esprit-Saint, aux
dons de prophétie, de guérison,
de révélation, de vision, d'inter-
prétation des langues. Ils bapti-
sent par immersion, s'imposent
mutuellement les mains, mais
leurs assemblées sont sobres, è
l'image d’une religion austère,
quelque peu ôfitista, et de cette
«barre de fer» à laquelle Us
comparent l’Evangile, seul
moyen pour échapper à la tenta-
tion de Satan et à la perdition
dans le monde.
Il serait toutefois injuste de
réduire leur enseignement è un
catalogua d'interdictions et leur
Eglise è une école de vie Spar-
tiate. Les mormons ont trop
souffert d'une image sectaire
pour ne pas insister sur la liberté
souveraine de leurs pratiques.
Cette jeune danseuse de Tou-
louse né fait pas de différence
entre sa foi et sa profession :
« Pour gagner en dhxtérfté, mon
corps est soumis à un ensemble
do (Sscip&res Sbrement consen-
ties, dit-elle. C'esr /a même
chose pour celui ou ceBo qui est
appelé par le Seigneur à témoi-
gner et à transformer le
monde.»
Les mormons, dont te lieu
saint est Salt-Lake-City, aux
Etats-Unis, se disent aujourd'hui
an pJehre expansion. Us seraient
8 minons dans le monde, dont
25000 en France. Leurs réfé-
rences de vie sont contenues
dans ta Livre de Mormon (2) et
dans un Evangile révélé par le
Christ en terre nord-américaine
au début du stade dernier. Il est
apparu en 1820 è Joseph Smith,
jeune paysan du Vermont qui ne
savait plus è quel saint se vouer
ni è quefle Eglise adhérer. Jésus
ta pria alors, non pas de réfor-
mer son Eglise, mais de ta «réta-
blir» dans sa pureté et son orga-
nisation primitives.
L.' Eglise des saints des der-
niers jours est conduite par un
président-prophète, ses deux
conseillers, un coBège de douze
apôtres (des hommes) et un cor-
tège de pieux, de pasteurs,
d'instructeurs, de visiteurs, de
missionnaires. Ces derniers sont
souvent des jeunes qui consa-
crent deux arts de leur vie è un
service social, à une «évangéli-
sation» dans la rue ou par un
porte-à-porte. Le succès des
mormons traduirait ta rejet d'un
monde moderne excessivement
diabolïsé, l'aspiration è de nou-
velles valeurs morales et fami-
liales et è une société de par-
faits. .
HENRI TINCQ
1) Les «saints» sont les fidèles
mormons. Les «derniers joins» dési-
gnent leur espérance d’un retour
proche du Messie. Admettant une
autre révélation que celle du Nouveau
Testament, les Mormons ne peuvet
6tre membres du Conseil œncunténi-
que des Eglises.
2) Le Livre de Mormon serait rou-
vre d’un pasteur américain, contant, i
partir de l’Ancien Testament, une his-
toire des premiers habitants de l’Amé-
des voies
nque et
de la vie éternelle.
*
Suasif du prix jouant un rôle
important. Dans cette hypothèse,
70,6 % des personnes interrogées se
disent «favorables» ou «très favo-
rables» i une augmentation de
8 francs; seuls 24,9 % y sont tota-
lement opposées. De 70,6 %, on
passe à 73,2 % pour une taxe de
4 francs et à 73 % pour une taxe
de 2 francs, la fraction des oppo-
sants se situant dans les deux cas à
moins de 23 %.
Ces opinions largement majori-
taires sont, selon le CNCT, d’au-
tant plus importantes que lé taba-
gisme concerne de plus en plus les
jeunes et les adolescents. Chaque
semaine, affirme ce comité, plus de
10000 jeunes de douze à dix-huit
ans commencent à fumer, soit
environ 560000 jeunes par an. Par
ailleurs, 50 % des dix-huit-vingt-
cinq ans consomment aujourd’hui
du tabac.
Autre enseignement de ce son-
dage : 70 % des personnes interro-
gées souhaitent que les cigarettes,
comme les autres produits issus du
tabac, soient taxées en fonction de
leur toxicité. 64 % se prononcent
favorablement en faveur de l’inter-
diction de la vente de ces produits
aux mineurs.
D'autre part, confrontés au choix
entre différentes hypothèses d’aug-
mentation des impôts, tes Français
interrogés se prononcent en faveur
de l’augmentation des taxes sur les
cigarettes et les autres produits du
tabac (52 %), devant 1 augmenta-
tion de l’impôt sur le revenu
(1 1 %), de la TVA (7 %), des taxes
sur le carburant (5 %), de la CSG
ou des cotisations sociales (3 %) et
des tarifs publics (2 %).
Un cadeau
de 500 millions
Selon les réponses, les revenus
issus de taxes sur le tabac
devraient être en priorité aflectés
aux dépenses médicales ou aux
soins de santé (76 %), au finance-
ment de grands travaux, pour lut-
ter contre le chômage (67 %), aux
dépenses pour la protection de
l'environnement (41 %) et au
financement de campagnes de pré-
vention en matière de santé publi-
que (35 %).
Une forte majorité des Français
approuverait des actions de com-
munication et de prévention
concernant le tabac. 84 % souhaite-
raient que 1 % des revenus du
tabac (3S0 millions de francs en
1992) soit utilisé afin de financer
des actions de prévention de la
consommation de tabac ; 74 %
seraient favorables à ce que les
paquets de cigarettes comportent
davantage d’informations sur les
conséquences du tabagisme sur la
santé.
Les responsables du Comité
national contre le tabagisme accu-
sent en outre les fabricants de ciga-
rettes et les pouvoirs publics de ne
pas avoir respecté les augmenta-
tions prévues des taxes sur les ciga-
rettes. « Une augmentation de deux
fois 15 %. soit 32 % des taxes sur
les cigarettes a t'iê promise, puis
annoncée. L’étude réalisée par nos
services conclut ù un résultat éton-
nant. voire incompréhensible : la
cigarettes françaises ont vu leur
taxation augmenter de 30% contre
20 % pour les cigarettes étrangères,
écrivait, le 3 août dernier, le pro-
fesseur Gérard Dubois, président
du CNCT à Edouard Balladur.
9 Chacun a pu croire que les
cigaretriers avaient baissé leurs
marges. Il n’en est rien; il s’agit là
d’un véritable cadeau fiscal gui
s’élève à près de / franc par paquet
et qui ne concerne que les marques
des groupes étrangers qui. pour la
plupart, ont maintenu une publicité
illégale. S’il ne parvenait pas à
obtenir une réponse claire et cohé-
rente à ce sujet, le CNCT serait
conduit ù s’interroger publiquement.
car une telle orientation nuit au
plus haut point aux intérêts de la
santé publique, v
Scion le CNCT, celte différence
correspond i « un cadeau de près
de 500 millions de francs en année
pleine pour les cigarettiers ètrangtrs
qui. pour la pfupart, à h différence
de la SEITA. cherchent J ivutour-
ncr l’interdiction de la publicité ».
Ce comité s'interroge aussi « jur
{'impassibilité J 'obtenir le détail de
{‘utilisation des 450 millions Je
francs destinés aux sports mécani-
ques, somme qui n’a pas servi à
promouvoir des messages sani-
taires e. Dans l’attente d'une
réponse du premier ministre et des
différents ministres concernés, le
CNCT demande aux parlemen-
taires, lors de la prochaine discus-
sion sur le budget d'augmenter les
taxes de 40 centimes par gramme
de tabac, soit 8 francs par paquet
de cigarettes.
JEAN-YVES NAU
(I) Ce sondage a été mené auprès d'un
échantillon de 1 000 personnes igées de
plus de dix -hait ans et re pr é sen tatives de
la population adulte (méthode des quo-
tas, sexe. fige, catégorie socioprofession-
nelle du chef de famille, région, rési-
dence et habitat).
Contrat de retour à remploi : jusqu’à 20000F de prime et l’exonération des
charges sociales patronales à toute entreprise qui embauche un demandeur
d’emploi de plus de 50 ans, un bénéficiaire du RMI sans emploi depuis plus dun
an, un demandeur d’emploi depuis 3 ans...
Les formalités ont été simplifiées au maximum.
Renseignez-vous en tapant le 3615 EMPLOI ou en appelant le 16 (1) 40 86 00 87.
LES MESURES D’URGENCE POUR L’EMPLOI.
Ministère du Travail, de l'Emploi
et de la Formation Professionnelle
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1 2 Le Monde • Mardi 1 4 septembre 1 993
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A Trébearden et Saint-Quay-Portrieiix (Côtes-d'Armor)
Les horizons incertains
de la plaisance
L'avenir économique des
deux nouveaux ports de plai-
sance des Côtes-d'Armor,
Trébeurden et Saint-ûuay-
Portrieux, est incertain.
Contrairement aux prévi-
sions, las anneaux sont loin
de se vendre comme des
petits pains. La conjoncture,
mais aussi d'âpres polémi-
ques ont créé un climat
défavorable. Surtout à Tré-
beurden, où, après la pre-
mier tour de l'élection muni-
cipale partielle du dimanche
12 septembre, Pierre Jago-
ret, ancien député (PS) des
Côtes-du-Nord, devrait suc-
céder è Alain Guennec,
maire (PS) démissionnaire.
SAINT-BRI EUC
de notre envoyé spécial
Il n'y a eu cet été, dans le
port dé plaisance de Trébeur-
den, que des vagues natu-
relles. Mais le futur maire sait
que toute fausse manœuvre
peut faire chavirer les esprits
et raviver le polémique. Car
l'approche des problèmes en
suspens paraît aussi délicate
que celle, par gros temps, de
l'anse de Trozoul elfe-môme.
Ecueil financier, d'abord : la
Société du port de plaisance
de Trébeurden (SPT) et l’en-
treprise Campenon-Bemard,
actionnaire è 46 % de la SPT.
réclament 7 méfions de francs
è la commune. Cette dette
correspond au non-versement
d'une subvention d'équipe-
ment et d'une avance rem-
boursable, Inscrites dans un
avenant signé en avrB dernier
mais attaqué depuis par la pré-
fecture des Côtes-d'Armor.
Pour s'en acquitter, le conseil
municipal attendait te verse-
ment des indemnités liées au
procès de VAmoco-Cadiz..
De plus, un contentieux,
portant sur une vingtaine de
misions da francs, demeure. Il
résulte de l'augmentation de la
facture globale du chantier,
passée de 4S à 66 ou 70 mil-
lions de francs, selon le coût
des ultimes réalisations è venir
(capitainerie, parkings et sani-
taires). Début septembre, pel-
leteuses et rouleaux compres-
seurs procédaient encore au
tracé d'une route et d'une
zone piétonnière entourée
d’espaces verts.
Cette hausse, explique
Arnaud Vercken, président de
la SPPT. découle de s l’ensem-
ble des perturbations » écolo-
politico-judiciaires qui ont
interrompu les travaux è deux
reprises entre novembre 1991
et mars 1993. Perturbations
dont la responsabilité finan-
cière sera difficile è établir
dans la détail...
Dans ce contexte, ('inaugu-
ration officielle du port, le
3 juillet, a été on ne peut plus
discrète. Il ne s'agissait pas,
indiqua M. Vercken, de donner
aux opposants s le sentiment
d’étre provoqués». Mais il
était vital, pour les promo-
teurs, de ne pas différer d'une
nouvelle saison la naissance
de Trébeurden è la plaisance.
Même si l'inachèvement des
travaux a pu causer des dés-
agréments aux vacanciers...
Informés. Car il fallait savoir
que la port fonctionnait : la
première opération de marke-
ting n‘a eu lieu qu'à la mi-août,
avec l'organisation de trois
journées «portes ouvertes»
pendant lesquelles on a comp-
tabilisé 240 bateaux et
800 personnes.
Un « port
mégalo»
S'agissant d'une création
toute récente, on ne peut par-
ler d'échec ou de réussite, ni
spéculer sur sa future fréquen-
tation. La saison 1994 s ara
autrement significative. Mais
tout da môme : le port dispose
de 560 places, dont 80 réser-
vées au passage. Sur les
480 anneaux disponibles, 50
avaient été achetés au
31 août. Tous les exploitants
de ports de plaisance assurent
que la rentabilité passe aussi
par un environnement immobi-
lier et commercial satisfaisant.
Or, à Trébeurden, le projet ini-
tial de ZAC (zone d'aménage-
ment concerté) est, si l'on ose
dire, è l'eau. L'arrêté préfecto-
ral qui t'autorisait a été annulé
pour f insuffisance d'enquête
publique et défaut de concer-
tation».
* La projet de ZAC est i
repenser entièrement», estime
' M. Vercken. Un nouveau défi
pour le futur maire, et Trébeur-
den ne veut pas se contenter
d'ôtre un «port de passage»,
doté d'un seuil abattable qui
permet l'accès è la mer sept à
nuit heures par marée, soit
trois fois plue de temps qu'à
Perroa-Gurrec. le concurrent le
plus proche.
Sahn-Quay-Portrisux n'a pas
connu une telle fièvre lors de
l'édification de son port mixte
pôche et plaisance, livré en
juillet 1990. Les associations
de défense du site ont
pourtant fait preuve d'une
combativité égaie, mais leur
action n’a pas été autant
médiatisée. Blés dénonçaient
un «port mégalo», avec ses
1 030 places programmées.
Après trois ans, on peut
déjè faire un bilan, môme si
Safnt-Quay a. lu) aussi, accu-
mulé les retards : les sani-
taires n’ont été utilisables
qu’en juin 1992 et le dernier
ponton sera Installé l'an pro-
chain. Premier constat : les
anneaux se vendent au
compte-gouttes, après l'en-
gouement du début, dû è l’at-
trait d’un port en eau pro-
fonde, toujours accessfcie. Fin
1990, 322 places sur les 933
disponibles avaient trouvé pre-
neur. Fin 1 993, on n’en
dénombrera guère plus de
380.
Des places parfois
plus chères que le bateau
Certes, Il convient d'ajouter
tes locations, surtout è l’an-
née, et les passages. La pro-
S resslon des nuitées de
atesux est honorable :
34 780 en 1991, 46 820 en
1 992, quelque 60 000 pré-
vues en 1993 (40083 au
31 août). Mais beaucoup de
plaisanciers continuent à utili-
ser, les fonds d'estuaire ou les
ports d’échouage plutôt que
d'investir dans un abri, môme
sûr.
aies gens trouvent l'argent
nécessaire pour acheter un
bateau, mais pas pour la pro-
téger, regrette Michel Taton,
le directeur du port. C'eer
pourtant un placement renta-
ble pour l’acheteur qui loue un
anneau. Mieux, même, que
l’emprunt Balladur I» Encore
faut-il pouvoir s'offrir une
place qui, pour les voiliers de
6 è 8 mètres, vaut parfois plus
cher que le bateau. A Saint-
Quay, le prix des anneaux est
le plue élevé de la Bretagne
nord. Les plaisanciers se plai-
gnent en outre des tarifs de
location : en juillet-août, il en
coûtait de 410 F à 1 035 F la
semaine pour les bateaux de
6 à 12 mètres, tous services
compris il est vrai.
Remisées, donc, les prévi-
sions euphoriques, voire trom-
peuses, de la fin des
années 80, qui tablaient aussi
sur la création (pôche incluse)
de près de 1 000 emplois -
on ns parle plus maintenant
que de la a sauvegarde» des
quelque 200 emploie por-
tuaires existants. La zone
commerciale (remplie è 60 %
actuellement) devant ôtre
réduits, le seul équilibra d'ex-
ploitation ne sera pas atteint
avant 1997-1998. A Trébeur-
den, on parle, pour ce faire, de
l’an 2000.
Dana cas conditions, le
vaste dessein d'une a chaîne
de la plaisance», de Brest è
Saint-Malo, n'est plus évoqué.
Et les promoteurs reprochent
maintenant au conseil général
des Côtes-d’Armor un certain
« désengagement politique et
économique », après une
active période de soutien.
Aussi les projets de Lannion,
également candidat è la plai-
sance, via sa rivière du Leguer,
sont-ils gelés. Mais pas aban-
donnés. Alain Gouriou, le
maire (PS), estime que la polé-
mique trébeurdinaise, è
10 kilomètres de Lannion, a
apollué l'atmosphère » pour un
bon moment. Il garda sa
maquette (toute prête) pour
des jours meilleurs...
MICHEL CASTAiNG
SOCIETE
DEFENSE
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L . . •*- ■ . ■
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Après la collision avec le pétrolier «Lyria»
Le « pacha » do sons-
ïïhTïïï
« Mis »
est relevé de son commandement
M. Léotard à «L'heure de vente»
Les essais nucléaires reprendront
la crédibilité à la dissuasion est en
-. .i
- ■ ■
vV- 1 ':"
• i- .
L'amiral Alain Coatanéa, chef
(Tétat-mqjor de la marine, a relevé
de son commandement le «pacha»
du sous-marin d'attaque à propul-
sion nucléaire Rubis, qui est entré
en collision dans la nuit da 17 an
18 août avec le pétrolier Lyria an
large de Toulon. Cette décision fait
suite aux conclusions rendues par
la commission d'enquête réunie à
la demande de l'amiral Coatanéa,
selon le service d’information de la
marine, qui ne mentionne pas le
nom du commandant de l'équipage
«bleu» du Rubis. Chaque sous-ma-
rin nucléaire dispose de deux équi-
pages - un «bleu» et un «rouge»
- qui se relayent & bord pour des
missions de deux mois.
La collision, qui n'a pas mit de
victime, a eu Lieu de nuit lors
d'une manœuvre du sous-marin.
«Le sous-marin a sorti son péri-
scope, a vu le pétrolier, et a tenté
une nvBunrvre en plongeant à une
vitesse qui aurait dû lut permettre
(de Hériter largement», avait indi-
qué la préfecture maritime de Tou-
lon après l'accident. Le choc avait
ouvert snr le Lyria une brèche de
5 mètres de long et de 50 centimè-
tres de large par laquelle se sont
échappés entre 2 000 et
2 500 mètres cubes de pétrole, tan-
dis que le dommage principal pour
le sous-marin a été l'écrasement
d’un dôme en matériaux compo-
sites. Le coût total de cet incident
naval est estimé & 40 millions de
francs.
Cast pour des considérations à
la fois administratives et person-
nelles que Pétat-nuûqr de la murine
a choisi de ne oas divulguer le nom
131 fn<ns ’ nelles que rétat-nuûor de la m
I ui n’a pas fût de a choisi de ne pas divulguer le
ieu de nuit lors du «pacha» du Rubis, qui ai
du «pacha» du Rubis, qui appar-
tient & une famille ayant une lon-
gue tradition dans la marine fran-
çaise.
Le ministre de la défense, Fran-
çois Léotard, a affirmé, dimanche
12 septembre & «L'heure de
vérité», sur France 2, que la
France reprendra ses essais
nucléaires si lé rapport de la com-
mission d'experts, attendu pour la
mi-octobre (le Monde du 17 juil-
let), fût apparaître une remise en
cause de la crédibilité de la dissua-
sion. «A la question posée aux
experts qui est : est-ce que. la sus-
pension des essais met en cause la
crédibilité de notre firme?, a expli-
qué M. Léotard si la réponse est
oui, alors, il faudra . reprendre,
quelle que soit la situation Interna-
tionale. C'est le message du général
de Gaulle : Ne comptons que sur
nous-mêmes quand if s’agit de l'au-
tonomie de la décision de la
France.» «Si c’est non. nous reste-
rons dans cote situation de mora-
toire», a-t-H ajouté.
Pour M. Léotard, la France
devra en-tort état de cause rattra-
per, dans le domaine nucléaire
militaire; « un retard scientifique et
technologique» accusé face aux
Américains et aux Russes, auteurs
d'un -bien plus grand nombre (fes-
sais, et «acquérir rapidement ce qui
lui p ermettr a de se passer définitive-
ment des expériences, c’est-à-dire la
simulation».
Evoquant l'avenir des missiles
nucléaires sol-sol enfouis dans le
plateau d'Albion, dont le chef
d'état-major de l'armée de l'air, le
général Vincent Lanata, souhaite
Fabandon au profit d’un nouveau
missile aéroporté (le Monde du
5 août), M. Léotard a indiqué que
ce problème peut D’être tranché
qu'après 1 995. « La question se
posera Mutât pour le nouveau pré-
sident de la République », a estimé
1e ministre de la défense.
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m .mrim situation efa mora-
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S * 1 ? Je l *
le ministre de
Des Trots soflfBaat jnsqn'à 155 km/h
La tempête a secoué
la façade atlantique
Des vents soufflant en tempête
(jusqu’à 155 km/h à Be Dé-Dé. H*n<
le Morbihan) se sont abattus,
rfîmangha 12 septembre, sur la Bre-
tagne, arrachant arbres, poteaux
électriques et panneaux publici-
taires, renversant des caravanes et
drossant des voiliers à la côte. Un
voilier en détressa A 120 ndllgg de
la pointe de Penmarch (Finistère) a
été abandonné par ses occupants
en canot de sauvetage. Un avion
de la marine nationale était tou-
jours A leur recherche, lundi matin
13 septembre.
Un hélicoptère du centre de
secours de Soulac (Gironde) a
repéré, dimanche après-midi, le
petit bateau i moteur sur lequel
s’était embarqué un estivant de
nie de Ré, mais les recherches
pour retrouver son occupant
étaient restées vaines lundi en fin
de matinée. D'autre part, quatre
marins d’un chalutier de la
Rochelle en panne de moteur ont
été hâitreuiilés et ramenés i terre
ce même dimanche.
Selon un sondage IF0P-« l’Express »
92 % des étrangers
sentent bien » en France
Les étrangers disent vivre bien
i en France tandis qu’un nombre
croissant de Français fl oient en eux
des concurrents sur le marché de
remploi et un facteur d'insécurité.
Tels sont deux des enseignements
essentiels du sondage réalisé par
ITFOP et que publie l'Express du
9 septembre.
Sur les 435 étrangers de réchan-
tilkm interrogé fin juillet pour cette
enquête, 92 % affirment «se sentir
bien en France ». Seuls 30 % disent
avoir été victimes de racisme de la
part de Français, qu’ils sont 54 % à
trouver « plutôt agréables n et
même 20 % e chaleureux ».
Le sondage confirme une forte
volonté d'intégration puisque 91 %
estiment qu'etrangen et Français
doivent vivre dans les mêmes
endroits (75 % des Français parta-
gent cette opinion), tandis que
68 % souhaitent avoir le droit de
vote aux élections municipales.
Légalistes et soucieux de leur
propre protection, ils sont 80 % i
approuver « une hâte rafbrcèe con-
tre l'immigration clandestine» maii
45 % pensent que le gouvernement
actuel leur est moins favorable que
le précédent Si 88 % des étrangers
se sentent en situation d'égalité
avec les Français dan* tu bureau
de poste, ils ne sont plus que 67 %
à éprouver ce sentiment «dans la
rue avec la police » et seulement
56 % «pour trouver un logement ou
un travail».
L’emploi focalise la tendon avec
(es Français. 52 K des 92S natio-
naux interrogés pensent que les
Français accepteraient le i:pe de
travail « que les immigrés font
actuellement» (contre 38 % dans
un sondage de 1983). Immigration
et insécurité^ sont liées pour 53 %
des a Français interrogés (42 %
d'opinions contraires). Une propor-
tion identique de nationaux esti-
ment «gênant» pour un enfant le
cas où «les enfants d'immigrés»
représentent plus d’un tiers de ia
griffue.
ESPACE
La navette
fDiscov&y*
lance deux satellites
Avec prba de deux mois de
retard et après trois tirs avortés,
la navette américaine Discovery
a finalement décollé dimanche
12 septembre è 13 h 45 (heure
française) de Cap-Caneversl (Flo-
ride}, pour une mission de dix
jours. Les cinq membres d'équi-
page ont procédé dans la soirée
au lancement d‘un satefiite de
télécommunications expérimental
d’un coût de 363 millions da dol-
lar*. Effectué è 23 h 13 (heure
française), le largage de cet
engin baptisé A CTS (Advencad
Communications Technology
Satellite) a dû être retardé de
quarante-cinq minutas en raison
d’une interruption des communi-
cations avec le aol.
Lundi 13 septembre vers
15 h 30, Orfeus-SPAS, une
piata-forme réutilisable da fabri-
cation allemands, devait être
déposée en orbite per le bras
UNJOtE AFFICHE
beaucoup
en France
-■ - . ... 1 +■■ •
iî * ' * « , ,* * *• * • * . - ^ '
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‘ ' -b. . •• > v: i :
Ÿ-Tbj.kr- J
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R K F E R K S
robot de (a navette. Elle sera
récupérée de le même manière
sept jours plus tard, après avoir,
notamment, observé les étoiles è
l’aide d*un télescope h ultravio-
lets. Une sortie dans i’espsce da
six heures est également prévue,
jeudi 16 septembre. Le retour de
Discovery est programmé pour la
22 septembre è 10 heures
(heure française). - (AFP, Reuter,
UPiJ
Education
Les écoles parisiennes
fermées
un samedi sur deux
Pour répondre à la demande
croissante des familles et des
instituteurs (le Monde du 2 sep-
tembre), la rectorat de Parie
vient de décider que les classes
das écoles primaires et mater-
nelles vaqueraient un samedi
msrin sur deux pendant cette
année scolaire 1993-1994, è
compter du samedi 18 septem-
bre. Seize matinées de classe
sont ainsi libérées sur la durée
de Tannée scolaire. En contre-
partie. la date des vacances
d’été est reportés d’uns journée,
du mardi 6 juillet au mercredi
6 juiOat. En outre, un groupe da
travail sur les rythmes scolaires
journaliers a été constitué. Au
début du second trimestre de
Tannée scolaire, une consultation
des conseils d'école sera organi-
sée «fin d’évaluer T organisation
mise en place cette année et
d’en tirer des conclusions pour
l'année scolaire suivante.
Le tnumerus clausus»
des étudiants
en médecine
cesse de baisser
Le nombre d'étudiants en
médecine admis en deuxième
année va cesser de baisser. Son
augmentation reste symbolique
puisque le nombre de
places ouvertes su concours
1993 - 1994 sera ds 3 570
contre 3 500 cens année, répar-
ties sur (es vingt-trois facultés.
Dix places supplémentaires
seront en outre proposées è des
pharmaciens et des dentistes,
soixante-dix autres è das profes-
sions paramédicales. Par cette
augmentation du «numéros clau-
sus », el légère qu'elle n*a pas
rencontré d'opposition chez les
syndicats de médecins, le minis-
tre de l’enseignement supérieur
et da ta recherche et le ministre
de le santé mettent un terme è la
réduction du nombre da méde-
cins sn formation. La démogra-
phie médicale justifie ce renver-
sement de tendance. Lee doyens
de médecine souhaitent, pour
leur part, une ouverture plus
large des portes de la faculté,
arguent de le longueur des
études, dix ans en moyenne.
EN BREF
□ Cambriolas* et incendie chez on
député da RbOne. - Le permanence
électorale de Marc Fraysse, député
(RPR) de la sixième circonscrip-
tion au Rhône, s été cambriolée, et
son ancien appartement incendié.
Le 30 août; M. Fraysse a constaté
S ue des individus avaient pénétré
ans sa permanence, à Villeur-
banne et emporté des documents
relatifs su financement de sa cam-
pagne électorale. Le 5 septembre,
venu dans son ancien appartement
pour en terminer le déménage-
ment, il a découvert que celui-ci
avait été incendié. Deux plaintes
ont été dépotées auprès du procu-
reur de la République de Lyon.
Parmi les pistes envisagées pour
tenter d’expliquer ces actes,
M. Fraysse évoque celles de fami-
liers de sa permanence ou d'an-
ciens membres de son entourage. -
(Bur.rég)
□ Protection do l'enfance. -
Lucette Michaux-Chevry, ministre
délégué à l’action humanitaire et
aux droits de Thomme, a installé
un groupe de travail chargé de
faire des propositions sur la contri-
bution de h France i la protection
de l'enfance dans le monde. Le
présidé par Ûaude Fonro-
sociale, devrait remettre son rap-
port début 1994,
□ Les camions dVue entreprise de
transports interdits de lo ng ées dis-
tances. -Après un accident qui a
coûté la vie A six personnes sur
Les parents d'élèves
de la PEEP réclament
une clarification
des objectifs du ministère
La Fédération dos parants
d’élèves da Ttnceignamant
public (PEEP) a domandé, jeudi
9 septembre, que soient clari-
fiées las mis aJons de l'éducation.
«Il y ë trop d'injonctions
diverses, de réformes, sans que
l'on sache où l’on va at avec
quai» objectifs», a déclaré Jean-
Pierre Bocquot, présidant do la
PEEP. Commentant Iss récents
propos do François Bayrou,
ministre ds l’éducation nationale,
M. Bocquot a souligné qu’il était
« surprenant que tant d'ensei-
gnants, i en croire le ministre,
ne sachant pas enseigner fa lec-
ture». Le président do la PEEP a
estimé que pour es qui concerna
ce dossier et celui do la lutte
contra (a dyslexie s un certain
nombre da taxtaa existant qui
mériteraient déjà d’être appli-
quée».
Le président do la PEEP a indi-
qué, par slltaurs, qu'en cas da
révision do lo loi Falloux «tes
systèmes d’enseignement
seraient à ce point Idantiquea»
qu'il n'y aurait aucuns raison
pour que la PEEP no puisse avoir
pour adhérents dos psroms du
privé. Enfin, M. Bocquot a souli-
gné qu‘ «être ministre supposa
un certain nombre de sacrifices»
ot qu'U y a una certaine incompa-
tibilité antre «des ambitions poli-
tiques et uns carrière de ministre
de l'éducation».
POLICE
Le ministre de l'intérieur
défend le code
de déontologie
Accueillant quelque sept cents
gardiens da la paix stagiaires at
policiers auxiliaires nouvellement
affectés è Paris, Charles Pasqua
a déclaré jeudi 9 septembre que
ia coda do déontologie doit
devenir « la référence quoti-
dienne des rapports entra la
police et la population». Aussi le
ministre a-t Ji insisté sur l'impor-
tance du petit carnet plastifié qui
a été récemment distribué è F en-
semble des policiers, afin da leur
permettra da consulter en per-
manence des extraits du code ds
déontologie (fa Monde du 9 juil-
let). Ce document «voua a été
remis et vous devrez ie porter
sur vous, a Indiqué M. Paaqua.
Je ne doute pas que vous com-
preniez [ta] portée, car la déon-
tologie doit aujourd'hui être inté-
grée, au même titra que ta coda
pénal ou la coda da procédure
pénale, dans la comportement
quotidien de chacun de vouas.
Se référant aux de ml ara inci-
dents du Parc des Princes et du
Forum des Halles, le ministre e
cependant précisé que «rien ne
saurait remplacer la présence
continue, rassurante et vfsibie
des policiers dans la rue».
l’autoroute A 6 , près de Couiteaay
(Loiret) le 28 août dernier (le
Monde daté 29-30 août), le préfat
du Loiret et de 1s région Centre,
Hubert Blanc, a décidé d’interdire
aux camions de l'entreprise de
transports dont le chauffeur a pro-
voqué Tacddent, et qui est domici-
liée i Pannes (Loiret), de rouler sur
de longues distances. Le ministre
des transports, Bernard Bosson,
avait déjà suspendu le 31 août les
autorisations de transport de cette
entreprise (le Monde daté 2 sep-
tembre). Les salariés de l'entreprise
Van Eetvelde, au nombre d’une
centaine, inquiets de leur avenir,
ont organisé une journée « portes
ouvertes», dimanche 12 septem-
bre, leur entreprise se trouvant de
surcroît en redressement judiciaire.
- ( CorrespJ
«Par jugement en date du
7 juillet 1993, le journal
fa Monde a été condamné par
la première chambra du tribu-
nal da grande instance de Paria
A payer è Evelyne Robert la
somme de 50000 F de dom-
mages et intérêts pour avoir
publié le 14 décembre 1991
un article portant atteinte i son
honneur at è sa réputation.»
■P
t - ■' .
- T" f*
-
I
14 Le Monde • Mardi 14 septembre 1993
TENNIS : les victoires de Sampras et Graf aux InternatinnaiiY des Etats-Unis
Cédric Pioline entre rêve et réalité
Double victoire pour Pete Sam-
praa. En remportant, dimanche
12 septembre à New-York, les
Internationaux de tennis des
Etats-Unis face au Français
Cédric Pioline, l'Américain est
redevenu numéro un mondial,
soufflant Ja place à son compa-
triote Jim Courier. Cédric Piofine
a, lui, gagné quatre places au
classement mondial pour arriver
au onzième rang. En Fafoeencs de
Monica Seles, Steffi Graf, qui a
aisément battu Ja Tchèque
Hetena Sukova, samedi 11 sep-
tendue, a signé sa troisième vic-
toire consécutive dans un tournoi
du Grand Chelem après Roland-
Garros et Whnbiedon. EHe conso-
lide sa place de numéro un mon-
dial. Pour la première fois de sa
carrière, l'Espagnole Arantxa San-
chez- Vicario devient sa dauphine.
Monica Seles rétrograde à la qua-
trième place.
NEW-YOBK
de notre envoyée spéciale
Enfant, Cédric Pioline rêvait de
jouer devant un central noir de
.monde : «Je pensais plutôt à cela
que de brandir une coupe», raconte-
t-il. Pendant quinze jours, son lève,
petit à petit, a pria corps. Il a joui
cinq de ses sept marchés sur le Sta-
dium Louis-Armstrong de Flushing
Meadow, Q a fiait lever les foules en
éliminant Jim Courier au terme de
Pune des plus belles rencontres de
la quinzaine. Il a battu AndreT
Medvedev et Wally Masur. Il a
accédé en finale des Internationaux
des Etats-Unis où près de vingt
mille amateurs l'attendaient,
dimanche prêts à soutenir un gar-
çon que b presse américaine; una-
nime, trouvait élégant et fort sym-
pathique. Les photos de ses exploits
ont fait b une des journaux ; les
New-Yorkais Font reconnu dans les
rues de Manhattan,.
Des histoires qui ont jalonné
Tédition 1993 b sienne a été la plus
beOe, la plus palpitante. Celle (Ton
Fiançais venu chercher une victoire
i New-York et succéder ù René
Lacoste, dernier vainqueur « fran-
chie» en 1928. Celle d'un cham-
pion qui pourrait enfin décrocher
un titre, lui qui a’en avait jamais
gagné. Seul son rêve de gosse a été
réalisé. Dimanche, Cédric Piofine a
été salement battu, par Pete Sam-
pras, en trois manches. Comme si
le tournoi, qui avait marché sur la
tête pendant deux semaines, était
revenu à la réalité, à b logique que
l'on avait voulu oublier. En quel-
ques minutes, l’Américain a rappelé
tout le inonde & l’ordre, prenant
d’entrée le service du Français.
Ce sera un match douloureux et
frustrant. Cédric Pioline, qui a
impressionné par son calme, pen-
dant la quinzaine, est terrassé par le
trac. Il dispute sa première finale
dans un tournoi du Grand Chelem,
b troisième, seulement; de sa car-
rière, eda se voit U a les jambes et
le bras droit eu coton. Son tennis
bégaie. Q commettra quarante-cinq
(mites directes : des doubles fautes
aux moments les pins cruciaux -
ainsi a-t-il offert b balle de match i
son adversaire -, des balles léchées
dans les bâches, dans le filet; dans
te public. En face de lui, Pete Sam-
mas joue les blasés, les aguerris. Il
fera deux fois moins de bévues et
ses coups feront plus maL Lui
connaît tous les recoins du court
centrai et place ses traite là où üs
mouche à i
font
coup sûr.
L’Américain expédie ses jeux de
service en quelques minutes, le
Français doit batailler dur pour
remporter les siens, soumis à d’in-
cessants rallyes sur b ligne du fond
ou bien venant à b volée se faire
transpercer de passing^hots. Alora,
il s’énerve, Cédric, écope d’un aver-
tissement sous les sifflets d’un
•lie déçu. Quand il fait enfin un
dans b troisième manche b
central explose de joie. Liesse
fugace car Sampras douche les
enthousiasmes en effaçant l’avan-
tage au jeu suivant devant un
adversaire de plus en plus ratatiné
de découragement. «Pete m’a
entpic/té de jouer mm jeu, explique
le numéro un fiançais. Le tennis se
passe surtout dans la tête et il m'a
impressionné. Aujourd'hui, je savais
que ce /t'était pas un jour comme les
autres. Je n’ai pas réussi à oublier
que c'était une finale. Je suis surtout
triste de ne pas avoir pu offrir un
beau spectacle.»
Champion
on é toile filante ?
Finaliste à Flushing Meadow,
Cédric Pioline est devenu onzième
joueur moodiaL Que rapportera-t-il
de son aventure américaine? «Je
vais plus croire en moi-mime. Je
sais que je peux battre de meilleurs
joueurs que moi et ce/a me donne
confiance pour l’avenir.» Champion
solitaire, Cédric Pioline a grandi
loin du giron d e b Fé dération fran-
çaise de tennis (FFT)l II s'est passé
des services des entraîneurs natio-
naux et a préféré choisir un système
plus individualiste. Il voudrait tant
que sa performance ne l’isole pas
du clan français. «La e méthode
Pioline » va peut-être ouvrir l’esprit
des dirigeants, disait-il il y a quel-
ques jours. Je crois qu’eue
peur. Maintenant, ale a f
preuves.»
Peut-être b performance aura-
t-elle des vertus récoscüiatrices et
mettra-t-elle un terme an conten-
tieux qui oppose Cédric Pioline & b
Fédération française de tennis.
Parce qu’il voulait continuer à tra-
vailler avec ses deux entraîneurs au
sein de l’équipe de France, 3 n'a
pss participé au quart de finale de
la Coupe Davis qui avait opposé b
France et l’Inde en juillet, a Fréjus.
disait
ses
Il est difficile d’envisager que b
Fédération puisse à l’avenir se pas-
ser de lui sans subir quolibets et
critiques. Yenu, samedi, soutenir b
Français, Christian Bûmes, président
de h FFT, a d’auteurs annoncé que
l'affaire serait réglée en octobre.
Avant cela, Cédric Pioline ne
repassera que fugitivement par b
France recueillir les lauriers de sa
quinzaine américaine. Il y faisait
juste étape, mardi, avant de s’envo-
ler pour le tournoi de Bucarest :
«Je sais que l’on va désormais m’at-
tendre. observer chacun de mes
matches .» Nouvelle vedette, il ne
va rien changer de ses habitudes :
« Je vais continuer à travailler et à
prendre toujours autant de plaisir à
jouer.» Peut-on rêver avec lui, espé-
rer qu’D ne sera pas seulement une
étoile filante? En 1979, le Para-
guayen Victor Pecri avait été fina-
liste surprise aux Internationaux de
France avant de sombrer dans les
oubliettes du tennis. Finaliste en
1986, à Paris, le Suédois Mücael
Pcmfors est revenu à un niveau
convenable il y a quelques semaines
seulement A New-York, il s’est
incliné au deuxième tour, face à
Mats Wîbsder.
b
Cédric Pioline n’est pas un
joueur Kteenex. Il a constamment
progressé depuis son arrivée dans te
monde professionnel, eu 1989. Cin-
quante et umème en 1991. trente-
troisième en 1992, il était quin-
zième joueur mondial à b veille des
Internationaux des Etats-Unis. U a
juré, dimanche, qu’il n’avait que
vingt-quatre ans et qu’il pouvait
encore progresser, presque furieux
de ne pas encore appartenir au dub
des dix meilleurs mondiaux. Sou
rêve d'enfant s’est réalisé, n vou-
drait désormais plus, e Quand
j’étais petit, se souvient-il, je dési-
ras surtout faire des merveilles sur
le central de Roland-Garros.»
BÉNÉDICTE MATHIEU
AUTOMOBILISME : le Grand Prix ^Italie de formule 1
Alain Prost stoppé
sur le chemin du sacre
Le Britannique Damon Hil!
(Williams- Renault) a obtenu sa
troisième victoire consécutive
de la saison en s'imposant dans
le Grand Prix dé formule 1 d'Ita-
lie, dimanche 12 septembre è
Monza. En tête è cinq tours de
l'arrivée, son coéquipier Alain
Prost, qui était alors en passe
d'obtenir son quatrième titre de
champion du monde de
formule 1, a dû abandonner sur
casse de son moteur. La
deuxième place est revenue è
Jean Alesi, qui amorce, semUe-
t-U, le renouveau de Ferrari sous
la direction de Jean TodL
MONZA
de notre envoyé spécial
Alain Prost devra encore patien-
ter et se ronger un peu plus les
ongles avant de s’assurer une qua-
trième couronne de champion du
monde de formule I. Après te titre
des constructeurs obtenu lors du
précédent grand prix, en Belgique,
l’équipe Williams-Renault
s’apprêtait à fêter son champion.
Depuis b première séance d’essais
du vendredi, le scénario espéré
était joué & la perfection. Après
avoir signé sa douzième pôle posi-
tion en treize courses, le pilote
français avait réussi son déport et
abordé en tête le premier virage.
Les péripéties du début de course
le servaient au-delà même de ses
espérances.
Ayrton Senti a et Damon Hill,
deux pilotes encore mathématique-
ment en lutte pour le titra, avaient
été retardés en s'accrochant dans b
première chicane. Le Brésilien
avait abandonné dès le neuvième
tour, après avoir percuté au frei-
nage la Ligier-RenauJt de Martin
Brandie. Treize tours plus tard,
l'Allemand Michael Schumacher
(Benetton-Ford), autre candidat au
titre, s'arrêtait aussi, moteur cassé.
Confortablement installé en tête
avec 18 secondes d'avance sur son
équipier britannique et
52 secondes sur Jean Alesi (Fer-
rari), Alain Prost pouvait penser
qu’il allait en finir avec ce curieux
sort qui s’acharne sur lui depuis 1e
début de la saison. Ses sept vic-
toires ont été obtenues après des
dépans ratés. En revanche, chaque
fois qu’il a bien exploité sa pôle
position pour entrer en tête dans le
premier virage, il a ensuite été
battu.
En améliorant presque à chacun
de ses passages le record du tour
pour revenir dans les roues d’Alain
Prost à sept tours de l’arrivée,
Damon Hill avait bien un peu
par pan-
neau de ralentir. «Alain n’utilisait
pas le régime maximum de son
moteur. La téièmèirie ne révélait
rien d’anormal, expliquait Bernard
Dudot, directeur technique de
Renault Sport Cest la température
du moteur de Damon qui nous pro-
curait quelques inquiétudes. Pour
revenir après son accrochage du
départ, U avait beaucoup roulé der-
rière d’autres voitures. La gomme
des pneus s’était accumulée devant
les radiateurs. Nous lui avons
demandé de ne pas rester dans le
sillage d’Alain pour faire refroidir
son moteur.»
La discipline
do second pilote
En second pilote discipliné,
Damon Hill avait aussitôt exécuté
les ordres. « C’est la course»,
oonfiera-t-ii à ceux qui lui deman-
daient quelle avait alors été sa
réaction. Les positions entre les
deux équipiers semblaient figées.
Alain Prost n’avait plus que cin
tours (moins de 30 kilomètres)
parcourir pour signer sa cuquante-
deuxième victoire en grand prix et
obtenir son quatrième titre. Cétait
compter sans un coup de théâtre
qui ne figurait pas dans 1e scénario
de Williams-Renault.
«Je n’avais vraiment eu aucun
problème, racontait Alain Prost. A
partir du moment où Schumacher
était hors course, j’avais ralenti
pour préserver mon moteur et ma
première place. Ce n’était pas
important d’avoir 20 secondes
d’avance sur Damon. Le moteur
s’est arrêté brutalement. C'est fa
première fois cette année que j’ai
un problème mécanique, et malheu-
reusement U est survenu le mauvais
jour. C’est dommage... » Alors qu’U
ne reste plus que trois grands prix
à disputer (et donc un maximum
de 30 points à prendre pour celui
qui les gagnerait), (a position du
pilote français reste toutefois tris
confortable au championnat du
monde, où il précède Damon Hill
de 23 points et Ayrton Senna
de 28.
GÉRARD ALBOUY
ATHLETISME : les records Snmans en demi-fond
Les Chinoises en force
Après s'être imposées en
demi-fond lors des champion-
nats du monde d’athlétisme de
Stuttgart en août les coureuses
chinoises ont améJIoré ios
records du monde des 1 500.
3 000 et 10 000 mètres au
cours des septièmes Jeux natio-
naux qui ont lieu è Pékin.
PÉKIN
de notre correspondant
Wang Junxia, vingt ans, est
devenue le 8 septembre la pre-
mière femme au monde è courir
10 000 mètres en moins d’une
demi-heure en couvrant la dis-
tance en 42 secondes de moins
que la Norvégienne Ingrid FCris-
tiansen. Cela ne lui suffisait
manifestement pas, puisqu’elle a
amélioré par deux fois l’ancien
record (1984) de b Russe Tatania
Kazankina sur 3000 mètres,
d’abord dimanche 12 septembre
en réalisant 8 min 12 s 19, puis-
lundi 13 en terminant en 8 min
6 s 13, soit un gain total de
16 s 49. «Prodigieuses» perfor-
mances réalisées dans un laps de
temps aussi court...
Samedi 1 1, Qu Yunzia -
deuxième du 3 000 mètres - avait
amélioré de 2 secondes, en 3 min
50 s 64, le record du monde sur
1 500 mètres, également détenu,
depuis 1980, par Kazankina. Der-
rière elle, Wang Junxia était éga-
lement arrivée plus vite que la
Soviétique. Ces gazelles avaient
déjà été remarquées - et si (fiées -
par le public averti des champion-
nats d’athlétisme de Stuttgart en
aoflt, offrant en particulier à la
Chine un triplé historique sur
3 000 mitres, mais arrachant éga-
lement le titre au reste de la pla-
nète sportive sur t 500 et
10 000 mètres.
Les autorités chinoises n’ont
pas manqué de relever que cette
brusque émergence de leurs
athlètes - que rien ne laissait pré-
voir - suscite pour le moins des
interrogations dans la commu-
nauté internationale. Depuis le
début des Jeux nationaux le
4 septembre, la propagande a
entrepris de démentir que ces réa-
ctions aient quoi que ee soit à
voir avec l’usage de substances
chimiques.
Tout, assure le régime, est l’œu-
vre de l’entraîneur Ma Junren, un
ancien militaire qui n’a aucune
expérience personnelle dans le
sport de haute compétition, mais
r. r -
dont on ne peut pas dire qu’ii
n’ait pas une Rire idée de lui-
même. «Les journalistes étran-
gers, vous ne comprenez rien à
l’athlétisme», rétorque-t-il quand
on l’interroge sur sa méthode.
Celie-d, ou ce qu’il en révèle par-
cimonieusement, est aussi éloi-
gnée du sport amateur que la
haute couture du prêt-à-porter.
Le régime
Ma
« J’ai commencé à étudier la
course en 1970», a-t-il déclaré à
b presse. Animé <T««Jt vif intérêt
pour les animaux», il a parcouru
les zoos, observé tes chevaux, les
ânes et les chiens, pour enfin
«trouver la clé du succès en
matière de course de longue dis-
tance en étudiant le cerf ri l’au-
truche». Avec b même délica-
tesse; Ma précise qu’il sélectionne
ses athlètes dans le monde rural,
«car on y est habitué à supporter
les difficultés». L'entraînement
comporte un marathon par jour,
pratique que même d'autres
entraîneurs chinois jugent quel-
que peu exigeante. «Je ne crois
pas que beaucoup d’entre nous
s'essaieraient à copter cette
méthode», a dît l’on, cité par b
presse du régime. Enfin, les
machines & courir sont emmenées
sur te plateau tibétain pour cinq à
six sessions- d’entraînement en
altitude par
L’homme, qui commande un
bataillon de dix-huit coureuses i
dans la province- du Liaouing >
(ancienne Mandchourie, nord-est
du pays), s'indigne qu’on s’étoime
de ne pas voir tes' mêmes résultats
chez les hommes.- Il va, promet-il,
former aussi des coureurs mâles.
Nationaliste et paradoxal au
moment où t’ôn soupçonne la
Chine d’avoir recruté des
entraîneurs de l’ex- Allemagne de
l’Est, il souligne qu'il -a mis au
point sa méthode, précisément, en
comprenant que les entraîneurs
chinois des années 80 copiaient
encore le style soviétique et est-
européen des années 50. Quant à
l'alimentation de son écurie, il
jure qu’elle ne comporte que les
substances naturelles
extrêmement bien répertoriées
par b pharmacopée, chinoise tra-
ditionnelle, notamment une.
« soupe de tortue d’eau douce».
Serait-ce du côté de l'apothicaire
qu’il fendrait alors chercher b clé
du mystère?
FRANCIS DERON
Steffi et les autres
Monica Seles. Malgré son for-
fait, «Me n'aura jamais été aussi
présente' dans un tournoi Son
nom était sûr toutes les lèvres,
son absence ressentie comme
un vida. Dans son discours,
après (a victoire, Steffi Graf a
répété, comme eBe l'a fait pen-
dant deux semaines, que sa
principale rivale fui manquait,
qu'eHe souhaitait sincèrement
qu'ele revienne. H faut b croire.
En tennis, le problème arithméti-
que est bête comme chou : B
faut -être au moins deux pour
jouer. La numéro un mondiale
n‘a pas de camarade de jeu de
sa stature, les autres joueuses
étant réduites eu piètre r(Ue de
faira'valoir.
Ainsi, Heierta Sukova, sèche-
ment battue en finale, samedi
1 1 septembre. La Tchèque avait
éliminé b veille l'Espagnole
Arantxa Sanchez Vicario, téta
de aéria n> 2, ta saute qui «sait
pu asticoter Steffi Graf. Les
autres? Des ex-futurs espoirs
Jennifer Capriati éSminée dès te
premier tour, des joueuses
déprimées : Gabriela Sabatini.au
Jana Novotna et une cham-
pionne sur le déclin, Martine
Navratifova.
Contrairement aux hommes,
fes femmes n'ont jamais offert
de spectacles de choix dtf début
è la fin d’un tournoi du Grand
Chelem. Les. premiers tours
sont catastrophiques, les
joueuses étant de niveaux trop
différents ou trop faibles dès
lors qu'eBès ne sont plus dans
les vingt premières mondâtes.
Le tennis féminin avait trouvé
un semblant de crédfeifité grâce
à des duels eu sommet en
demWmale ou en finate.-! y «fix
ans, Martine Navratifova et Chris
Evert foima i o nt un duo de rêve.
Qtes s'étaient rencontrées près
de quatre - vingt-fols dans leur
carrière et pouvaient offrir une
affiche banale mate promet-
teuse, troublée parfois par
Hanna Msndikova. ■
£b attendant
Monica
En emportant les quatre tour-
nois du Grand Chelem dans
l'année en 1988, Steffi Graf
avait dénoncé, malgré elle, ta
Mriesse du système, avant que
r apparition de Monica Soies ne
sauve les compétitions de le
dérive. L'ex- Yougoslave l'a
certes, dominée, mais ta plupart
des matches que les deux
femmes . ont disputés, les Inter-
nationaux d’Australie st è
Roland-Garros, en particulier,
ont été tendue, déchirés. Cha-
cune a caressé la chance de
l'emporter, avant que Seles
n’arriève. te titre.
Sans Monica, restait encore
l'émotion è défaut du tennis : b
finate surprise de Mary-Jo Fer-
nandez è Roland-Garros et tes
larmes amères da Jana Novotna
è Wîmbtedon. Samedi, la troi-
sième victoire consécutive da
l’année de Steffi Graf dans un
tournoi du Grand Chelem n'a été
qu'une formalité. En attendant
Monica, i! faudra sa contenter
d’une joueuse soBtaire qui a
confié qu'ette n'avait jamais eu
autant confiance en elle, que
son jeu s'était amélioré. D man-
que quelqu'un pour tul prouver
qu'efie a raison. Pour que te ten-
nis féminin retrouve une crédbt-
lité.
B. M.
Les résultats
GRAM) FROC D'ITALIE
' 1. D. VH m WBanw-RemdO. tas
307 km en 1 h 17 min 7 s
239,144 km/h}; 2. J. Alesi
è40s;3. M. AndrattijEU,
è 1 bar; 4. K. WendBnger (Ab, Sauter),
è 1 tour; 5. R. Patrase (ns., Bertatton-
ForJ), è 1 tour; 8. E Cornas (Fis., Ur-
rousse-L art xx ÿ Ai j , à 2 L
Champion nat du (mode des pilotes
(après treize courses), t 1. A. Prost,
81 ponts; 2. D. H9L 58; 3. À. Sonia,
53;4. ML Sdmmachflr, 42; 5. R. Pâtisse.
20 .
*Monaoo b. Lite .........
Totéou» et Mareaffle
1-0
00
Championnat du monda du
co ai t ni ctew». - 1. WlKans-Ranautt,
138 pointa; 2. Banetton-Foni, 82; 3.
McLaren-Ford, 60; 4. tigiar-flanault, 21 ;
5. Ferrari, 20.
' *Sàm-Etiflme et Socfcaox — ...... — 0-0
•Cames b. Angers 4-3
•Bordeaux b. Metz 2-0
•Pafe-SG b. Montpaffiar 1-0
lahs b. Lyon-J 2-0
Aurore b •Manquas. — .......... 1-0
CbasauMBL t t. Bordeaux A Cannas,
12; 3. Monaco, Psis-SG, Marmite st
Nantes, 10; 7. Sochaux, Aurore m Stras-
bourg, 9; 10.' Martigues, Lyon et Caen. 8;
13. Metz, 7; 14. Lsns, Saint-Etienne,
Angers et Mompefiar, 6; 18. L3e, Tou-
louse, 5; 20. La Havre, 4.
Deuxième dmribn
. & Tbdèm journée!
•Basés b. Rennes
•Beauvais b. Lé Mans-—.
Mes b. *CharlevjB8 ~
•Lava) b. tares
•Saim-Briaucb. Rouer
hm
■■Ml •■•■« WM
2-1
1-0
1-0
3-2
3-2
INTERNATIONAUX DES ÉTATS-
UNIS
SKPLE MESSIEURS
Dem fû ule s
Aiès b. *Gueugron ... 3-1
•Dunkerque b. Va le nciennes
Sedan b ■Bourges .....
ftinaa et Nkxt
HMxxiss b. Valence ^
•Nancy b. Red Star
fini»
P. Sampras (EU, n" 2) b. C. Ptofcie (Fra.,
n* 15), 6-4, 6-4, 6-3.
SMPUE DAMES
& Graf {AL; n’ 11 k fi Sukova (Wp/
tch., n* 12), 8-3, 63.' . ■ ;
DOUBLE MESSIEURS ’
rsTfff
K. FUcb-fi: Laech (EU, n*~12) b.
IL DaimHL Novacek (Rép. tch.), OT.
04,8-2..' '
. '.DOUBLE DAMES -
> Rade
■ A.Sanctow-Vlcaria-H. Sritova
Rép. tch, ri* ^ b. A. CoetzeH.
tagui ftf. SArg., ti* 9), 84, .8-2: ’
. DOUBLE MDCTE •
r.FMe
H. Sufcovè-T. Woodbridge (Rép. tch.-
Awl, n«'l|jb. M. NavretAwar IL Wboti-
ftnte (BU-Aus., rr 2), 6-3, 7-8. ;
> : SNPlf JUNIORS GARÇONS
finale •
HL Rio* (HL, (i* 3) b. S. Dow» (NZ.
(T4), 7-8,84. . -
• SMPLE JUNIORS RUES
. . . •
• rmn
IL*. Bentwwfo (ta* n* 2) b. V. Yos-
Nda (Jap., n* 15jr2-6. 64.
(Entre parenthèses, la nationshté des
jouem et, émn&tahrâsnt leur numéro de
tSadasâôej .
- FOOTBALL
CHAMPIONNAT DE FRANCE
Première dMsten
fffiïtièm fownéef
4-1
2-1
04
2-1
3-1
Classement. - 1. Nancy, 15 pts; 2.
Bastia, Î4r 3. B sauvais" et îfica, 13; 5.
Mort, Rames «t Rouan, ^ >2 ; 8. CharievNe
at Sabt-Briauc, 11; 10, Bourgas et Dun-
kerque, 10; 12. Laval, IBnes, Muhause et
fîueugnon r 9;-l6. Red S&r, Valence, ASès
et Valendemesr 8 ; 20. Sedan et La
Mm, 7; 22. tares, S.
BA5KET-MU
■ ^ ■
CHAMPIONNAT DE FRANCE
-■ • Nationale A
(Premfra Journée)
Antibe* b.*Châkm3 101-80
limoges b. 'Sceaux 80-62
•Chotet b. ASVEL 10741
GravsBRHtL 'Landais 82-74
Montpefar b,*ftscmg PSG. 73-70
*D|on b. le Mans 10447
•Lyon b. Itau-Orthez. 68- $6
HR A PARC
CHAMPIONNATS DU MONDE
' Les Français Sébastien Fluta, Lionel
Torres et Eric tfnbekand sont devenus
champions du monde de tir è l’arc par
éqrfpes, an battant les Coréens du SW en
finale, (branche 12 septembre à Antaya
fruntfe). ..
SH NAUTlOUE
' CHAMPIONNATS DU MONDE
La Français Patrice Martin a remporté un
tranftrne titre consécutif de champion du
mende de atenarigue en s'imposant dans
Caen b. *U Havre ......... 2-1
*Nan&N «Strasbourg--.. — 2-2
. dimanche 12 sep-
tembre à Singapour. Egànwu deuxième
du datant et des figures, Patrice Martin est
devenu, awc sept titras gagnés au coure
fte^rrfeela dwrçion te pk* mrë da
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Le Monde • Mardi 14 septembre 1993 15
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d'une joueuse solitaire «H
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son jeu s'ôtait amélioré l«
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Les résultats
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Qttmmm * r*&&
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_ 2-2
CULTURE
CINEMA
LA QNQUAMWMI MOSTRA Di VINIS t
lions pour tous
Ploie de récompenses sur k lagune
et triomphe ex-æquo pour Altman et KieslowsM
do notre envoyée spéciale
Rien à redire: le palmarès de la
cinquantième Mostra du cinéma est
un modèle -de justice, d’équilibre et
de diplomatie^ Mais rien a dire sur
la cérémonie de clôture, intermina-
ble (deux heures) et sobrement
ennuyeuse, bien que se déroulant i
Venise dans le somptueux décor de
la cour du Palais dà doges - Public
frigorifié et aveuglé par les projec-
teurs, extraits de films illisibles défi-
lant sur un grand écran trop éclairé,
lauréats apparaissant très loin,
comme sur un quai de gare : une
fois encore; la démonstration a été
apportée qu’un spectacle conçu pour
la télévision - c'était le cas - ne ê
ressemble en rien à un spectacle tout d
court.
Mais qu’importe Le flacon pourvu
qu’on ait l’ivresse de ce palmarès
roboratif généreux. Le jury présidé
par Le metteur en scène Peter Weàr
(1) ne peut choisir entre Kiesloyvski
et Altman, entre Trois couleurs :
Bleu et Shorts Cuis. Autrement dit,
entre la sonate et la symphonie,
entre Fabstrait et le concret, entre le
cinéma des corps et le cinéma de
rSme, entre l’Europe et l’Amérique?
judicieuse incertitude: Deux Lions
d’or ex aequo viennent donc récom-
penser deux grands films (les der-
niers ex aequo vénitiens remontent à
1980, avec Atlantic City , de Louis
Malle, et Gloria, de John Cassa-
vetes), les plus indiscutables de la
sélection officielle qui comportait
dix-huit oeuvres intéressantes et iné-
gales.
Le film de Kkskiwski a, par ail-
leurs, reçu, outre de nombreuses
médailles annexes, dont celle de
l'Office catholique pour <r_ l'expres-
sion intense des problèmes universels
et existentiels déjà souffrance et du
désespoir auxquels est. ' confronté
l'homme contemporain » f lié prix de
la méritai re photographie pour 9a-
dûmir Jtfritt et&jpgx .d’interpréta-
tion ftmmino jwyr juliet^ Binophe,
transcendante et silencieuse' héroïne
(le Mondé du 9 septembre). Krzysz-
tof Kiestowski monte en scène avec
un sourire gris, fût un petit signe de
la main qui peut dire « meta » ou
« au revoir » ; quelques instants
auparavant, il a déclaré A la RAI
qu’il achevait sa trilogie jmis se reti-
rait définitivement, précisant que ce
qu’il avait à dire, il l’avait diL. Per-
sonne ne veut le croire.
i,
b
Juliette Blnoche : meilleure actrice
Le palmarès
Lions d'or : Short Cuts , de
Robert Altman ; Trois couleurs
Bleu, de Krzysztof IGeslowskJ.
Prix spécial du Jury : Bad
Boy Bubby. de Rolf De Heer.
Uon d'argent : Kosh ba
Kosh, de BaJchtiyar Khudojnaza-
rov
Coupa Volpi extraordinaire :
pour l'ensemble de la distribu-
tion de Short Cuts.
Coupe Volpi du meilleur
acteur : Fabrizio Bentivoglio,
dans Un 'anima divisa in due, de
SBvio Sotdini.
Coupe Volpi de la meilleure
actrice : Juliette Binoche, dans
Trois couleurs : Bleu.
Coupe Volpi du meilleur
acteur de eecond rôle : Mar-
cello Mastroianni, dans Un,
deux, trois Soleil, de Bertrand
BEér.
Coupe Volpi de la meilleure
actrice de second rôle : Anna
Bonaiuto, dans Doue siéra? lo
sono qui. de Liliane Cavanl
Prix de ta présidence du
Sénat : Za zui Zi. de liu Miao-
Miao.
Os alla d'or pour la meilleure
photographie : Slawomir Idzrak.
pour Trois 'codeurs : Bleu..
Oseiia d'or pour la musi-
que : Cheb Khaled, pour Un.
deux, trois Soleil.
Lions d'or à le carrière :
Claudia Cardinale, Robert De
Nîro, Roman Poianski, Steven
Spielberg.
de Rolf De
13 septem-
S~.'
Plusieurs initiatives heureuses,
notamment le prix collectif d’inte-
prélation è l'extraordinaire troupe
de Short Cuts (le Monde du 7 sep-
tembre); la même récompense avait
été attribuée, il y a dix ans, ...è
Sireamers , de Robert Altman. Et le
choix iconoclaste de Bad Boy Bubby,
««WM Prix spécial du jury, saluant
Heer (lé Moi
breX
Et le prix & Marcello Mastroianni
pour sa prestation brève et inoublia-
ble dans Un. deux, trois Soleil (le
film de Blier étant aussi légitime-
ment distingué pour sa musique -
Cheb Khaled, - et receva nt, en
prime, une mention de PUNI CEF et
le Prix de l'Académie européenne du
cinéma et de la télévision), tout
comme les deux médailles pour
deux des filins italiens de la compé-
tition, celui de la Cavani, celui de
Soldini, deux films de bonne
volonté, l’un plaidant pour l’intégra-
tion des sourds, l’antre pour l' inté-
gration des Gitans: Curieusement, ce
n'était pas dans ces films-là qu'il
«Clllr
Inconfortable dissidence
En marge de la Mostra
k Semaine de k critique vénitienne
Si la Mostra de Venise s’est vou-
loe à la tête du combat pour les
droits d’auteur et de la défense du
cinéma européen face à l’hégémo-
nie américaine, elle s'est trouvée à
son tour contestée par le syndicat
national des critiques italiens, qui
a décidé d'organiser sa dixième
semaine du jeune cinéma en
dehors du Festival. Il a voulu
manifester ainsi son opposition à
la nouvelle direction de la Biennale
de Venise (mais non à Gillo Poute-
corvo) et réclamer une modifica-
tion des statuts qui font une part
trop belle aux jeux politiques et au
pouvoir bureaucratique. Lutte légi-
time, mais qui a limité l’audience
d'une programmation destinée à
découvrir de nouveaux meneurs en
scène.
Abandonnant le Palais du festi-
val et les facilités qu’il lui offrait,
la Semaine s'est, en effet, réfugiée
une salle vétuste à 1 autre
bout du Lîdo, sans traduction
simultanée, avec un seul projecteur
et d'inconfortables . fauteuils de
boit, Les cinéastes et leurs oeuvres
étaient.. ainsi les otages dune
contestation qui fleurait bon les
luttes d’il y a un quart de siècle.
Mais, on le sait, quand l'Histoire
« répète, elle bégaie souvent _et cet
acte dé révolte engendra moins la
solidarité que l’absentéisme.
Devant un public clairsemé, on a
pu néanmoins apprécier quelques
révélations. Neues Deutschland ,
film collectif composé de cinq
moyens métrages, jette un regard
adde sur un- pays en pleine muta-
tion, de la croissance de Panlisémi-
tisme aux vagues de xénophobie et
au malaise qui a suivi la réunifica-
tion. Entre la fiction et le docu-
mentaire, ce film mosaïque par-
vient à rendre justice à son titre :
le portrait d’une nouvelle Alle-
magne.
Touchia se veut aussi un témoi-
gnage sur la situation d’un
Non sans courage, Rachid Benhaui,
& travers son héroïne - une Algé-
rienne de quarante ans qui se
remémore ses espoirs de petite fille
au moment de l’ indépendance et
qui vient témoigner à la télévision
contre l'intégrisme d'aujourd’hui, -
fait le bilan des rêves envolés et
des désillusions amères. L'enfance
et l’adolescence ont toujours ins-
piré les réalisateurs débutants.
Agnès Merlet le confirme avec le
Fus du requin (Prix de la critique
internationale). Partant d'un fait
divers et tourné dans le nord de la
France, son film, fuyant la psycho-
logie et le jugement moral, retrace
r odyssée de deux jeunes garçons en
cavale qui règlent leur compte avec
la société. L'énergie et la vitalité de
la mise en scène, la vérité des
interprètes, auraient justifié la pré-
sence en compétition de cette pre-
mière œuvre vigoureuse_ qui
confirme la richesse du jeune
cinéma fiançais. Cest le ménte de
la Semaine de la critique véni-
tienne de l’avoir révélée, cette
année encore, après avoir distingué
auparavant Un monde sans pitié, la
Discrète et le Ciel de Paris.
MICHEL CIMENT
fallût chercher un néo-réalisme revi-
sité, mais dans deux productions
pauvres de moyens et riches d’éner-
gie venues de deux très jeunes réali-
sateurs de Chine et du Tadjf
Liu Miaomiao, cinéaste de
quième génération», trente et un
ans, reçoit le Prix de la présidence
du Sénat pour une sensible histoire
villageoise où un petit garçon trop
bavard se révèle être l'espoir d’une
communauté encore terriblement
dépourvue de tout, biens matériels
autant que confort affectif, tandis
que le Lion d’aigent salue Tanivée
d’une robuste Tadjik de vingt-huit
ans, Bakhtiyar Khudqjnazarov, qui. a
fait le voyage depuis
Douchanbe(capitaie du Tadjikistan)
en voiture, -et. qui, tout éberluée de
ce qui lui arrive, semble avoir pris
un coup de lion sur la tète, son
film, Kosh ba Kosh, est plein de
chanme et conte les amours incon-
fortables d’une jeune fille que son
pire a perdue aux osselets dans la
cabine d'un conducteur de funicu-
laire—
Cultivant mieux que jamais ses
contradictions congénitales, la Mos-
tra de Venise, dominée par des
figures de mères monstrueuses et
ponctuée d’incestes récurrents (chez
IssermaiL De Heer, Carpi), a finale-
ment été riche de films et de pro-
messes, animée à la fois de bonnes
intentions et d’événements symboli-
ques. La fondation de l’Union inter-
nationale des auteurs, lors du sym-
posium des 6 et 7 septembre, peut
déboucher sur des actions politiques
et non plus utopiques en faveur de
la défense des droits des créateurs,
et les stars américaines appelées
LE FESTIVAL DU CINÉMA AMÉRICAIN DE DEAUVILLE
La firme et les artisans
Réédition emmielle de Fétemel effrontément
entre Hollywood et les cinéastes indépendants
DEAUVILLE
de notre envoyé spécial
Quand Sydney rencontre Leslie...
Sydney Pollack, en compagnie de
Tom Croise, samfïût au rite de la
conférence de pre s s e, à P occasion de
la présentation de ut Firme, le der-
nier film du réalisateur des Trois
Jours du Condor. Leslie Harris,
auteur de Just Another Giri on the
IRT, s’est levée et a demandé :
«Monsieur Pollack. où en est votre
carrière d’acteur? Je vous ai trouvé
formidable dans Maris et femmes ef
l'ai un rôle pour vous dans mon pro-
chain film.»
Dans on film, justement, Sydney
Pollack aurait répondu qu’il avait
adoré. Just Another Giri, et que rien
ne lui ferait [dus plaisir. An fieu de
quoi, il a répondu avec une grande
courtoisie qui ne parvenait pas à
masquer son ignorance parfaite du
film et de l'existence de Leslie Har-
ris. 0 ne suffit pas d'être américains
et réalisateurs de cinéma pour avoir
quelque chose en commun.
Malgré tout, le festival de Deau-
ville fait profession de réunir les
animas que produisent les cinquante
Etats de l'Union en une espèce de
vezûon cinématographique de la
lame de Geoige Orwell, où tous les
films sont égaux mais où ceux qui
sont fabriqués à Hollywood sont plus
égaux. Côté poids lourds, on pouvait
voir le plus lourd d’entre eux, en
clôture, Jurassic Parie, de Steven
Spielberg. Et aussi Dans la ligne de
mire (Cunt Eastwood, John Malko-
vitch, match arbitré par Wolfgang
Petersen), Searching for Bobby Fis-
cher, avec Ben Kingaey, ou what’s
Love Got to Dojwitn It? (Tina),
Turner. Ces
le détour de
en Norman-
die^ et leur valeur médiatique s'en
était trouvée écornée. En revanche, la
Firme n’était là que pour Deauvfile,
avec son réalisateur et sa star. Tiré
<fnn roman à succès de John Gris-
ham, interprété par le seul concur-
rent sérieux d’Arnold Scbwarae
sur le terrain du box-office, rean:
par une des rares valeurs sûres de
Hollywood, the Firm est avant tout
un Rarement sûr.
Sydney PoQack se définit comme
un auteur de films e commerciaux,
hollywoodiens, grand publics, dont le
premier devoir est de distraire». Entre
la conférence de presse et la projec-
tion de gala - toutes deux accompa-
gnées des hurlements juvéniles qui
signalent la présence de Tom Croise,
- le réalisateur égrène quelques
réflexions. «Cest la première fols que
je tourne un JUm dont le personnage
[principal n'appartient pas a ma géné-
ration.» Sans compa r er Tom Croise
à Paul Newman, Dustin Hoffinan ou
Robert Rcdford, fauteur de Jeremiah
Johnson rem arq ue : «Cest quelqu'un
ad s'est forcé à devenir acteur. H a
beaucoup travaillé, il se donne du
mai et case voit Enfin, Je veux dire
mdû
simple de foire des films, mais parce
qu’ils coûtaient moins mer. Tootsie a
{1 coûté 21 millions de doilan (en 1982)
\et je me ra^elLe m'être dk: « Cest
\t de la folie
•Ont of Africa
ara a jointes progrès.» tn revanche,
Sydney Pollack semble dus frappé
par le pouvoir qu’exerce Tom Cnuse
(acteur, mais aussi dirigeant d’une
sqçïâé de production) sur la vie de
Hollywood.
«Le bon vieux temps a existé ,
recoanaît-fl. pas pane qu'il était pha
\hons, Havana (1990) 40 mMons. Et
\ce jui un four.» Sidney Pollack se
i.râoonnaît le mérite d’espacer les
[min. Depuis son- premier grand suo-
ça I» Ensuite
a coûté 31 mil-
bès public, avec ôn achève bien les
avant Havana, étant
Depuis quelques années, le réali-
sateur produit, toujours avec l'appui
de grands studios : Suzy et les Baker
avec des accents incantatoires au II chevaux, il n’én a connu que
secours d'une manifestation assoupie |l --- — 7 -
de vertu sont brièvement apparues.
Mais, exceptions faites de Steven
Spielberg, venu assurer la promotion
de ses dinosaures qui envahiront
l’Italie la semaine prochaine, et de
Robert De Niro, on ne peut pas
v raiment dire quelles aient rempli
leur mis sion : on a aperçu Michelle
Pfeiffer et Harrison Font, Tina Tur-
ner a donné une conférence de
presse à minuit, Madonna, comme à
son habitude, a déclaré forfait-.
La religion des stars a besoin d’un
lieu de culte. H n’y en a pas sur le
Lîdo. Pas de marches à monter,
comme à Cannes, pas de foules à
bénir. D n’en demeure pas moins
que le directeur de la Mostra, Gillo
Pontecorvo, qui a affirmé ne pas
briguer un troisième mandat, a
gagné son pari ; la: cinquantième
Mostra, dans une austérité relative,
a su honorer son Dieu*, le cinéma.
DANIÈLE HEYMANN
(1) Le jury était composé de Peter
Weir, PierrHienri Del eau, Caria G ra-
vina, Mohammed Camaia, James Ivory,
Ch en Kaire. Nelson Pcrc ira dos San les,
Giuseppe Tonaxore.
D M. Toubon et le cinéma amé-
ricain. — Le ministre de la culture
et de la francophonie s'est élevé,
samedi 11 septembre à Deauvîlle,
contre’ la prédominance des films
américains en France. M. Toubon
a^fait remarquer que «la position
domtnànte de certaines grandes
sociétés de distribution de films
américains des major companies,
comme la United International Pic-
tures, représente 25 % du marché
eh France et 25 % en Grande-Bre-
tagne». A l'issue de ta première
fran çaise du film de Steven Spiel-
Eèifg, Jurassic Parc, il a estimé que
■ «cèÿjttm est très impressionnant,
mais pas du unit émouvant ni
humain en raison des effets spé-
ciaux, et it menace l'identité fran-
çaise». e Les Américains devraient
■respecter notre diversité et notre
Identité», a conclu le ministre.
Boys, Présumé innocent ou Dead
Agjan , de Kenneth Branagh, Il a per-
mis à Searching for Bobby Fischer, le
premier film réalisé par le scénariste
Steven Zailîian (auteur (T Eveils et de
SchùuBer’s List, que tourne actuelta
ment Steven Spielberg) de voir le
jour, en apportant sa caution, mais
aussi en intervenant dans l’écriture
du scénario et au marnage. Lorsque
Sydney Pollack produit, il s’agit la
plupart du temps de mettre en sdlc
des réalisateurs qui feront ensuite
une carrière hollywoodienne. Il ne
s’intéresse que peu au cinéma indé-
pendant américain, «par paresse,
pane que je ne suis au courant que
de ce que font les gens que je connais,
ceux qui travaillent à Hollywood*.
Mus
par une nécessité
A LHeurs, A New- York, par exemple,
on fait aussi du tinéma. H y a, bien
sûr, les jeunes gens aux dents lon-
gues, qui utilisent le cinéma indépen-
dant comme marchepied. Rob Weiss,
le réalisateur d’Amongst Friends,
appartient probablement à cote caté-
gorie. Sinon, pourquoi filmer celte
triste histoire de petits gangsters juifs
en empruntant à Scorsese sa violence
et sa virtuosité technique, sans
jamais approcher l'essence du cinéma
de Scorsese, l'inquiétude, le doute?
Pour montrer à un grand studio
qu'on peut filmer efficace et pas
cher : c’est la seule réponse logique.
En revanche, Jod Hcrshman ne
court aucun risque de séduire les stu-
dios. Avec Carman City, comédie
burlesque et misérabiliste, il fiai du
John warers, comme Weiss fait du
Scorsese. Cest plus gai, moins ambi-
tieux, mais ça ne fan pas beaucoup
avancer les choses. On préfère fina-
lement les films communautaires,
ceux qui sont mus par une nécessité :
montrer oes pans d’Amérique que
Hollywood laisse dans l’ombre ou
n’édaire que d'un côté. La prem ière
raison de voir Just Another Giri on
the IRT, c'est de découvrir que la vie
dans les prokas (veraioo américaine
de nos HLM) de Brooklyn ne se
résume pas à la monoculture du
crack que montrait New Jack City.
Ou qn une noce A Chinatown -
comme celle qui est au centre du
Garçon d’honneur, de Aung Lee -
peut être autre chose que la toile de
fond d'un règlement de comptes
entre trafiquants d’héroïne. El pua, il
arrive que ces films fassent encore un
peu plus. L’énergie de Air Another
XSirl, la vigueur des actrices et le
mépris de T’autcur pour la conven-
tions dramatiques en font un film
courageux, qui se met en danger, inu-
tilement parfois. Toula choses qui
n 'arrivent plus à Hollywood que par
accident.
THOMAS SOT1 N EL
MUSIQUES
France Gall mezza-voce
Quand France Gall apparaît,
quand effe parte de Michel Berger,
son compagnon disparu, quand
eOe dft : «Je ne vous ai pas vus
depuis six ans, et en six ans la
meilleure chose qui me soir arri-
vée c'est d'être id ce soir», elle
déchaîne les ovations du public
parisien qui a rempti Bercy. Mais
quand les morceaux se tarminem,
les apptautfissements semblent è
peine pois. Pour reprendra la dis-
tinction qu'établit Godard entra
personnalité (celui, celle qui pro-
duit, en l’occurrence des chan-
sons) et personne (le reste de cet
fitre-îi), la public semble avoir
choisi la personne.
8 faut dire que France Gall a fait
le pari risqué de traiter Bercy
comme si cétaft l'Olympia. Après
une première partie au cours de
laqueHe huit chanscns sont som-
mées de fournir une heure de
musique, ce qui est au-dessus de
leurs forces, .b chanteuse sacrifie
au rituel acoustique. Assise sur
une chaise de bureau, entourée
de musiciens qui font semblant
de renier l’électricité (Il y a un
piano, mais aussi un synthétiseur,
une basse tout è fait électrique,
une batterie complète, et toutes
sortes de guitares), élis accélère
to rythma du spectacle, prend
quelques risques calculés, mais
ne conquiert que les premiers
rangs. Ls chaleur des jam ses-
sions ne monte pas jusqu'aux dri-
ves. Pour que ta communication
passe, i fa Sait peut-être plus que
les chansons de Michel Berger,
faites peur ta radio è fréquence
modulée, pour le music hall è
grand spectacle, mais pas vrai-
ment pou- ta musique,
T. S.
► Au Palais omntaport de
Parle Bercy, 75012 Parle,
métro Bercy. Tél. :
44-68-44-68. Reprisa : du 22
au 25 septembre è 21 heures.
Oe 110 à 240 F.
□ Antoelo de Almeida nommé A
Moscou. - Le chef d'orchestre
français Antonio de Almeida vient
d’être nommé directeur musical de
l'Orchestre symphonique de Mos-
cou. Il prendra ses fonctions
dis octobre 1993. Fondée en 1989,
cette formation a déjà joué dans
i’ex-URSS, au Royaume-Uni, en
Finlande et en Espagne. Almeida,
dont le répertoire est l’un des plus
étendus parmi la chefs d’aujour-
d'hui, avait déjà collaboré avec
rQSM pour une intégrale des sym-
phonies de l'Italien Gian Francesco
Malipiero (1882-1973), prochaine-
ment publiée par ta marque de dis-
ques Marco Polo Records.
□ Une Italienne et nn Japonais
meilleurs chefs A Besançon, - Le
43* Concours international de
jeûna chefs d'orchestre, organisé
.par le Festival de Besançon et de
Franche-Comté, a été remporté ex-
aequo, samedi ! 1 septembre, par
l’Italienne Silvia Massaretli et le
Japonais Daisuke Soga. Agis res-
pectivement de trente-deux ans et
vingt-huit ans, tas lauréats, distin-
gués parmi plus de
soixante-dix concurrents, n'ont pu
être départagés par le jury, présidé
.par Manuel Rosenthal. Une men-
tion spéciale a été décernée & un
Français de vingt-huit ans, Vincent
Baithe.
1
Et aussi à Lafayette Gourmet et Monoprix Lafayette.
16 Le Monde • Mardi 14 septembre 1993
Le livre
sur
la Place
NANCY ■ PLACÉ STANISLAS
DU 16 AU 19 SEPTEMBRE 93
F “Les Livres qui ont fait
l'Histoire”
àç Ncrcy !» AHeirev Cc'fv rrl '« a ZZ C5 32 7b
CULTURE
ARTS
US DESSINS Di MODHàUAWl, a feas C-w à \‘ea
Amadeo avant la légende
Une exposition des dessins de la coiiection de Paul Alexandre, jusqu’alors inconnue
CA1K8, j. iièe fasse iMm
»
l
6ème
saison
Mon sentiment sur la
saison 93/94
hallucinante, pleine de
promesses profondes,
sensibles et significatives.
C'est aussi la poursuite
d'un combat sans
concession pour un
théâtre d'auteu ns qui nous
parlent de notre temps, de
nous mêmes dans la
configuration de notre
société. Rien de moins que
la beauté de vivre au
présent en tirant les leçons
de l'histoire.
Jorge Lavelli
É 12000 abonnés
ont soutenu notre
dernière saison.
Après
Eugène Ionesco
Macbett
George Tabori
Mein Kampf
Jorge Lavelli
met en scène
Edward Bond
Maison d'arrêt
et
Arthur Schnitzler
Les journalistes
Théâtre National de la Colline
15, rue Motte Brun
75020 Poils - Métro Gambetta
TEL : 43 66 43 60
de notre envoyé spécial
Il faut être sûr de soi, surtout eu
Italie, pour exhumer des Modi-
gliani inconnus. C’est pourtant ce
qu'ose aujourd’hui le Palazzo
Grassi, en montrant ta quasi-tota-
lité des dessins provenant de la
collection du docteur Paul Alexan-
dre, ami et mécène du peintre ita-
lien de 1907 i 1914. Lors de la
conférence de presse présentant
l’exposition, bien des journalistes
gardaient en mémoire le canular
des étudiants de Livourne qui, en
1984, avaient taillé quelques têtes
à la manière d’ Amadeo Modigliani,
pour les jeter ensuite dans un
canal, précisément là où, selon la
légende, l'artiste aurait immergé
ses sculptures à une date restée
imprécise. L’authentification des
faux miraculeusement redécouverts
avait valu & la conservatrice du
Musée de Livourne une longue
hospitalisation. Son frère, directeur
de la Galeria d’Arte Modema de
Rome, qnî avait immédiatement
publie un catalogue sur les objets
en question, fut destitué quelques
mois plus tard.
A Venise, moins de dix ans
'après, l’ambiance de la conférence
de presse était d’autant plus tendue
que les organisateurs de l’exposi-
tion se refusaient à indiquer la pro-
venance actuelle des dessins expo-
sés (ce qui est parfaitement normal
lorsqu’il s’agit de collections pri-
vées). Noël Alexandre, l’un des fils
de l’ami de Modigliani, se bornait
& garantir la provenance et l’au-
thenticité des dessins, déclarant les
connaître depuis longtemps : «J'ai
vu chacun de ces dessins lorsque j'ai
fait avec mon père, entre 1959 et
I960, l’inventaire de sa collection,
qu'il n’a dispersée qu’ensuite. Char
que dessin est numéroté et porte le
cachet de Paul Alexandre. Ce der-
nier redoutait que des faux circulent
lorsque sa collection sentit connue.
Devant chaque dessin. il évoquait
pour moi ses souvenirs. »
Ses souvenirs sont précisément à
l’origine de cette exposition. En
1924, il écrivait au frère de Modi-
Jiani : «Je suis personnellement
désigné pour raconter la vie de
votre frère à Paris car nous finies
unis par une intime amitié... » Les
aléas de l’existence ne lui permi-
rent pas de rédiger ses mémoires,
et c’est à son fils NoSl qu’échut la
mission. Mais l’histoire commence
un peu plus tôt. En 1988, François
Beigot, conservateur du Musée de
Rouen, reçut un étrange message :
«Notre père trouvait votre musée
bien tenu, il a voulu que vous rece-
viez ces deux tableaux. » Il s’agis-
¥
sait du Portrait de Jean-Baptiste
Alexandre au crucifix (1909), et du
Portrait de Paul Alexandre devant
un vitrage (1913), commandés à
Modigliani par le docteur Paul
Alexandre. Deux de ses enfants.
Biaise et Philippe, en donnant ces
toiles, respectaient le vœu de leur
ère décédé vingt ans plus tôt.
out naturellement, lorsqu’un
autre fils, Noël, historien de son
état, voulut mettre en ordre les
souvenirs de son père, ce fat à
François Bergot qu’il s'adressa.
Lequel le mit en contact avec un
éditeur parisien, le Fonds Mercaror
(filiale de Paribas), dont le respon-
sable, Didier Marty, évoqua à son
tour l’histoire devant Jan Martens,
le commissaire de l'actuelle exposi-
tion. Martens sut persuader le fils
que son livre devait s’accompagner
d'une présentation des dessins de
la collection paternelle.
Son seul client
dorant des années
Et c'est ainsi que surgissent
aujourd’hui 448 dessins inconnus
de Modigliani, ce qui double le
corpus de l'œuvre graphique de
l’artiste. Elle s’accompagne de la
publication apocryphe, mais filiale,
des fameux souvenirs, qui éclairent
une époque jusqu’alors floue de la
vie de Modigliani à Paris, et obli-
gent à reconsidérer un certain
nombre d'idées reçues. A ce pro-
pos, Noël Alexandre déclarait :
«J'ai voulu faire ici un travail
d’historien, qui se veut profondé-
ment scientifique, basé sur des
documents . J'apporte la version du
seul vrai témoin de cette période la
plus obscure de la vie de Modi-
gliani. »
Le docteur Alexandre s’était éta-
bli à Montmartre en 1907. 11 avait
alors vingt-six ans. De quatre ans
son cadet, Modigliani, venu de
Livourne, via Venise, hantait la
Butte depuis Tannée précédente. Le
bon docteur avait loué une maison
délabrée nie du Delta : U y accueil-
lait ses amis, les artistes Drouard
et Doucet. Ce dernier rencontra
Modigliani au Lapin agile; T Italien
venait d’être expulsé et cherchait
un autre atelier. « C’est ainsi, dit
Paul Alexandre, qu'a commencé
mon amitié avec Modigliani. » Elle
devait dorer jusqu’au départ de
Paul Alexandre pour le front, en
1914. Il fut, toutes ces années
durant, son seul client. Persuadé
du génie de son ami, il conservait
tout, y compris le moindre croque-
ton qui, sans lui, eût échoué danç
la cheminée.
Après la mort de l'artiste, quand
la légende a commencé à croître,
PREMIÈRE CE SOIR
S/\ll MHBIE<DIR<S<IES
MARIA PACQME
MICHEL CRETON
Q.
e
oesf^i
c 'CQûyy
DANS NOTRE PROCHAIN NUMERO
Cf Wrnêt
INITIATIVES
Nouvelle comédie de MARIA PACOME
Mise en scène de JEAN-LUC MOREAU
Décor et Costumes de CHARLIE MANCEL
Avec
MICHEL BONNET
FRANÇOIS PACÔME
NATHALIE MAZEAS
CLAUDE BRECOURT
LAURENT MONTAGNER
et
MARIE-FRANCE M1GNAL
LOCATION s 48 78 63
Alexandre fut tenté d'établir sa
vérité. II écrivit ainsi à la famille
de Tarxisie, recueillant les souve-
nirs de sa mère. Ce sont ces textes
qui sont aujourd'hui publiés dans
le catalogue de l’exposition. Ils
éclairent d'un jour nouveau Modi-
gliani qui, alors, se considérait pins
comme an sculptear que comme
un peintre.
D’abord, on est surpris par les
premiers dessins réalisés & Venise
vers 1905, très proches des gra-
phistes de la sécession viennoise.
Un carnet, avec le modèle qui
répète la même pose nne bonne
douzaine de fois, mais aussi la suc-
cession et l’accrochage dense des
dessins justifient cette affirmation
de Paul Alexandre : «Ses grandes
créations d’avant-guene ont été lon-
guement méditées et mûries- Il s'en
délivrait ensuite dans un chvf-d’au-
vre. L’intensité de son attention aux
formes et aux couleurs était extra-
ordinaire. Quand une figure hantait
son esprit, il dessinait fiévreusement
avec une rapidité inouïe, ne retou-
chant pas, recommençant dix fins le
même dessin à la clarté d’une bou-
gie. jusqu'à ce qu’il ail obtenu le
contour désiré dans un jet qui le
satisfasse. D’où la pureté et ta
fraîcheur incomparable de ses plus
beaux dessins, *
Ainsi, l'exposition, en montrant
tout - doutes, hésitations,
reprises, - livre au public la genèse
des travaux d’un Modigliani par-
fois aux antipodes du dessinateur
élégant et un peu superficiel qu’on
se représente trop fréquemment,
x II sculptait de la même manière :
il dessinait longtemps, puis il atta-
quait directement fe bloc. Si quel-
que erreur survenait, il reprenait un
autre bloc et recommençait. (...)
Dans toute sa vie. il a sculpté un
peu plus de vingt figures. Presque
toutes en réalité sont la même sta-
tue constamment recommencée en
vue d'une forme définitive qu’il n’a.
je crois, jamais atteinte. »
Le peintre déjà sûr
de son talent
On redécouvre enfin Modigliani
sculpteur, son amitié avec Brancuà
qui lui prodigue des conseils
techniques et Taide même très pro-
bablement à organiser une exposi-
tion dans l'atelier de Souza Car-
doso, lé S mars 1911. La date
précise fait partie des nombreuses
révélations qui émaillent te texte
de Noël Alexandre.
Une autre affirmation devrait
remuer le petit monde des spécia-
listes : sa carrière de statuaire
aurait été extrêmement brève, soit
«entre les derniers mois de 1910
et avril 1913 ». Il serait fastidieux
pour le non-initié d’énumérer tous
les apports de l’ouvrage qui accom-
pagne l’exposition. Bornons-nous à
signaler une intéressante relation
entre le goût de Modigliani pour la
scène et l’aspect théâtral des caria-
tides, et une probable influence
kfaraëre dans ses sculptures, très
visible dans certains dessins; Paul
Alexandre, via son fils Noël, de
préciser: «Il m’emmenait au
musée du Trocadêro où il se pas-
sionnait en réalité pour l'expoUlion
d'Angkor, dans l'aile occidentale. -
Petit à petit, la légende et les
certitudes sc délitent : foin de
l’ivrogne, amateur de haschisch.
Certes, les soirées rue dn Delta
étaient animées et des vapeurs
diverses envahissaient l’immeuble.
Mais les séries de dessins sont là
pour montrer un Modigliani
acharné au travail systématique, et
déjà sûr de son talent. Paul
Alexandre restait persuadé que la
tuberculose contractée durant sa
jeunesse, et à laquelle il résista
vingt ans durant, fut, plus que l'al-
cool et la drogue. la cause du décès
prématuré de Modigliani.
C’est an docteur Alexandre
qu’on doit également cetre citation
de Modigliani, et son exergue :
« Ce que je cherche, ce n’est pas te
réel, pas l'irréel non plus, mats l’in-
conscient, te mystère de l'instincti-
rité de la Race* (I). El Paul
Alexandre d'ajouter : « Modigliani
cherchait à exprimer le moi profond
de ses modèles, n On comprend
mieux pourquoi la baronne Mar-
guerite de Hasse de Viltera refusa
son portrait, aujourd’hui célèbre
sous le nom de V Amazone. On lit
dans son regard toute la morgue
d'un hobereia, le dédain du sang
bleu, mais aussi le plaisir légère-
ment canaille et nuancé d'ennui
que pouvait éprouver la jeune
femme à poser pour le petit juif de
Livourne. Le fait que Modigliani
ait jugé bon de peindre en ocre une
jaquette de cavalière originellement
ronge ne dut pas diminuer l'incom-
préhension de l’amie de Jean
Alexandre, le frère de Paul, qui dut
finalement se porter acquéreur du
tableau refusé. Cela pour rappeler
un détail : sept ans durant, Paul
Alexandre fut le seul soutien de
Modigliani. L'exposition d'aujour-
d’hui montre abondamment qu’il
ne s’était pas trompé.
HARRY BELLET
► Modigliani dans ia collection
du docteur Paul Alexandre,
Palazzo Grassi, Venise. Tél. ;
(19) 39-41-523-51-33. Jus-
qu'au 4 janvier 1994.
► Catalogue broché, 453 pages,
80 000 lires. Edition française
Fonds Mercator- Albin Michel,
rellâ, 690 francs.
Les œuvres de poche
du sculpteur américain
Le Calder accueilli à Amibes,
dans la citadelle de Picano. n’est
pas le sculpteur monumental mais
l'homme de l'éubli. Ceitti des
grosses mains habites à tordre te fil
de fer pour boucler dans l'air des
personnages et des animaux; i réu-
nir de petites famés de tôte décou-
pée pour équilibrer des pointes et
des courbes; à assembler des pièces
de métal pour créer des bijoux
d'une somptuosité barbare... en des
couverts et an presse-purée d'une
simplicité humoristique. Calder
intime, en quelque sorte, jouant des
formes figuratives ou abstraites
avec une science tris aiguë et un
esprit d’enfance inaltérable.
Les dessins du c ir q ue, datant des
années 30, ilhistrem cette ingénuité
astucieuse fondée sur une observa-
tion rigoureuse et passionnée. Le
graphisme de Calder saisit ta méca-
nique essentielle des postures et des
gestes, détermine les articulations
grâce auxquelles bêtes et gens pour-
ront s’animer. Le cirque en réduc-
tion, acrobatie manuelle au fi! de
fer, valut à Calder sa première
notoriété à Paris. Les bronzes, thés
des modelages, sont de même
nature cocasse.
Bonhomie
œrdiate
Quant aux gouaches, nombreuses
dans cette exposition - Calder com-
mença d'en faire à partir de 1951
- elles proclament la bonne santé
solaire de l'artiste, sa bonhomie
cordiale, qu’dtes soient eu affinité
avec les signes astraux de Mira on
avec les figures prolétariennes de
(I) Il faut comprendre par «Race»
l'affirmation systématique que fil Modi-
gliani de sa jndéilé dans an Paris alors
fortement teinté d’un antisémitisme
inconnu en Toscane.
Mobiles et stabiks - ces termes
furent suggérés à Calder respective-
ment par Duchamp et Arp, - jalon-
nent l'exposition, tous de petire
taille. Il s'agit le plus souvent de
maquettes prêtées par la galerie
Maeght, de h main même de l’ar-
tiste, qui parient e nc o re dis chiffres
et des indications destinées aux
spécialistes de l'agrandissement. Les
coutures entre tes différentes parties
leur donnent un caractère artisanal
tactile.
Une grande tapisserie et une
sculpture de plein air évoquent la
finalité possible des maquettes et
des gouaches. Pourtant, l’image
qu’impose cette exposition est celle
de l’« ingénieur hilare» dont pariait
Préven, le colosse soufflant douce-
ment sur les pétales de ses sculp-
tures, le Vtdcain d’Amérique quit-
tant la forge pour tailler dans te
métal les jouets à vent d’une cité
miniature.
JEAN-JACQUES LERRANT
► Musée Picasso, château Gri-
maldl, Antibes. Tél. :
93-34-71 -07. Jusqu'au 27 sep-
tembre.
/
RÉDACTION ET SIÈGE SOCIAL
15. RUE FALGUIÈRE
75501 PARIS CEDEX 15
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Dorée de la société :
ceni ans i compter du
10 décembre 1944
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Société civile
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« Association Hubert-Beuve-Méry »
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SCIENCES
ET MÉDECINE
EUROPE/
1 ï ...*■« •• -■
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18 Le Monde 9 Mardi 14 septembre 1993 •
ECONOMIE
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l"- *'lu "W»ï üa. .
billet
GATT :
éviter la crise
Las Français vont-is obtenir un
aménagement du préaccord
agricole de Blair House, condu en
1992 entre la Commission
européenne et les Etats-Unis?
Alain Juppé a estimé
* encourageant» l'échange de vues
que les Douze ont consacré à ce
dossier au cours d'une réunion, ce
week-end, en Belgique, « Nos
partenaires admettent que nos
contra-pnpposltfons n'ont rien de
démsarmablG». a-t-l c om menté.
Parce qu’is sont convaincus que
les Américains ne bougeront plus,
les autres États membres hésitent
à suivre Paris, lis redoutent qu'en
rouvrant le dossier, on retarde la
conclusion de l'Uruguay Round et,
panam, une relance de l'activité
économique mondiale. «Pourquoi
tes Américains bougeraient-ils tant
que nous sommes divisés? Si
nous ne demandons rien, nous
n'aurons tien», rétorque M. Juppé.
Soucieux d'éviter une crise
européeme grave, tes Douze
donnent l'impression de
rechercher un co m pr o m i s, tü faut
se demander si le moment n'est
pas venu de feto un effort de
darification, d’interprétation du
préaccord de Blair House. Nous
aft»TS inviter tes Américains à faim
preuve de pkts de scupfesse». a
déclaré WSBy CJaes, ministre belge
des affaires étrangères, qui
préside tes Douze. Douglas Hird,
te secrétaire au Foreign Office,
s'est prononcé dans le même
sens. Beaucoup dépend de l'issue
des conversa ti ons entre Français
et Allemands. «Nous ne sommes
pas encore parvenus à une
approche commune, nous
continuons à porter, mais il ne faut
pas se (Ssskmler l'Importance dés
cffUcultés à surmonter», a
commenté te ministre allemand.
PfL L
La préparation dn budget 1994
Neuf Français sur dix
paieront moins d'impôts
pennntations à la tête (rétablissements
Annoncée cet été, dtetUtée dans
ses grandes lignes au fil des
semaines, la réforme de l'impôt
sur te revenu prend forme. Pour
les contribuables, a indiqué
dimanche 12 septembre, au cours
«te rémission «7 sur 7» de TF 1,
te ministre du budget Nicolas Sar-
kozy, elle se traduira par une
réduction d'impdts de 19 à
20 mfflfeids de francs, chiffre qui
correspond è la fourchette haute
des prévisions. «Le J* Janvier
1994, à revenu égal. 50 % des
contribuables - soit près de
7,5 mdSons de Français, - paie-
ront environ 10 % de moins par
rapport à 1993 ; 90% des contri-
buables auront une réduction de
3 %». a précisé le ministre. Relati-
vement important - comparé aux
300 müards de tartes récupérés
par l'Etat au titre de l'impôt str le
revenu - l'alégement, qui vise à
favoriser un redémarrage de la
consommation des ménages,
s'accompagne, comme prévu (te
Monde Ai 25 août}, d'une refonte
des tranches d'imposition, qui
seront ramenées de treize à sept
La mi n i s tre du budget a toutefois
précisé que ta tranche supérieure
(taux marginal de 56,8 %| ne
serait pss modifiée en 1994, mæs
n'exclut pas cette possjbffité, une
fois les finances publiques
remises è flot.
De son côté, le ministre du
logement, Hervé de Charatte, au
cours d'un entretien sur Radio-
Afin de construire 4 000 habitations sociales par an
Le ministre du logement espère libérer
une trentaine d’hectares à Paris
Le ministre du logement, en liai-
son avec la Ville de Paris, s’est fixé
comme objectif de libérer sur cinq
ans *30 i 40 hectares de terrains
dans Paris intra-muros pour y
construire des logements sociaux, à
raison de 60% des terrains libé-
rés». Dans un entretien publié,
vendredi 10 septembre, dans le
Parisien, Hervé de Charatte précise
que, «avec ces terrains et ceux que
la ville libère, le rythme de
construction pourrait être d'environ
4 000 logements par an».
Par ailleurs, le ministre indique
qu'il «approuve totalement la
demande rat maire de Paris de rele-
ver de 30 % à 35 % les plafonds de
ressources » permettant d'avoir
accès à des HLM (le Monde du
16 juin). «Depuis dix ans, explique
le ministre, les plafonds en francs
constants ont subi une baisse de
30 % On a ainsi ëimini des loge-
ments HLM des familles modestes
mais pas démunies, qui ne peuvent
pourtant pas avoir accès à la pro-
priété ou même à la location sur le
marché libre.»
«Je considère que les plafonds
des prêts PAP (prêts aidés à La pro-
priété) sont encore trop bas», a-t-il
déclaré par ailleurs, sur Radio-
Classique, samedi il septembre,
avant de se prononcer pour leur
réévaluation. En outre, 3 a adressé
«un léger reproche aux grands
réseaux bancaire &», qu’il trouve
«trop réservés à l'égard de l'inves-
tissement dans la pierre». Il ren-
contrera ces derniers pour en dis-
cuter.
Classique, s laissé entrevoir un
autre cadeau fiscal de ta3le. La
gouvernement a, en effet, décidé
de permettre aux détenteurs de
sicav monétaires de les vendre en
franchise d'impôts sur tes plus-va-
lues s'ils réinvestissent dans ITm-
mobHfer. «Date s'applique au neuf
et à l'ancien > cela s’applique au
logement que l'on veut occuper
pour soi-même ou que l'on veut
huer», a rappelé M. de Charente.
Le ministre n'a pas exete d'éten-
dre la mesure aux résidences
secondaires. « Cens question est
ouverte», a précisé le ministre
dont l'entourage faisait savoir que
la mesure était en bonne voie
d'être acceptée.
Une «petite» Mercedes
pourrait être construite
en France
La France figure avec la Grande-
Bretagne, la république tchèque et
l’Allemagne, sur -la liste des pays
retenus par Mercedes-Benz pour la
construction éventuelle de son
futur petit modèle, a indiqué la
Cnne. Rien n’est encore décidé, ni
te lancement de cette voiture ni a
fortiori, son lieu de fabrication,
mais tes choses avancent assez vite
et un certain nombre de sites pos-
sibles ont déjà été écartés (comme
l’Espagne). Le constructeur alle-
mand expose un prototype de cette
voiture, sous le nom de «Vision
A», au salon de Francfort pour
«tester la réaction du public» et se
faire une idée du marché potentieL
La décision de lancement sera
prise avant la fin de Tannée. Cette
petite mais luxueuse automobile
présente la particularité d’avoir le
moteur sous te plancher.
Le Crédit lyonnais, 1W et le Crédit
national ponrraient changer de président
***• > a-ïï *
Après ta. Banque du France et
la drection du Trésor {lira page
m rUAP et le Crédit lyonnais,
respectivement première com-
pagnie d'assurances et première
banque française, ainsi que le
Crédit national seraient à la
■
voûta de c ha nge me nts de prési-
dent Evoquée depuis plusieurs
jours, l'hypothèse d'un jeu de
« chaises musicales i prend
d'autant plus de crédibilité
qu'efie devient aujourd'hui près- .
que pub&que. Un moyen pour le
gouvernement et notamment
pour Matignon de forcer 1a main
aux uns et aux autres.
Point de départ du schéma envi-
sagé, r aniv ée a échéance 1e 20 octo-
bre du mandat d’Yves Lyon-Caen,
K résident dn Crédit nationaL
L Lyon-Caen n’a pas démérité à la
tête d’un établissement en pleine
mutation, mais 3 paie te prix d'une
nomination en octobre 1990 par
Michel Rocard de qui il était te
directeur adjoint du cabinet, jugée
avant tout politique., Un moment
proposée à Daniel Lebègne, numéro
deux de la BNP et candidat malheu-
reux à la succession de René Thomas
& la tète de la banque en cours de
privatisation, (a. présidence vacante
du Crédit national donne aux. pou-
vons publics une bdfe occasion tren-
denener un jeu de «chaises musi-
cales».
Am de dusse
aax sorcières, mais»
Le Crédit national serait un point
de chute «honorable» pour Jean-
Yves Haberer,, président du Crédit
lyonnais, qui serait alors remplacé
par Jean Peyrelevade, 1e numéro un
4e rUAR dont le porte reviendrait i
Jacques Friedmann. La mise en place
de ce scénario c omp l ex e aurait ai nsi
pour principal objectif de mettre i la
tête de l'UAP, M. Friedmann, tout
en tentant de ménager tes susceptibi-
lités. Ami de impie date de Jacques
Chirac et collaborateur très proche
d’Edouard Balladur, M. Friedmann
celle de 1a BNP, tes deux groupes
étant l'actionnaire principal de 1 au-
tre.
Ma ti gnon, qui cherche toujours à
ne pas donner prise & Faccusation de
SC livrer à u oc chusse aux sorcüres à
la tête des entreprises publiqu», a
pourtant quelques difficultés a taire
admettra ces changements & Jean-
Yves Haberer et i Jean Ptyreterade.
Le premier nommé aurait été mis
brutalement face au choir suivant :
yra nfer te Crédit national ou ne plus
rien retrouver àf échéance deaçm
mandat d'ad m i n i s t r ateur du Créait
lyonnais au printemps prochain.
Après avoir connu une douloureuse
traversée du désert entre 1986 et
1988 en perdant la présidence de
Paribas, M. Haberer se serait presque
résigné. Le Crédit lyonnais, dont la
stratégie d'expansion tous azimuts est
très contro v ersée, est en passe (Tan-
nonoer à nouveau de lourdes pertes
(1 milliard de francs) au premier
«pnv’tfm L'ancien directeur dn Tré-
sor aurait, totâefbis, reçu le soutien
de citants importants comme Fran-
çois Pinaidt, Bernard Arnault et
même Robert Hersant qui auraient
plaidé sa cause.
Pour Jean Peyrelevade, qui
dément tas « uformatûms annonçant
son arrivée prochaine à la présidence
du Crédit lyonnais», fa. situation est
différente. Il n’est oas sûr du tout
qu’il soit disposé à finalement accep-
ter b tète du Lyonnais. L’Elysée sou-
haite que, en cas de remplacement,
on lui trouve un poste à sa mesure,
et le gouvernement loi est en quelque
sorte redevable de son refus de sui-
vre Pierre Bérégovoy dans Faffarre
du raid, organisé avec raccord de
Pierre Bérégovoy, alors ministre de
réoonom ie, contre b Société géné-
rale. Jean Peyrelevade tient i
conduire' b privatisation de l'UAP,
mai» en terme de prestige b prési-
dence de la première banque fran-
çaise vaut celle dn premier ass u reur.
Certes, b remise en état du Crédit
lyonnais risque dïtre longue et diffi-
cile, M. Peyrelevade «wwft b
banque, il y a bit ses premières
«me? aux cotés (te Jean Deflasstaax.
ÉRIC LESER
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i)
SIEMENS
Chaque jour, Siemens innove
pour aider les hommes
à mieux communiquer.
1
Données, «nages, voix... a n'y a pas
d'information que Siemens ne sache faire crouler
grSce ê sa maîtrise conjointe des télécommunications,
des automatismes et de l'informatique. Un atout
qui lui a permis de devenir un leader mondai de la
communication avec de nouveaux systèmes
toujours plus performants.
Les systèmes de communication privés Siemens,
en réduisant les distances entre les différents sites
de rentreprise. permettent de communiquer partout
sans perte de temps.
Les mobâes Siemens et le réseau GSM créé avec
la participation active de Siemens, permettent
de téléphoner dans le monde entier, à partir de
n'importe quel pays européen, avec une quafité
d'écoute Régalée.
Les automates Sonate et les postes de condiste
Siemens-f<fixdorf assurent la gestion technique
N
centralisée du système d'information Sdus sur les
autoroutes Al et A86.
Enfin. Siemens- Nixdorf en alitant les technologies
des télécommunications et cales du traitement de
l'information, a développé Transdata pour rendra
compatibles les systèmes informatiques
hétérogènes et Ods pour transmettre la bonne
information à la bonne personne, au bon moment
Pour Siemens, seule une réelle volonté d'entreprise
permet d'aller plus kxn vers tme meilleure
communication.
Siemens France-- Direction de la Communication
39-47. boulevard Ornano
93527 Saint-Denis Cedex 2
Télécopie : (1) 49 22 29 90
Siemens.
La volonté d'aller plus loin.
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au I er semestre 1993.
Il n’y a pas de hasard.
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20 Le Monde • Mardi 14 septembre 1993
ÉCONOMIE
SOCIAL
Mission impossible pour John Monks. le nouveau secrétaire général du TUC
La crise persistante du syndicalisme britannique
Recettes éprouvées
Le cent vingt-cinquième
congrès du Trade Union Con-
gress (TUC), la confédération
syndicale britannique, s'est
achevé, vendrais 10 septembre,
à Brighton, dans un climat
morose. La tâche de John
Monks, le nouveau secrétaire
général, tient de la gageure : le
déclin du militantisme s'accen-
tue et la «concertation b avec le
gouvernement et le patronat
semble artificielle.
LONDRES
de notre correspondant
Inaugurant ses responsabilités i
la tête du TUC, John Monks ne
pouvait se borner i déplorer la
crise profonde du mouvement
syndical britannique. Il lui fallait,
au contraire, affirmer que son
accession au poste de secrétaire
général, en remplacement de Nor-
man Willis, était de nature à
inaugurer une ère nouvelle.
n L'opinion évolue en faveur (...)
d'une régénération du syndica-
lisme britannique », a-t-il ainsi
annoncé, à la surprise générale.
Le propos n'était pas le fait d’un
naïf : ayant gravi peu à peu les
échelons de la hiérarchie au TUC
depuis vingt-quatre ans, ce parfait
apparatcbik mesure à quel point
la tâche qui lui incombe tient de
la mission impossible.
Le TUC a perdu près de
459 000 membres eu 1992 et
comptabilise 7,3 millions d'affi-
liés, contre 12,2 millions & la fin
des années 70. Les défections sont
deux fois plus nombreuses que les
pertes d'emplois. Le constat sem-
ble indiscutable : employeurs et
salariés croient de moins en
moins à la pertinence de l'action
syndicale. Guère plus de 30 % des
salariés britanniques adhérent
aujourd'hui i un syndicat.
Loin
des rodomontades
Une étude récente montre que
moins de 40% des Britanniques
sont couverts par des accords de
négociation collective, contre
75% à la fin des années 80. John
Monks, cet homme de quarante-
sept ans. que l'on dit « sérieux,
réfléchi et consensuel », est mani-
festement le représentant d'un
nouveau réalisme syndical. Loin
des rodomontades d'un Arthur
Scarçill, figure emblématique du
syndicat des mineurs, il parle, lui,
de frapper à la porte du gouverne-
ment. David Hunt, le ministre de
l’emploi, se dit prêt au dialogue.
Les deux hommes ont développé
des relations amicales, i l’image
de celles qui se sont nouées entre
John Monks et Howard Davies, le
directeur général de la CBI
(Confédération of British Indus-
try, le patronat britannique), deux
hommes «nouveaux», de la
même génération et originaires de
la même ville, Biackley, pris de
Manchester.
Mais de quel dialogue s'agit-ii,
au moment oh le gouvernement
entérine l’abolition des conseils,
qui garantissaient un salaire mini-
mum pour les 2,4 millions de Bri-
tanniques se situant au bas de
l'échelle salariale, et où la loi qui
limite considérablement la déduc-
tion automatique des cotisations
syndicales entre en application ?
Confronté an bourgeonnement du
déficit public, le chancelier de
l'Echiquier, Kenneth Clarke, est
en train de prendre des décisions
draconiennes. Comme les réduc-
tions de dépenses n’y suffiront
pas, la menace d’un alourdisse-
ment de la pression fiscale se pré-
cise. Le chancelier a annoncé
qu’il ne fallait pas compter sur la
levée de la limitation de l'aug-
mentation des salaires à 1,5 %
l'année prochaine, et le premier
ministre, John Major, évoque des
mesures nécessairement * impopu-
laires».
Pour les cinq millions de sala-
riés du secteur public et aussi
pour les congressistes de Brigh-
ton, ces nouvelles ont fait reflet
d'une douche froide. Le TUC
parle d’un hiver de mouvements
revendicatifs. John Monks va
devoir montrer beaucoup de per-
sévérance pour continuer le «dia-
logue»...
LAURENT ZECCHIN1
| Suite de la première page
■
Alors que nia société a changé b.
•pour reprendre l'expression de
Jean Mattéoli, président du CES
et auteur d'un rapport d’étape pré-
paratoire, la montagne des cin-
quante-trois articles semble accou-
der d’une souris. Placé au centre
:des préoccupations et justifiant
des mesures parfois contestées,
l’emploi n'est pas assuré et encore
moins promis. D’ailleurs, hormis
peut-être Michel Giraud, personne
ne se lait vraiment d’illusions sur
ses effets immédiats.
Ce faisant, le texte laisse sans
réponses deux critiques extrêmes
et implicites, qui ne cessent d’ali-
menter le débat. Celle de Philippe
Séguin, d'une part, rejoint sur cer-
tains de ses thèmes favoris par te
Centre des jeunes dirigeants
(CD J), qui explore une logique de
rupture et appelle «une autre po/i-
tique ». Celle, aujourd’hui relative-
ment discrète, d’une base patro-
nale de plus en plus élargie, selon
François Perigot lui-merae, qui
reproche à ce gouvernement, pour-
tant nanti d’une majorité écra-
sante, de ne pas profiter de l'occa-
sion pour aller loin et fort. Ce qui
justifie la prudence du CNPF, déjà
amené à ne pas s'engager et peu
enclin à clamer son enthousiasme.
En outre, cela lui donne une rai-
son supplémentaire pour refuser le
lien entre l'annualisation du temps
de travail et la réduction de
celui-ci, souhaitée par les syndi-
cats et espérée par la CFDT.
Dès lors, peut-on s’étonner, au-
delà des critiques formulées ç& et
là, que l’impression générale soit
au sentiment de déjà vu? Depuis
maintenant dix-huit ans ou pres-
que que se pratique h: cérémonial
du rendez-vous de septembre pour
annoncer un énièsnc plan emploi,
se développe un phénomène de
saturation et, pour tout dire, de
banalisation. Peu ou prou, les
recettes proposées tournent autour
de solutions voisines, reprises et
ravaudées. En fonction de la
période, de la conjoncture, au
moins autant que l'alternance poli-
tique, seuls changent les infléchis-
sements. Une fois, l'accent sera
mis sur le chômage de longue
durée, une autre sor les jeunes,
une autre encore sur tes salariés
âgés, et ainsi de suite (la forma-
tion, l’exonération de charges,
l’abaissement du coût du travail,
le traitement social, etc.).
Sentiers
battus
De ce point de vue, sauf pour ce
qui est de sa longue période d'ap-
plication, dont on peut douter,
tant les besoins de relance sont
nécessaires à la mobilisation dans
le temps, le projet de loi s'inscrit
dans la continuité, il ne s’écarte
réellement des sentiers battus,
in exemple suffira : l’aménage-
ment du temps de travail, dévora
aujourd’hui annualisation, fait
partie des thèmes récurrents, le
plus souvent associé à sa contre-
partie, la diminution de la durée
hebdomadaire.
Si l’équipe de M. Balladur ne
déroge donc pas à la tradition, il
n'en reste pas moins qu'avec ce
remake, des innovations (des
reculs, selon certains) apparais-
sent, qui donnent son sens polrti-
lllllll
Ntttio Epargne Retraite
N atio Perspectives
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doute lourds de conséqucm. De
plus, et an l'a bien *u pendant
toute te phase d’éteborattoc. ces
différences sont à l'origine d*bést-
tanons et même de rcctifrtatran,
comme si te gouvernement fouit
I* apprentissage des pesanteurs d’un
corps social organisé, qu'on le
veuille ou non, autour des parte-
naires sociaux. C est ainsi qu’il
faut interpréter les abandons pré-
cipités tant du moratoire sur tes
prélèvements obligatoires que sur
L’all ong em ent des contrats à durée
déterminée ou des missions d’inté-
rim.
Suas sood
de l'existant
Quoi qu'il en soit, quatre élé-
ments retiendront l'attention irai,
abordés de manière • attestât-
srante ». selon la formule de
Michel Rocard, pourraient se révé-
ler néfastes avant te fameux -délai
de cinq ans. La baisse des charges,
grâce au transfert des allocations
familiales, pourrait provoquer un
efTet de seuil sur révolution des
salaires et sans doute des carrières,
bloquant cdtc des actifs rémunérés
plus de 1,5 fois le SMIC. Subrepti-
cement, avec te rôle dévolu aux
missions locales et aux Perma-
nences d’accueil, d’information er
d’orientation (PAIO), renseigne-
ment de dix années d'action en
faveur des jeunes est ignoré. En
séparant l'insertion sociale de rin*
sertios professionnelle, à l*iavcac
(te ce que préconisait le apport de
Bertrand Schwartz dés 1981, le
risque d'ajouter à l’exclusion aug-
mentera, not a mment dans les ban-
lieues. Si cc$ publics doivent trou-
ver un emploi, ce besoin ne peut
être dissocié du logement ou de la
santé, par exemple.
La troisième observation va
dans te même sens. Sans que cela
soit exprimé, te nouveau schéma
pour la formation revient sur Pin-
dividualisation des parcours et.
plus encore, sur la dfflêrenciation
des dispositifs en fonction des
publics. Au nom de te simplifica-
tion, un thème parfois racoleur. 1e
contrat de formation individualisé
!
t
les plus défavorisées, sont menacés
dans tes faits. Avoir pour inten-
tion de créer une seule filière de
formation en alternance, en
regroupant l’apprentissage et le
contrat de qualification, ou consti-
tuer une mande filière de l’inser-
tion, avec le contrat emploi-solida-
rité (CES), d'une part, le contrat
d’insertion profession nefle d’autre
part - en lieu et place des contrats
d'orientation et des contrats
d'adaptation, - peut accélérer la
tendance de ces formules au ren-
forcement de la sélection. Ce gm
se fera au détriment des plus
démunis, entraînant leur exclu-
sion. D’ailleurs, peut-on penser
que l'entreprise est aujourd'hui es
mesure de tenir le rôle qui lui est
proposé?
I/e ujeu
de la formation
Enfin, la préparation du projet
de loi a mis en évidence te peu de
cas qui était fait de la politique
contractuelle et a démontré, au-
delà d’une méconnaissance des
relations entre les partenaires
sociaux, que le gouvernemeut
intervenait sans souci de l’exis-
tant, souvent fruit de la négocia-
tion collective, à laquelle le patro-
nat est autant attaché que les
syndicats. L’illustration la plus
probante en est fournie par te dos-
sier de la formation profession-
nelle. Proposant une régionalisa-
tion qui réponde aux souhaits de
l’UDF au moins, le gouvernement
entend légiférer dans un domaine
où les partenaires sociaux n’ont
cessé de construire depuis {dus de
vingt ans un vaste appareil
Or, pour les syndicats comme
pour le patronat, la formation est
devenue un énorme enjeu finan-
cier. Bien plus, celle-ci fait figure
de champ d'application exem-
plaire pour 1e paritarisme, pour la
politique conventionnelle et pour
le partenariat. De part ét d’autre,
on a fait de ce sujet la clé de
voûte des rapports sociaux, et l’on
considère ce lieu d’entente et
d’échange comme indispensable à
l'évolution de la politique sociale.
D’autant que les accords qai y
sont signés sont te résultat de
compromis et donc d’équilibres
qui correspondent à la réalité du
monde du travail.
Cela explique l’unanimité qui
s’est faite contre ce volet forma-
tion et dont M. Giraud devra
nécessairement tenir eompte-
Sinon, déjà affaiblis, les parte-
naires sociaux sortiront amoindris
de l'adoption d’un projet de loi
censé construire l'avenir, alors que
la période qui s’ouvre s’annonce
socialement comme celle de tous
les dangers. Le résultat pourrait
être l’inverse de ce qui était
espéré. Cest ce qui arrive quadd
on veut déc»**» pour longtemps-
dans la précipitation.
ALAIN LEBAUBE
éim imIéÛ
Le Monde • Mardi 14 septembre 1993 21
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La iroiMdme obsenain
; dans le même sens Sasis-
■ soi! exprime, le nouvamt
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plus cruvre. sur la dtfec.
des Jîvp.'Mlil's en força.
: pubkcs \u nom de b ^
non. un thème partit ofe
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i (CFIl. et le pwjnimme f afc,
■ qualiîicaii.'n ci a fc
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j dans les fans \> oir pou;
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i contrai de qualification, fl-
l tuer une fraude filière é:
■ tron. ce le contrat emplie
i rilè (<T : Si. d’une pan. If z
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ECONOMIE
Après le rachat des « Dernières Nouvelles d'Alsace »
Le groupe Hersant est-il en règle arec la loi ?
33,23 % de la presse qnotidienne
la rachat au groupa Hachette,
pour 331,5 millions de francs,
de la majorité du capital des
Dernières Nouvelles d'Alsace
(DNA) par la Société alsacienne
de médias, créée pour fa cir-
constance, aurait pu passer, cet
été, quasiment inaperçu. Las
interrogations que suscite, cette
transaction et le flou qui l'en-
toure embarrassent aujourd'hui
le gouvernement qui n’a tou-
jours pas exposé les éléments
sur lesquels il se fonde pour fa
juger légale.
Mené au aeur de Tété (le Monde
daté 18-19 juillet), le rach at des Der-
nières /fournies d’Alsace, le quoti-
dien qui fut le fleuron des titres
régionaux <THach ette - 634 millions
de francs de chiffre d'affaires et
10 minions de résultat net en 1992
- associe des partenaires dont la
notoriété n’est plus à établir dans le
monde des médias : l’Union de
Reims, quotidien champenois du
groupe France-Antilles présidé par
Philippe Hersant, P un des fils de
Robert Hersant; France-Esc (groupe
Est républicain, gui édite notam-
ment ï'£ft républicain de Nancy,
rfnnr les deux entités du groupe Her-
sant. France-Antilles et la Socpresse
détiennent 26,98 %) ; et la Société
centrale d’investissement du ban-
quier Jean-Marc Vemes, ancien bail-
leur de fonds du Quotidien de Paris.
Dans cette nouvelle affaire de
presse, Robert Hersant a renoué
avec Teffet de surprise : le rachat du
groupe le Progrès de Lyon à Jean-
Charles Ligna avait eu lieu en
pleine trêve des confiseurs, le 3 jan-
vier >986. fl reste à savoir si le
patron du Figaro devra aussi enga-
ger, comme il y a sept ans, une
bataille judiciaire analogue à celle
qui l'opposa alors à deux syndicats
de journalistes, le Syndicat nation al
des journalistes (SNJ) et la CFDT,
soutenus par la Fédération
des sociétés de journalistes
En 1986. M. Hersant était accusé
d'être en infraction avec la loi du
23 octobre 1984 sur la transparence
et le plnialisfne de. la presse, qui
préctsaft gu’aucün groupç de presse
ne pouvait contrôler plot dè 10 %
de la difihsion des quotidiens natio-
naux et {dus de 10 % de celle des
journaux régionaux . L'affaire s'était
conclue par son renvoi sine die (le
Monde du 7 mai 1986).
L'affaire des Dernières Nouvelles
d’Alsace se présente diffé remment.
Aiguillonné par la FFSJ, qui lui
demandait de se prononcer sur ce
rachat et de. prouver que le groupe
Hersant n’a pas franchi le seuil de
30 % de la diffiision totale des quo-
tidiens d’information politique et
générale sur le territoire national, ce
qui dans le cas contraire; le mettrait
en infraction avec la Ira du 1 er août
1986 modifiée le 27 novembre de la
même année, le gouvernement a
rendu son arbitrage & la mi-août. Le
ministère de la justice a avalisé la
prise de contrôle des DNA. maïs il
l’a fût en catimini, sans donner à
cet aval la moindre publicité ni le
moindre aspect officiel. « A la
demande des journalistes Qui s’en
préoccupent». Le cabinet dn garde
des sceaux nous indiquait, le
18 août : «La direction tus affaires
criminelles, sollicitée, a mené une
sur les chiffres offi-
ciels de diffusion données par le
de la communication. La
ministère
note rédigée fait apparaître que.
Quelle Que soit la configuration du
groupe Hersant, qu’il soit pris dans
son ensemble ou par filiaks séparées,
le seuil de 30 % n’était pas
dépassé. » « Il n’y a donc pas lieu,
concluait-on alors au ministère de la
justice. Que le parquet agisse en l’état
des choses » (le Monde du 19 août).
La FFSJ ne l’entend pas de cette
oreille. Prenant acte quelle n’a pas
«été informée officiellement des
résultats des investigations menées
par les services du ministère de la
justice » et donc au' «il convient de
ne pas préjuger de la position que
sera amenée à prendre la chancelle-
rie et de son interprétation du groupe
de presse au sens de l’article Tl» de
la loi de 1986, b Fédération a tait
ses propres comptes, de même que
le SNJ.
Des différences
extrêmes
Ils se fondent sur la diffusion
totale des quatre-vinas-deux quoti-
premier ministre et sert de bras
séculier au ministre de b commu-
nication. Mais aussi sur Partide II
de b loi de 1986, qui introduisait, à
b demande du Conseil constitution-
nel. b notion de «contrôle direct ou
indirect d’un quotidien par une per-
sonne physique ou morale ou par un
groupement de personnes physiques
ou morales». Ainsi armés, la FFSJ
et te SNJ affirment que le groupe
Hersant dépasse 1e seuil fatidique de
30 % puisqu'il atteint, selon leurs
comptes; 32,95 % de b diffusion de
tous les quotidiens. Ces comptes
indiquent que les quotidiens du
groupe, i r exception de ceux du
groupe Midi libre de Montpellier -
dont Robert Hersant détiendrait
30 % - exclus par 1e bit quUs sont
encore soumis i une décision de jus-
tice, totaliseraient 2 599 024 exem-
plaires sur une diffusion totale de
7 887 865 exempiûresw Us joignent
ceux dont dispose le Monde (voir
tableau ci-contre).
Pour le SJTI, l’af&ire n’est pas si
simple. Son propre calcul est bâti
sur l’exclusion des participations
minoritaires (comme celle de b Soc-
presse et de France-Antilles dans le
Une clarification nécessaire
par Alain Rollaf
I L est difficile de croire que, deux
mois après le rachat estival
des Dernières Nouvelles d’Alsace
par le groupe Hersant, te gouver-
nement ne soit pas encore en
mesure de porter à la connais-
sance du pub&c les éléments de la
démonstration occulte au terme de
laquelle il s'est cru autorisé, par un
Nais presque clandestin, en plein
mois d'août, è accréditer l'idée
que cette opération n'enfreindrait
pas tes dispositions prévues par b
loi pour limiter les concentrations,
assurer b transparence financière
et protéger l'expression du plura-
lisme dans b presse française. Ces
éléments, connus de tous les pro-
fessionnels, sont en effet è b dis-
position permanente de ses ser-
vices administratifs.
Mais l'embarras du gouverne-
ment est compréhensible. Pour
deux raisons. D'abord, il se couvri-
rait de ridicule s'il osait soutenir
publiquement qu'il n'existe sucun
rapport d'interdépendance ou d'in-
fluence entre Iss journaux que
Robert Hersant gère directement,
ceux que dirige son fils Philippe
avec (e concours des infimes ban-
quiers et ceux qu'ils gèrent en
famille. Le Figaro lui-même ne
cherche guère è donner b change.
Dais ses éditions du 10 ssptem-
brs, par exempte, il écrivait que le
Courrier de l’Ouest fait bien partie
du « groupe Hersant» alors que,
s'il s’en tenait eux distinctions for-
me fos qui plaident en sa faveur, ü
aurait écrit que ce titre appartient à
b Socpresse...
Ensuite, et surtout, il apparaîtrait
que b nouvelle majorité parlemen-
taire piétine ses propres œuvres
légistatives. Car s’il n'y a rien dUB-
cite, au regard du droit sur les
sociétés commerciales, dans les
montages juridiques qui permet-
tent tous les emboîtages dont
usent, en France comme ailleurs,
les. magnats de fa presse pour
consolider leurs empires, c'est
bien pour empêcher toute dévia-
tion de b loi que b Conseil consti-
tutionnel avait obligé las gouver-
nants de 1986 è revoir la copie
originelle de leur loi du 1» août
1986 portant réforme du régime
juridique de la presse et promul-
guée sous d'éminentes signatures,
entre autres celles d'Edouard Balla-
dur, François Léotard, Charles Pas-
qua, Alain Martels,, Alain Juppé et
Gérard Longuet
Dans leur décision du 30 juillet
1986, tes neuf «sages» du Palais^
Royal avaient exigé une version de
l'article 1 1 de cette loi qui soit
rédigée de telle sorte qu'aucune
personne physique ou morale ne
puisse, en France, «sa rendre
effectivement et pleinement mettra
de nombreux quotidiens existants»
en obtenant te contrôle de plus de
30 % de la diffusion nationale è
l'abri de quelque montage que ce
soit . Et même si ceb était rencte
possible f par des procédures par-
faitement Bcites au regard du droit
des sociétés. » Le gouvernement
de l'époque s'était exécuté.
En l'absence de tout organisme
de contrôle indépendant, il revient
au gouvernement d'aujourd hui,
composé des mômes, d'assumer
la responsabilité, puisqu'il y a
contestation, de confier au pouvoir
judiciaire b soin de soumettre è ce
crible te rachat des Dernières Nou-
velles d’ Alsace. Encore faut-3 avoir
te courage de la clarté.
groupe nancéien de l’Est rii
et des journaux qui sont b
de la famille de Robert Hersant
(l’Eclair de Nantes on le Havre
libre}. Surtout, le SJTI estime que
France-Antilles, devenu L’un des
trois principaux actionnaires des
DNA, constitue un groupe en tant
que tel, sans liens probants avec 1e
groupe Hersant Le SJTI croît donc
pouvoir établir que France-Antilles,
qui regroupe l’Union de Reims.
Paris-Normandie, eta, ainsi que tes
titres des DOM-TOM, totalise
539 1 12 exemplaires, soit 6,83 % de
la diffusion totale.
Une troisième analyse
quotidiens détenus par la
et par France-Antilles, à H
des titres où ces deux filiales sont
minoritaires - comme l’Est républi-
cain - pour aboutir à un taux de
concentration du groupe Hersant qui
n’atteindrait que 29,28 %. C’est cette
troisième approche qui permettrait
au garde des sceaux d*i
«ensemble, ou par
l'infraction contre te groupe
ne saurait être retenue.
La différence extrême entre les
chiffres avancés par la FFSJ et 1e
SNJ «Tune paît, te SJTI d’autre part,
pose à nouveau te question de la
définition du groupe de presse, des
liens existant entre ses actionnaires,
de la réalité du contrôle exercé, tant
sur 1e plan éditorial que sur celui de
la gestion. Depuis la mi-août, te
ministère de b justice et celui de la
communication se renvoient b balte
« Nous sommes intervenus en tant
que conseil, ü n’est pas de notre res-
sort de prendre position sur la réalité
du groupe Henam. expose-t-on pru-
demment au ministère de la justice.
Ce débat appartient au muùsîère de
la communication.» Mais au cabinet
du ministère de la communication,
personne n’est réellement saisi d'un
dossier dont la gestion est jusqu'à
présent laissée au SJTL Et ce der-
nier défend ses calculs, en se retran-
chant derrière son statut d'adminis-
tration. «Nous ne pouvons faire
l’amalgame entre la Socpresse et
France-Antilles, en matière de droit
des sociétés ou de droit social, nous a
expliqué un membre du SJTL sous
couvert d’anonymat. Nous n’avons
fait qu'établir des chiffres, sans autres
conclusions que la jurisprudence. Il y
a des indices d’influence. Mais seul
un juge, une fois saisi, paumât éta-
blir l’existence d’un groupe Hersant
qui. à travers des participations
diverses, exercerait sa maîtrise sur m
ensemble de titres. »
Crans-
Or la désignation d’un juge c
formerait l'affaire en poudrière poli-
tique. Le gouvernement actuel
peut-il prendre le risque de heurter
un groupe de presse qui lui a donné
une dizaine de députés et qui peut
manier une vraie force de frappe
éditoriale? Si une t elle nomination
n’intervient pas, b FFSJ et 1e SNJ
envisagent de faire directement
appel aux tribunaux
YVES-MARIE LA8É
Titras
La Figaro
ST
on>
in Progrès (Ly
La Journal do Sadna-et-Lok»
(Chakm-sur-SaOns)
Le Courtier do lOuest (Angara)
La Mmna Bbr* (La Mans}
La DmqMné libéré (Granobie)
Praaaa-Océan (Narnas)
Camra-Praaaa (Poidors)
La Havro-Proxma {La Havre)
La Lüané du Morbih an (Lorient]
LVnion (RaVns}
L'Aidennais
(Chariev a e -Matières)
Nord-CcUr (Roubaix)
Nord-Matin (Roubaix}
Paha-Normanda (Rouen)
Las Damièns NouveSas d’Alsace
Quotidien» des DOM-TOM
\Fnmco-Ant&e* Guadeloupe,
Frmca-AmSIaa Martinique.
la Dépêche de Tahiti, la Journal
de Fia de la Réunion . etc.)
L'Est républicain (Nancy)
La Hauza-Mame
L'Eclair (Nantes)
La Havre Jgy» (La Havre)
TOTAL
Affi&ation
Soc pressa
Socpresse-La Progrès
Socpresse
Socpresse
Socpresse
Socpresse
Franca-Antftas
France- Amîfles
France-AntBss
Francs- AntUas
Francs* Antdles
France- AmBies
France- Antfiaa
France-Antftfss
Socpresse (26,98 K)
Est républicain
Est républicain
Est républicain
Famffle FL Hersent
FamSe R. Hersent
Diff usi on Totale payée
francs) 1992 I
(an emmptoèus)
391 473
205 725
55 574
317 381
77 572
103 824
52 019
285 158
78 004
22 702
15 593
8 187
108 586
25 859
91 785
74 432 £3JO 1986]
214 498
70 000
(estimation)
231 338
30 260
11 548
14 279
11 136
22 406
2 621 664
La dlffualon male payée dea quatkttena Ai groupa Hersant, au sans de
Farride 11 de la lot, atteint 2 821 664 axamptahea saton leechitfrme 1992
de Diffusion oo nt rôi e- QJD, soit 33,23 % du total da la dlflùahn dea quoti-
parfOJD. cetie des titras de* DOM-TOM résulte d'une estimation du SJTI,
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22 Le Monde e Mardi 14 septembre 1993 ••
VIE DES ENTREPRISES
Alors que ia Confédération helvétique connaît une troisième année de rfeflaâm
Les banques suisses se félicitent de leurs résultats
Le malheur des uns férait-II le bonheur
des banques suisses? Du moins c'est ce
qu'on pourrait penser à en juger par les
* excellents» résultats semestriels affichés
par tes principaux instituts bancaires hefué*
tiques. En août déjà, l'Union des banques
suisses (UBS) et le Crédit suisse avalent
annoncé des bénéfices records, respective-
ment en hausse de 89 % et 67 % pour les
six premiers mois de l'année. U troisième
BERNE
de notre correspondant
SH Ton lient compte des montants
des bénéfices, ils s’élèvent à 1,3 mR-
fiard de francs suisses (1) pour
PUBS, 883 millions pour le Crédit
suisse et 719 millions pour la SBS.
Les grandes banques reconnaissent
avoir amplement profité «des condi-
tions favorables qui ont régné sur les
marchés des titres et des devises,
ainsi que de la baisse des taux
d'intérêt ». Comme l'indiquait la
SBS, elles ont aussi directement
bénéficié des tensions qui ont agité
le SME Pour sa part, le Crédit
suisse se Gugue d'avoir bien digéré
l'absorption, ut début de Tannée, de
la Banque populaire suisse. Autre
facteur ayant largement contribué à
cet essor : U part croissante des
revenus réalisés & l'étranger. Ainsi,
les bénéfices réalisés bon des fron-
tières helvétiques ont atteint 34 %
pour le Crédit suisse et près de 40 %
pour PUBS et la SBS.
Loin de s’endormir sur leurs lau-
riers, les grandes banques suisses se
montrent optimistes pour Tavenir et
tablent également sur de «bons
résultats» au second semestre. Alors
que la Suisse connaît sa troisième
année de récession, l’insolente santé
des banques contraste avec la moro-
sité ambiante. L’Association suisse
des banquiers a beau s'évertuer &
présenter ces résultats spectaculaires
comme «un signe positif peur la
reprise de l’économie», le message
passe mal auprès d'une bonne partie
de l’opinion. Comment expliquer oes
grande banque, la Société de banque suisse
(SBS), qui vient à son tour de .publier ses
chiffres début septembre, fait encore mieux
avec un bàiéfice en augmentation de 98 %
par rapport au premier semestre de 1992.
bénéfices faramineux à ceux qui dot-
vent ae serra la ceinture, quand le
chômage avoisine lès 5 %
Mm M m _ A •_ V
élevé pour la Suisse) et que les
finances publiques accusent des défi-
cits croissants?
Pour 1994, la Confédération pré-
voit un déficit budgétaire supérieur
à 6 milliar ds de francs suisses, tan-
dis que le canton de Genève va
jusqu’à emprunter au Japon pour
ses dépenses courantes. Tout en se
réjouissant que les banques tiennent
bien leur rang, le ministre socialiste
des finances, Otto Stich, leur a
cependant reproché de n’avoir pas
plus rapidement et plus fortement
baissé leurs taux hypothécaires, alors
qu’eRes en avaient les moyens. Aussi
les a-t-il invitées à accorder à nou-
veau davantage de crédits dans
CHIFFRES ET MOUVEMENTS
NOMINATIONS
I
□ Un nouveau directeur général
aux chambres d'agriculture. - Louis
Goupilleau a été nommé directeur
général des services de l'Assemblée
permanente des chambres d’agri- ,
culture (APCA). Agé de cinquante-
six ans, M. Gcupiueau est diplômé
de droit rural et d’économie agri-
cole. Il a débuté sa carrière & la
Fédération nationale de l’horticul-
ture et est entré aux chambres
d’agriculture en 1965. Il était
depuis 1986 directeur général
adjoint de l’APCA.
□ Denis Piet (CEA Industrie) pré-
sident de Sopha MedkaL - Denis
Piet, directeur financier de CEA
Industrie, a été nommé président
de Sopha Médical, en remplace-
ment de Raymond ChasteL Colin
McNaught, patron de la filiale
américaine de Sopha Médical, est
nommé vice-président de Sopha.
Les rumeurs sur une nomination
de M. McNaught A ta présidence
avaient soulevé l’opposition décla-
rée des syndicats de Sopha, qui
voyaient là un signe de désengage,
ment de CEA Industrie de sa filiale
d'imagerie médicale, dont il avait
pris le conbôle en mars, au profit
d’an partenaire américain.
□ Michel de Roses, nouveau direc-
teur général de RhAne-Ponleac
Rom. - Le conseil d’administra-
tion de Rbône-Poulenc Rorer, la
filiale pharmaceutique américaine
de Rhône- Poulenc, a annoncé plu-
sieurs changements affectant son
équipe dirigeante, dont la nomina-
tion de Michel de Rosen comme
directeur général du groupe dirigé
par Robert E Cawthom. Actuelle-
ment directeur général du secteur
«fibres et polymères» de Rhône-
Poulenc, Michel de Rosen, dont h
nomination prend effet immédiate-
ment, reprend les responsabilités
assumées par Jean-Jacques Ber-
trand et Randy Thurman. M. Ber-
trand deviendra vice-président-
directeur général de Pasteur
Mérieux sérums et vaccins le
1 e * janvier 1994. Quant A Randy
Thurman, il a quitté le groupe (e
9 septembre pour devenir président
de Corning Lab Services. Par ail-
leurs, Martin Pinot, actuellement
directeur général adjoint du secteur
«fibres et polymères», est nommé
directeur général de ce secteur en
remplacement de Michel de Rosen.
□ Hans-Olaf Henfcel vice-PDG
d’IBM Europe. - Hans-Olaf Hen-
kel a été nommé vice-président
directeur général d’IBM Europe et
directeur général d’IBM World
Trade pour la région
Europe/ Moyen -O rient /Afrique.
M. Henlcel dirigeait la Gliale alle-
mande d’IBM, fi est appelé A rem-
placer Renato Ri verso, actuelle-
ment PDG . d’IBM World Trade
pour la région Europe/Moyen-
Orient/Afrique et PDG d’IBM
Europe, lorsque celui-ci fera valoir
ses droits A la retraite début 1994.
DÉCÈS
□ Warner Nïefer, l'ancien patron
de Mercedes, est décédé. - Werner
Nïefer, président du directoire de
Mercedes-Benz jusqu’en mai 1993,
est mort dimanche 12 septembre, a
Stuttgart, à soixante-cinq ans des
suites d’une opération d’on cancer
du poumon. Le président du direc-
toire de Daimler-Benz AG, Edzaid
Reuter, a interrompu un voyage
dans l’ ex-Union soviétique pour
revenir d’urgence à Stuttgart en
apprenant la nouvelle. L’actuelle
structure de groupe Mercedes et la
réputation de ses voitures doivent
beaucoup au travail de Werner
Nïefer, décrit par ses proches
comme un pragmatique qui
connaissait tous les rouages de son
entreprise, où il était entré comme
AVIS FINANCIERS DES SOCIÉTÉS
■* ■■■ î B jj
r m m mm ■■ as
■ M «v
Le chiffre d'affaires consolidé de Sema Group pour le premier
semestre 1993 a atteint 232,9 millions de livres, soit une
augmentation de 19 % par rapport à la même période de 1 992.
Le bénéfice courant avant impôt a augmenté de 38 %,
à 10,6 millions de livres hors plus-value de cession.
Le bénéfice net, part du Groupe, a progressé de 35 %,
atteignant 6,5 millions de livres.
Le bénéfice par action est en augmentation de 33 % à 7,0 p,
La situation financière du Groupe s'est encore améliorée avec
en particulier une croissance significative des disponibilités
nettes qui atteignent 1 8 millions de livres (contre 5 millions
de livres à fin 1 992).
Les bonnes performances des activités intégration de Systèmes
(76 % du CA) et Facilities Management (15,5 % du CA),
les positions acquises dans des secteurs tels que la Banque,
('Energie, (a Défense et le Transport, ainsi que sa couverture
géographique ont permis au Groupe de résister aux aléas
de la conjoncture.
La coopération avec France Telecom se poursuit et s'est déjà
concrétisée par ia création d'une joint venture dans les
télécommunications civiles en France et par la prise de
participation de France Telecom dans la filiale Facilities
Management du Groupe au Royaume-Uni.
Dans un environnement économique difficile, le Groupe
aborde te second semestre 7 993 avec un solide carnet
de commandes et les atouts nécessaires pour continuer
à progresser.
SEMAUCROUP
tation de
ristne».-
incation «too-
CONTRATS
□ Transmote remporte un contrat
en Chine. - Un consortium fran-
çais, avec pour chef de file Trans-
route International SA, et -Composé
d'Alcatel CIT et de CSEE-Peage,
vient de remporter un contrat en
Chine pour la fourniture de l’équi-
rintérêt de l’ensemble de l'écono-
mie.
A en croire l'A s socia ti on suisse
des banquiers, te climat tf euphorie
régnant sur les marchés financiers
anticiperait une reprise attendue
pour la deuxième moitié de 1994.
Cet optimisme prudent est partagé
par Hans Sieber, directeur de l'Of-
fice fédéral des questions conjono-
torefks. Commentant h diminution
de 0,2 % du PIB au deuxième tri-
méstre, soit sensiblement moins
qu’au cours des trois trimestres pré-
cédents, 3 a cm pouvoir en déduire
quVoji se rapproche d'un retourne-
ment conjoncturel».
JEAN-CLAUDE BUHRER
franc suisse vaut environ
apprenti, avant de passer on
diplôme d’ingénieur. En 1976, il
avait accédé au directoire, avant
d’en devenir président en 1989.
EMPLOIS
□ La poste aBenurade devrait sup-
primer 60800 emplois en dix nus.
- Le ministre allemand des postes,
Wolfgang Boetsch, a estimé samedi
11 septembre, que les services du
courrier, des télécommunications
et tes services bancaires de la poste
supprimeront environ
60 000 emgois <Tid A la fin de la
décennie. Dans une interview A
l'hebdomadaire Web am Sonntag,
M Boetsch a toutefois précisé qu’il
n’y aurait «pas de licenciements
massifs», mais que la réduction
résultera de « fluctuations natu-
relles».
□ Deutsche Airbus va supprimer
3 000 emplois -« Allemagne tfîd ir
1995. - La Deutsche Aerospace
Airbus, partenaire. allemand dit
consortium Airbus Industrie, va
supprimer d’ici A 1995 quelque
3 000 emplois sur tes 20 000 que
compte la société, en raison de la
crise du transport aérien. Neuf
sites de production seront touchés,
seul celui de Dresde étant épargné.
Les représentants du personnel
accusent la direction de l’ent re prise
de ne pas avoir su peser sur la
stratégie de vente d’ Aubes.
□ Lonva International (confec-
tion) : licenciement de 59 salariés.
- L’entreprise de confection Louva
International va licencier pour rai-
sons économiques 59 personnes sur
son site de Mntzig (Bas-Rhin) en
raison, selon la direction de la
société, de la concurrence étran-
gère, notamment asiatique. Le
groupe SM, qui contrôle Louva
International, emploie au total
600 personnes, dont 200 à Mutzig,
et fabrique essentiellement de la
lingerie féminine destinée A la
grande distribution et A la vente
par correspondance. SM réalise
■environ 30 % de ses votes à l'ex-
portation et dispose, outre de son
! unité alsacienne, de deux autres
centres de production, l’un A
Orléans et l'autre en Tunisie. Sur
Les 59 licenciés, une trentaine
devraient être reclassés dans d’an-
tres entreprises de la région.
; □ Suppression de 180 emplois chez
' Continental A Sarregaemiiies. - Le
allemand Continental a
de stopper, d'ici A. la fin
(994, la production de pneumati-
ques pour poids lourds dans son
usine de Sarreguemines (Moselle)
et d'y supprimer 180 des
1 070 emplois. La direction avait
indiqué récemment que la produc-
tion quotidienne de 750 pneus de
20 ponces, qui ne trouvait pins de
débouché^ devait être transférée
vers rex-Tchécoslovaquie. Toute-
fois, selon un porte-parole de l’in-
tersyndicale, elle a signifié, au
cours d’un comité central d’entre-
prise et d'an comité d’établisse-
ment extraordinaire, que, finale-
ment, la fabrication ne demeurerait
probablement pas en Europe. Le
plan social prévoit 95 licencie-
ments et 85 départs en pré re traite
ou départs volontaires. Les diri-
geants du site lorrain entendent
compenser partiellement l’arrêt de
cette production par une augmen-
te faorir
percent d’une autoroute Canton-
Shenzhen. Ce contrat, signé A l’is-
sue d’un appel d’offres internatio-
nal, avec le Superhighway Tnrnkey
Construction Consortium (STCC)
en République populaire de Chine,
porte sur un montant de 225 mil-
lions de francs. L’ au toroute, longue
de 122 kilomètres, reliera la fron-
tière de Hongkong au boulevard
périphérique de Canton. Son
ouverture complète est prévue pour
Tété 1994.
□ Paco Rabanne-Couture : contrat
de Home avec le groupe sud-coréen
Lotte. - Paco Rabanne-Couture a
signé pour cinq ans un «très
important contrat de master-li-
cence» avec le groupe d’hôtellerie
et de distribution de luxe sud-
coréen Lotte. Le géant de la distri-
bution coréen proposera une qua-
rantaine de produits Paco Rabanne
(prêt-à-porter fenrâfa et masculin,
mode enfantine, arts de la table,
petit mobilier, articles dé décora-
tion, linge de maison) fabriqués
localement et distribués, dès octo-
bre 1993, dans tes circuits de dis-
tribution sélective traditionnelle,
les «M gwns et les mfl grrina
hors taxe Lotte. Ce contrat devrait
se traduire par environ 250 mil-
lions de francs de volume d’affaires
par an.
INAUGURATION
□ Grundig ouvre nue usine de com-
posants en Autriche. - Grundig
Austria a inauguré, mercredi 8 sep-
tembre, une nouvelle usine A Sie-
gendorÇ A 50 kilomètres au sud de
Vienne, repr és en tant un investisse-
ment de 40 millions de schillings
(20 millions de francs). Grundig
Austria produira A Siegendorf des
composants techniques pour appa-
reils de télévision. La direction
envisage une augmentation du chif-
fre d’affaires annuel de Grundig
Ahstria de 900 minions de schil-
lings grâce à 1a production de Sie-
gendorf. L’usine a été planifiée
«pour faire de Grundig Austria le
centre de télévision du groupe et la
plaque tournante pour le marché
est-européen» de te société Grun-
dig
EdM par la SAHL L» Monda
Comité de direction :
da te pubfcatfon
no An
dncour do ta
drveteur ôm lai
Rédacteurs «n chef
db Jt fékd aé
Ancfens dractour* :
1944» 1968)
1882)
(1982-1885)
André Fou Üa (1885-1891)
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TSMoobbu- : 4048-2549
t.puawnaSaB WHtey
M882 Mnr-sun-OEiiw cedex
Ttl : fTf 40-$S-25-2B
TMcopaur : 49-40-30-10
U
— r
MÂECHES
PARIS, 13 septembre : t“j
Timide reprise
Aptes ira baissa quasi tahanompui
pendant une tentes de Joua, la Bouta»
,cte Paris amorçait une. petits reprise,
kirKfi 13 septembre, dans un marché
calme -qui- attend mis baissa dm taux
d'intérêt en Franoe. En hausse da
0,36 % h r ouverture, rfcdfce CAC 40
aflMMt an mtieu de journée un pro
aresafcn.de 0. 15 % A 21 1 1,62 potes.
fri un peu moine de deux semeAnes,
les valeur* fran çais es ont cédé 6 % par
rapport aux sommets atteht 1*31 août
I est donc fcgiquB, aiat jeux dm opéra-
teurs, que des orties crachote
testent, avant
techniques. La
testent, avant tout pour
marché h réjouit par
aüieurs du projet gouvernemental
d'abaisser la seul da taxation des sfcav
da trésorerie. «Une taxation plus- tons
or les aksmrde üéeonde ne peut que
fttwrtear b Bouse», soufigne un inter-
La légère dmteutten <fc Jsyar de -far-
gant au jo ur je jour , à 7,
par affauna pr ésager un geste de la Ban-
nie de fiance apte la Mess des taux
djrectaùfada ta Bundesban k jeud i dan-
résr. te raffermissement du doter aptes
'un net recul ces damiers jours, nwte
également an faveur d'un aasaûpHssa-
ment de b poWque monétaire Aén-
Pourt an t, ai ces espoirs de baisse
des taux se corugélteant, b prarohé a
dapte» des samafnas largement anticipé
ua tête tentative. 1 ne ctaNrak donc pas
réagir da manière spectaculaire, esti-
mant bs investissons. Avant b oanaal
européen du 20 s e p temb re consacré
aux négociations sur to GATT, des
conjoncturïstas considèrent que rien
d V y oïtaa en matière de taux ne aère
Du coté des valeurs, les échanges
Avfontque
importants sur Sextant
qui fiée l'objet d'une offre pubBqua 'de
retrait : 7,1 % du capital a changé de
LONDRES : chiffre d'affaires record en août
BILAN HEBDOMADAIRE
DE IA BANQUE DE FRANCE
'^ssas*'**
2*pL 1993
783383
0(q»r«i^AwH4o«)sv;
Ondatras actifs de rfearw 4 raca-
w te Rwh ampé» te «opte-
uninonKOT,
Cüococh au Trésor pi*
TtondBatteasateigainfr —
Aotm titra da marché* nnoAm
EbttjSMé
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BtettnctaMoa.
retntatti hcoretirfm te réserva-
Compte carent do Trésor priée .
Repues < ~
ifefcptf*
Coobm qécfaf * Fonds di sbbfes-
tfaeds ItlUÿM.. . - ■
bm à hm au Fonds eurapéan de
Mena da léfatauta du avoir»
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9231
783 383
268 602
3672
13962
2998
8 631
53174
179319
La Bourse de Londres a vécu un
mois d’août particuliérement floris-
sant : tandis que rndee Footsie des
.cent grandes valeurs battait record
sur -record, son chiffre d'affaires s'est
élevé à 109.27 milliards de Hvres
(960,1 néBbrds da francs), un niveau
jamais atteint.
Les investisseurs se sont notam-
ment portés sur les valeurs étran-
gères, dont b chiffra d'affaires total a
égaler
Gaxo. HSBC Holdings, Hanson, Natio-
nal Westminster Bank et Vodafone.
L’activité a été particulièrement
active sur las valeurs françaises, dont
h chiffre d'affaires est passé de
10,1 müRards de (ivres en juillet A
1 1,6 mSards en aoOL
ilement atteint un
record è
égal
54j8 mSards de hrea.
La chiffre d'affaires des huit valeurs
les plus actives a compté pour près
d'un quart du total da l'activité de b
Bourse. Ces valeurs sont : Barctays
Bank, British Gas. British Telecom,
Les valeurs itafan ne s et
ont également été en haussa mats les
«flamandes et les suisses ont reculé.
Para Bêtement, l'indice Footsie a
gagné 158,3 points (5A %) entra la
clôture du 2 août (2 941,7 points) et
cote du 31 août (3 100 points), bat-
tant.» Jour-tt un record absolu de
3 115,1 points. Cette hausse s'expé-
£ e notamment par l'enthousiasme
s kivestissaure américains.
TOKYO, 13 septembre t Au-dessus des 21 000
rebncar r économie Japonais* a incité les
■ a-achater
La Boufsa da Tokyo a; flnf en forte,
hausse, lundi 13 aeptiimbré. à b faveur
d’achats d’tavestbsam testitutiomels.
L'Indice NBcfcei a gagné 330,13 point*
(1,58 è 21 148.11 pointe. Le Nftkel
a ainsi franchi la barre des
21 000 poires pour as retrouver è son
pfaa haut niveau da T année. La volume
des tr a nsaction s a été estimé h qualque
270 mffloru da titres c on tre 670 mil-
Rom vandrwft.
L 'espoir d'une baissa rapide du taux
<f e sc ompte et d'autres mesures pour
ment, rapport a nt dss boursiers.
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Dollar : 5,6035 F 4
Le franc français m raffermissait,
lundi 13 septembre, sur b marché da
tempes jnzkk.% A 3^5060 fina pour
an aertseben a aae contra 3,5124 fiança
vendredi 10, le m ar ché c ro y an t A une
prochaine baissa da taux directeurs de
h B anque de France. Le doBar basait
légèrement A 5, 6035 francs contre
5,0110 franc* vendredi soit les opéra-
teurs notant une fitible ac tivit é, raidi
matin, en Pabseoce de jmblicâiafl ffîn-
13 sept.
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(SSE, base 1000 : 31- 12-87)
lafioe CAC 40 2^8,75 3108#
NEW-YORK Ihcfce OowJmss)
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•• Le Monde • Mardi 14 septembre 1993 . 23
MARCHÉS FINANCIERS
DU 13 SEPTEMBRE
Liquidation ; 23 septembre
Taux de report : 7,25
Cours relevés à 13 h 30
CAC 40 : -0,09 % (2106,40)
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TAPEZ II MONDE
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FINANCIÈRE
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RÈGLEMENT MENSUEL (1)
I nnrfi daté mardi : % de variation 31/12- Mardi daté marcredi : montant du
coupon - Mercredi daté jeudi ; paiement dernier coupon - Jeudi daté
vandrmfi : comp*ns«»n - Vendredi doté samerfi : quotités do négociation
Matif (Marché à terme international de France)
10 septembre 1993
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461 464
2410 249
121750 129
NOTIONNEL 10 %
Nombre de contrats estimés : 175630
CAC 40 A TERME
Volume : 19887
Cours
Dernier
Précédent...
Mars 94 I Sept. 93 Déc. 93 Cours Sept 93 Qct 93
Nov. 93
128J0
726,78
123J5Z
123.48
123J2& Demier^„,„, 212)
123124 Précédent- 2117
2139
2130SO
ABREVIATIONS
B * Bordeaux U s Lille
Ly = Lyon M = Mamaia
Ny = Nancy Na * Nantes
SYMBOLES
1 ou 2 » catégorie de cotation - sans indication catégorie 3 - * valeur éBgibto au PEA
■ coupon détaché - • droit détaché • O coure du jour • ♦ cours précédant
o = offert - d a demandé • J dira réduira - f demanda réduite - i contrat d'animation
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ECHECS
Troisième partie da championnat du monde
Kasparov pare, riposte et gagne
La pression psychologique
aurait-elle déjà défait Nîgel Short?
Après avoir perdu au temps dans
la première partie, après être passé
à côté d’une position gagnante
dans la deuxième selon la plupart
des analystes, l'Anglais ne s'est pas
reconstruit un moral dans la troi-
sième, disputée samedi 11 septem-
bre â Londres.
Avec les Blancs, Kasparov
reprend une partie espagnole,
comme dans la première rencontre.
Short change de ligne au 8* coup
(8- Fb7), mais le tenant du titre,
très serein, prend son temps,
consolide sa position, manœuvre
sur l’aile-dame tandis que son
adversaire se lance, de l’autre côté,
dans une attaque qu’il souhaite
décisive : il veut mater le Russe.
Alors que le temps presse pour les
deux joueurs, Kasparov se défend
minutieusement, avec calme,
jugeant que la menace n’est pas
mortelle. Au 27* coup, Short sacri-
fie un cavalier (27... Cg3+), mais
son réseau de mat manque de den-
sité et son attaque de justesse : te
champion du monde se retrouve
avec une pièce en plus pour deux
pions.
Tei un escrimeur, après avoir
paré, Kasparov va riposter pour
profiter de son avantage matériel,
simplifier une position qui devient,
au fur et à mesure des échanges;
désespérée pour Short Celui -ci
abandonne au 59* coup, pour ne
pas voir l’inéluctable. Après la ren-
contre, le Russe, qui mène désor-
mais 2,5 à 0,5, déclarera négligem-
ment avoir eu de la chance dans
les trois parties... Comme si, en
(dus de devoir battre le champion
du monde, Short devait venir à
bout de la scoumoune ! Prochaine
confrontation, mardi 14 septembre.
Par ailleurs, Karpov et Timman
ont fait nulle dans les 4* et 5* par-
ties du championnat du monde
concurrent qui se déroule aux
Pfys-Bas et sont à égalité au score,
2,5 partout.
P. B.
: KASPAROV
Nain : SHORT
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en minuta, le temps total de réflexion tte char
qtsg joueur depuis b débu t ds fa parût.
MOTS CROISES
PROBLÈME N* 6126
123456789
H0R1Z0NT ALEMENT
I. Un mouvement qui peut
donner du mal. - II. Comme des
mouvements qui se font en par-
lant. - 111. Pronom. Les fines ne
sont pas mauvaises. - IV. Peut
être pris dans un salon. Une
bordure. - V. Sert pour étendre.
D'un auxiliaire. - VI. Frappe fort
quand elle est grande. -
Vil. Constellation. Peut faire
pâlir une étoile. - VIII. Endroit
où l'on envoie paître. Qui s’est
fait tout petit. - IX. Adjectif
pour une bonne œuvre. Battu
quand on s'en moque. - X. Des
questions. Circule en Albanie. —
XI. Airs d’enterrement. Une
direction.
VERTICALEMENT
1. Endroit où l'on trouve des
fidèles. Quand il est posé, on
attend pour rien - 2. Lavé et
blanchi - 3. Quartier de Tarbes.
Un homme de notre monde. -
4. En Belgique. On peut y trou-
ver du sang. Un préfixe quand
on fait les c hoses è moitié. -
5. Le premier vigneron. Lie. Pas
innocent. - 6. Instrument è
vent. - 7. La Judée en a fourni
un. Est mis sur la voie. - 8. En
Belgique. On y accueille des,
touristes qui n'ont pas peur de'
la mort. - 9. Sur la Ruhr.
Adverbe. Lettres pour annoncer
qu'on ne répond plus.
Solution du problème rr 6125
Horizontalement
I. Phraséologie. - II. Pleu-
reuse. Urnes. - III. Lapée.
Mécréants. - IV. Este. Mérou.
Siée. - V. Ota. Nanan. Scia. -
VI. Nitrate. Oui. Go. -
VII. Achat. Notables. -
VIII. Liure. Baile. - IX. Tao.
Repas. Reste. - X. Innée. Antre.
- XI. Préau. Anis. - XII. Utile.
Cautère. - XIII. Errai. Noliser.
XIV. Outrée. Etal. AT. -
XV. Bun. Etres. Seule.
Verticalement
1. Pléonastique. - 2. Plastic.
An. Trou. - 3. Heptathlon. irun.
- 4. Ruée. Rai. Eclat. - 5. Are.
Nature. Ere. - 6. Se. Mat Ré.
Et. - 7. Eumône. Epargner. -
8. Osera. Ane. - 9. Leçon. Obs-
tacles. - 10. Ru. Ota. Ruait. -
11. Gué. Suaire. Usas. -
12. Irascible. Atèle. -
13. Ennui. Lésiner. - 14. Etiage.
Ir. Al. - 15. Asse. Osée. Séné.
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REPORTAGES
préfacé de
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Naissances
M. et M" Rn6 GUnXESAULT
Mot heureux d'annoncer la naissance
da leur premier petit-enfant
Chloé,
le vendredi 13 août 1993, i Neuilly-
- Françoise Unai^
Gérard et Claude Li
et tara enfants,
Bernard et Elisabeth Umi*
leurs enfants et petits-enfante
Et tome la famille,
ont h tristesse de faire paît du rappel à
Dieu de
■ ™
M" Germaine CÀUVIN,
flh de
GUnXERÀULT-BARBKLIVim
Mariages
Anoeite LAMATHE
et
Jacques BARON
ont le plaisir de Aura put de leur
mariage» célébré dans l'intimité, le
1 1 septembre 1993, â Paris,
Décès
M- Bernard BUREAU,
née « Loiette» MsrtUee,
nous a quittés dans la sérénité, et dans
la paix du Seigneur, le 1 1 septembre
1991
Paul et DQûuite Bureau,
leurs enfants et petits-enfants,
Mari&Qaire et André Bonftemps,
leurs e nfant s et petits-enfants,
Monique et Alain Bouleau,
leun enfants et petits-enfanta,
Chantal et Jean-Pierre Cavroy,
leun e nfan ts et petits-enfants,
Solange et Philippe Barrai,
leun enfants et petits-enfants,
Pierre et Elisabeth Bureau,
leun enfants et petit-enfant,
Edith et Jacques Rideau
et leurs enfants,
Amie-Marie et B erna rd Barrai
et ïfflwi enfants,
Elisabeth Bureau
et ses enfanta,
Marie-Christine et Pierre Brisse
et leun enfants,
Gérard et JoHle Bureau
et leun enfants,
ses enfaats, petits-enfants et arritre-
petitfrenfants,
Ses frères et sœurs,
M- Régis Marti nier,
M. et M— Philippe Lepeu,
M. et M- Pierre Martini»,
M— Féüx Bureau.
M. et M- André Monconduit,
M— Rémi Bureau,
Leun enfants et petits-enfants.
Les familles Marti nier. Bureau,
Caaet, Munck, Usazmaz-Joris,
Parents et alliés.
■La-oéx fanon ie Tdigie c Be sera c él ébrée
le maidLM.septcmbrBr * h 13, eu
' l’égtise in N6tre- Dàme-de- Naaareft;
331, rue Leoouibe, Paris- 15*.
106, avenue Félix-Faure,
7501S Paris.
décédée le 8 septembre 1993, dan, sa
quatre vipgHfo-huitièaie aimée.
Us rappellent le souvenir de sou
époux,
LINAES,
er honoraire
à la Cour de cassation.
La cérémonie religieuse a été célé-
brée dans Clntimîté famStain à La Per-
rière (Oree).
Une messe sera dite & son intention
le jeudi 16 septembre, & 19 heures, eu
réalise Saint-Jacqués-du-Haut-Pas,
- M- veuve Chartes Cool,
M. et M— Gérard CooL
M. et M— Jean-Claude Delarue,
Et toute la famille^
ont la douteur de faire part du décès de
M— Louise COOL,
survenu 1e 10 septembre 1993, dans sa
quatre-vingt-treizième année, i
Pari*a>.
14 s e ptembre, è 10 h 30, en
l’église Salnt-Jacques-du-Hsat-Pa*,
232, eue Saint-Jacques, à Paris- 5*.
80, bou l e var d de Reuflly,
75012“
- M— Julien Freund,
Scs enfanta
Et petits-enfants,
ont la ^rsnde tristesse de faire part da
JuHea FREUND,
p r o f ess e ur à F université de Strasbourg,
survenu le 10 septembre 1993, dans sa
soixante-t reizièm e année.
La cérémonie religieuse sera célébrée
le mardH4 septembre, i 16 heures, en
l’égGse de VlUt
3, chemin de ta Scbrann,
67220 VUié.
(Lire ci-dessous.)
Nos abonnis
&
mass
Kÿtffician?
insertions dfc « Corner du Monde i,
sont pariés de Men vouloir nota covn-
tnunUpter leur numéro
Mort du sociologue Julien Freund
Le sociologue Julien Freund,
professeur A l'université de
Strasbourg, est mort vendredi
10 septembre, il était âgé de
soixante-douze ans.
Né à Henridorff, en Moselle, en
1921, agrégé de philosophie, Julien
Freund participa A partir de 1941
aux combats de la Résistance; il
Tut emprisonné à Clermont-Fer-
rand puis à Lyon; il s'évada en
juin 1944 pour rejoindre le
maquis. Après avoir été professeur
de philosophie & Metz, il dirigea la
faculté des sciences sociales de
l’université de Strasbourg dont il
avait été Tun des créateurs.
Marqué par la pensée de Max
Weber, qu’il contribua à introduire
en France, Julien Freund s’inté-
ressa principalement à la philoso-
phie politique. Remettant en ques-
tion la tradition marxiste, il
cherche à penser, dans son essai
l'Essence au politique (Ed. Sirey,
1963), le politique comme phéno-
mène distinct de l’économique et
du religieux. «Art de la décision »,
le politique s’articule selon lui
autour de trois présupposés : la
relation commandement/obéis-
sance, le rapport du privé et du
public et celui de l’ami et de l'en-
nemi. A la suite de Cari Schmitt,
Freund analyse, d’une manière
pragmatique, cette dernière opposi-
tion comme fondatrice de la nature
même du politique : la force, c’est
la violence surmontée, mise au ser-
vice de l'ÉtaL Pioche de Gaston
BouthouL il fonda à Strasbourg, un
institut de polémoiogie.
«Je crois que l'Occident est,
hélas , avec sa complicité, en train
de s'affaisser lentement, alors qu'il
a découvert le monde connu et qu'il
a constitué jusqu'à présent la seule
et unique civilisation mondiale »,
affirmait Julien Freund dans un
récent livre d’entretiens (1). Pen-
seur de cette décadence (la Déca-
dence, Sirey, 1984), défenseur
d'une vision fédéraliste de l’Europe
(la Fin de la Renaissance, PUF,
1980), convaincu de la nature posi-
tive des conflits ( Sociologie du
conflit, PUF, I983X Julien Freund
était reconnu, et souvent cité, par
l’ extrême-droite. Il préparait un
ouvrage sur r« essence de l’écono-
mique».
P. K.
(i) L'Aventure du politique, Entretiens
de Julien Freund avec Charles Bfamcbet,
Critérion 1991 (voir l’artide d’André
Laurens dans le Morde do 21-22 juillet
1991) .
- M. et M - KhalË Hqfiar,
i am e uta
h/L et M* Raymond Hqjjar
. M. et MH
et leurs enfants,
M* Violette Htfar,
M. et Mr Jo seph Hgfiar
et lents
M. et M- Piètre Hqgar
et leur fille.
- M. Robert HAJJAR,
survenu le 6 septembre 1993, dans sa
et unième année.
iiiovu-r.
Les obsèques ^ eu fioo fa A septem-
bre, à RaoKMiviDe-Serat-AgM (Hante*
Garonne). *
La famille remercie tous ceux qui lui
ont témoigné et
4> place Mirnr
31320 RflXBoavfflejaiahAcne.
- Sa famOte
pioches^
ont ta douleur de faire part du décès de
■
M. Guy-Robert SN1,
swveau brutalement, à Pftge de cin-
quante ans, le mercredi 8 septembre
1993.
— Jacques Abbott,
g époÜ»
Les familles Afabou, Wotfirom, Cha-
hs, Fareau,
U famüie Vqgd,
et sa Ole,
ont ta douleur de faire part du décès de
MkbeHae MEYEB-ABBOU,
au r remi le 10 septembre 1993.
Incinération in crématorium du
Père-Lachaise, ce jour, lundi 13 sep-
tembre, à 16 h 30.
- Agnès Tissot,
ses enfants.
OLP,
^ " - tek» _ - .■ —
François et uCnnco txtu,
Dominique Petit,
CécfleetJean-Lonis Deibots,
abats et
Ptiimi» 61 MMfrl'finpOUB r cul ,
leurs enfants et petits-enfants,
La cérémonie refigœuse sera célébrée
le mercredi 13 se ptem br e, A 10 h 30, en
ta chapelle Saint-Bernard, 34, place
Raonl-Dreby, Parô-14*.
L’ in h umati on mua lien au cimetière
de Neuüly-sur-Sdne.
49, rue RoueOe,
73013 Paris.
Mess es anniversaires
- Constantin. Alger.
Pour les sixième et neuvième anni-
versaires du rappel A Dieu de
CHAMBON-VAISSaffiRE
et de son époux,
Georges CHAMBON.
ancien agriculteur A Taber (DjidjelU),
officier du Mérite agricole
ancien combattant 1939-1943,
une pieuse pensée est demandée à tous
ceux qui les ont connus, aimés, en réu-
nion avec les messes qui seront célé-
brées le dimanche 19 septembre 1993,
i 10 battes, en ta cathédrale du Sacré-
Cœur d’Alger et en l’élise du Bon-Pas-
teur de Constantin e.
Leurs 50e, gendre et petit-fila,
tt. Sadek et Jamil GueDaL
6, nie Vornot,
Alger.
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- Le 27 septembre 1992, décédait te
gfcAd d'année RICHARD.
Pour cet anniversaire, sa femiilem
ses amis, seraient beorcox de
sencc en l’égiiae Samt-Loois des Inva-
lides, le lundi 27 septembre 1993 a
18 b 30.
Anniversaires
— n y a un an, le 12 septembre 1992,
disparaissait
EDea BLOCS.
Que tous ceux qui l’ont connue et
appcédée aient une pensée pour elle.
M. et M- Carlos Ostravsky,
» EHc et tou gendre,
M. et M- Gérard VeOrns,
son frère et a beüeesur.
Et leurs enfants et petits-enfants.
3, rue Jacob,
73006 Paris.
56, avenue René-Coty,
75014
- Le 14 septembre 1943,
Rémy CARTIER
était arrêté par ta Gestapo A Vaudagnc-
Les Bouches (Haute-Savoie).
11 est mort è Buchenwald.
Sa faming ne l’oublie
- Pour le
rappel è Dieu de
anniversaire du
ont ta dtaw de faire past du décès de
r : .si-.-vr-'O 1 * “î c L- - rî - jï ..
■»
■ a ■ a
survenu le 10 septembre 1993, à Tige
de
ML Jacques CHIROUZE
(HEC-PBE),
des menés seront cél ébré es è son inten-
tian, auxquelles peuvent rejoindre per
la pensée ceux qui restent fidèles A son
souvenir.
- Le 14 se p te mbre 1986,
Madeleine de HASTING
nous quittait.
En
Toat
ce jour anniversaire, que ceux qui
aimée aient une
- Le 13 septembre 1983 était assas-
MASSIMI,
tire général
du d é part em ent delà Hau
Que ceux qui l’ont apprécié et aimé
se'ioavieaiiem.de hq-.
- B y a vingt ans,
André SCHEIMANN,
(X, promo 33).
Reada-vousle dmanche 19 septem-
bre 1993, à 12 bernes, entrée principale
du cimetière parisien de Bagnc u x.
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- « L’élite industrielle allemande.
Métier, pouvoir et politiques.
1933-1989 », par Hervé Joly, sous ta
direction de Christophe Charie, le
18 septembre 1993, A 9 heures, A
t’EHESS, 34, boulevard Raspail,
Paris-6% salle 324.
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Mtctuttav MEYKB-ABBOU,
te 10 Bupnubn 1993.
»u crénutonum du
PfatelAdtMrê, «jour, lundi 13 tep>
teotbra, à lb to Jû.
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enoute,
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Uolt «I letoiotri* Déffcou.
teen» «ntetolt H ptbiMateMt.
VittM « MuiteFraçNM Petit,
teorf «o&nts M petrtwafwtï.
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pm te utem* te te* d» décà» d*
Ttete*PEÏtr,
MtrvMti If 10 BfptenbK îW3, 4 rite
dé DkUffiMWto «M.
ta «drfenortc «én fdMbrte
ta mena*# l i t m ptmib tt, i ïO to ». en
ti ctaMüt Saint Bffnwd, 3«, plue
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METEOROLOGIE
SITUATION LE 13 SEPTEMBRE A 0 HEURE TUC
PRÉVISIONS POUR LE 14 SEPTEMBRE 1393
O
« psjNuftsarc
^ MM6BDC
1RES NUA6&UK
OCIOOU\ÆRT|
////// ST
sais B*
T&tfB PREVU LE MARDI 14 SSTEMRE 1998 VERS MO
Mardi : journée grise, pluvieuse, et
encore venteuse. - Le matin, la ciel
sera très nuageux sur tout la pays, et
aucune région na sera épargnée, soit
par les pluies, soit par les averses.
Dans la journée, 1a zone du plues
lu plus marquées, qui pourront locale-
ment prendre un caractère Instable, sa
déplacera vers l'est. On ta situera è le
rrêjouméa du Pyrénées au Massif cen-
tral, Carme-Est, Rhône- Alpes, jusqu'à
ta Lomino^î auxAndemas. Les.quamt
tés ds pluies pourront Stre usez
conséquentes,' notamment sûr l'ouest
du Massif central, Jura, Franche-Comté,
et ouest du Vosges. Du ondées ora-
geuses ne sont pu exclues sur le mas-
sif alpin.
A l'ouest de ces régions, la ciel
deviendra simultanément plus variable,
avec de timides édelrctes, mais da fré-
quentes averses dans Tapràs-mld.
Ce mauvais temps s'accompagnera
encore da vents forts, qui seront toute-
fois en nette atténuation sur lu régions
littorales, par rapport è la veHie. lia
seront lu phis forts dans la zone pki-
vio-in stable précitée, soit dans un axe
allant du Massif central aux reliefs du
Nord-Est. Le vent y soufflera de sec-
teur sud, atteignant parfois
70 kilomètres/heurs en pointes. En
Manche,, lo vent sera de secteur nord-
ouest, du Nord è la Normande, mais de
secteur nord-ouest sur lo -nord de la
Bretagne, soufflant è
&0 kBomètr es/ heure en rafales. Sur le
littoral atlantique, c'est du vent d'ouesi
qui soufflera jusqu'è
60 kilomètres/heurs.
Les températures matinales seront
conformes aux normales, évoluant
entre 10 et 14 degrés du Nord au Sud.
— ' PRÉVISIONS POUR LE 15 SEPTEMBRE 1993 A 0 HEURE TUC
Soutenances dflj FJî
TEMPÉRATURES maxima - minime et tempe observé
Vdatn extrêmes relevées entre le 13-9-1993
le 12-4^1993 i 18 haro TUC et b 13-9-1993 è 6 heures TUC
FRANCE
AJACCIO
BIARRITZ
BORDEAUX
BREST.
CAffl_
CHERBOURG—
DD0N_
GBBiOBLE
1JIJJ
LMOGBS.
LYOK-BS0N
MARSEILLE
NANCT
WANBSi,
NICE
25
29
25
21
17
15
16
26
SO
26
17
1»
ZS
25
19
19
26
16
PARIS-MONTS -
PAU 29
PERPIGNAN 26
NBflBAPRtt. U
RBiM S 17
SHHHfflK — 25
14 D
12 D
16 N
12 N
12 P
13 C
12 C
12 N
12 P
16 C
13 N
10 N
U 0
22 C
16 P
12 P
17 N
12 N
10 D
17 N
25 D
12 P
9 P
STRASBOURG- 21 18 P
TOULOUSE 26 U N
TOURS 18 12 N
ÉTRANGER
31
SI
3S
26
24
16
19
14
30
21
32
28
Al
BANGKOK
BARCELONE—
BELGRADE
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ramaus
OOP®HAGUE_
DAKAR.
GENEVE
BEANBUL—
jaOSAlflf—
LE CAIRE 33
LISBONNE. 53
LONDRES 16
LOS ANGELES. 21
LUXEMBOURG. 17
MADRID 26
15 D
13 C
21 D
26 N
19 D
14 D
9 C
14 C
8 N
26 N
14 P
D
D
D
D
D
C
P
20
14
22
15
11
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11
10 N
MARRAKECH—
MEXICO
MILAN.
SI 17 D
MONTRÉAL
MOSCOU.
NAIROBI
NEW-DELHI
NEW-YORK
FAUIAUBMAJ-
0SL0
RRH0JUUSIRO.
ROME
HONGKONG —
SÉVILLE
SINGAPOUR —
STOCKHOLM—
SYDNEY
TOKYO
TUNIS.
VARSOVIE
vbb b
VIENNE
23
19
10
26
25
23
28
28
27
32
32
13
26
30
18
24
19
15 P
4 N
3 C
9 D
13 D
16 D
14 D
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16 D
25 P
4 D
10
16
11
C
D
C
C
D
B
C
D
N
brame
det
couvert
&
dd
ouatera
O
ange
P
pluie
T
tempête
• vu = temps universel uanwihioj i# ma ™
moins 2 heures en été ; heure légale moins T heure an hiver.
(Document établi avec le support technique spécial de la Météorologie national**)
Le Monde • Mardi 1 4 septembre 1 993 25
RADIO-TELEVISION
IMAGES
DANIEL SCHNEIDER/VtANN
Cris et discrétion
S I l'on a bien compris les
explications de France 2 à
propos du triplex historique
de fa semaine dernière entre Fran-
çois Mitterrand, Yasser Arafat et
Shimon Pérès, délivrées au cours
dé l'émission «Télés Dimanche» de
Canal Plus, Arafat n'avait pas com-
pris qu’il passait à la télévision. U
croyait s'entretenir avec le chef de
l'Etat français. France 2 n* étant par-
venue & le joindre que quelques
minutes avant 20 heures, n'aurait
pas eu le temps de lui expliquer
que ce dialogue privé aurait quel-
ques millions d'auditeurs. Quant è
Shimon Pérès, s'il se trouvait bien
dans un studio de télévision, fl ne
savait pas qu'Arafat était présent
fla Palestinien étant arrivé trop tard
pour qu'on eût le temps d'avertir
l'Israélien de sa présence). Réali-
sant les choses en direct, 3 aurait,
selon là Journal du Dimanche ,
manifesté quelque colère, et aurait
clairement exprimé son méconten-
tement en quittant brusquement les
lieux (les images de cette colère ne
sont d'ailleurs pas passées à
«Télés Dimanche», où l'on a seule-
ment vu M. Pérès quitter le studio).
Les détails de cette reconstitu-
tion peuvent paraître dérisoires,
dans le tourbillon euphorique de
l'Histoire en marche, à quelques
heures de la cérémonie de la Mai-
son Blanche. Au-delà du lait que le
chef de l'Etat français a été. dans
cette opération, utilisé par une
chaîne de télévision comme une
sorte d'appât, l'épisode permet
pourtant de mesurer, a posteriori,
l’importance de la discrétion dans
le succès des négociations d'Oslo.
Que les caméras s'emparent d'un
événement, avec leur impatience,
leur concurrence, leur désir de
«coups», leurs directs par sateRite.
et instantanément elles suscitent
rodomontades, surenchères, gesti-
culations. manipulations.
Les reportages sur la bande de
Gaza en offrent encore, ces
jours-ci. un exemple. Que nous
montrent-ils? Des manifestants en
cagoule du Hamas ou du Djihad,
s'opposant à la paix Des affronte-
ments. De la violence. Certes, les
caméras ri inventant pas cette vio*
lertce. On meurt encore à Gaza.
Mais les manifestants encagoulés
ne représentent qu'uns infime par-
tie des Palestiniens de Gaza - les
commentaires des reponagos l'ad-
mettent d'ailleurs.
Qu'importe, les encagoulés sont
plus téiégérüques que les paisibles,
et le choc des images laissera
davantage de traces que la relativi-
sation du commentaire. Cette
région n est-efia pas assez sonore,
pour qu'il faille faire de ses ens
l'aliment perpétuel de la caisse de
résonance planétaire?
TF 1
LA SOLUTION ANTI-CRISE
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de l'accord israélo-palestinien.
En direct de la Maison Blanche.
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Accord israélo-palestinien.
21 .00 Variétés : Stars 90.
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22.40 Magazine : Combien ça coûta?
23.50 Sport : Fl Magazine.
Spécial Grand Pnx d'Italie, è Monza.
FRANCE 2
16.55 Signature
de T accord Israélo-palestinien.
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20.00 Journal, Journal des courses. Météo.
20.50 ► Téléfilm : Eüssa R haïs.
De Jacques Otmezgulna.
Les Chefs-d'œuvre
de la Fondation Bames.
22.32
22.35
23.55
0.15
Magazine : Savoir plus.
Comment s’arrêter de fumer?.
Jourral et Météo.
Magasine : Le Cercle de minuit.
TF 1
A 2
FR 3
15.15
16.05
17.45
18.25
18.50
19.00
20.05
20.45
Feuilleton : Dynastie.
tine : La Fièvn
Guy Montagné.
Magazine : Une pêche d'enfer.
Magazine : La Fièvre de l'après-midi.
Invité : C
IhnscT de Méiobief (Doubs), pour les
championnats du inonde de VT T.
Jeu : Questions pour un champion.
Un livre, un jour.
Trait de croie, de Migualanxo Prado.
Le 1 9-20 de l'information.
De 19.09 è 19.31, le journal de la région.
Feuilleton :
Une famille pas comme les autres.
Cirque :
Grand Prix international de Milan.
Présenté par Serglo.
1 5.25 Série : La clinique de la Forêt-Noire.
1 6.20 Jeu : Une famille en or.
16.50 Club Dorothée.
1 7.50 Série : Premiers baisers.
18.20 Série : Le Miel et les Abeilles.
18.50 Magazine : Coucou, c'est nous I
19.50 Divertissement : Le Bébé te Show.
20.00 Journal, Tiercé et Météo.
20.45 Cinéma : Mais où est donc passée
la septième compagnie? □
FHm français de Robert Lamoureux (1973).
22.25 Divertissement : Ciné gags-
22.30 Cinéma : La Piscine. ■
Film français de Jacques Deray (1968).
0.35 Magazine : Le Club de l'enjeu.
15.40 Variétés : La Chance aux chansons.
Emission présentée per Pascal Sevran.
16.35 Jeu : Des chiffres et des lettres.
17.05 Magazine : Giga.
18.35 Jeu : Un pour tous.
Animé par Christian Morin ei Cendrine
Dominguez.
1 9.1 5 Jeu : Que le meilleur gagne pius.
20.00 Journal, Journal des courses et
Météo.
20.50 Cinéma :
On peut toujours rêver. ■■
FHm français de Pierre Richard (1990).
22.25 Les Chefs-d'œuvre
de la Fondation Bames.
22.30 Magazine : Bas les masques.
Je suis meilleure mère que ma femme.
Reportages : Entre deux pères; Trois
entants sur les bras.
23.45 Journal et Météo.
0.05 Magazine : Le Cercle de minuit.
Présenté par Michel Field.
Lundi 13 septembre
FRANCE 3
20.45 Cinéma : Adieu Poulet, ai
Film fronçais de Pierre Gramer-Deferre
(1975).
22.1 5 Journal et Météo.
22.45 Magazine : L'Atelier 256.
Présenté par Jacques Chance!. Le chsmior
de \a Grande Bibliothèque : le sac d'embal-
tste Ta Jus: Jes artistes de
M 6
loge; la rétrospective
ta photo copieuse...
23.40 Continentales.
CANAL PLUS
20.35 Cinéma : La Totale. ■
Film français de Claude Zidï (19911.
Flash d'informations.
Le Journal du cinéma.
Cinéma : Faces. ■■
Film américain de John Cassavetes
(1988) tv.o.).
Le Journal du hard.
Cinéma : Femmes caméléons.
Film américain, classé X, da John Leslie
(1992).
22.10
22.20
22.22
0.25
0.30
ARTE
20.40 Cinéma : .
Dona Flor et sas deux maris, a a
Film brésilien de Bruno Barreto
(1976) (v.o.).
22.25 Cinéma : Le Lâche. ■
Film indien de Satyajit Ray (1965) (v.o.).
23.35 Court métrage : Ya Nabîl.
De Mohamed Zran.
0.05 Cinéma d'animation : Snarfc.
Noblesse oblige, de Rao Hetdmets.
Mardi 14 septembre
22.00 Journal et Météo.
22.30 Cinéma : Topaze, a
Film français de Louis Gasnier (1932).
23.55 Magazine : A la une sur la 3.
Présenté par Christine Ockrent. Avec Serge
Juiy et Philippe Alexandre.
0.20 Continentales.
CANAL PLUS
15.40 TamarHoffs
présente The Haircut.
1 5.44 Court métrage : The Haircut.
De Tamar Simon Hoffs.
16.05 Surprises.
16.10 Le Journal du cinéma.
16.15 Cinéma : Warfock. a
FHm américain de Steve Miner (1990).
17.55 Surprises.
1 8.00 Canaille peluche. Corentin.
En dah jusqu'à 18.45 — —
20.50 Cinéma t Road Houso. □
Film américain de Rowdy Harrington
(1989)
22.50 Cinéma :
Le Club des monstres. ■
Film britannique da Roy Word Baker ( 1 980)
FRANCE-CULTURE
20.30 LHistoIrd en direct.
28 septembre 1958 # lo naissanco do la
V» République (2). Avec Jean Foyer.
Georges VedeL Jean Lacouturo, Philippe de
Saim-Roben. Ofhner Duhamel.
21.30 Avignon 93. ThàAiro Scandinave : Lao-
nora f de Sven Ho fan, traduit du danois par
Teqo Sinding. lu par Mario! Guttior.
22.40 La Radio dans les yeux.
0.05 Du jour au lendemain.
0.50 Musique : Coda.
Les grandes dames du fado.
FRANCE-MUSIQUE
20.30 Concert (en direct du Théâtre des
Champs-Elysées) : Ma mère l’Oye. de
Ravel ; Concerto pour violon et orchestre n*
2, de Bartok; Denses symphoniques, de
Rachmarànov, par l'Orchestre national de
France. d!r. Charles Dutoit ; Schlomo Mntz,
violon.
23.09 Ainsi la nuit. Par Véronique Gasnier.
Octuor pour cordes en mi bémol majeur op.
20, de Mendelssohn ; Pkbces en stylepopu-
l&ira pour violoncelle et piano op 102, de
Schumann.
0.00 L'Heure bleue. Transatlantique, par
Xavier Prévost. Las métamorphoses d'un
standard.
18.30 Çacartoon.
1 8.40 Sport : Football. Coupe des Coupes
(1» tour aller) : Apoel Nicosie-PSG. en
direct; b 18.45. coup d'envoi.
20.45 Sport ; Football. Coupe de rUEFA :
Bohémiens de Dublin-Bordeaux, en direct.
22.35 Flash d'informations.
22.40 Cinéma : Scènes de ménage
dans un centre commercial. ■■
Film américain de Paul Mazursky
(1991) (v.o.).
0.05 Cinéma : Darfcman. ■
Film américain de Sam Raimi (1990).
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1 7.00 Magazine : Mégamix (rediff.).
1 7.55 Documentaire :
Jackson Pollock (rediff.).
1 9.00 Série : Fast Forward.
De Tod Emery.
19.30 Documentaire : La sobre ivresse.
Uns petite histoire de café, d’Anke Welf-
Graaf.
19.45 Documentaire : Friedrich Ebert,
militant socialiste et homme d'Etat.
Ds Jans Fleming et Thoreten Jess.
Issu du protétanat, Ebert devint président
de la République de Weimar.
20.30 8 1/2 Journal.
20.40 Soirée thématique :
Qu'est-ce qu'un homme?
Soirée proposée par Françoise Castro et
Pierre Desfans.
20.41 Cinéma :
Un dimanche comme les autres. ■
Film britannique de John Schle singer
(1971) (v.o.).
22.25 te Documentaire :
Paroles d'hommes.
De Pierre Desfons.
0.00 Documentaire : Cabinet de lecture.
De Pierre Desfons.
Chorégraphie, fantasmes, avec une heure
de Pierre Arxhti et des textes de référence,
Sollers, Camon, Kafka.
0.1 0 Court métrage : Boeuf mode.
Une fable da Jean-Louis Fournier.
M6
14.00 Magazine : La Vie à pleins tubes.
17.05 Variétés : Multitop.
17.35 Série : Rintintin Junior.
18.05 Série : Le Magicien.
19.00 Série : Deux flics à Miami.
19.54 Six minutes d'informations. Météo.
20.00 Série : Notre belle famille.
20.35 Magazine : Grandeur nature.
20.50 Série:
Docteur Qulnn, femme médecin.
De Beth Sullivan.
Saga des premières femmes médecins du
Nouveau Monde.
22.35 Série : Mission impossible.
23.35 Série:
Le Monstre évadé de l'espace.
0.30 Six minutes première heure.
FRANCE-CULTURE
20.30 Archipel sctanca.
Par Stéphane Deltgeorges.
2*1.30 Grand angle.
Les cimetramas entra Terre et Ciel (rediff.).
22.40 Les Nuits magnétiques.
La course landaise (1).
0.05 Du jour au lendemain. Avec Philippe
S, Hadengue (la Loi du cachalot).
0.50 Musique : Code.
Les grandes dames du fado.
FRANCE-MUSIQUE
20.30 Concert (donné le 5 janvier 1992 è Mos-
cou) : Symphonie m 2 en si bémol majeur,
de Teneiev; Concerto pour flûte et orches-
tre. de Ntelsen; Danses de Galante, de
Kodaly. par l'Orchestre symphonique de la
Gostebacflo; Aurèle Nicotet, flûte.
22.00 Les Voix de la nuit. Par Henri Gor&ieb.
Marian Anderson, contralto. Œuvres de
Bach, Haendel. Mendelssohn et Negro Spiri-
tuals.
23,09 Ainsi la nuit. Trio pour piano, violon et
violoncelle n* 1 en fa majeur op. 18, de
Saint-Saône; Sonates pour violon et et gui-
tare, de Peganini; Tzigane, Rhapsodie poix
violon et orchestre, de Ravel.
0.00 L'Heure bleue.
».Vk
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TENNESSEE
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26 • Mardi 14 septembre 1993 •
S. " aEh
ffvrj .ty
visite de Charles Pasqua
Le gouvernement fera avant la fin de l’année
des proposition; pour le développement de la Corse
En visita en Corse-du-Sud,
samedi 11 septembre, à l'occa-
sion des cérémonies du cinquan-
tième anniversaire de ia libéra-
tion de ia Corse, Charles
Pasqua, ministre d'Etat minis-
tre de l'hrtérieu’ et de l'aména-
gement du territoire, a annoncé
que le gouvernement arrêtera
savant la fin de /'années ses
propositions pour le développe-
ment économique de IDe, sur la
base du plan de développement
régional que les ôhis doivent lui
remettre ie 30 septembre.
PHOPBIANO (Corae-du-Sud)
de notre envoyé spécial
Chartes Pasqua est éminemment
jaloux de son territoire. Bridé par
les rigueurs du protocole, il s'était
résigné, le 10 septembre, A rester
dans l'ombre de François Mitter-
rand, venu saluer au nom de la
République la mémoire de la résis-
tance corse (le Monde daté
12-13 septembre). Samedi, le
«ministre de la Cane» 8 réinvesti
son domaine à la manière d'un
propriétaire s’annonçant en faisant
cliqueter son trousseau de clés.
Non qu'il y ait un quelconque our-
let de nuage entre mi et le prési-
dent de la République sur ie dos-
sier corse; bien au contraire, a-t-il
assuré, «ri/ y a unité de mes». Il
n'en a pas moins signifié avec
force que sa propre visite, une fois
le président parti vendredi soir, se
faisait «rnu nom du gouverne-
ment».
Faconde, humour, cris du cœur
et mises a garde : te fils de Case-
vecchie retrouvait ses compa-
triotes tandis que le ministre de
l'intérieur sermonnait la Corse.
M. Pasqua face aux siens, c'est la
g iume ouverte et l'index levé.
ans le fief communiste de Sar-
t&ne, ce berceau de la féodalité du
Sud, il est comme chez lui, ivre de
convivialité. La ville, ombrageuse-
ment agrippée au flanc de mon-
tagnes de granit, s’est endimanchée
pour lui Taire honneur. Charles
Pasqua connaît la clé du lieu :
debout devant le monument de la
Résistance, il salue les anciens
combattants d’un * chers ca-ma-ra-
des» bien articulé. Puis il exalte la
geste des maquisards de 1943, en
rappelant que «les patriotes corses
et - pourquoi ne pas le rappeler foi ?
- les patriotes communistes ont
pris, tout seuls, la décision du soulè-
vement».
gnîft, patron de la très contestataire
H VMM wW raP WW W •WWWWUiWi mm
Fédération du PC de la Corse-da-
Sud, l'homme estun communiste
foncièrement atypique. Cet ancien
instituteur ayant transité par l'école
des cadres du parti présente l’origi-
nalité de régner sur un électorat
municipal qui, pour jpaitk^ plébis-
cite ensuite au scrutin législatif le
chef du «dan» du Sud, Jean-Paul
de Rocca-Serra, président (RPR)
de F Assemblée de Corse. Ainsi va
la politique insulaire, où l'excel-
lence couronne surtout, ao-ddà des
étiquettes, le savoir-faire dans le
contact paternel et la connaissance
intime des heurs et malheurs du
village.
Un dirigeant
dans la foule
Plus an nord, à une demi-heure
de la oe fs à travers le dffvif
le village de Levie, le ministre de
l'intérieur a usé d’une autre dé,
celle de ia coraitude, D ne s’est pas
ofliuqué le moins du monde de
cette tête de Maure apposée sur le
drapeau tricolore voilant le monu-
ment de la Résistance, alors que
des fonctionnaires de la préfecture,
Inquiets de sa réaction, avaient
cherché à la foire disparaître. L’ob-
jet du délit étant imprimé et non
cousu, ils ont pourtant dû renon-
cer : techniquement, l’opération
était sans espoir.
Le patron de la place Beaavau
ne s’est pas davantage ému de la
présence, dans la foule, d’un des
chefs du FLNC-Canal historique,
simple badaud cravaté venu non-
chalamment au spectacle. Improvi-
sant, le ministre a gardé dans sa
poche le texte de son allocution
détaillant la bataille de Levie, ce
fameux combat où maquisards et
soldats italiens ont joint lenrs
forces contre les troupes alle-
mandes, pour lancer ce cri du
cœur : «St A un moment de ma vie
j’ai rouent/ l’orgueil de mes ori-
gines. c’est bien Lorsque. Jeune résis-
tant corse sur le continent, j’ai
appris ^ que mon Ile venait de se
Ce Corse-là connaît assez bien
l’ame insulaire pour savoir qu'il
serait périlleux de trop ia flatter.
C’est i Propriano, village balnéaire
SOMMAIRE
DÉBATS
Un entretien avec JQrgen Haber-
mas 2
ÉTRANGER
L'accélération du processus de
paix au Proche-Orient 3 h fl
La situation dans l'ex-Yougoriavie. 7
POLITIQUE
Le retour de Lionel Jospin sur la
scène poSffque.......................... 8
A la Fête de PHu/mnité, les com-
munistes appellent è «foira échec
au plan Balladur» 9
L'élection législative partielle de
Loire-Atlantique et quatre canto-
nales partielles 10
SOCIÉTÉ
Uns large majorité de Français est
favorable è ds fortes augmenta-
tions des taxes sur le tabac 11
Les horizons incertains de la plai-
sance dans les Côtes-d'Armor . 12
La tempêta s secoué la façade
atlantique 13
Le championnat du monde
d'échecs 24
SPORTS
Tennis : les Internationaux des
Etats-Unis 14
Athlétisme : les Chinoises battent les
records féminins du daml-fbnd ... 14
Automobilisme : le Grand Prix
dltaBa de formule 1 14
CULTURE
La 50 Mostra de Venise 15
La Festival du cinéma américain de
DeauviHe 1 5
ÉCONOMIE
La préparation du budget 1994 .. 18
Le Crédit lyonnais, l'UAP et le Cré-
dit national pourraient changer de
président 18
Vie des entreprises 22
COMMUNICATION
Le groupe Hersant est-il en règle
avec la lot? 21
I
L’ÉCONOMIE
• La réforme du système de santé
aux Etats-Unis • Vietnam : l’an 1
du décotiage • La mutt [propriété
nouvele vagua • Dossier : tes pro-
duits verts • Le marché des
changes critiqué.... 27 è 36
Serrées
Abonnements.......... ... 16
Annonces classées ... 24
Carnet 24
Loto, Loto sportif 24
Marchés financiers.... 22 et 23
Météorologie 25
Mots croisés 24
Redlo-télévlslon 25
Spectacles 17
La télématique du Mondé :
3615 LEMONDE
3815 LM
Ce numéro comporte un cahier
«La Monde-L'Économie »
foferté 27 à 36
Le miméra <fo « Monde »
daté 12-13 septembre 1993
a été tiré è 537 364 exemplaires.
Pologne, an V
Demain dans « 3e Monde »■
Quatre ans après avoir entamé leur transition, è marche forcée,
vers l'économie de marché et ta démocratie, iss Polonais retour-
nait aux urnes, dimanche 19 septembre, pour renouveler leur
Parlement, Nous commençons, demain, ia ptôfication d'une série
d'articles consacrés aux succès et aux doutes de cette Pologne
nouvelle.
languissant sous les derniers rayons
de septembre, que le ministre de
l'intérieur se décide alors à dresser
l’index. Face au maire, Emile Moo-
ebi, qui vient de lui soumettre ses
doléances, il se cabre poliment et
foït la leçon. «Nous, les Corses,
nous sommes capables du pire
comme du meilleur. lanee-tiL C’est
dans notre tempérament, mais U
faut cesser de se prendre pour le
nombril du monde. Arrêtons de
penser que nous sommes extraordi-
nairement originaux et qu’il fau-
drait mobiliser en notre faveur des
moyens extraordinaires. Cela me
fait sourire et cela m'attriste. Nous
méritons mieux que cela. »
L’assistance qui se presse dans la
salle de la mairie est brutalement
refroidie. M. Pasqua le sent Alors,
pour se racheter, fl jette une de ces
formules dont il sait qu’elles déri-
dent mécaniquement les visages :
«On dit souvent que la Corse est
une île entourée d'eau. Ce n'est pas
vrai. C'est une montagne entourée
d'eau. » L’index est tombé, la
paume s’est ouverte, et Propriano
s’est esclaffée.
FRÉDÉRIC BOBIN
La Banque de France
abaisse son taux
de prise en pension
d’un quart de point
La Banque de France a annoncé,,
dans la matinée du lundi 13 sep-i
tembre, une baisse de son taux de
prise en pension à vingt-quatre
heures d’un quart de point, de 7,30
i 7,23 %, ce qui le rapproche du
taux allemand équivalent (7 %).
La précédente baisse remonte an
vendredi 10 septembre, lorsque la
Banque de France Pavait bit passer
<fe 7,75 % à 7,50 profitant de la
fa t ff ÿg des taux dirortepra
En revanche, le taux de prise en
pension de 5 à 10 jouis n’a pas été
modifié par la Banque de France. U
reste fixé à 7,73 %, tandis que le
taux d’appel d'offres est toujours
fixé A 6,75 %.
□ Un Boeing 747 é*Air Fraace sort
de la piste i Papeete (Tahiti). - Un
Boeing 747 de la compagnie Air
France qui assurait le vol AF 072
entre Les Angeles et Papeete avec
256 passagers et membres d’équi-
page à bord a fait une sortie de
piste lors de son atterrissage à
Papeete (Polynésie française),
dimanche 12 septembre à
21 heures (lundi 13 septembre à
9 heures, heure de Paris). Le sys-
tème de freinage de l’avion n'a
apparemment pas fonctionné et
l'avion a piqué du nez dans le
lagon an bout de la piste d'atterris-
sage. Tous les passagers, évacués
par toboggan, sont indemnes.
□ Mbit de Ray m o nd Bon. - L’ao-
teur de cinéma et de télévison Ray-
mond Burr est mort d’un cancer du
foie dimanche 12 septembre dans
sro ranch de Dry Creefc (Californie),
fi était figé de soixante-seize ans.
Comédien à la carrière prolifique (fl
avait notamment joué dans Une
place au soleil, de George Stevens, et
Fenêtre sur cour, d’Alfred Hit-
chcock), il connut rare gloire interna-
tionale en interprétant un détective
paralysé, héros de la série télévisée
«l’Homme de fer».
*-V ^ * **.. ' _ ^
■*. -■
partisans du général AÜid avalent proposé an cessez
■ * ■
Combats d’une intensité sans précédent en Somalie
■
Des affrontements d'uns intan- affrontements bout intervenus deux entretien, publié samedi par k J 0 ®"
srté sam précédent ont oooosé J 00 * 3 8 P rts 95 e rAffiance nationale nal géorgien Atlanta Joumal-consu-
jutufi 13 «MrtwnW— a rJSZh «malienne (SNA) du général Moha- tution, Tex-président américain
-med Farah AMM eût un appeL fimmy Carter a indiqué qu'il coro-
tem traction rapide américaine a M cessez-le-feu et & la reprise de mU niauait «assez régulièrement »-
pourparlers avec l’Opération des
Nations unies en Somalie (ONU-
SOM). Recevant des journalistes,
deux dirigeants du SNA, Mohamed
Hassan Awaie et Mohamed Sied
des mffidem somations, dans ia
sud de MogadhciQ. Des Soma-
tiens en pro ven an ce des quartiers
où se » i* déroulés les combats
ont affirmé que plusieurs aoldati
américains et de nombreux Soma-
tions ont été tués.
Le calme est revenu dans le sud
de la capitde somaltennc après deux
heures et demie de violents combats,
au cours desquels les hélicoptères
américains Cobra ont tiré de longues
rafales au canon de 20 millimètres.
Selon les témoignages de Somaliens,
une opération an sol, du corps
d’élite des Rangera américain», pris
des hôpitaux de Médina et de Bena-
dir, serait à l’origine des combats.
Plusieurs dizaines de Somaliens
auraient été arrêtés au cours de cette
opération, avant que les Rangers
n’esuient les tira de miliciens. Ces
bsa, avaient déclaré que « tous les
problèmes peuvent être résolus , pacifi-
quement». «Nous voûtons la paix et
nous aooetons la communaux inter-
& arrêter le massacre du
peuple somalien et promouvoir le
dialogue», avaient-ils ajouté. Selon
eux, les violents affrontements de
jeudi ont bit 203 morts et 349 bles-
sés, côté somalien.
Dimanche, le jporte-parole de
l’ONUSOM avait affirmé que
« toutes les démarches visant à ame-
ner la paix et la sécurité à Mogadis-
c io sont bienvenues». S’en tenant &
des déclarations de principe, il
s’était refusé i commenter pins en
détail rappel au cessez-le-feu des
deux, dirigeants du SNA. Dans un
depuis un mois, avec Mohamed
parafa Aïdid, ««« qu’il né né g o c iai t
pas la reddition de ce dernier, «les
tentatives pour oser ou capturer ATdid
dotent cesser*, a affirmé M. Carter
dans cet entretien.
De plus, des soldais français, attar
qués par des tireurs somaliens, en
ont tué un et blessé deux antres,
vendredi apris-midi, dans le sud de
MogadiscUya indiqué on porte-pa-
role militaire de l’ONUSOM. Des
mnieîan» «mslima avaient ouvert le
feu sur un convoi de Tannée fran-
çaise, formé de trois chars et d’un
«wwiww qui revenait de Baidoa, où
sont déployées les forces françaises.
Sx roMa** ont riposté et poursuivi
les assaillants la maison d’où
ils tiraient. Un Somalien a été tué et
deux autres rot été blessés i T inté-
rieur de la maison. - (AFP.)
Les coDcentrations dans le secteur de la commimication aux Etats-Unis
Le groupe Viacom rachète Paramount
La groupe de tMévMon Vtecom
a pria la contrôla, dimanche
12 septembre, de Paramount
Communications, l'une des
«majorai do Hollywood. Cotte
operation oe 0,2 itwnras oe oor
lara (46 mHBards de francs envi-
ron] donne naissance à T un des
plus grands groupas momfiaux
dans- le domaine de la commwil-
canon, lb nouvne soaon, uiuiit-
Me Paramount Viacom Internatio-
nal, représente un chiffra
d'affaires cumulé de 6 milliards
de doBars (33 mSSaids de francs
environ).
Ted Turner geignait Paramount,
nuis c’est Viacom qui s conclu.
Dimanche 12 septembre, le groupe
américain de télévision Viacom a
pris le contrôle de Paramount Com-
munications, Tune des «majora» de
Hollywood. L’opération de rachat-
fusion, dont la rameur courait Wall
Street depuis une semaine, a été
approuvée k l'unanimité par les
deux cousais d'administration.
La nouvelle société, intitulée Para-
mount Viacom International, repré-
sente un chiffre d'affaires cumulé
d’environ 6 milliards de dollars (33
milliards de francs) dans les
domaines du câble, de la télévision,
de b production audiovisuelle et
cinématographique et de l’édition de
livres.
Paramount qui, aux termes de
Taccord, fusionnera avec Viacom est
un important producteur de films
(Proposition indécente, la Finira..) et
fr oc sur le câble : MTV (musique),
Niclododero et Nick at Nrte (chaîne
pour enfants et adolescents dans la
journée et qui vise un public
d’adultes le soir). Showtime et The
Mbvré Channd (chaînes cinéma).
Épisode d'an processas
généralisé
Le groupe possède égale me n t des
participations dans Lifetime (chaîne
pour tes femmes i la maison), Ail
News Charnel (informations), et
d’autres chaî ne s câblées. Yiaoom est
é gftlamant un important distributeur
de programmes de télévision
(«Gosby Show» notamment).
La fusion entre Viacom et Para-
mount n'est qu'un épisode au sein
d’un processus géhénuisé de concen-
tration entre te monde (te la télévi-
sion et celui du cinéma. Tous tes
groupes de communication améri-
cains pr éparent aujourd'hui l'avène-
ment de la télévision numérique qui
per m et tra dans un avenir proche de
nau MpU er te nombre de «mSmm de
télévision par sept ou huit. Dans
cette per sp ective, assurer Tj
sionnemenl des chalheade
en programmes passe principale-
ment par des prises de contrôle &
Hollywood. Il n’est donc pas éton-
nant qnc Taccord conclu dimanche
prévoie la diffusion exclusive des
films produits par Paramount sur tes
chaînes de télévision ciblée de Via-
COuL
«La révolution
diale dans le domaine dû
ment rient de commencer. Cette
fusion est une stratégie idéale, adap-
tée par deux grands groupe compié-
■“ Mémoires dont let 'matem sont sans
limite», a commenté Sommer Red*-
tone, président de Viacom.
YVES MAMOU
de programme» de télévision ( «Star
True». «Le juste prix» _). Para-
mount contrôle également un certain
nombre de stations régionales de
télévision (WKBD-TV à Detroit par
exemple, récemment rachetée à
. Rupert Murdoch) et possède un
dé part ement fort actif dans la mise
au point de logiciels éducatifs- Penh
mount possède également un catalo-
gue de pris de huit cents films.
n
Viacom (12 milliards de francs de
chiff re d'affaire environ^ quinzième
icSMp-opérateur des Etats-Unis (1,1
million d’abonnés en 1992) est sur-
tout connu par les chaînes de télévi-
sion thématique qu’il contrôle et dif-
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" ■ ' • - •: , ■■'■.■J . .:• ^ ;<• 'aü -> V- vk -v
S SECRET
DU VIVANT
Le Monde • Mardi 14 septembre 1993 27
La multipropriété nouvelle vague
Dossier : Les produits verts
Le marché des changes critiqué
^
La formule des
années 70 revient
sous un vocable
anglo-saxon, le
« tlme-share ». Il
s'agit toujours
d'achatar une
semaine de
vacances à vie,
mais cette foie
avec des bourses
d'échange Interna-
tionales.
.La vague des pro-
duits t écologi-
ques» rencontre
des écueils : man-
que de crédibilité,
; marques obscures,
.réputation d'ineffi-
jcacité. Mais la
bagarra sur las
«labels verts» mon-
tre que l'intérêt des
industriels ne faibSt
&<£)$
m
page
pas.
page
Après ta crise
monétaire da l'été
qui a bouleversé le
SME, les réflexions
vont bon train sur
le rôle et la nature
même du marché
des changes.
Révélateur « neu-
tre » ou manipula-
teur? Trois opi-
nions plutôt
critiques.
MOMPIMHOt M
Humeur, par Josée Ooyère :
Psychologie, La cote dea mots, per
Jean-Pierre Cotignon :
Entrepreneurial (e). Livras : Les
secrets du temps, une critique du
dentier Kvra de Bruno Jerroseon.
Note de lecture. Agenda.
MRSMCnviS stètt
Luxe ; Vrankan, le mouton noir du
champagne. Récolte : un retour à la
raison.
•••■■aiiavf|,ll*ltll<
page
^ ♦ ni U
Les taux d'intérêt : Lente décrue.
L'économie mondiale : L’Europe » le
trsbie. Marchés financiers : Euphorie
boursière. Les produite laitière : La
fleuve blanc troublé.
L
f
N
L J
À-CÔTÉS
LA RÉFORMI DU SYSTÉMI DE SANTÉ AUX ÉTATS-UNIS
A l’abordage !
Les pirates sont
de retour : Equipages
dépouillés,
cargaisons pillées
ou bâtiments envolés .
Des centaines de méfaits
par an, dans le secret ...
L’Amérique réinvente la Sécu
LONDRES
correspondance
- ‘ : >•
L E Bolttmore-ZepMr ; im cargo danois
de 3 200 tonnes, battant pavillon
des Bahamss, transportant des équi-
pements miniers de Freemsntei (Austra-
lie) i &ngapoux; long6 les petites lies de
la Sonde, dans les eaux territoriales indo-
nésicnnes. JPsr tue nuit de pteine lime,
des -pilâtes^ masqués et^ armés de fusils
d’assaut AK 47, à bord d’une vedette
rapide amarrée à la poupe, montent à
bord à Faide de cordes et de grappins. Le
^capitaine anglais, John Bashforth, lance
Lan SOS, mais les nombreux navires qui
^«transitent par cette route pourtant tris
Éggfiiéquentée, refhsent'de -venir à la res-
néiàifft
} £t ■ :■ Les autorités de Sumatra et de Java
if fbut également la sourde oreille. L’officier
£êqui refuse d’ouvrir le coffre et son pre-
: minier adjoint, un Philippin, sont abattus à
ii&ôüps de revolver. Les neuf hommes
^d’équipage sont dévalisés. Les pirates dis-
fpahûtsent la nature#
p ; A l’abordage I Les pirates sont de
^retour et le fhit divers n’a £rit qu’un petit
^entrefilet dans le Lloyds'Llst, le quotidien
phrmiméro nn mondial de l’assurance. H
Cèie s’agit pourtant pas d’un épisode isolé,
équipages dépouillés, cargaisons pillées,
|1bÂiments parfois envolés.
E? -
Mare Roche
Un la suite page 32
Le 22 septembre, le
président des Etats-Unis,
Bill Clinton, doit présenter
au Congrès la réforme
difficilement élaborée qui
devrait enfin guérir le
système de santé
américain des deux maux
qui le minent. Faute de
contrôle, les coûts ne
cessent de monter,
menaçant les systèmes
d'assurance publics ou
privés. En môme temps,
un nombre croissant
d'Américains ne sont pas
ou sont mai couverts
contre la maladie. Bill
Clinton veut généraliser,
d'ici à 1 998, une
assurance de base, définie
sur le plan national, avec
des normes communes
gérées au niveau de
chaque Etat. Aidés par des
exonérations fiscales,
\ employeurs et salariés se
\ partageront les frais .
Lira pages 30 et 31
ides de Serge Marti,
Claudine Mulard
et Colombe Schneck
-i -
IJI Vietnam : l’an 1 du décollage
X En attendant la levée de l'embargo américain , le Vietnam a de nouveau accès
y- àüx crédits interpationaux. Un nouveau coup de fouet pour une économie renaissante.
ASIE
'SXSUÙ"- ï n -
Mais les handicaps demeurent lourds
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HÔ-CHl-MINH- VILLE
de notre envoyé spécial
sÉ p^^lSTUÉS à vivre très chichement jus-
Wsm ra^pri 1987 au moins, les Vietnamiens
un peu. Les réformes écono-
^^ ^mfe&troduitei ces sept dernières années
production et attiré les investis-
^p^lk^ riüner».- En 1992, le taux de crois-
j^B^Piiôt M %, et le montant global des
^ ^^ren mnts étrangers - agréés depuis jan-
1 ? â dépassé le càp des 6 miüianis de
iliHffiH$3e'31 juillet dernier. La croissance
araffiïWpounuivre cette année i nn taux
%, et Hanoï s’est fixé pour ôbieo-
de cro issan ce de 8 % à 9 % en 1993
1991, les exportations aug-
^rapot de & % en moyenne chaque année,
l^pih&tânps, r économie i survécu à la
Mj^^aàippregskMi de raide de l’ancien bloc
lliplnteTttt 1991) en établissant rapidement
.commerciaux avec phisicun pays de
lipËpôà: !En outre, la libéralisation des prix et
^^cômineice mt au Vietnam de deve-
depuis 1989, le tnrisième exportateur mon-
^PJIb rbc.-Le 14 juillet dernier, l’Assemblée
W^êSlSTéiiôSEut aux paysans des garanties
supplémentaires. A défaut du rétablissement
du droit de propriété, mesure à laquelle ne se
sont pas encore résolus les dirigeants marxistes
de Hanoi, les cinquante-sept millions de
ruraux vietnamiens bénéficient de baux renou-
velables de vingt ans pour les cultures
annuelles et de cinquante ans pour celles de
longue durée. Surtout, outre un allégement des
impôts, les droits de transfert, d’échange, de
location et d’héritage des terres ont été accor-
dés aux paysans dont les exploitations sont
à 3 hectares. Le développement de la
production agricole - que beaucoup d’experts
considèrent comme cruciale - déviait donc de
.nouveau rebondit.
MOSrfftlTÉ • Bref, l'économie vietna-
mienne est sortie de sa léthargie sans attendra
ta levée de l’embargo américain. Principal cen-
tre industriel et commercial du pays, Hô-Chi-
Minh-Vifia son quartier chinois de Cholon et
leurs environs immédiats (cinq millions d'ha-
bitants) n’ont probablement jamais connu un
tel niveau d'activité. Dans le delta du Mékong,
grenier à riz, les signes d'une nouvelle prospé-
rité sont évidents. M&me le Nord surpeuplé
s'anime rapidement. Mais ces c hs ti gem ëi Uf, si
nets soient-ils, ne doivent pas faire oublier de
lourds handicaps après trente ans de guerres
rameuses et, dans là foulée, dix années d’une
gestion qui a conduit le pays au bord de la
faillite.
Les ressources humaines constituent, de
loin, l’atout le plus crucial. Mais l’infrastruo-
turc du pays est en raine ou reste à créer. Par
exemple, cette année en dépit d’exportations
record (780 000 tonnes pendant les six pre-
miers mois, soit 30 % de plus que Tannée pré-
cédente), les riziculteurs se sont retrouvés avec
600 000 tonnes- qu’ils n’ont pas les moyens de
stocker faute d’installation», alors qu’ils sont
obligés de vendre i bas prix parce que la per-
cée du Vietnam sur le marché mondial a déjà
fait nettement chuter les cours. Les Vietna-
miens estiment 1 i phis de 20 milliards de dol-
lars (sur un total de quelque 30 milliards) les
crédits étrangers nécessaires à Téquipement du
pays d’ici é Tan 2000.
Jean-Claude Pomonti
Ura h suite
et le point de vue de Jean Bmnot de Rouvre
page 29
(1) I doDir vaut environ 6 foutes.
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L’ECONOME
MODE D’EMPt
LOGEMENT
Multipropriété nouvelle vague
Quelque 33 000 Français ont acheté une semaine de vacances à vie . La formule, qui a connu
des déboires, cherche un nouveau souffle dans les bourses d'échanges internationales
E N France, la multipropriété a mauvaise
presse. Les associations de consommateurs
dénoncent régulièrement des cas de publi-
cité mensongère, des méthodes de vente mus-
clées, sans parler de la flambée des charges sur
les appartements et de la revente quasi impos-
sibtel
Créée en 1967 par la société Les Grands
Travaux de Marseille à Superdévoluy dans
les Alpes, la formule s’est vite essoufflée : te
plus gros opérateur, Pierre et vacances,
constatant la mévente des périodes bois sai-
son, a préféré abandonner. En revanche, la
multipropriété s'est exportée avec bonheur
aux Etats-Unis-, d’où elle nous est revenue
à la fin des années 80, affublée de l’angli-
cisme résidences en « üme share» («temps
partagé», littéralement) et pourvue d'un
attrait supplémentaire : les bourses
d'échange. Dans l’absolu, le «time share»
ne serait donc que de la multipropriété
nomadisée™
Juridiquement, l’acquéreur d’un appar-
tement en multipropriété n'achète pas
des mètres carrés mais simplement les
parts d’une société civile immobilière, les-
quelles lui donnent droit d’occuper le loge-
ment en question une ou deux semaines par
an, à période fixe, et ce généralement pour
une durée de quatre-vingt-dix-neuf ans.
Quoi qu'en disent certains vendeurs, la
multipropriété n’a donc rien & voir avec la
propriété. La modicité de l’investissement
(la semaine se vend entre 40 000 francs et
100 000 francs pour un «studio deux cou-
chages», selon le standing et la saison considé-
rée) constitue le principal argument de vente.
SOUPLESSE • Fatalement, partir chaque année
au même endroit la même semaine finit par las-
ser ou par devenir carrément impossible : les
familles qui, fl y a dix ans, ont acquis la jouis-
sance de la seconde semaine de septembre ont
ainsi fait les fiais de l’avancée de la date de là
rentrée scolaire. D’où l’idée, importée d’outré-
Atlantique, d’affilier tes résidences à des bourses
d’échange permettant per exemple de «troquer»
une semaine & Biarritz en septembre contre une
autre à Cannes en mal Finie la multipropriété
autarcique, l’heure est aux globe-trotters : ainsi
est né le « lime share». De par te monde, ils
seraient actuellement 2 400 000 «timesharers»
- dont 33 000 en Fiance - à se partager 3 000
résidences affiliées à deux bourses d’échange
américaines, Resort Condo minium International
(RCp et Innervai International, qui régnent res-
pectivement sur deux tiers et un tiers du marché.
Apparemment plus souple, . la formule ne
fait pourtant pas l’unanimité. «On reçoit deux à
trois plaintes chaque semaine», reconnaît Joël
PkL président du syndicat des professionnels du
temps partagé qui, soucieux d’assainir la profes-
sion, s’est doté d’une «charte de déontologie».
Le «time share » est eu effet le terrain de prédi-
lection de nombreuses sociétés écrans qui, pour
échapper à toute poursuite juridique, installent
leur siège social dans FUe de Man. Leurs
méthodes de marketing alliant démarchage à
domicile, matraquage commercial, pression psy-
chologique et promesses mirifiques défiaient la
chronique, jusqu’au jour où elles disparaissent
Philippe Baverel
Ii-'U H *«:•
u cotedesmOïs
Entrepreneurial(e)
L’adjectif entrepreneu-
rial (e) s’est peu à peu
introduit dans le langage,
pour qualifier ce qui
concerne un entrepreneur,
pour caractériser une
démarche relevant de l’ini-
tiative économique, il s'agît
une fois encore d'un angli-
cisme, mais qui a la bonne
idée de découler d’un mot,
entrepreneur, dont la gra-
phie est la même tant en
français qu’en anglais... De
plus, entrepreneurial s'in-
sère sans problème au sein
de termes comme dïietaro-
rial. impérial, etc., qui eux
aussi appartiennent è la
famille de noms en eur [dic-
tateur, empereur...).
En français, entrepre-
neur a d’abord désigné une
personne qui entreprend
quelque chose. Puis cette
acception a été supplantée
par le sens, plus restreint,
de c personne qui s'engage
par contrat à fournir des
services, des denrées, ou
qui se charge de l’exécu-
tion d’un travail - en parti-
culier en matière de
construction ».
Depuis le début de ce
siècle, le mot a pris une
signification plus large, et
cela de plus en plus, ces
dernières années, sous l’in-
fluence de l’homographe
anglo-saxon.
Ce qui introduit assez
souvent un quiproquo, les
usagers du français ayant
immédiatement à l’esprit
les entrepreneurs de plom-
berie, entrepreneurs de
bâtiment, etc.
Pour cette raison il
nous semble bon de s'en
tenir le plus souvent possi-
ble è chef d'entreprise, diri-
geant (d’entreprise), capi-
taine d'industrie, brasseur
d’affaires, industriel, etc.,
selon le cas, quand il y a
risque de confusion sur le
sens restreint.
Jean-Pierre Coiignon
-J .jtiOJ 'J 1 ÜI.TI 3 ÏU ?!■
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h. . • — - - - —
LIVRES
i J jjîî::£OJ:ïoo ï ;s
s*i • .
Les secrets du temps
Savoir utiliser le temps est indispensable aux économies
comme aux entreprises. Bruno Jarrosson ne donne pas de recettes
mais une analyse des pratiques
BRISER LA DICTATURE DU
TEMPS
de Bruno Jarrosson
Ed Maxima-Lauren t du Mesnil ,
diffusion PUF,
208 p-, 138 F.
S AISIS-TOI de chaque
heure. Ainsi tu seras
moins dépendant du
lendemain puisque tu te seras
emparé du jour présent. » Cest Tun
des conseils que Sénèque donne à
Lucflins dans une lettre qui ouvre
l’ouvrage étrange et passionnant de
Bruno Jarrosson. Etrange parce
qn’en ingénieur il philosophe sou-
vent mieux - en tout cas plus clai-
rement - que ceux qui ont des
grades dans cette disciplina Pas-
sionnant parce qu’on met en
lumière les liens si forts - et trop
méconnus - entre la culture et
l'économie.
Certes, à force de retourner les
concepts sur (e développement, on
s’est fait une religion sur tes causes
de la richesse des nations et deleur
pauvreté. Mais si l’on a multiplié
les explications, on a trop rarement
recherché la plus profonda L'une
d’entre elles est privilégiée avec
raison par notre auteur. Elle tient
essentiellement & la vision que les
sociétés ont du temps ou plus exac-
tement au contenu du temps, de
son sens, ce qui n’a rien à voir
avec sa mesure.
ÉTERNITÉ m Dans l’Histoire, note
Bruno Jarrosson, on voit que les
Grecs glorifient le passé. Pour
Aristote, le changement ne peut
être que perte de perfection. Avec
l'Eglise catholique, qui dominera
longtemps la société occidentale, le
modèle du temps n'est plus le
passé mais l'éternité. Le chrétien
n'est pas sur terre pour satisfaire
ses besoins et s’enrichir, mais pour
chercher le royaume de Dieu. En
Afrique, la tradition règle la vie et
le futur i peu de poids, donc l’in-
vestissement Dans la philosophie
bouddhiste, le temps est cyclique
et le progrès est une idée naïve.
Le modèle occidental de déve-
loppement donne an contraire du
temps une valeur déterminante.
e [je futur devient la raison d'être
du présent .» Le progrès remplace
l’idée de paradis et, «si nous pro-
gressons, ti n’y a pas une minute à
perdre.»
Même lorsqu’on admet ce
paradigme, les appréciations du
«temps économique » varient selon
que l’on est américain ou latin (
« rhénan » ou « anglo-saxon »,
dirait Michel Albert, que cite notre
auteur).-
Aux Etats-Unis, «Forgent est
la finalité de l’occupation du
temps» et ce capitalisme est
orienté vers Le court terme, la ren-
tabilité immédiate, la consomma-
tion rapide et l’endettement. Dans
le capitalisme latin, «il faut donner
du temps au temps », comme aima
à le répéter François Mitterrand
après César, donc privilégier
l'épargne, l'investissement, le long
terme. Quant aux Japonais, s’ils
sont beaucoup plus proches de ce
dernier modèle, c’est parce qu’ils
ont peur de cet inconnu que repré-
sente l'avenir qui, pour eux, «n'est
qu'une émergence du prisent» que
fou ne peut planifier.
Bruno Jarrosson consacre
encore plus de place, dans son
livre, à la micro-économie et aux
hommes qui agissent. Il estime
que, comme dans une équipe de
football, trois temps gouvernent
l’action collective : le temps per-
sonnel qui est celui de la créativité
et de la décision; te temps des
autres qui est celui de la motiva-
tion; le rythme général, régulant la
vie de l'organisation.
Un bon chapitre aussi sur les
« pathologies du temps». L'idée
que tout temps doit être productif
est une absurdité qui conduit à la
fuite dans faction, à une aberra-
tion du comportement : se trouver
des prétextes pour avoir l'air
occupé. Autre erreur : la confusion
entre le potentiel et la performance
qui mène au mégalomane pour qui
« un égoïste est celui qui ne pense
pas à moi». Autre danger : le tra-
vail devenant une drogua Certains
responsables se sentiraient dévalo-
risés d’avoir du temps, et leur
dépendance traduit, comme celle
de l'alcoolique, une angoisse dé
l'avenir qui peut se manifester au
reste par d’autres trembles : manie
de la prévision, de la vérification,
etc. fi existe aussi des façons de
« trahir le temps». Elles se nom-
ment la frivolité (vouloir la fin
sans vouloir les moyens); l'infidé-
lité (vouloir tes moyens sans la fin
et, au-delà, craindre d'atteindre la
fin de peur d’être privé des
moyens) : «Nous trahissons le
temps par peur de regarda- en face
le sens de la vie.»
CHOISIR • Pour un décideur, la'
stratégie consiste à gagner de l’es-
pace (parts de marchés) et du
temps (anticipation, flexibilité) :
apanage, dans ce dernier cas, des
petites entreprises par rapport aux
grosses, co mme on l’a vu dans L’in-
formatique ces dernières années.
Mais la stratégie est d'abord «chro-
nastratégie», parce que le stratège
est celui qui choisit : «Or, choisir,
c’est maîtrisa l'information et donc '
usa au mieux du temps.»
Le temps n’est pas une denrée.
Parkinson a raison : plus on dis-
pose de temps pour faire une
chose, plus il fout de temps pour la
foire. Ce qui veut dire que, «d'une
part, le temps de Faction est celui
du contenu du temps, mais que,
d'autre part, le cadrage de l'action
à partir de la mesure du temps pos-
sède le pouvoir d'accélérer Fac-
tion. » Bruno Jarrosson, on 1e voit,
n’a pas voulu faire un livre de
recettes. Parce que c’est inutile :
«La discipline du temps est une
discipline de synthèsè de vie... Si
l'âne n'a pas soif, U rte boit pas. ».
En revanche, on peut aider à réflé-
chir sur la question et, très vite, on
est conduit à proposer un «nouvel
humanisme», celui dont on a tant
besoin aujourd’hui pour redonner
un sens à l'action d’un' monde
déboussolé:
Pierre Drouin
HUMEUR t par Josée Poyère
Psychologie
(Holiday Investment, Emolink, Archipel Diffii-
skuu.), parfois avec l’argent des victimes!
«Tous les litiges portent sur des résidences
situées à l'étranger», constate JoS Pid. Il est vrai
qu'en Europe, seuls te France. & Grèce et- le,
Portugal disposent d'une législation sur le
«temps partagé». En attendant la cÜrcctivc aHo-
péehne sur la question, en discussion depuis plu-
sieurs aimées, les «brebis galeuses» ont
beau jeu d’exploiter le vide juridiqua D’au--
tant que lorsque le contrat est signé à
l'étranger, la loi française de 1972 sur le
démarchage à domicile (qui prévoit un
délai de rétractation de 7 jouis) ne s'appli-
que évidemment pas.
DÉBOIRES • La nature du produit, lui-
même suscite aussi bien des déboires. Pre-
mière déconvenue : r inflation surprise des
chaiçss, sous-estimées sur le contrat èt pres-
tement réévaluées parfois à hauteur de
100 % - Tannée suivante. Heureusement, la -
101 du 6 janvier 1986 sur le «temps par-
tagé» précise que les charges ne peuvent
augmenter qu'en fonction de l'inflation et .
distingue les charges concernant le fonction-
nement de la résidence et celles bées à l'oc-
cupation de l’appartement (électricité. „),
non exigibles si l’acquéreur n'utilise pas sa
tranche annuelle. Second point de friction :
l’accès à la bourse d’échanges, qui se paie
. cher (1470 francs l'abonnement de trois
ans, plus 570 francs par semaine échangée,
citez RG) .
L’échange relève en foit du parcours
du combattant : pour avoir une chance d'obtenir
la destination de son choix, mieux vaut s’y pren-
dre longtemps à Tavanca «Le plus tôt possible»,
prévient Claude Blanc; directeur général de RG
France, c’est-à-dire un ou deux ans avant 1e
départ, en indiquant- trois «choix». Et pas ques-
tion d’échanger une se main e de basse saison
-contre une antre en période rouge! De toute
façon, aucune clause du contrat ne garantit que,
le «timeshara» doive obtenir satisfaction! Sage
précaution : la plupart (tes clients souhaitent par-
tir an même endroit en même temps—
N OUS avons tous plus bu
moins dans la tête una
idée de la formation dès prix
fort éloignée de la réalité :
fabrication, distribution . et
consommation de massa ont
une autre logique.
Oui, bien sûr, il y a la loi di
marché qu'au quotidien on
constate facilement sur les
fruits et légumes ; les primeurs
sont chers, car les premières
asperges, les premiers raisins
de Moissac sont rares sur le
marché, puis, en pleine saison,
les cours s’assagissent, avant
de s’effondrer parfois quand la
production excède . la
demande.
Pour les produits manufac-
turés, le processus est plus
subtil, . La concurrence de
proximité joue son râle, cha-
que responsable de grande
surface ou de petite boutique
surveillant d'un ceil aigu le
comportement de son plus
proche concurrent, susceptible
de casser le prix d'une ou deux
« références > incontournables,
car la grande marque reste
chérie de bien des consomma-
teurs, même s'ils sont de plus
en plus nombreux è rechercher
Iss «petits prix».
Mais les hommes de mar-
keting, ceux qui maîtrisent le
produit, de sa conception è sa
commercialisation, ont du prix
une idée qui n'a pas grand-
chose è voir avec l'équation
simplette apprise par tous è
l’école primaire ; prix de vente
= prix de revient + frais divers
+ bénéfice. Ce qui compte,
pour eux, c'est le « prix psy-
chologique», celui que le client
est prêt à payer quoi, qu'il
arrive.
Si le prix psychologique
est inférieur au prix de revient,
si les économies dues à la
robotisation, è la productivité.
sont insuffisantes et si
l'homme de marketing fie
trouve pas f astuce indispensa-
ble pour changer l'image du
produit et créer un prix psy-
chologique plus élevé, c'est
simple, on ne le fabrique pas,
ce produit ; les grossistes et
détaillants ne rachèteraient
pas, et les consommateurs
encore moins. En revanche,
plus le prix psychologique est
supérieur aux coûts cumulés
de fabrication, de présentation
(emballage, publicité), de corn-
merdalisatfon, plus le produit
est rentable et générateur de
profits.
Vous pensez si les profes-
sionnels les recherchent, ces
oiseaux rares porteurs de
bénéfices assurés. Souvent, il
s'agit d’articles bien installés,
prévendus è leurs clients
potentiels, dont le geste de
prendre l'objet sur le rayon et
de le mettre dans le caddy est
devenu quasi automatique.
Mais ils se font rares, car les
produits vtefflissent et 8 faut un
ajustement constant de leur
prix, de leur présentation, de
leur publicité pour qu'Hs gar-
dent la faveur du public.
Et puis, à côté des pro-
duits sans cesse rajeunis, il y a
les produits nouveaux, mais
ceux-ci sont plus porteurs
d'espoirs que de réalités son-
nantes et trébuchantes jusqu'à
ce qu’ils soient bien Installés
sur le marché. Et là, c'est la
galère, parce quHs ne sont pas
tout seuls, les produits nou-
veaux ou apparemment nou-
veaux. ils foisonnent, et se
concurrencent l'un, l'autre.
Avant de régner sur les rayons
et dans les cabas, H leur faut
durement crapahuter, et ça
coûte cher en matière grise et
en pub pour, qu’un produit
s'impose...»
ii.
!q V *•> '/".T J h ■■ x »■»««■ . t ■ '(»■■< -
mC ^1*11 |- «i J rV, r ■ Cx. ■JJ'., .x
ih-tï n-f v NOTE DE LECTURE- -
y h
EN ÉTAT DE CHOC
de Brigitte Fournier
Ed. de l'environnement,
218 pages, 149 F.
de Patrick Lagadec
Editions d'organisation.
128 pages, 140 F.
Comment garder le contrôle
des événements lorsqu’une entre-
prise est frappée par une crise
majeure? Comment maîtriser, à
trait 1e moins gérer la crise, une fois
ques’est produit f accident? Y a-t-fl
des recettes pour sortir de la spirale
infernale où plonge l’organisation
après le déclenchement de l’aterte
ronge? Deux ouvrages, sortis tout
récemment en librairie, tentent
d’apporter des réponses. Le pre-
mier, écrit par Brigitte Fournier,
retrace tes crises qui o ut frappé ren-
tre prise depuis une dizaine d’an-
nées. En étudiant 1e traitement de
ces crises par les médias, die tire tes
leçons de l’expérience acquise et
donne quelques «trucs» pour que
l’entreprise sorte la tête haute de
son état de choc.
Quant à Patrick Lagadec, ce
chercheur devenu expert en catas-
trophes industrielles, il définit une
méthode détaillée pour «apprendre
à géra les crises ». El montre par-
faitement comment un groupe, si
puissant soît-fl, peut-être déstabilisé
par un accident mal géré. Et com-
ment une bonne préparation per-
met de sortir avec grâce d’une
situation embarrassante.
R. C.
AGENDA
MARDI 14 SEPTEMBRE.
Washington. Bill ôlinton
doit signer les accords
annexes au traité de libre-
échange en Amérique du
Nord (NAFTA).
MERCREDI 15 SEPTEMBRE.
Paris. La Coordination
rurale et te MODEF se pré-
parent à organiser des
manifestations autour de
Paris afin de démontrer au
gouvernement que les pay-
sans demeurent opposés à
la .réforme agricole com-
muna
VENDREDI 17 SEPTEMBRE.
Moscou. Journée de protes-
tation à l’appel des syndi-
cats de Russie contre ['ef-
fondrement de l’économie
et en faveur d’élections
* générales anticipées.
DIMANCHE 1 9 SEPTEMBRE.
Pologne. Elections géné-
attematives
éconotriqies
septembre-octobre 93
CARTON JAUNE POUR
L’EUROPE MONÉTAIRE
Chez votre marchand de journaux
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appris® per tous è
f édite primè tee : pnx de vente
» prix de nteent * tn» dwers
4 - bénéfice. Ce qui compte,
pour «eue c'eut te «prix psy-
oh ol o ÿ q ue », celui que te dent
tiB prêt è payer quoi qu’il
«Rte*.
$; te prix psychologique
est teteneur au prix de revient,
ci tes économie* duce è le
fobottofrinn, è te productivité
f'-'-fiîS
E**-*. Bl .as
morcul. M „ 01 , JJU
•St renuu,
profits S®***.
Vous pensez aïs.
sionnt-is ies rech 2>%.
oisoüux rarorS^Ï
bénéfices assure!^
s agn d articles JS»
prOvendus à
potentiels, don,
pn-ndr t .,ob,e lsU[lî ^
do lo meme dans le af !
dovonu q U3Sl auajj
Mais ils se font raresT
produits vieillissent ai iï*
ajustement constant.^
prix, de leur présenta»»-
tour publicité pour «si 1 *
dont la faveur du pj*. r
E* Puis, à côté te-
duits sans cesse raj&n-f
les produits nouvtea.J!
ceux-ci sont plus J*
d espoirs que derêaSfe t
nantes l-i trébucfianss».
ce qu'ils scient bien iob^
sur if marché Et fi. ca .
galère . parce qu ils
tout suuis ies produQ rc-
vcüuv ou upparemmam.
veaux üs foisonnent, a,
concurrencent r B n. r®
Avant nr- rc-ijnersurfesup
et dans les cabas, d lest
duroru-iM crapahutet, 9;
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LTCQNQlÉ
• La Monde .0 Mardi 14 sspternbre 1993 29
PERSPECTIVES
ASIE
Vietnam : l’an 1 du décollage
Suite de la page 27
Les autres handicaps sont
nombreux : le niveau de vie reste
tris bas, avec un revenu annuel
par tête estimé entre 220 et
3SÛKloUais, et un PNB de 13 mÜ-
tiards de dollars (contre ISO mil-
liards pour la Thaïlande); la
bureaucratie est lourde et parfois
incompétente, ce qui explique la
lenteur avec laquelle sont imposés
des règlements précis et clairs (un
tiers seulement des investisse-
ments étrangers agréés sont, pour
l'instant, réalisés); le système ban-
caire est inadéquat (lire à-des-
sous), etc.
STRATÉGIE • A plus long terme,
la croissance du Vietnam se heur-
en milliards
de dollars
PNB : croissance
réelle en %
A
long terme
la croissance
du pays se heurtera
à deux obstacle* :
la ruine écologique
i expansion
démographique
galopante.
tera également à deux obstacles de
taille : la ruine écologique de plu-
sieurs régions, due en grande par-
tie aux deux guerres d’Indochine,
et une expansion démographique
encore galopante dam le Sud.
Le pays devra également
choisir une stratégie de dévelop-
pement. Si des crédits étrangers
sont indispensables j. la création
d’une infrastructure, il sera vital
de ne pas laisser trop gonfler, une
dette extérieure pour- l’heure
encore très légère (féqui valent de
7 à 8 milliards de dollars en
comptant la dette en roubles).
Simultanément, il faudra triom-
pher, au sein dé la nomenclature
communiste, des réserves de ceux
qui s’inquiètent déjà <Pdnè coges-
tion de l'économie par le Fonds
monétaire international ou la
Banque mondiale, ce qui impli-
gnMce^AgjS^ftr^mfinanonKflBwy
quera probablement des réformes
politiques. Les «tigres» asiati-
ques, comme Singapour, la Corée
du Sud. ou Taïwan, se sont rapide-
ment développés en pratiquant un
capitalisme d'Etat Au Vietnam,
géré par un parti pendant les
quinze annés qui ont suivi sa réu-
nification, l’Etat reste encore à
créer. Pour y parvenir, le régime
devra fatalement confier des res-
ponsabilités à des éléments com-
pétents extérieurs aux rangs du
PC
Jean-Claude Pomonti
L'« exportation » de travailleurs
HO-CHI-MINH- VILLE
de notre envoyé spécial
L'effondrement du bloc
soviétique et les réformes
économiques ont aggravé le
chômage au Vietnam. Dans un’
pays où la population vient de
franchir Je cap des 72 millions
d'habitants - dont \a moitié
sont Sgés de moins de dix-
neuf ans, - prés de 8 millions
de gens, pour les deux tiers
en milieu rural, sont actuelle-
ment sans emploi ou sous-
employés, selon des chiffres
officiels.
Des réformes économi-
ques, notamment la suppres-
sion progressive des subven-
tions aux entreprises d'Etat,
expliquent en partie cette
crise. En outre, sur plus de
100 000 Vietnamiens rapa-
triés depuis 1990 - principa-
lement d’Irak, de ('ancienne
Union soviétique et d'Alle-
magne de l'Est, - de 70 % à
90 % n’ont pas trouvé d’em-
ploi. Le gouvernement a donc
décidé de reprendre
l'« exportation » de travail-
leurs. Mille cinq cents d’entre
eux (maçons, mécaniciens et
ouvriers non qualifiés) sont
actueliement acheminés vers
l'Arabie Saoudite avec des
contrats de trois ans. Un
nombre identique d'ouvriers
sont déjà à la tâche dans le
désert libyen pour le compte
d'un entrepreneur sud-coréen.
Hanoi négocie, en outre,
l'envoi de 7 000 à
10 000 ouvriers dans les
pays du Golfe, t Notre politi-
que. dit un officiel, est d’en-
voyer des travailleurs dans
tout pays qui offre un
emploi. » Le gouvernement
vise également les marchés
régionaux, comme ceux de
Singapour, de la Malaisie ou
de Taiwan, où la demande de
travailleurs Immigrés est
forte.
Avant la guerre du Golfe
et l’effondrement du bloc
soviétique, plus de
300 000 Vietnamiens étaient
employés outre-mer, notam-
ment en Irak, en Union sovié-
tique et en Europe de l'Est. Il
n’y en restait plus que
55 000 à la mi- 1993, en
majorité en Russie. Hanoi
s'est fixé pour objectif de
faire passer ce chiffre à
70 000 dès le début de l'an
prochain (compte non tenu
des dizaines de milliers de
Vietnamiens installés dans
l'Est cambodgien et dans te
Sud laotien).
La pression sur le marché
du travail est, en effet, rude :
le taux» avoué d'expansion
démographique atteint 2,3 %
et le nombre annuel des nou-
veaux demandeurs d'emplois
est estimé è 1,2 million de
jeunes.
J.-C. P.
Les risques du crédit privé
HO-CHI-MJNH-VILLE
dé notre envoyé spécial
^E* expérience a rendu les
-^ 3 '- : -ns méfiants vis-à-vis
J* bancaire orchestré
He pouvoir socialiste. La
iqifr’ centrale, institut
mission, a trop longtemps
“i?fffëré à une planche
.jhfcdés bidets dont, ces
^ères,. années, ies gens
%îeht pris l'habitude de se
" aùrrassér le plus vite possi-
fjîn. raison de l'inflation
rite.
gtàt de choses a com-
à se modifier. Depuis
tfemier, le taux du dong, la
inrâie locale, par rapport au
liât- s'est stabilisé. L'infla-
tJIoH à été ramenée à quelque
12 % par an (contre 700 % en
1 988). Opérant de façon plus
autonome, les banques com-
merciales offrent davantage de
garanties et des crédits a des
taux plus intéressants aux
grandes entreprises. Mais te
système a beau se consolider,
les petits entrepreneurs n'y
ont pas toujours accès. Quant
à la population, plutôt que de
déposer son argent auprès
des banques, elle a encore
tendance à thésauriser i'or ou
à investir dans la pierre.
Petits entrepreneurs et
commerçants ont également
recours aux services de ton-
tines illicites, qui peuvent rap-
porter jusqu '6 30 96 d'intérêt
mensuel à ceux qui les finan-
cent. A telle enseigne qu'à Ho-
Chi-Minh-Ville on estime à
60 % les crédits privés accor-
dés en dehors du système
bancaire. L'effondrement d'un
réseau de ces sociétés, début
juillet, dans le quartier chinois
de Cholon, a illustré les ris-
ques encourus : l'équivalent
de 10 millions de dollars partis
en fumée, dix personnes
arrêtées, dix tentatives de sui-
cide et probablement quelques
centaines de faillites.
L’enquête de police n'a pas
encore permis de savoir si
comme certains le pensent,
les opérateurs ont eux-mêmes
fait plonger leur réseau de
quelque 420 tontines pour évi-
ter de rembourser leurs
clients. Un scandale du même
genre avait déjè éclaté en
1990.
J.-C. P.
Point de vue
Un tremplin?
Situé au cœur dé la zone la plus dynamique du
globe, le Vietnam constitue nue excellente base
pour pénétrer les marchés asiatiques. Les
Français y disposent d’un avantage» ils auraient
tort de ne pas en profiter.
D
par JEAN BRUNOT DE ROUVRE (*)
EPUIS que l’Indochine est à ia mode, on
entend des mises en garde contre un engouement
romantique qui gagnerait nos entreprises. Certains
rappellent qu' après tout le Vietnam ne pèse pas
plus dans notre commerce extérieur que nie de
Malte et qu'il ne faudrait pas se tromper de cible en
Asie. Cette vision mercantiliste oublie que ies
échanges économiques ne se réduisent pas aux
exportations et que les flux d 'investissements sont
plus significatifs au moment où la dynamique de la
mondialisation s’accélère.
Certes, nous ne regardons pas assez vers
l'Asie, perçue chez nous comme un danger alors
qu’elle est d'abord une formidable source d’oppor-
tunités : s'il faux donc aux entreprises françaises
une stratégie en Asie, quelle place donner au Viet-
nam dans cette stratégie?
Pour les investisseurs asiatiques, la question ne
se pose plus. Depuis l'an dernier, leur intérêt pour le
Vietnam ne cesse de grandir. Les industriels nip-
pons qui recentrent désormais sur l'Asie leurs
intentions d'investir placent la Chine en tête pour
leurs prochaines nouvelles implantations, suivie par
les pays de l' ASEAN et le Vietnam en bonne posi-
tion. C'est ce que constate la dernière enquête
annuelle de l'Export Import Bank du Japon, qui a
envoyé en 1992 une mission au Vietnam et dans la
région pour tâter le climat des investissements. Cet
été, la Far ffastem Economie Review, éditée à Hong-
kong, sondait également les hommes d'affaires de
la région, de l’Australie au Japon : cette fois le Viet-
nam vient en deuxième position, juste après la
Chine.
Sur ies 6 milliards de dollars d’investissements
étrangers autorisés par HanoT jusqu’ici, les Asiati-
ques se taillent ia part du lion. Taiwan et Hongkong,
aidés par ta communauté chinoise au Vietnam, vien-
nent en tête avec le tiers à eux deux. On pense que
nombre de petits projets de PME chinoises échap-
pent aux autorisations officielles : le chiffre réel est
donc encore supérieur. Le gouvernement taiwanais,
préoccupé de voir sas entreprises investir massive-
ment en Chine continentale (c le Monde de l'écono-
mie» du 30 août), inerte très officiellement ses res-
sortissants è se diriger ailleurs, et leur désigne le
Vietnam comme premier choix. Ces relations nou-
velles se sont concrétisées par l'ouverture d’yoe .
ligne aérienne directe et par une représentation
commerciale dans chacun des deux pays.
L'Australie, de plus en plus présente au Viet-
nam, a dépassé la France, qui était ie troisième
investisseur. En fait, les entreprises nippones sont
omniprésentes, lassant les Vietnamiens par leurs
innombrables enquêtes et la lenteur de leurs déci-
sions : mais ils avouent aussi que les Japonais font
les meilleures études et que, lorsque la décision est
prise, la mise en œuvre est remarquablement huilée.
La Corée du Sud, qui a établi des relations diploma-
tiques avec HanoT fin 1992, a déjà dépassé la
Grande-Bretagne. Singapour, principal fournisseur
du Vietnam, appuie aussi ses investisseurs ; ia
Malaisie vient pourtant de lui passer devant, et on
pourrait voir aussi des délocalisations depuis la
Thaïlande.
Délocalisations
Car ce qui motive tous ces investissements, ce
n'est pas seulement le marché vietnamien, qui reste
encore limité avec un revenu par habitant très faible.
En plus de ses réserves naturelles, pétrole et mine-
rais, le Vietnam offre des avantages grâce à sa
main-d’œuvre bon marché et à sa position géogra-
phique, au milieu de la zone en expansion ia plus
rapide de la planète. Tous les hommes d’affaires de
le région pensent donc en termes de délocalisa-
tions, d'autant que les Vietnamiens accordent des
avantages aux entreprises qui s’implantent pour
réexporter. En sortant de son isolement avec l'inté-
gration dans l'ASEAN comme aboutissement logi-
que, le Vietnam devient sans doute une des meil-
leures bases pour pénétrer ces marchés, avec des
productions à des prix pouvant concurrencer ies
autres productions de la région.
Devant l'afflux de concurrents asiatiques en
Indochine, la France ne se défend pas mal :
de décembre à mai, malgré son recul d'une place,
ses investissements sont passés de 7 % à 9 % des
investissements autorisés. Et les Vietnamiens eux-
mêmes cherchent un contrepoids à la présence
massive des Chinois et des Japonais : ils souhaite-
raient plus d'investissements européens, comme le
premier ministre Vo Van Kiet l’a dit de Paris à
Bruxelles dans sa tournée de juin. En rencontrant les
chefs d’entreprises françaises au siège du CNPF, les
ministres vietnamiens qui l'accompagnaient ont
souligné les efforts de leur pays pour améliorer sa
réglementation concernant lu investisseurs étran-
gers. Le code des investissements de 1987 a été
amendé deux fois : en fait, tout bouge si vite (droit
du entreprises, droit foncier, Bbené de mouvement
et de transaction des étrangers) que certains se
plaignent de ne plus suivre.
Mais la leçon du expériences concrètes pré-
sentées par les Français montra qua la pratique a
souvent précédé la règle : dès lors que le projet
contribue au développement du pays, les autorités
vietnamiennes finissent pu accorder des facilités
qui n’érsfent pas dans les textes. Comme M est fré-
quent en Asie, la parole donnée compte plus que te
contrat, la compréhension réciproque que le cèdre
juridique.
Nos entreprises om-etles pourtant tes moyens
d’investir à la hauteur des enjeux en Asie? Èt te
Vietnam peut-il attirer fes investisseurs à la hauteur
de son ambition régionale? Les obstacles sont
connus (lire ci-concr»J. L'aide internationale, qui pié-
tinait en attendant te régularisation de la situation du
Vietnam au FMI, va pouvoir donner un coup d’accé-
lérateur, mais cela prendra du temps. La France a
réussi à doubler chaque année son aida publique
depuis 1989, mais nos moyens sont limités. L'er-
reur serait de trop attendre de ces aides internatio-
nales.
S' allier avec d«« partenelfii loca ux
Les capacités d'investissement de nos entre-
prises ne sont pas au mieux non plus, et pour le
moment il est impossible de monter des crédits à
moyen terme pour te Vietnam. En Europe du moins,
car en Asie c'est différent. Tarwan ou Singapour
offrent déjà des crédits garantis. Et les retours
rapides sur investissement que visent les Asiati-
ques leur permettent de mobiliser des moyens,
dans une région où l'accès aux capitaux est beau-
coup moins coûteux. Aussi las banques françaises
actives au Vietnam et dans te région ont-elles cou-
ramment recours à des capitaux asiatiques pour
boucler le financement d’opérations en Indochine.
S’allier avec des Chinois ou des Japonais ? L’idée
suscite encore la méfiance et pourtant elle fait son
chemin.
Nos grandes entreprises le font déjà : Total
investit au Vietnam avec des Japonais, puis des
Taïwanais. Des Français sont associés avec des
intérêts de Hongkong dans l'hôtellerie. Mieux, des
industriels japonais, des sociétés de commerce ou
d'ingénierie, nous sollicitent pour préparer des opé-
rations conjointes au Vietnam. Notre intérêt est de
prendre pan à ta croissance de l'Asie, d'utiliser ses
flux de capitaux. C' est ,çten$ qeup Mrgûpctive régio-
nale qu'il faut apprécier les atouts' au Vietnam. S'as-
socier avec des partenaires asiatiques pour investir
au Vietnam offre alors un double avantage : d’une
part pour compléter les financements, mais aussi
pour avoir des associés qui faciliteront l’accès è des
marchés porteurs moins difficiles.
Comme l’écrit un responsable de 1a Deutsche
Bank son ne réalise pas assez en Europe que l'Asie
va dominer l'économie mondiale avec une capacité
d'investissement qui commandera les flux de capi-
taux. L’Asie épargne, étudie, investit, prépare le
long terme ». On lui prévoit dans dix ans un tiers du
PNB mondial, et c'est la seule zone en croissance
rafrida : c'est d'ailleurs une chance pour r économie
mondiale qu'une région aussi peuplée soit encore
en expansion. Les Français n'y sont pas assez pré-
sents, mais si la France ne représente en moyenne
que 2 % des échanges des pays d'Asie, au Vietnam
c'est phis de 9 %.
Nos atouts au Vietnam sont réels. Il n’est pas
surprenant que tes Japonais nous considèrent
sérieusement comme des partenaires potentiels
intéressants en Indochine. Comme le font malicieu-
sement remarquer nos interlocuteurs, notre chance
n'est pas tant de bien connaître la Vietnam, c'est
que les Vietnamiens nous connaissent bien. Avec
un Français, la confiance sera facile, avec un Japo-
nais ce sera te vigilance. L'importante communauté
vietnamienne en France, ou d'origine vietnamienne,
avec ses liens familiaux des deux côtés, joua un rôle
considérable dans cette complicité.
Le Vietnam force l'admiration des experts inter-
nationaux pour avoir réussi seul, en dépit de l’em-
bargo américain, les ajustements structurels qui
sont si difficiles ailleurs même avec l’aide de la Ban-
que mondiale. (I a maîtrisé l 'inflation, est devenu
exportateur de riz, a relancé te croissance indus-
trielle et s'est ouvert aux investisseurs. Certains
disent même que cela s'est passé plus sainement
qu’avec une injection massive d'aide internationale.
Lorsque les dettes au FMI seront réglées avec l’aide
de la France et du Japon et que reprendra l’aide de
la Banque mondiale et de te Banque asiatique de
développement, les hommes d'affaires vont affluer,
li est conseillé de ne pas attendre ce moment-lè
pour aller au Vietnam.
(*) Ingénieur général des Ponts at Chaussées,
ancien directeur de l'Agence de le DATAR en
EOÇ Extrême Orient Conseil
(I), vient de publier un annuaire
sur le Vietnam pour les hommes
d’affaires et industriels.
Dans le cadre d’une collection
intitulée Vos Interlocuteurs en Asie
du 5W-£sr, où ont déjà été publiés
des annuaires sur Ja Thaïlande et
le Laos, suivis cet hiver par la
Malaisie, EOC entend informer
ceux qu’intéressent les affaires
dans cette région du monde sur les
hommes et les sociétés avec les-
Un annuaire
quels ils auront à traiter. 937
noms de personnalités au Vietnam
(2 221 en Thaïlande, 863 dans le
petit Laos), des listes de sociétés,
un index des entreprises par sec-
teur, l'adresse des ministères, les
noms des principaux responsables
du Parti communiste (au pouvoir)
et de l'armée, dont le rôle
demeure considérable, représen-
tent une indispensable informa-
tion de base. A laquelle doit
s'ajouter, évidemment, une bonne
connaissance de la législation et
des pratiques dans un des derniers
pays marxistes-léninistes, pour
laquelle l'ouvrage Investir en Indo-
chine, publié par le cabinet d’avo-
cats Gide Loyrette Nouel, sera
également très utile {le Monde du
7 mai).
(1) EOC, 30, me Boissière, 75116
Paris, tél 47-27-63-58, télécopie
47-27-40-9 S. Chaque annuaire coûte
950 F HT, 1 126.70 F TTC.
Ô
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t
1»
i
30 Le Monde • Mardi 14 septembre 1993
m mm
7
t
NEW-YORK
de notre correspondant
R hea chiles-mackin-
NON, la fille du gouverneur
de Floride, qui faisait cam-
pagne, avec d’autres jeunes mères,
devant le Capitole de l’Etat, a
obtenu gain de cause : elle pourra
bientôt allaiter son nourrisson en
public, sans craindre un procès-
verbal. Victoire sur l’absurde, la
décision du parlement local va
aussi permettre à la Floride d'éco-
nomiser chaque année 22 millions
de dollars de lait en poudre distri-
bué au a mères & faibles ressources.
A l'heure où pratiquement tous les
Etats sauf Hawaii sont confrontés
au constant dérapage de leur bud-
get santé, la moindre économie est
la bienvenue.
Les Etats-Unis vivait un dou-
ble problème. D’une put. L’assu-
rance-maladie est facultative.
Certes fa majorité des 258 millions
d’Américains sont couverts, au
moins partialement, par une assu-
rance souscrite par leur entreprise,
ou par eux-mêmes personnelle-
ment ; en outre des systèmes
publics prennent en charge les
34 millions de plus de 65 ans (le
Medicare) et les 30 millions les
plus démunis (le Medicaid). Mais
37 millions - près de 15 % de la
population - n'ont aucune couver-
ture. D’autre part, les coûts explo-
sent faute d’un système de
contrôle : les compagnies d’assu-
rance n’ont souvent d’autre arme
que la hausse des primes on la
sélection des assurés et des risques.
Contradiction fondamentale du
système : les dépenses s’envolent
alors même que la couverture se
réduit.
Depuis longtemps, les gouver-
neurs qui, pour le compte de
Washington, gèrent les pro-
grammés Medicare et Medicaid
créés au milieu des années 60,
avaient tiré le sign a l d’alarme. En
vain. Mais le président Clinton,
qui a fût de la santé l’un des prin-
cipaux thèmes de sa campagne
électorale semble bien décide à
agir, pour se sauver et sauva- l’en-
semble du système.
Car si rien n’est fait pour
réduire - de façon drastique et très
vite - l’envolée des dépenses de
santé, qui, chaque année, croissent
deux fois plus rite que P inflation,
c’est tout son programme de réduc-
tion du déficit budgétaire sur cinq
ans qui se trouvera compromis. En
effet, ces deux programmes gouver-
nementaux représentent à eux
seuls 16 % du budget fédéral : le
troisième poste, après la défense et
le service due ta dette, qui ne gon-
flent pas aussi rite.
COMMISSION • En février der-
nier, Bill Clin ton a confié la res-
ponsabilité d’une vaste réforme à
son épouse, Hillary Rodham Clin-
ton. Celle-ci a aussitôt délégué à
Ira Magaziner, un ancien consul-
tant, ami de la famille, et & une
commission de 500 personnes
composée de membres de l'admi-
nistration, du Congrès, d’universi-
taires et de consultants (mais non
de professionnels de la santé, une
erreur politique vertement criti-
quée) la mission d’élaborer des
propositions crédibles et flnandè-
rement viables. Ge sont ces dispo-
sitions que, après plusieurs reports,
le président Clinton devrait pré-
senter le 20 septembre, à l’occasion
d’une session conjointe da
Congrès.
D était temps. Fin 1993, les
Américains, champions du monde,
auront dépensé 940 milliards de
dollars pour la santé, contre 834
millia rds l’année précédente et 666
milliards en 1990 (et, à titre de
comparaison, 74 milliards en
1970). Soit 14 % du produit inté-
rieur brut (PIB) américain, contre
12 % en 1990. Si rien n’est entre-
pris, ces dépenses pourraient cul-
miner à 17 % du PIB à la fin de la
décennie (et 20 % en 2020).
Parallèlement, le nombre
d’Américains dépourvus de la carte
portant Ve nom d'un organisme
d’assurance qui permet d’être rem-
boursé croît au rythme de 100 000
par mois en raison du chômage et
de la décision de certaines entre-
prises qui, effarées par Faugmenta-
lion du coût d'assurance de leurs
salariés (en hausse de 15 % i 20 %
PERSPECTIVES
iB a r-« < U"afiJL’ a > . ’
LA RÉFORME DU SYSTÈME DE SANTÉ AUX ÉTATS-UNIS
Un remède amer pour tous
Indispensable - et réclamée - pour couvrir tous les Américains et freiner la hausse des dépenses publiques,
fa réforme de l'assurance-maladie présentée le 22 septembre va mettre à contribution usagers et employeurs
par an), décident de la rayer des
avantages sociaux qu’ils leur accor-
dent.
A ces noo-assurés qui ne sont
pas seulement des «pauvres» ou
des chômeurs, mais aussi de dignes
représentants de la classe moyenne
travaillant dans des PME ou à leur
compte, il fout ajouter quelque
40 millions de salariés qui, fente
d’une couverture suffisante, sont
contraints de régler des factures
démentielles, atteignant 8 000 dol-
lars pour un accouchement (deux
jours d'hospitalisation) ou 140 dol-
lars pour consulter un ophtalmolo-
giste (10 minutes d’examen).
Une fois n’est pas coutume,
les Américains ont appris à se
plaindre. «A quoi bon posséder la
meilleure médecine au monde (ce
qui est de moins en moins vrai,
dans de nombreux domaines. -
NDLR) si ceux qui l’utilisent se
retrouvent ruinés et si les Etats-
Unis continuent à figurer au ving-
tième rang mondial en termes de
mortalité infantile (classement
1991). aux côtés de~ Cuba?», s’in-
surgent tes plus amers.
Le mal n’est pas nouveau, et
George Bush s’était déjà efforcé
d’y trouver remède. Selon ses prin-
cipes libéraux. En février 1992,
l’ancien président avait présenté
les grandes lignes d’un projet
consistant, pour l'essentiel, i adap-
ter les mécanismes existants. Les
familles dont le revenu ne dépas-
sait pas un certain seuil se voyaient
proposer un crédit d’impôt ou une
déduction fiscale (allant jusqu’à
3 750 dollars pour un foyer de
quatre personnes) lorsqu'elles sous-
crivaient une assurance médicale.
RÉSEAUX • Dans le même
temps, le «plan Bush» proposait
de contrôler la dérive des coûts
(notamment en fixant un plafond
aux indemnités versées par les tri-
bunaux lors des innombrables pro-
cès intentés anx praticiens pour
faute médicale) et encourageait la
création des Health Insurance Net-
works (HIN), ces «réseaux de
santé» constitués dans un certain
nombre d’Etats et qui permettent
aux PME de se réunir pour sous-
crire des contrats de groupe auprès
des compagnies d'assurance.
Autant de suggestions restées lettre
morte pour cause d’échec électoral.
CENTRALES • La philosophie qui
inspire le tandem. Hfliary Clinton-
Ira Magaziner est tout autre.
Fidèles au programme électoral du
président (c la santé doit être un
droit, pas un privilège a), ses
oonseiDers s’efforcent de préserver
cinq grands principes : garantir
l’accès universel aux soins,
maîtriser les dépenses, établir des
normes, promouvoir la médecine
générale et confier L’essentiel du
dispositif aux Etats. Point fonda-
mental : tout 1e monde devra être
assuré.
Dans un premier temps, l’en-
tourage du président avait envisagé
de s’inspirer du système canadien,
où c’est FEtal (Le fédéral et tes pro-
vinces), «payeur unique», qui
règle directement médecins et
hôpitaux. Mais, bien qtœ 40 % des
Américains (sondage Galinp) se
disent favorables au «modèle
canadien», il est vite apparu que la
simple évocation de ce «système
socialiste» était un chiffon rouge
agité sons le nez de l’opposition
républicaine dont le président a
besoin pour faire adopter son pro-
jet au Congrès. Pourtant, ele sys-
tème américain est déjà socialisé
puisque le premier payeur de seins
est l’Etat fédéral», relève un spé-
cialiste : 44 % des dépenses sont
payées par des fonds publics, et
même 51 96 en tenant compte des
déductions fiscales liées à l’assu-
rance maladie,' selon le bureau du
budget du Congrès.
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que des procédures et des actes
jugés coûteux grâce au recours
accru à des organismes fris que les
Health maintenance orga n is atio ns
(HMO), une formule,* organisée»
dont te développement a été moins
rapide qu’escompté mais qui
devrait retrouver une nouvelle
vigueur avec «la réforme Clin-
ton». En 1976, les HMO comp-
taient 6 millions d’adhérents. A
présent, elles -détiennent environ
23 96 du marché de la santé
«administrée» et regroupent pins
de 35 mütions de
Après avoir paru peacber pour
un système de managed care ou
«soins coordonnés», comportant
la nécessité d’ententes préala b les,
pour les assurés comme pour les
médecins, 1e président Clinton a
privilégié une managed compéti-
tion ou «concurrence encadrée»,
laissant le libre choix du médecin
et de l’assureur.
CONTRÔLE • Les employeurs
seraient invités à se regrouper pour
faire jouer fa concurrence entre les
assureurs et obtenir la meilleure
couverture au prix le plus bas.
Dans chaque Etat, deux ou trois
«centrales d’achat», baptisées
Health Alliances , seraient mises à
leur disposition : leurs prestations
seraient définies à - partir d’un
contrat-type élaboré au- niveau
fôdérai.
L’assurance- maladie propre-
ment dite serait fournie par un
nombre également restreint de
réseaux d’assurance (une quinzaine
sur l’ensemble des Etats-Unis, ce
qui obligerait les quelque
1 500 compagnies opérant actuelle-
ment dans le pays à procéder à. un
important regroupement).- Ce sys-
tème reposerait sur un contrôle
rigoureux des hospitalisations ainsi
FISCALE • Deux importantes
questions restent jusqu’ici en sus-
pens : comment la réforme sera-t-
elle financée? Quels seront ses
effets sur l’emploi ?. Un système
permettant de réintégrer 37 mil-
lions de non-assurés coûterait de
30 à 150 milliards de dollars par
an selon les divers calculs. Des éco:
imihimm importantes (de l’ordre de
70 müiards de dollars par an)
pourraient être réalisées en élimi-
nant une paperasserie justifiée uni-
quement par le nombre actuel d’in-
tervenants, assurent les défenseurs
du projet.
De plus, tons tes employeurs
qui rie sont pas déjà auto-assurés
fia plupart des grandes entreprises
américaines figurent dans cette
dernière catégorie) devraient
contribuer an financement de l'as-
suran ce-maiadie de leurs salariés.
Les autres ressources seraient de
nature fiscale.
Ayant abandonné ridée d’une
taxe à la valeur ajoutée fit 5 %, die
rapporterait 100 milliards de dol-
lars), impensable après tes déboires
qu’a connus le programme budgé-
taire de Bill CÜntotL, l’entourage
présidentiel évoque une hausse des
taxes sur les tabacs et les alcools
(l’« impôt du péGbéaÛL-v.’
Les conséquences en matière
d’emploi sont encore plus
confuses. Les chiffres ca&stro-
pbistes avancés par lès différents
lobbies, liés au mili eu médical (lire
dessous) sont à prendre avec une
extrême prudence. 11 est vrai, en
revanche, que le secteur de la
santé, prinûipaT créateur d'emplois
des années 80 (14,2 % des nou-
veaux emplois) va souffrir et que
quelques-unes des 10,6 minion s de
personnes qui y travaEDent, notam-
ment des administratif}, devront se
chercher un autre
De même, les compagnies
d’assurances vont licencier. «Il
fitttt effectivement s’attendre à un
coup de torchon, admet un familier
du secteur. Mais d’autres profes-
sions vont se créer, par exemple
celle de spécialistes pouvant mieux
informer les consommateurs. De
plus, la médecine américaine est
très tournée vers l'exportation et là
aussi, de nouveaux emplois seront
créés.»
' Pour Bill Clinton, l’emploi
reste un sujet politiquement très
sensible. Au patronat, le président
a promis 70 de dollars ds
subventions et déductions fiscales;
Q a fait marche arrière sur l’idée
d'un contrôle des prix des médica-
ments, initialement avancée par
son administration. De même, cer-
tains soins (troubles mentaux et
- soins dentaires) ne sont pas sürsde
figurer dans la version définitive
du «contrat-type».
Enfin, ce système de couver-
ture médicale propre à chaque
Etat, financé à 80 96 par l’em-
ployeur et pour le solde pur les
salariés, n’entrerait que progressi-
vement en vigueur, te date-butoir
étant fixée à 1998. Mais, ainsi que
te rappelle Ira Maga zine r, le projet
comporte au moins 700 disposi-
tions diverses. «Et chacune d’elles
a de bonnes raisons de faire au
moins un 'mécontent k- •
Serge Marti
Entreprises : un « fardeau » inégal
Les grands groupes se ruinent , les PME se dérobent. Les expériences antérieures
n'ont pas fourni un système général satisfaisant et accessible aux uns et aux autres
NEW-YORK
correspondance
L E problème paraît insurmon-
table ; d’un oôté, des minions
de salariés - généralement de
PME - sans couverture médicale,
de l’autre des entreprises qui
consacrent des millions de dollars
par an à l'assurance-maladie de
leurs salariés (IX
Dans certaines branches,
comme l’automobile, c’est une
obligation, obtenue par les syndi-
cats. A raison de 2 119 dollars par
personne. General Motors (GM)
verse a™» 3,7 milliards de dollars
de primes d’assurance pour couvrir
les dépenses de santé de ses
1,7 million de salariés, de leur
famille, et des retraités de la
société. Ces sommes représentent,
affirment les dirigeants de GM,
i 469 dollars par véhicule, contre
300 dollars pour une voiture étran-
gère < montée aux Etats-Unis par
des ouvriers non syndiqués. Maïs
rünited Automobile Workers
(UAW) a prévenu les dirigeants de
te firme en avril que toute tenta-
tive de réduire la couverture des
salariés déboucherait sur une
grèvei
COMMENT LES AMÉRICAINS SONT ASSURÉS
(assurance des travailleurs de 1 8 à 64 ans)
10 %
■ u J *- • < 1 »
■VV' ' 1
‘ r » t *■, l.
^ n
*:
i**
* . *
CHARGE • En revanche, dans les
entreprises de 25 i 100 personnes,
52 % des salariés seulement sont
assurés par leur employeur, et le
chiffre tombe à 23 % pour celles de
moins de 10 salariés. D'où les
inquiétudes suscitées par le plan
Clinton qui veut obliger les entre-
prises à prendre en charge 80 %
d'une couverture de base de leurs
salariés.
Selon la National Fédération
of Indépendant Business, qui réu-
nit 600 000 PME, la charge supplé-
mentaire (jusqu’à 7 96 de la masse
salariale) entraînerait la perte de
3,2 millions d’emplois. «Toute
charge salariale supplémentaire
signifie une réduction de mon plan
d’embouche», dit Jeanne Morissey,
ingénieur qui vient de créer une
société de construction. Et pour la
majorité des patrons de PME
"■:? " btdé- i motos ' 10Î&
... L pemtudsae Vf
Soute i Nèm Via* Times • "N
I Le total des pourcentages est supérieur à 100. certains étant assurés à la /bât
par leur conjoint et leur entreprise.)
interrogés par la National Associa-
tion of Manufactures, «le coût de
l’assurance-maladie est la menace
la plus importante sur notre compé-
titivité».
La généralisation de la couver-
ture permettra au contraire de
réduire 1e coût de l’assurance pour
les petites entreprises et n’aura
donc pas d’effets négatifs sur rem-
ploi, rétorque te Bureau fédérai du
travail, s’appuyant sur l’expérience
de Hawaï où, depuis 1974, les
employeurs doivent participer au
financement de 1 ’ass urance-mala-
die de leurs salariés. Aujourd’hui,
en effet, les compagnies.. d'assu-
rances imposent souvent aux PME
qui veulent couvrir leur personnel
des tarife de 20 96 à 30 96 plus éle-
vés. arguant que les risques sont
souvent plus importants sur te plan
professionnel et plus étendus (les
familles aussi sont prises en
charge).
Pour les grandes comme pour
tes petites et moyennes entrepr is es,
en tout cas, les tarifs d’assurance
continuent d’augmenter an rythme
de ! S 96 l’an et, selon une étude du
cabinet Foster Higgins, le coût
moyen par salarié atteignait
3 968 dollars en 1992. Les échap-
patoires sont rares. ATT (télécom-
munications), par exemple, qui
avait tenté, en 1989, d’obliger ses
salariés i payer 20 96 de leurs fiais
médicaux, a dû recaler devant la
menace d'une grève. Texas Instru-
ments a pu seulement imposer une
surcharge de 10 dollars par mois
aux salariés qui fument.
Cependant, notamment depuis
les années 70, de nouvelles for-
mates d’assurance et d'organisa-
tion des soins se sont développées,
qu'on regroupe sous le nom géné-
ral de managed care, (soins organi-
sés), pour abaisser le coût des sous'
et obtenir un « meilleur rapport
qnülité-coût».
Alors que tes assurances tradi-
tionnelles se contentent de rem-
bourser les actes médicaux (fee for
service),' U s'agit pour les entre-
prises de se regrouper et de confier
i un organisme commun le soin
d’obtenir des hôpitaux ou des
médecins des tarife plus avanta-
geux, contre la garantie d’un chif-
fre d’affaires minimum.
DÉPENSHRS • Les systèmes tes
plus répandus sont tes Preferred
provider organisations (ou PPO) et
les Health maintenance organisa-
tions (HMO), dont fa première fut
créée en Californie, à la fin des
aimées 50, par l’entreprise Kaiser,
et dont l’avocat 1e plus éloquent est
Alan Enthoveu, professeur d’éco-
nomie de la santé à l’université
Stanford, célébré par la presse
am éricain e comme tm des pères du
managed care.
Rank Xerox offre ainsi depuis
quinze ans à sou personnel 1e choix
entre une assurance traditionnelle
et un système «organisé»- adopté
aujourd’hui par 65 96 de ses sala-
riés. Dans .une HMO, souligne
Patricia Nazemeth, directeur des
affaires sociales de Xerox, «te
médecin n’a pas intérêt à gonfler
les actes, car d ne touchera pas
plus, et grâce aux protocoles médi-
caux, on peut surveiller les résultats
obtenus. Des contrôles réguliers de
la qualité et du prix des soins nous
ont ainsi amenés à mieux prendre
eh charge les actes de prévention,
par exemple les mammographies
pour détecter le pba tôt passible le
cancer du sein, tin examen rare-
ment remboursé par les assurances
traditionnelles ».
Chez General Motors, 36 96
des salariés adhérent à un système
«organisé». Mais Tom Pydn, res-
ponsable des affaires sociales,
estime que la formule «n’a pas eu
les effets escomptés : les HMO
reviennent aussi cher que les assu-
rances traditionnelles». En fait, 1e
coût moyen d’une HMO
(3 600 dollars par an et par salarié
chez Xerox) n’avait augmenté que
de 8,8 96 entre 1991 et 1992, con-
tre 14,2 96 pour le paiement à
l’acte, selon l’étude Foster Higgins.
Mais ces meilleurs résultats
(reconnaît-on même chez Xerox)
peuvent tenir au fait que tes assu-
rés tes pius «dépensiers» préfèrent
l’assurance traditionnelle qui leur
permet de choisir leur médecin. Et
HMO ou pas, la charge reste
encore lourde pour une œ (reprise,-
surtout une PME
■ ■ Le plan Clinton tente de sur-
monter l’obstacle et de rassurer :
en étendant le managed care à
Fécbelte de chaque Etat pour ren-
dre' abordables les tarifs d’assu-
rance, en laissant 20 96 des cotisa-
tions & la charge des -salariés, en
donnant cinq ans aux entreprises
pour se conformer à la toi, et enfin
en accordant à toutes des déduc-
tions fiscales et aux PME des sub-
ventions fédérales, de façon à
ramener de 7 96 A 3^5 96 la put de
la masse salariale nécessaire pour
faire adhérer son personnel i une
HMO.
Mais tout le monde n’est pas
convaincu. Pour Leslie Ausbin, de
la National Fédération of Indépen-
dant Business, les subventions
entraîneront une hausse des
impôts, car on ne pourra pas récu-
pérer sur tes programmes Medicare
(soins aux personnes âgées) et
Medicaid (personnes démunies) tes
sommes nécessaires pour couvrir
les non-assurés. «Nous sommes
conscients que tout le monde a le
droit à une assurance médicale, dit-
elle, mois nous n’en avons pas tes
moyens.»
Colomba Schneck
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d‘UO ctaii-
L’ECONOMIE
Le Monde • Mardi 14 septembre 1993 31
P E I S P E C T I V E S
LA RÉFORME DU SYSTÉMK DE SANTÉ AUX ÉTATS-UNIS
Les mauvaises surprises de l’assurance
Il ne suffit pas d'être assuré. Encore faut-il le rester . Et quand l'assurance paie
il faut aussi qu'elle n'en profite pas pour augmenter brutalement ses tarifs
A
LOS ANGELES
correspondance
UX Etats-Unis, dit-on, «on
est toujours à deux mois de
salaire de la rue» ou bien
eà une maladie de la pauvreté».
Même ceux qui ont une as s ura nce
ne sont pas à l’abri. Quelques c»
réds peuvent donner une idée des
difficultés rencontrées par de
nombreux Américains.
Aanon avait deux jours quand
les médecins lui découvrirent une
tumeur cancéreuse. Ses parents
étaient bien assurés par la compa-
gnie Prudential, par l'intermé-
diaire de rbôpàtal universitaire de
San-Frandsco où Paul est pédia-
tre. La compagnie refusa d’abord
de prendre en charge le traitement
de Ten&nt (trois semaines d’hos-
pitalisation, deux opérations), puis
régla les factures, biais l’université
de San-Francisco, en raison de
coupes budgétaires, cessa d’assurer
les salariés à mi-temps, ce qui
était le cas de PauL
Le petit garçon, i cause de
son passé médical, ne pouvait
obtenir d’être assuré par une autre
compagnie : aajoord’hui. Il reste
* uninsurable » (non assurable),
même après cinq ans de rémis-
sion, et toute sa vie Q aura du mal
i obtenir un contrat d’assurance.
Le docteur Kimbanm exerçait
dans un cabinet médical de
Grand-Ràpids, dans téMîffugan,
et bénéfidatt.àrôte police r d?assu-
cance contracre^or son grempe
médicaL A râic^dc trente "et
un ans; victime d’onegiacéphalr , 1
Q doit interrompre soé Activité
professionnel^. fi perd
coup sa coavarftire mi
ses coUèguesLïredatttant
■ ■ j "yv** i
; leur carrière : les praticiens préft-
jrent donc se prémunir contre ce
risque. En même temps, ils aug-
■ meurent leurs tarifs pour pouvoir
s’assurer contre les poursuites. Or
les femmes ne touchent pas de
salaire pendant leur congé de
maternité (six semaines). Avec les
inégalités d’assurance, cela expli-
que le retard américain sur la
mortalité infantile (Il décès pour
mille naissances vivantes, contre
7,3 en France).
Claudine Mulard
(I) Tout le monde a en principe
son dossier médical dans une banque
d'informations, le Medical Information
Bureau.
L' « hôpital-caviar »
de Houston
;«
actm
rééducation ’à 2 000
mois. Sa femme bénéficie <fnhe
aide fédérale; mate celle-ci ne cou-
vre pas la totalité des frais médi-
caux. «Nous étions une famille
américaine sans problèmes, dit-
elle, avec une formation supé-
rieure. deux salaires, nous payions
des impôts . Nous avons dû vendre
notre maison, et nous avons
30 000 dollars de dettes. C’est la
preuve que le système de santé ne
fonctionne pas. »
Frances est comptable dans
use société de San-Frandsco. Ette
n’avait iras eu de problème de
santé jusqu’à ce qu’on
diagnostiquât un cancer du sein.
Non seulement il lui a fallu
affronter le choc psychologique et
le. traitement chimique, mais sa
compagnie d’assurance essaya de
prouver que cette tumeur était
antérieure à la date d'effet de son
^contrat d’assurance : les soins,
innait-eUe, ne pouvaient donc
Être pris en . draige.JOr le '
cerdu, seinestiq
de décèr chez les 1
cainës'~de>35. à 52 ahs'ï dta en a
diagnostiqué chez 1,6 million
d’entre dits et un antre million en
seraient atteintes sans le savoir.
Barbara M., artiste-peintre,
55 ans, vit dans le nord de la
Californie, et était assurée chez
Blue Cross, une des principales
compagnies. En 1989, elle dut
subir l’ablation d’une tumeur à
l’utérus, non cancéreuse. Après
avoir accepté de prendre en
charge l’opération, l’assureur
refusa de la régler. Or, d’après le
système américain, le patient est,
en dernier ressort, responsable du
règlement de ses factures médi-
cales. Barbara ayant déposé une
réclamation, Blue Cross a exigé de
consulter son' dossier médical
depuis 1961 (IX puis a carrément
annulé sa police d’assurance, pré-
tendant que Barbara leur avait
e caché des informations sur sa
santé», notamment qu'elle avait
^passé un test de- dépistage du sida
connaît le même sort que les huit
mille retraités des usines McDon-
nell-Douglas. La firme les assurait
dans le cadre de son pian-retraite.
Elle vient d’annoncer qu'elle ver-
serait à chacun 15 000 dollars
d’ici à 1996, pour souscrire une
assurance-maladie, et cesserait
ensuite de les prendre en charge.
«On na pas le droit de faire
ça. C’est rompre une promesse que
mon père avait faite, et que j’avais
faite moi-même , affirme Donald
Douglas Jr. Personne ne connaît
donc le dossier mieux que moi »
N’a-t-il pas négocié ces avantages
sociaux au moment de la fusion?
Pour obtenir le rétablissement de
la couverture médicale, il a créé la
McDonnell-Douglas Retirées
Behefïts Association (Association
des retraités), qui attaque l'entre-
prise en justice. «Je reçois des let-
tres à pleurer , dît-il : ta plupart des
gens qui m’éerivent et qui ont
causé -*til y = a phisieora 'années. - -**-■•* ■ v yntre S&et "80^ même 90 ans -
améri- '''V'- ’Gonsulté, un avocat lui a v ont 'des problèmes de ' santé, et
* Le» système* ie>
ffei r«m«« wn h* AjjW
— ’flUÀyu (ou PPtll ci
*W te prawjfn: Je»
Mi» M <teHfevote, 4 U rtn des
fiMfié J®, 9» ItefififiriM K^rser-
èfeN ïtevwfi tepfe»fioq««)t f' 1
AàM protestait d i*w-
#Tuïi»« à l’ufitvcnitè
i Jitgti i fl par te presse
flSS£d«pét«d..
p«t:isahlc dfî afiËiHr
CNtinir que b
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synonyroè de ten-
sions
ripants sans couverture médh-
cafe.lciits seront' soignés gra-
tujtement Js le savent, tabes ils
attendant Jb dernier montent et
les mabdiès s'a&jravant.»
Dareftâr consultant : untèT
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il
dorieiira dans le dos. «Sto a été
rêhk&ïfJerpar une vôfture hier
an aôÔr$991 des affronte^ ■ après-midi, te médecin qui l’a
ont fait deux moits^eë axanwéenu Brooklyn fcsjjïtat,
un hôpitaPpoyé, kâ a (St qù’0a
pouvait iwitiw. chez elfe. Ce
matin, site ÿ préféré venir Ici. à
En principe une fei dè l'Etat de
-New-Ycrk oblige les services
d'urgence U donner tous les
soîtis 'nécessaires aujf.per-
consùltâtions de ta jour- .- sonnes qui on om besoin, quelle
Des malades «habituels». ' : 4u fl soit leur capacité de paie-
Dèux . jaunes gêna, menottas ment. Mais les bj^ritaux privés
aux ^ëvfflas et aux poignets, s’arrangent pas dhrënfcmoyens,
éncsKves par trois policiers, se pMs...ou moins subtils, pour y.
plaignent dé doiéairs abdorai- échapper.
« Ühe'friectton aifman- - Ainsi ^au Columbtan frês-
trapéé dëns ta can tin e de > bytertan. im Wpitai univertititae.;
'tapnson de RScers Isiand cToù Us _* privé dans lé haut de Harierii;
cantaines dô^biôssés. Et ta*
de l'une dés victimes- au
a déhanché une
' s t ;
’. Le docteur Thomas Sçalaa,
dtrige le sefvice d'urgences
ont 'été amenés «/'«Kpfique la
docfêâtScaiea. Üiî sans-abri,
conâtétFeussi par un po Scier,
présente tous les symptOmas
.de ta tréMiçiiépee. « Cette ^ épxié-
irpe fait des ravages depuis vols
taris à New-YèfktERe e et Bée eu
snr ét à ta pauvreté; »
> iiC.'est vraiment calme
atqoudüiu, s'étonne ta docteur
ScateaÆ^, 9 est encore tôt:
les prerrnbrgs bagarres com-
mencent vers^16 heures. , Cha-
jfgque nuit noos recevons -àn,
une dizafne de blessés
btanàseou par baBe. »
cfiènts eTtin Jour for-
commmid'une sfita
‘r.
son fut patieritar-Jes malades
des journées entières, alors ils
partent sans avoir été soignés,
découragés», axpBque te doc-
taur Fëtar Kohen qui travaille au
service (f urgence psyditatiique
de cet étabMsement. Au Broo-
klyn Hospital, on renvoie des
patients ailleurs s faute de
ptace».
Résultat, les urgences de
Kncp'Courity, l'un des efix-sept
établissements publics de ta
ville, accueillent chaqtie jour
neuf esntisi -patients : ta phipart
n'ont rien à y faire. s&hm&*
tiré patent sans avoir rempB les l
formalités nécessaires pour que
Mais depins quel-
J ««si lii^ouvolls cnmSe,
** ^ iq93l
^làridént ta députa des heuréai' v-Bons de dollars en f
■■ferf^îies sont eric«nt8S,.d’au- *
très sont accompagnées de
petits enfants, e Rhumes, fiè-
vres, asthme : ta saSa d’urgence
est devenue la médecin de
femflto pour des mffionsd'Amé-
par feMecBcaid ou le MeêBcam ».
eoufighsFIe docteur Scaiea. Le
service dépend entièrement dss
subventions de la vDle (20 mB-
Rons de dollars en 1 993) et sa
survie est constamment mena-
cée. e C'est la guérre, mais on
se débrouSe», conclut le méde-
cin en terminant sa visite.
C.S.
Tl
déconseillé d’intenter une action
en justice, car l’assureur, estime-
t-il, a lé. dioit pour lui. « Une
honte nationale f 3 dit Barbara. Le
pire est que loisqn’ona été rejeté,
il est. quasidient impossible de
retiôévêr un autre asrèroif^;
■. .. H . ■ w \. t
ACCOUOffAHNTS • Mark, qui
vivait à Atlanta‘'(Geârgie), était
^couverte - du mbms ie pensai t-
éllç par une assurance-maladie
individuelle, qui Tûî ; . coûtait
1 6Ô0 dollars par ah. Ep;i988,
lorsque détectée sa séropositi-
vité, la Ütàme fut portée; à
8 500 doüars, soît 5,5 fois plus,
lîu coût prohibit^: sa famille à
dû jw^er ses soï^^usqu’à sa
mortlésiois dernier^'."..
Di&akl Douglas Tr^ 61s du
fondàtéitr dn constructeur
■ d’avions DoUglas Aircraft, Vèst
-sans doute pas^un retraité comme
leSt&uttes : après 1 ctix-hoit ans <rao-
tîvfté dans la fîrme, de 1939 à
1957,îK a siégé an crmseil d’adnii-
*nlstration jusqu’en 1989 ^rrès la
fiision entre- Douglas et McDon-
nell, en 1967, Mais, i 76 ans, il
n’ont pratiquement aucune chance
de retrouver taie assurance. »
Certaines pratiques médicales
américaines^ viennent encore
aggraver la situation et entraîner
des dépenses insupportables.
Catiiêrine P. avait souhaité accou-
cher de Ta façon la plus «natu-
relle» et la moins médicalisée
possible. Elle a pourtant dû subir
une anesthésie rÿéridurale, puis,
parce que l'enfant se présentait
mal, une césarienne Coût total :
15 000 'dollars. Le coût moyen
d’un accouchement normal est de
5 000 dollars, et celui d’une césa-
rienne à rbôpîtal de 8 000. Elle a
découvert ensuite que les méde-
icheurs américains prati-
HOUSTON (Texas)
de notre envoyé spécial
Tableaux de maître aux murs,
plantes tropicales à foison, baga-
gistes en fivrée s’affairant autour
de la réception..., le haê d'accueil
du MethodSst Hospital de Hous-
ton a tout de rhôtsl quatre étoâes
à Singapour C'est qu’id le patient
n'est pas seulement un client
auquel i convient de prodiguer les
meilleurs soins médicaux que
peut fournir cet établissement de
1527 Rts, spécialisé dans les
malades cardio-vasculaires et le
cancer; il est aussi un VP, une
Très Importante Personne dont le
séjour, nécessairement forcé,
doit laisser un souvenir festif.
Pour les patients en prove-
nance de l'étranger (beaucoup de
têtes couronnées et de richis-
simes hommes d'affaires}, le ser-
vice personnalisé commence à
l'aéroport de Houston où les
attend une limousine, dès qu'ils
auront quitté le salon d'accueil
mis spécialement à leur disposi-
tion per les douanes américaines.
A peina- franchie -rentrée de
hosphafisé. En quelques années,
cette Metropobs médical a qui
consacre plus de 200 méfions de
doter» par an à la recherche s'est
transformée en une ruche 6 dol-
lars, premier employeur de tavfle,
qui apporte è l’économie locale
quelque 3,5 maiards de dollars
par an, plus 8 miffiards de retom-
bées indirectes. eLe budget
annuel du Texas Medical Conter
dépasse celui de ta vite de Hous-
ton, souligne avec fierté Richard
Wainerdi, l'un des responsables
du centre. Tout est on hausse :la
nombre de malades, ta chiffes
d’affaires... Nous n'avons pas
connu un seul trimestre de
betssef»
Sur les 38 institutions médi-
cales, universitaires ou de
recherche (dont 14 hôpitaux) que
compte le centre, le Merhodist
Hospital est certainement celui qri
affiche la meilleure santé. L'éta-
blissement accueille chaque
année 36 000 clients, plus de
800 000 actes médicaux y sont
effectués, par quelque
6 700 salariés.
Cet * établissement pé à
l'hôpftat fe sorit escortés jusqu'à ; l'ÉgBse méthodiste est ïe plus
leur chambre aux allures da bou- important hôpital privé à but non
quant souvent des 1 césariennes
(22,% des accouchements) pour
miqnx maîtrise* les jours et heures
de Inaissahce puis surtout pour
éviter les risqués de poursuites
judiciaires en casÿle suites médi-
JEn effet. 70% des obstétri-
ciens sqnf poursuivis pour «mol-
procîicè» -(fis u te professionnelle)
au moitié uhé fois au cours de
doir où le bagagiste n'en finira pas
d'énumérer les prestations
offertes : piscine, restaurant
réputé (Chez Eddy), blanchissage,
service de sténographes, livrai-
son quotidienne du WaB Street
Journal, valet, parking,
concierge...
Un «hôpital-caviar» en quel-
que sorte, bien différent du
modeste étabfissement qui vit ta
jour en 1919 dans ie centre- vifle
de Houston, où 8 menait 90 fits à
la disposition des plus démunis.
Une trentaine d'années plus tard,
9 émigrait en périphérie, sur te
gigantesque Texas Medical Con-
ter. Celui-ci, devenu la premier du
monde, couvre à présent
243 hectares où se pressent,
chaque jour. 35 000 patients,
23 000 employés, 9 000 volon-
taires, 12 000 étudiants da six
centres universitaires et...
900 membres du dergéi Sans
compter les 2,3 minions de per-
sonnes qui, chaque année, vien-
nent rçndra visite à un proche
lucratif des Etats-Unis et son bud-
get annuel est cf environ 380 mü-
nons de dollars. Sa rentabilité
reste confidentieBe mais elle est
sûrement très élevée. «Mata nous
n'accueillons pas que c tes riches,
se défend Blythe Scheffs, la res-
ponsable de ta communication.
Environ 60 96 de nos patients
proviennent du Medlcare (retrai-
tés) er nous recevons aussi des
gens en MetBcaid (démunis)»,
assure-t-efle, omettant de préci-
ser que le Medicare couvre tous
les plus de 65 ans, y compris les
plus fortunés.
Michael DeBakey, ta chirur-
gien fétiche du Mathodtet Hospi-
tal, vénéré des cardiologues, ne
se sent pas concerné parce débat
sordide. A 84 ans, n continue à
opérer chaque matin ou presque
pour mériter son titre de «p/us
vieux chnurgpen au monde encore
an activité» : a trava31a déjà pour
ta postérité.
S. M.
-J-'
C-
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Irécevez «lès aujourd’hui!
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30 Le Monde • Mardi 14 septembre 1993 •
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32 Le Monde • Mardi 14 septembre 1993
L'ECONOMIE
Suite de la page 27
Officiellement, on décompte
quelque deux cents actes de pirate*
rie par an, mais comme la {dupait
des attaques ne sont pas révélées, le
nombre réel est beaucoup plus
important
Gomme l’atteste la' mésaven-
ture du Baltimore Zephir, les
détroits du Sud-Est asiatique sont le
gros point noir de la flibuste
moderne. L'une des zones favorites
d’intervention des malfaiteurs est le
détroit de Malaoca, séparant Singa-
pour, ia Malaise et l'Indonésie. Il
s’agit d'un channei par lequel
transite un dixiéme du commerce
mondial. L’antre secteur est la mer
de Chine méridionale - côte chi-
noise, port de Hongkong, île de
Luson, -, mais la piraterie est égale-
ment présente au large des côtes
d’Afrique de l'Ouest et australe et
d’Amériqu e du Sud.
Les vob & main armée dans les
ports du Libéria, du Mozambique,
de l’Angola, pays en proie i la
guene civile, la disparition de
conteneurs au Nrgéria, les vols d’or-
dinateurs sur les quai de Rio-de-Ja-
nemo et de Santos (Brésil), le trafic
de drogue dans les Caraïbes et en
Colombie, celui des armes dans
Pex-URSS, sont aussi l’œuvre des
nouveaux forbans des flots. Leurs
coups de main peuvent se chiffrer
Chasseur
de pirates
LONDRES
correspondance
Un ancien policier
anglais aux trousses des fli-
bustiers de la mer, des
escrocs de l’assurance et
des pilleurs de cargaisons
aux quatre coins du mondai
Les stéréotypes le vou-
draient mal rasé, vêtu d'un
Imperméable élimé, fumant la
cigarette, la nuit, à la lueur
d'un lampadaire, sur un quai
désert. Sam Spade ou Philip
Marlowe, un malabar, tom-
beur de dames, cynique et
coriace...
Lasl Eric Ellen, soixante-
deux ans, n’a rien de tout
cela. Dans son bureau de
Baridng, dans l'est de la capi-
tale, le chasseur de pirates a
l’air bien banal : costume
bieu strict, cheveux courts,
voix douce, phrases brèves
et froide courtoisie britanni-
que. Mais son sourire scepti-
que, un peu sévère et sa
détermination certaine ont dû
hanter les cauchemars de
bien des gangs organisés qui
sévissent au large ou dans
tes pots.
Eric Ellen est né dans
cette zone d’East End, soli-
dement ancrée sur las rives
de ia Tamise, è quelques
encablures des quais. L'uni-
vers des gens de la mer, des
escales et des appareillages
n'ont guère de secrets pour
cet ancien commissaire en
chef du port de Londres, qui
a mené toute sa carrière de
pofidar au sein de fa brigade
fluviale. En 1981, à la
demande de la chambre de
commerce internationale, ce
spécialiste des vols de
conteneurs, auteur d'un livre
remarqué, intitulé fe Terro-
risme maritime, crée le
bureau maritime internatio-
nal. Il disposa d’une secré-
taire et d'une cagnotte de
20 000 livres.
Aujourd'hui, le budget
de l'organisme, qui emploie
une vingtaine d’enquêteurs,
s'élève è 750 000 livres,
financé en grande partie par
les quelque 200 000 mem-
bres de ia profession.
Ceux-ci ont notamment
accès è l'ordinateur qui
contient les données de près
de 13 millions de navires et
qui recense tous les inci-
dents survenus. En 1986, un
bureau anti-contrefaçon est
créé au sein même du BMI
pour extirper ce cancer de
l'industrie du iuxe. Dans la
foulée de l'affaire Maxwell,
un Commercial Crime Bureau
a vu le jour pour s’attaquer
aux placements financiers
douteux.
M. R.
PERSPECTIVES
A l’abordage !
en millions de dollars. «Les pirates
ont iuk image romantique à ta capi-
taine Crochet. Mais ceux d'aujour-
d'hui appartiennent aux réseaux du
crime onanisé qui se tapissent au
centre erune inarme toile d’arai-
gnée», déclare Eric Ellen, directeur
du Bureau maritime international
(voir encadré). A entendre ce
«super-flic» des mers, des «par-
rains» ont mis en place des filières
très organisées : a des commandi-
taires de la diaspora chinoise organi-
sent la prise de bateaux obtiennent
de faux documents, font changer tes
noms, vendent des cargaisons, fic-
tives ou non \ le marché est libre.»
CONSTANCK • Elle court, elle
court, la piraterie maritime, à un
rythme toujours accéléré, et les
milieux de l’armement, les compa-
gnies d’assurances et la commu-
nauté internationale mettent une
redoutable constance à fermer les
yeux.
Far crainte de conséquences
préjudiciables à leur réputation, les
armateurs victimes de ce fléau gar-
dent le silence. Une enquête poli-
cière prenant an moins une journée
et coûtant l'immobilisation d'un
porte-conteneur peut atteindre
20 000 livres (1). Tout retard de
livraison entraîne un surcoût subs-
tantiel en raison des pénalités finan-
cières. «Je ne veux pas que mes
clients puissent penser que les mar-
“Il tau «c*r
■
une force
d'intervention
è l'échelle
planétaire,
former dans chaque
pays concerné
des policiers
spécialisés. 99
chandises qu’ils me confient peuvent
être dérobées avant d'arriver au
port», nous explique un courtier
maritime londonien, souhaitant
conserver l’anonymat La loi de la
mer, c’est Aussi Ia loi du
Confrontés i une tentative de
fraude, les assureurs préfèrent sou-
vent faire appel & des détectives pri-
vés (KroU, Bishop international,
Control-risk...) pour retrouver la
trace d’un navire ou le contenu de
ses soutes. La discrétion est assurée,
tes différends se règlent i l’amiable,
l’attention des médias est évitée.
SOINCI • «Il ne faut pas exagé-
rer la menace. Tant que les actes de
piraterie ne provoquent pas de
grandes catastrophes, comme une
marée noire. On peut très bien vivre
avec Pour certaines zones chaudes,
nous nous contentons d'augmenter
les primes», indique Christopher
Rome, patron du principal syndicat
d’assurance maritime Lloyd’s, reflé-
tant le sentiment général dans 1 &
célèbre bourse mari time.
La désorganisation chronique
du milieu du shipplng - navires qui
changent contaminent de proprié-
taire ou d’appellation, - !e manque
de fiabilité des documents, des tam-
pons, des certificats d’inspection, les
difficultés d’authentification des
contrats, constituent d’importants
obstacles au combat contre les
pavillons noirs. L’utilisation perma-
nente de pavillons de complaisance,
la multiplication des ports francs, 1e
transbordement automatique des
conteneurs et 1e secret bancaire sont
autant <f incitations à L’escroquerie.
La plupart des projets concoc-
tés à force de longues négociations
par la communauté internationale,
ont Gui dans les poubelles. Les
pirates savent se jouer des lacunes
du secteur maritime et des carences
des législations nationales en
matière de souveraineté. Celles-ci
empêchent souvent la mise en place
de forces de protection navale è
réchette régionale. En Indonésie, en
Chine, aux Philippines, tes autorités
locales, La police et les dockers sont
souvent de mèche avec les bandits.
Dans un premier temps, le gouver-
nement de Djakarta, par exemple,
affirmait dur comme fer que le
capitaine du Baltimore Zephir, John
Bashforth, avait été tué lors d’une
mutinerie/Quand i rOorident, fl &
demande pourquoi 9 faudrait, inter-
venir dans cette jungle maritime
que sont devenues tes mers du Sud,
où naviguer équivaut pour beau-
coup de capitaines à jouer à la rou-
lette russe. Pourtant, les esprits évo-
luant, les grandes compagnies pétro-
lières prennent désormais au
sérieux les risques potentiels que
fbnt courir è F environnement les
tante s, cibles des pi rat es, Qui peu-
vent s’échouer ou prendre fan.
■ Les armateurs renforcent les
consignes de sécurité à bord. L’IMB
vient d’installer un bureau régional
à Singapour. Pékin s'est déclaré
intéressé par l'offres d’Eric Ellen
d'en ouvrir un autre & Hongkong,
chargé notamment de la lutte contre
l'émigration clandestine et la
pjqt nEhpiiriÆ L’Indonésie et tes Phi-
lippines ont lancé plusieurs opéra-
tions «coup de poing» pour tenter
de nettoyer leurs détroits
«H j but créer une firme eTtnter-
vention à l’échelle planétaire, former
dans chaque pays concerné des poli-
ciers spécialisés, rompus aux arcanes
du monde de ht mer. Bref, TONU
doit, engager ia mime lutte à mort
contre ce fiêau que contre le trafic de
drogue», proclame Eric EUen, qui
-s'agite comme un sémaphore pour
alerter Fopmkm. Et de supplier que
l’on entende sa voix peur que les
flots ne deviennent pas un draetière
de navires et de marina.
Marc Roche
.S frjab ....
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(1)
francs.
I livre vent environ 8,70
Notre monde change chaque an!
• Le Monde • Mardi 14 septembre 1 993 33
L'ECONOME
P E R S P E C T I ï E S
LUXE
Vranken, le mouton noir du champagne
En choisissant de s'adresser aux grandes surfaces, tout en maintenant la qualité et en soignant sa réputation,
cet « étranger » s'est hissé en vingt ans parmi les dix premiers vendeurs du vignoble.
V&j* » ■
fer que le
■, John
ton d'une
il s*
1 t&ednk inter-
maritime
rs du Sud,
pour beau-
jjh» prêterai-
i on entende a
jtets ne deviez kt
de navires et de m** 5
_ Msefc
, M»i livrer
francs.
A VENUE de Champagne à
Eperaay. Cest là que rési-
dent les maisons Moët et
Ch an don. Mercier, Pemer-Jouët,
de Venoge, Pd Roger, dont le pres-
tige n’a rien à envier à celui des
Mumm, Potnmery, Lansoo, Piper-
Heidsieck, Krug et Veuve Qiquot
& Reims. Cest là que se niche Tof-
fice de tourisme de la capitale du
champagne : 43 000 visiteurs en
1992, intéressés surtout par la
visite les caves.
Cest là précisément que s'est
installée en 1988 la Demoiselle de
Paul Vranken, sur le rite des cham-
pagnes Sacotte. Une première
consécration pour ce Parisien, né
en Belgique en 1947. Q n'axxra fallu
qu'une vingtaine d’années à la
sodété Vranken, qui, outre Demoi-
selle, commercialise sous les mar-
ques Charles Lafitte (à Vertus) et
Histoires de Champagne (à Congy),
pour se hisser parmi les dix pie-
mites maisons de champagne : la
sixième par le volume d’expédi-
tions en 1992, selon Paul Vranken,
avec 4 130 000 bouteilles vendues
(presque 12 % des ventes totales de
champagne), pour un chiffr e d’af-
faires de 342 millions de francs et
un bénéfice après impôt de 2 mil-
lions.
«Quelques maisons gagnent de
l’argenL.. encore, mais leur rentabi-
lité s’amenuise», affirme Jean-Mi-
chel Du cellier, PDG d’Ayala,
co fondateur et coprésident du
Comité interprofessionnel des vins
de Champagne (1). Cest précisé-
ment en raison de la contrainte de
rentabilité que Paul Vranken met
actuellement la dernière ma»™ à
une modification de son «haut de
bilan». Elle se fera en augmentant
ses capitaux propres, sans modi-
fier, assure-t-il, la structure du
capital Une mesure qui apportera
de l’eau au moulin de ses détrac-
teurs. Si la réussite de Vranken, en
effet, suscite le respect en Cham-
pagne, elle provoque aussi bien des
grincements de dents. D’aucuns
susurrent que cette réussite serait
fondée sur un fort taux d’endette-
ment™
TURBULINC1S • Paul Vranken
lui-même est le premier à tempérer
son succès : « Nous sommes dans
les turbulences comme tout le
monde, dit-il, même si nous tirons
noire épingle du jeu. »
Turbulences? Alors que la
production croît régulièrement,
depuis 1990, la consommation de
champagne chute, comme tout le
secteur du luxe, en raison de la
crise. EBe s’est stabilisée en 1992 à
214 millions de bouteilles (contre
248 millions en 1990), mais les sto-
cks s’élèvent aujourd’hui à près
d’an milliard de bouteilles.
Vranken, lui, annonce trois
années de stock seulement. Un
chiffre idéal, compte tenu du vieü-
h ' ssemeut du vin. H a réussi à ven-
dre. A quel prix? Dans ira hyper-
marchés, la bouteille de champagne
est descendue au-dessous de
30 francs l’hiver dernier, au grand
dam de la profession, qui a crié an
suicide. Quand le kilo de raisin se
négocie à 30, voire 33 francs, une
telle politique, devenue systémati-
que, ramène les marges & zéro™ «Il
serait mensonger de dire que nous
ne l'avons pas fait, explique Lau-
rent Davaine, responsable de l’ex-
porta ti ou ,« qui est depuis dix ans
chez Vranken, mais chez nous, ce
fut très ponctuel Cest marginal.»
La réussite de Vranken est ail-
leurs. Cest d’avoir compris très
vite, plus vite que la plupart des
maisons, le poids de la grande dis-
tribution et surtout d’avoir su s'y
placer. Son diplôme de droit privé
de l’université de Liège en poche,
Paul Vranken débarque en Cham-
pagne en 1974, au moment de la
crise de surproduction, achète des
raisins et loue un local à Fére-
brianges. D part de rien ou presque,
et fait figure de novice. Son expé-
rience d’administration dans le
groupe anglo-saxon Bass l’a en fait
formé au grand commerce. Il va
démontrer qu'il sait vendre.
SAVOK-FA1R1 • Ainsi, dès ses
débuts, le Parisien, assisté de son
fidèle Régis Desbleds, opte résolu-
ment pour la vente en grandes et
moyennes surfaces. □ applique au
champagne la recette cfAlain-Do-
minique Perrin de chez Cartier
pour les bijoux : «Nous faisons
tous deux dans la grande diffusion :
il apporte le hixe, moi le plaisir...»
Aujourd’hui, 70 % de ses bouteilles
sont vendues dans les hyper et
supermarchés. La société Vranken,
avec ses trois marques, et notam-
ment Histoires de champagne, est
présente dans la quasi-totalité des
enseignes leaders. Les vins Nicolas,
-\r,
Hotro monde d ljnr
les bars, cafés, restaurants s’adju-
gent le reste.
«Nous bénéficions aujourd'hui
d’une certaine antériorité. Cela
nous a permis d’acquérir un savoir-
faire, explique Laurent Devaine.
La grande distribution est très solli-
citée. Un prix n’est pas facile à
négocier, et le cahier des charges est
très rigoureux. Il ne s’agit en aucun
cas de vendre des sous-produits. »
Face à un consommateur exi-
geant, il faut justifier les prix.
Vranken apporte un soin particu-
lier an verre et à la présentation
des bouteilles. Quelle que soit la
gamme, la qualité reste un maître
mot, et chaque produit a son iden-
tité. La Demoiselle, créneau moyen
et supérieur, se vend entre 100 et
130 francs, Charles Lafitte entre 80
et 100 francs. Même démarche
pour les marques de distributeurs,
Paul Demart chez Franprix, Gub
des vins et terroirs chez Système U.
Mais Vranken a aussi amassé
un capital d’image, en soignant sa
notoriété a sa crédibilité.
COMMUNICATION • Notoriété.
En 1983, il achète le Château des
Castaignes sis au lieudii Demoi-
selle, près de Montmort, et décide
d’en faire son «site d’image », le
lieu où il reçoit. Homme de com-
munication. Paul Vranken pore sa
Demoiselle d’atours divers. II en
fait en 1991 la Demoiselle de Saks-
bourg dans le cadre d'une cuvée
spéciale pour le bicentenaire de la
mort de Mozart, la Demoiselle de
nuit pour les discothèques de
Régine. Avec elle, Q est présent à la
plupart des opérations de mécénat
de Cartier (comme le Printemps de
la photo à Cahots), dans les salons
de l’Hôtel de Ville de Paris, quand
Jacques Chirac reçoit la princesse
Margaret d’Angleterre ou le Royal
Ballet™
Crédibilité. En septembre
1992, Paul Vranken s’adjuge les
il lance le
16 septembre
prochain
à Paris
sa première ligne
haut de gamme
Orgueil de France
et vient d'ouvrir
au public ses caves
Demoiselle avec son
et lumière comme
les grandes maisons.
7,3 hectares de vignes Laliement à
Bouzy, un cru classé à 100 %, ce
qm porie ses vignes à 63 hectares.
II investit en étendant sa cuverie,
en modernisant sa chaîne d’habil-
lage et en augmentant sa capacité
de rcmuage à Vertus.
CONSÉCRATION • «U chôm-
ant bel avenir devant lui»,
e Paul Vranken. II compte
s'attaquer au marché européen
avec les mêmes méthodes et le
même réseau. Il s’est engagé sur les
prochaines vendanges à hauteur de
800 hectares, ce qui correspondrait
à plus de 3 millions de cols.
Autant dire qu'il a foi en son
produit II lance le 16 septembre
prochain à Paris sa première ligne
haut de gamme, Orgueil de France,
et vient d’ouvrir au public ses
caves Demoiselle, avec son et
lumière, comme les grandes mai-
sons. « Je ne jais que suivre te che-
min emprunté par les pionniers des
maisons de champagne au XIX* siè-
cle», explique-t-il sans fanfaron-
nade. S’il gagne ses paris, il ne lui
manquera ptos que deux consécra-
tions : celte d’entrer dans 1e très
sélect dub du Syndicat des grandes
marques, et (te voir la sienne figu-
rer sur le plan distribué par l'Office
de tourisme rfEpemay, et plus seu-
lement dans tes encarts publid-
Ittbollt Dubois
(1) Organisme créé en 1941,
chargé de réguler les relations entre
vignerons, négociants et pouvoirs
publics.
Un retour
à la raison
En Champagna, la
récolta 1993 aéra «excep-
tionnelle » et « noua en
tarons un millésime »,
assura Jean-Piarrs Giraud,
président de la brancha chez
Rémy-Martin (Krug, Chartes
Haldslack at Piper Hsid-
aleck), qui reflète, ainsi, le
sentiment général h Raima
at Epemsy. Cette récolte
sera, aussi, très abondante,
atteignant de 15 OOO à
16 000 kflogrammes da rai-
sin par hectare dans cer-
tains endroits, ce qui n'est
pas tout è fait une bénédic-
tion dans une profession qui
croule sous les stocka. La
situation financière des mai-
sons de champagne s'en
fortement dégradée, d'où
les programmes de Bcenda-
ments qui secouent toute la
région et provoquent de vifs
mouvements sociaux.
Pour tes vignerons, qui
fournissent 80 % de leur rai-
sin aux grands producteurs,
l'horizon s'assombrit égale-
ment. La vendange 1993
leur sera payée au prix de
20,50 francs le kilo de rai-
sin, en baisse de près de
16 % sur celui de 1992 (24
francs), (ul-même an recul
de 20 % sur les 30 francs
de 1991. On est loin du
record de 32 francs au kilo,
établi en 1990. après la
dénonciation du contrat da
six ans, renouvelé régulière-
ment depuis 1959, qui liait
vignerons et producteurs.
Il y a trois ans. une
pénurie de raisin régnait
encore en Champagne, la
hausse de 1990 marquait le
terme d'une folle ascension
qui avait renchéri le prix du
raisin dp 50 % en trois ans,
la portant Jusqu'è.40 francs
le kilo, avec les primes,
pour les meflleurts qualités.
Comme il faut 1,25 kilo de
raisin pour une bouteille de
champagne, on imagine les
répercussions désastreuses
de cette folle envolée.
Aujourd'hui, c'est le
retour à la raison pour tout
le monde. Les maisons da
champagna ont dû consentir
des rabats massifs pour
relancer la consommation,
qui a réagi plutôt favorable-
ment, non seulement lors
des fêtes ds la fin da l'an-
née 1992, mais aussi au
premier semestre 1993 où
des «frémissements» ont
été enregistrés, avec l'es-
r ir ds porter les livraisons
220 millions, ou même
225 mimons, de bouteilles
cane année. Selon Paul
Vranken ijlra ci-contre ).
prasqu 'aucun champagne
de marque non millésimé ne
peut se vendra au-dassus
de 120 francs la bouteille.
Quant aux vignerons,
qui voyaient Isa ceps mon-
ter jusqu'au ciel puisque
lew coût de production n’at-
teint qus 10 francs è
12 francs au kilo, ils volant
le prix de ce kilo revenir
presque è celui de 1982
(19,18 francs) et de fait, en
francs constants, è celui de
1976 (7,18 francs). Da plus,
Ils ont dû consentir, non
seulement, une limitation è
10 400 kilos de raisin par
hectare de ta récohe classée
«champagne» mais, aussi,
te blocage en cuves de
2 000 kilos per hectare, qui
s'ajouteront è celui de
2 800 kilos décidé l’an der-
nier, soit l'équivalent d’une
demi-récoite au total misa
en réserve.
La discussion a été
âpre : les vignerons ne vou-
lant pas descendre su-des-
aous de 22 francs au kilo,
les « maisons » voulant
20 francs, même 18 francs,
at c'sst la préfet da région
qui a fini par trancher è
20,50 francs, o« prix, au
surplus, n’étant qu’ «incita-
tif». puisque iss transac-
tions sont libres, mais tout
de même, Il dorme la «le» h
la profession.
François Renard
> _
■34 Le Monde • Mardi 14 septembre 1993 ■
L'ECONOMIE
DOSSIER
Les produits verts
Quel est
leur poids ?
Les industriels français ont j
toujours pris /'environnement
comme une contrainte et non i
comme un moyen de 1
développer de nouveaux
produits ou technologies.
Quant aux consommateurs
eux-mêmes , ils ne se sont
jusqu'à présent guère mobilisés
en faveur des produits verts
suspectés d'être chers,
inefficaces ou peu crédibles.
Pour toutes ces raisons, le
marché des produits verts
n'a guère décollé, chacun
attendant une réglementation
pour modifier ses habitudes de
production ou de
consommation. Avec le retour
des difficultés économiques, le
timide engouement
de ces dernières années
semble même retombé.
Pourtant, derrière cet
encéphalogramme
apparemment plat, les
frétillements sont nombreux.
Selon les études du CREDOC,
le consommateur français
semble enfin prêt à se mobiliser
en faveur des produits verts.
La crise ne doit donc pas fait
illusion : si le prix est
aujourd'hui un facteur
déterminant des valeurs aussi
immatérielles que
l'environnement seront sans
doute, demain, susceptibles de
relancer la consommation.
Les premiers labels français et
européens, décernés
dernièrement aux produits
verts « méritants », marquent
sans doute un tournant. Aussi
timide soit-elle, cette
officialisation leur donne
une nouvelle dimension. Elle
pourrait annoncer les prémices
d'une réglementation plus
contraignante. D'ailleurs, les
affrontements qui entourent
l'attribution du label européen
montrent que les produits verts
sont beaucoup plus
prometteurs qu'il n'y paraît.
Autour des enjeux écologiques
se dessinent les contours d'une
nouvelle guerre économique
entre fabricants, matériaux et
procédés. La guerre des
lessives avec ou sans
phosphates n'était sûrement
pas un avatar publicitaire...
Certes, compte tenu des
lacunes scientifiques et des
imperfections de la gestion de
l'environnement - en particulier
du traitement des déchets, -
les produits verts ne sont pas
toujours crédibles. Et ces failles
ouvrent la porte à toutes les
dérives possibles. Mais les
produits verts d'aujourd'hui
constituent sans aucun doute
une étape intermédiaire
indispensable. Certains
industriels européens ne s y
sont pas trompés. Ils ont fait du
«t management vert » leur cheval
de bataille.
■ Aérosols sans CFC, piles sans mer-
cure, lessives sans phosphates, essence
sans plomb, emballages recyclés ou bio-
dégradables, peintures sans solvants, etc,
les produits verts, dits 3ussi éco-produits,
sont supposés moins polluer l’environne-
ment et sont identifiés comme tels par les
consommateurs grâce â des mentions par-
ticulières.
Apparus en France à la fin des
années 80, ils ne jouent encore qu’un fai-
ble râle, ne dépassant pas 7 % des ventes.
Selon une étude du ministère de l'indus-
trie portant sur 8 000 entreprises fran-
çaises (78 secteurs concernés, hors agro-
alimentaire), 14 % seulement d'entre elles
déclarent fabriquer des éco-produits,
pour l’essentiel vendus par les grandes
entreprises, les PME n'intervenant que
marginalement.
Les consommateurs sont aujourd’hui
peu sensibles à l’argument environne-
ment dans leurs achats de tous les jouis.
“Le
Le prix est le premier cri-
tère de choix des consomma-
teurs. S'ils sont tout à fait
prêts a contribuer à ta pro-
tection de l'environnement,
c'est dans la limite de leur
pouvoir d'achat.
Véronique Neiertz
(député socialiste).
10 % seulement d’entre eux se sentent
concernés. S’ils redoutent les grandes pol-
lutions accidentelles, ils font par contre
rarement le lien entre leurs gestes quoti-
diens et les équilibres naturels. Faute
sans doute d’une information adéquate.
Surtout, comme le montrent diverses
études, ils ne sont pas prêts à payer plus
cher pour les produits écologiques, qui
doivent prouver leur efficacité. Ainsi, la
lessive verte qui laverait moins blanc
aurait de grandes chances de rester sur les
étagères des linéaires. «En France, les
produits écologiques, pour réussir à grande
échelle ; devraient être innovants, moins
chers et aussi bons », confirme Jacques
Beslin, directeur certification â l’AF-
NOR.
Le manque d’intérêt des consomma-
teurs s’explique aussi par la faiblesse du
mouvement consumériste français et son
absence de mobilisation autour des pro-
duits verts. Le boycottage d'un produit
polluant n’est guère envisageable chez
nous & moins d’un accident grave, à la
différence des pays anglo-saxons où la
sensibilité verte est nettement pins
importante. La crise actuelle fait aussi
revenir en force l’argument prix. Enfin, le
faible engouement actuel se justifie chez
maints consommateurs par la difficulté
de se repérer dans les arcanes floues des
éco-produits. ■
LEXIQUE
Dossier préparé
par Catherine Lévi
ÉCO-PRODUIT. Ce terme «savant»
qualifie un produit vert, censé
sinon respecter l’environnement,
du moins causer le minimum de
ÉCO-BILAN. Cest une analyse complète
du cycle de vie du produit, de sa
conception à son élimination. U
permet d’évaluer l’impact réel
d’un produit sur l'environnement,
sans se limiter à la prise en
compte d’un seul critère donnant
nécessairement une appréciation
plus partielle.
ECO-LABELS. Les labels verts apposés
sur les emballages certifient au
consommateur le caractère vert
d’un produit. La «griffe» offi-
cielle française est la marque NF
„ Environnement.
ECOH NDUSTR1ES. Ces entreprises fabri-
quent des matériels ou des ser-
vices permettant de produire pins
propre ou de traiter tes nuisances
(rejets atmosphériques, eaux et
effluents, déchets, bruit, etc.).
ECO-MANAGEMENT. L’environnement
engage tous les aspects de L'entre-
prise y compris sa stratégie, son
organisation et ses fonctions. Le
management vert suppose la mise
en place d'une politique globale
incluant la planification des objec-
tifs environnementaux, les actions
à mener et leur contrôle. L’AF-
NOR a publié récemment une
première norme pour donner un
fil directeur aux actions des indus-
triels.
AfNQR. Agence française de normalisa-
tion.
- -F
Quelle est
leur crédibilité ?
Quels sont
les labels ?
Quels sont
les enjeux ?
■ Le plus grand flou règne aujour-
d’hui autour des produits verts, compte
tenu du manque de connaissances scienti-
fiques et de l’absence de cadre officiel de
référence. Le marketing vert, véritable
fourre-tout, génère une multitude de
labels que les fabricants s’autodccerncnt
et dont la crédibilité est parfois contesta-
ble. Peut-on, par exemple; proclamer un
emballage « recyclable » en l’absence de
vraies structures de recyclage? Peut-on
déclarer un produit «bon pour l'environ-
nement » ri son procédé de fabrication est
polluant ou fortement consommateur
d'énergie? Et que dire des arguments éco-
logiques qui mettent l’accent sur la sup-
pression de composants nuisibles en Gri-
sant Pim passe sur les autres substances
toxiques qui demeurent? En outre, les
équivoques autour des produits verts ne
manquent pas. Les phosphates polluent-
ils vraiment ies rivières? Les CFC détrui-
sent-ils vraiment la couche d’ozone? Les
théories scientifiques n'ont jamais
apporté de réponse définitive à ces ques-
tions. On peut même recycler ou incinérer
salement, etc.
En fait, le caractère écologique ou
non d'un produit dépend d’une multitude
de paramètres complexes incluant les
matières premières, la production, la dis-
tribution, les déchets. Cest tout l'enjeu
des écobilans d’entreprises, qui étudient
le cycle de vie du produit jusqu’à sa mort,
pour savoir ri celui-ci apporte ou non une
contribution positive à l’environnement.
La tâche est toujours longue, complexe et
coûteuse tant le nombre de critères à ana-
lyser est élevé. Dans le secteur des pein-
tures, par exemple, plus de deux cents
paramètres différents ont été relevés. Une
dizaine de sociétés spécialisées travaillent
aujourd'hui sur ces mesures, dont la plus
connue est Ecobilan.
Dans ce domaine, les problèmes de
crédibilité se posent également. En l’ab-
sence de normalisation des procédures,
chacun est en effet libre de réaliser son
écobilan sur ses propres bases, ce qui
donne fieu à des abus de toutes sortes en
matière de prix comme de fiabilité. L’AF-
NOR travaille sur la normalisation des
procédures, et les labels officiels qui se
mettent aujourd’hui en place tant au
niveau français qu'européen tentent de
limiter les abus de toutes sortes et d’ap-
porter une réponse cohérente au consom-
mateur. ■
■ Reposant sur une démarche de
certification volontaire, la marque NF
Environnement, pilotée par i’AFNOR. a
vu te jour en juin 1991 Aujourd’hui, elle
concerne exclusivement les fabricants de
peinture. Mais un label sac-poubelle
devrait sortir prochainement, et d’autres
projets sont en cours (shampooings, piles,
lubrifiants, etc.).
Pour déterminer les critères de label-
lisation. la France réalise des analyses de
cycles de vie (écobilans) et tient compte
de l'efficacité des produits. Pas moins de
dix-huit critères ont été retenus pour tes
peintures : moins de solvant, pas de subs-
tance considérée comme c a ncéri gè ne, pas
de pigment susceptible de polluer tes
eaux. etc. Cette approche garante d’une
crédibilité global est néanmoins com-
plexe, d’où la sortie au compte-gouttes
des produits labettreés.
Lancés dès 1978, les labels allemands
(l’Ange bleu) semblent par comparaison
moins solides puisque leur attribution
porte sur un seul critère. Cependant, te
système est simple, ce qui permet aujour-
d’hui à plusieurs milliers de produits d'en
bénéficier. En outre, il donne largement
satisfaction en Allemagne.
Issu du règlement communautaire
de mars 1992, l’Ecolabei européen, lui, a
retenu l'approche « cycle de vie ». La
procédure est la suivante : un pays prend
l'initiative de piloter la labellisation d'un
produit, réunit des experts et organise des
réunions de concertation avec scs parte-
naires européens. Le Royaume-Uni est
leader pour les laques, te Danemark pour
les produits papetiers, l'Allemagne pour
les détergents, la France pour les pein-
tures, etc. Mais la méthodologie du bilan
est laissée au libre arbitre du pays leader,
sans qu’il ne soit fait explicitement réfé-
rence à la diversité des produits et des
situations industrielles européennes. Ce
qui conduit chacun à retenir les critères
les plus conformes aux intérêts de son
industrie nationale... Portant sur les
machines à laver, le premier label euro-
péen en titre, datant du mois de juin,
tient compte de la consonssation if éner-
gie et d’eau, mais non du bruit. U a été'
voté à «l’arraché» malgré Taris défavo-
rable des Allemands et des Français. Des
batailles d’experts qui traduisent le flou
scientifique entourant encore l'environ-
nement, mais aussi l’importance des
enjeux économiques. ■
■ Théoriquement. te but des bbeb
verts n'csl pas d’éliminer un produit « de
favoriser un secteur, nuis de faire progres-
ser des industries vers des produits pies
respectueux de l'environnement. C’en
respectueux de l'environnement Cen
d’ailleurs Tune des raisons pour Jaquette
les labels, démarche vokmuurisie, ûttt été
préférés à une réglementation be au c ou p,
plus contraignante- En Allem^ne, par
exemple, te label est une mcita b oa g fin-
novation technologique et i ramétiorabos
des performances d'autant pins forte que
80 % des consommateurs achètent en
priorité les produits (plusieurs miflien au
total) l’ayant obtenu.
Dans la pratique, tes enjeux économi-
ques et politiques remportent. D'où icteb-
byisg qui sévit à Bruxelles. Ce n’est sus
doute pas un hasard si Tagriculnireer Tm-
tomobîle ont été pour l’instant exclus du
champ du label européen. La prise en
compte des différences de conception
entre cultures de plein champ et ciütofts
sous serre pourrait beurrer bien êtes
intérêts. El risquer de récompenser d'un
label une voiture japonaise ne serait pu
au goût de tour 1 e monde.
Le meilleur exemple de «bataille
verte» - faon label en Toccunencc - reste
sans doute celte des lessives sans phos-
phates, qui ne représentaient qu’un
volume marginal du marché jusqu’à «
que Henket reprenne Le Chat en 1989.
Troisième producteur mondial de phos-
phates. Rhône-Poulenc est alors passé à
l’offensive, car Taïga ment écologique ris-
quai! de lui faire perdre des pans rte mar-
ché considérables. Aujourd'hui, les deux
produits sc partagent te marché sur fond
d’incertitude écologique. Au consomma-
teur de dnâir. Des m migpg rres économi-
ques vertes que Tou retrouve de façon lar-
vée dans d'autres secteurs, notamment
dam remballage.
La production de produits verts
entraîne aussi à des degrés divers la remise
en casse des habitudes de fabrication. Une
démarche coûteuse dass laquelle tes
petites entreprises ne peuvent jouer â jeu
égal avec les grand. D’id quelques années,
on -peut imaginer fappawtHMyag imm de
l’écologie, de discriminations - justifiées
ou abusives, - comme Texclusion des
sous-traitants incapables de se conformer
an cahier des c harges de lms dormeurs
d’ordre verts. L'instauration de normes
vertes contraignantes pourrait même créer
de nouvelles armes protectionnistes. ■
Les principaux labels écologiques (1)
PAYS
Label
Date
de création
Duée
Produis concernés*
A11BVIAGNE.....
L'Ange bleu
1977
Trais ans,
renouvelable
Environ 80 groupes
de produits
représentant
4000 références
CANADA.—
Le Choix
environnement
1988
Trois aïs,
renouvelable
Environ 15 catégories
dB produits,
essentieSement à basa
de matériaux recyclés
JAPON
L'Eco-mark
1989
|
Deux ans,
renouvelable
Environ 20 catégories
de produits
essentiellement
ménagers.
plus de 300 produits
PAYS
SCANDINAVES..
Le Cygne
blanc
1989
Variable
et renouvelable
selon les produits
Environ
10 catégories
de produis tfivers
f A OmmH
ÉTATS4JNB...-
LO gGQqV
vert
1991
irais ans,
renouvelable
Deux catégories
de produis
FRANCE.
NF
Environnement
1992
Trois ans,
renouvelable
Un label:
les peintures a ventis
8 projets en chantier
EUROPE
«UEcoiabalv
euupéen
19S2
Trois ans.
renouvelable
Un label :
les machines à laver,
26 catégories
à l'examen
DE L’ECO-LABEL
A L’ECO-
Source ; docum ent s AFNOR.
(!) D'autres expériences se mettent en place, notamment aux Pays-Bas. Pratiquement tous
las labels sont mutacrftdres S l'exception de rABernsone.
* fl s'agit d'es tim ati on s sur la base de l'année 1992 pour les labels les plus anciens.
■ Les Marchés verts, réconcilier crois-
sance économique et écologie, de France
Caîrncross, Les Editions d’oiganisation,
avril 1993.
■ L'impératif écologique, l'entreprise
européenne parie sur l'environnement, de
Nick Robins, Calmann-Lévy,. 325 pages,
février 1992.
■ Tous verts, la surenchère écolo-
gique. de Roger Cans, Calmann-Lévy,
233 pages, avni 1992.
■ Guide vert à l'usage des entreprises,
de Laurent Binet et Carole Livio,
AFNOR, Défis, 222 pages, février 1993
■ Entreprise, environnement, la révo-
lution paradoxale, de François de Teys-
sié» Les Editions d’organisation,
128 pages, décembre 1991
■ Vers une consommation engagée
étude du CRÉDOC, 4 pages, mars 1993.
■ L'industrie investit les marchés de
l’environnement, étude du SESSI, minis-
tère de l'industrie, 4 pages, mars 1993.
■ On peut lire également le dossier
«NF Environnement, les peintures
et vernis un an après», qui est paru
dans la Lettre du marketing vert du
23 juin 1993.
Nos poubelles sont pleines d'embal-
lages se proclamant écologiques, nu»* qui
ne sont pas valorisés. Peu importe ators"
qu'ils soient recyclables, biodégradables
ou énergétiques. Le projet initié par
l'Agence de Teavironnement et de la
maîtrise de l’énergie (ADEME) devrait i
terme régler ce problème (le Monde à»
13 janvier et 22 mars 1993). Depuis 1e
1 er janvier 1993, toute société doit en
effet contribuer à la valorisation de ses
déchets d’emballages ménagers en versant
une contribution financière à Eco-Embal-
lages, société privée agréée par les pou-
voirs publics. ^
En contrepartie, cette dernière leur
accorde l’autorisation d’apposer te logo
Point vert sur ses emballages. Les fonds
collectés sont versés aux collectivités
locales volontaires pour la collecte et te.
tri des emballages usagers. Objectif:
valoriser 73 % des emballages usagés à
l’horizon 2002 contre 5 % i 40 %aufoar-
d'hui selon les filières.
Ce projet ne règle pas tous tes pro-
blèmes. Si les opérations de récupération
vont plus vite que la mise en place des
filières de traitement, tes professions vont
se retrouver avec des tonnes d’embattages
inutiles sur tes bras. Très vite, elles vont
aussi devoir s’interroger sur le caractère
écologique ou non des modes de traite-
ment choisis. En d'autres termes, un
matériau doit-il être recyclé ou incinéré
avec récupération d'énergie ? Faute de
données fiables, il est encore dîfftefe 4*
se prononcer. Reste que les répons**
seront sans doute très différentes séton
les matériaux et les situations locales^
Dans le domaine des emballages connue
sans celui des produits, ha éco-bilans
analysant les cycles de vie se justifient
pleinement.
On comprend toutes les ambiguïtés
du label européen, qui tient compta des
aspects emballage pour se prononcer sur
la caractère vert ou non (Ton produit Us
pays largement pourvu en équipement*
d’incinération avec récupération d’éner-
gie peut décerner un label vert à un pro-
duit facilement incioérabte et à haut pou-
voir calorifique. Alors qu’en l'absence de
telles installations tel autre pays peut
juger le même produit peu écotogtaucj
Dans quel sens les autorités de Brnxdles
doivent-elles trancher?
■lir-
S •"
i • T **--■
<4 • *" -ïî 1 '
Deux voies
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•Vié .temér- "JÇ >■-
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-Ha m ./lM ÿ'jid.’ i; -* lï-u:
Les pompiers pyroi
F" - î z “ t’ _ L
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pim contraignante. En AnÜ^fe
exempte, le Ubd «i S ^HeS
Sîrüü? ‘«hnologique «“WtSi
SSn5f3ܻi^
Datts b pratiqua les
<p«s et politique; l’emDon^.^
bïini qui sévu à B^Sar®**
tomobilc ont êié pour |E?^
champ du label curopéS^
compte des différence *ï*
entre Cultures de plein chl^
sons serre pourrau
tortrtts. fci nsquer de *£,*:
label une voiture japonaise??. 1 '
au goût de tout le monde.
Le meilleur exemple de
wnea-hors label en focconri .
«ans doute celle des leSasï;
phates. qui ne représenté
volume marginal du martyL
Henkcl reprenne L e çtf*
Troisième producteur moodiMir
phates. Rhône- Poulenc ea UbÏ
l'offensive. car l'ar^umeméadoejf
QWt de lui faire perdre des pas^
considérables. Aujcurdtâ,^';
fuite se partagent le manÜBÎ
'itudc écologique. An cube
. choisir. Des rainjgunmfe
vertes que Ion retram
dans d'autres secteurs, sac;
1 remballage,
la production de prodàt
**“ aussi à des di^rcs divtnfe
. des habitudes de fabneg
:hc coûteuse dans tapir
eoirepn%cs ne peuvent je;
■“! tes grand. D’ici qutkps
ànagtniT i’apparitoiuE
e, de discriminations -z
-i\Cv. - comme l'ndc.
itants incapables de scce;
«a oluer des charges de tant
^ a fat vert*' L ’mst aurai ion ir
foi contra ignames pournhçEi
nouvelles armes prc«ükmfc
DE L'ECO-LAia
A L'ECO-EMBAUM
Nos poubelle»
bO *c proclamant ccolopo^
•C «ont pas valorises. Peu
<pTl* soient recyclables, bjlg
m AnprfrtniufS. LC .
L’ECONOMIE
• Le Monde • Mardi 14 septembre 1993 35
OPINIONS
U FONCÏIONNEMINT OU MARCHÉ DSS CHANGES EN QUfSTION
La crise monétaire qui a secoué l'Europe cet
été, après celle de l'automne dernier, amène
à réfléchir sur le fonctionnement et la nature
même des marchés des changes.
Marc-Antoine Kleinpeter souligne que la
conception du marché qu'ont les
Anglo-Saxons est confondue, à tort, avec
celle de la Bundesbank : rouage naturel pour
les uns, 3 est adversaire pour la seconde. Il
en résulte des choix diamétralement
opposés. Hervé Beaudin dénonce les mythes
vogue qui prêtent aux marchés des vertus
de politique économique là où il n'y a que
recherche de profit Marc Chesney et Dtefier
Pêne soulignent que ce nouveau pouvoir
économique opaque empiète sur la
souveraineté des pays, au détriment de choix
démocratiques comme la monnaie unique.
Deux voies pour l'Europe
s
par MARC-ANTOINE KLEINPETER (*)
Mythologies
UR la nature du marché, et particulièrement du
marché monétaire, s'opposent deux systèmes de
représentations. Us s'incarnent dans deux institu-
tions qu'un mur d'incompréhension sépare : la Bun-
desbank et la Banque d'Angleterre. La crise du SME
a révélé cet antagonisme.
Selon la conception anglo-saxonne, le marché
est le lieu où des agents offrent des quantités d'une
marchandise, d'autres en demandent, et cette ren-
contre détermine le prix et les volumes échangés.
L'économie se ramène è un ensemble de marchés
qui ont le pouvoir de s’autoréguler. La pratique
anglo-saxonne consiste è se rapprocher de la confi-
guration canonique des marchés concurrentiels :
deux groupes d'agents atomisés, les offreurs et les
demandeurs, individualités élémentaires ayant cha-
cuns son objectif propre.
Ce qui échappe è cette configuration est
néfaste, en particulier l'Intervention d'un agent
dominant qui impose un prix ou une quantité globale
d'échange. Le politique est le suspect de toutes les
mésaventures. La crise du SME, dès lors, tient au
SME lui-même.
La question de la monnaie taraude cette idéolo-
gie. Le circuit monétaire ne répond pas è la repré-
sentation du marché. Il n'existe pas une concur-
rence d'offreurs privés de- monnaie. La monnaie ne
peut être produite, elle est créée. Mais il est possi-
ble de revenir è la configuration canonique du mar-
ché en s'appuyant sur ce qu'on peut appeler la «fic-
tion de la monnato-marchandîae».
La banque centrale livre une certaine quantité
de monnaie. Voilà l'offre. Les agents privés expri-
mer ■taun'dénwfide.-'pt le-priX; c'est-à-dire en i'oc-
currence fe taux d'intérêt à court terme, résulte de
l'équilibre.
Approcha gwmanique
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.1.1 ji. :,k
L’important est que l'offre et la demande res-
tant quantitatives, comme pour une marchandise.
La banque centrale doit livrer juste la quantité
nécessaire b ta croissance de l'économie {donc des
transactions). Une livraison excessive est inflation-
niste. Les marchés retrouvent leurs rouages harmo-
nieux si ia banque centrale est conservatrice,
dénuée de volonté. Telle est la doctrine monéta-
riste. La banque calcule le montant de monnaie qu'il
convient dVnjecter dans l'économie», l'annonce au
marché et se plie è ce calcul.
Or la parabole de la livraison quantitative est
irréaliste. La banque centrale n'alimente pas un mar-
ché de gros de la monnaie, dont le marché de détail
serait tenu- par les banques privées. Ce sont
celles-ci qui, par les crédits qu'elles accordent,
créent ta monnaie. La banque centrale a uniquement
la maîtrise du taux de refinancement, c'est-à-dire du
prix. L'offre n'est pas contrainte comme pour un
produit, et le prix est nécessairement administré.
Lors de la crise du SME, la spéculation a emprunté
des francs aux banques privées pour les revendre
contre des maries. L'offre de francs devient subite-
ment vertigineuse. Tant que des banques prêtent
(aux spéculateurs), l'offre peut s’accroître sans
limite. La banque centrale ne peut qu’élevar la taux
d'intervention pour rendra la spéculation plus ris-
qués. Mais celle-ci est d'autant moins risquée
qu'elle est intense. La Banque ne peut contrôler les
quantités.
La déprédation du franc ne se justifiait pas. Les
performances de l'économie française (en matière
d'inflation, de taux, d’équilibre extérieur...) plai-
daient pour une appréciation vis-à-vis du marie.
Mais l'homme de marché ne répond pas au
modèle canonique du marché où l'agent agit dans
son coin en fonction de ses objectifs et de l’état
des prix observable. Le cambiste et l'investisseur
surveillent ce qu’ils appellent le marché, et qui est
en réalité ta position des confrères. Bien que techni-
quement très proche du marché parfait, le marché
des changes n'est pas le lieu anonyme où chacun
procède individuellement è ses choix, mais le lieu où
chaque acteur surveille les autres. Si ceux-ci sont
suffisamment nombreux à vendre du franc contre
mark, la pression est irrésistible. Les «fondamen-
taux» sont oubliés. Le marché quitte le mode paisi-
ble des échanges anonymes. Il devient celui des
contagions mimétiques et de l'autovalidation des
stratégies.
Sur ce constat se fonde l'approche germanique
de ta politique monétaire. Les Allemands ne croient
pas è l'autorégulation naturelle. La crise n’est pas
un malencontreux accident mais une menace
latente. Sur le marché ne s'expriment pas les réacr
tions d-'acteurs atomisés, mais la -volonté d'agents
libres^ et potentiellement panurgiens. La régulation
monétaire est une affaire politique au sens fort du
terme.
N'a-t-on pas raillé le dogme quasi religieux du
mark, gage de la sacro-sainte stabilité allemande?
Mais, pour un Allemand, le mark n'est pas une mar-
chandise. Il est une des manifestations du collectif,
si cher è l'âme allemande. L'organisation de la ban-
que, son indépendance et son mode de prise de
décision correspondent à ce statut d'émanation
démocratique de la collectivité.
Un contresens courant est de prêter è l'autorité
allemande une conception monétariste de la politi-
que monétaire. Or l'expérience monétariste instau-
rée en Grande-Bretagne par M™ Thatcher fut
accueillie outre-Rhin avec scepticisme. Il est incon-
cevable pour un dirigeant allemand de ramener le
mark à un produit livré aux forces du marché.
Encore plus inconcevable de renoncer è la politique,
en annonçant pour les années è venir une stratégie
et des objectifs auxquels on se tiendra.
Au contraire, la Bundesbank traite avec le mar-
ché comme avec un adversaire. Son objectif est
d'être imprévisible. Les opérateurs ne doivent pas
anticiper ses décisions, au risque de reformer la
polarisation spéculative. Aussi déteste-t-slle les
pressions politiques, qui peuvent la rendre prévisi-
ble. Elle porte plus de soin è sa communication qu’à
ses travaux statistiques. La politique est première,
et la technique accessoire.
La Bundesbank, c'est vrai, affiche une doctrine
monétaire servilement soumise au dogme quanti ta-
tiviste. Elle fait mine d’accorder aux fameux signaux
monétaires, l'inflation et les agrégats, une confiance
aveugle. Alors qu’elle ne croit pas au marché ato-
misé, elle cautionne la fiction de la monnaie mar-
chandise. Pourquoi? Parce que, précisément, cette
fiction est partagée par las agents. C'est bien un
processus d'autovaTfdation qui est è l'œuvre, mais il
a cette fois le résultat de faire émerger, en temps
normal, des mécanismes de marché. Le marché
monétaire fonctionne à peu près comme un marché
parce que ses acteurs adoptent la représentation du
marché.
Pour la pratique allemande, l'important est que
perdure le fiction. Ainsi les innovations financières
sont peu prisées par les autorités allemandes. Elles
transforment le circuit monétaire, modifient la
vitesse de circulation de ta monnaie, perturbent les
agrégats et brouillent les signaux sur lesquels le
marché se régule. La Bundesbank laisse è ses ban-
ques commerciales de confortables rentes qui les
incitent à un conservatisme prudent, et les dissua-
dent de se livrer comme leurs consœurs anglo-
saxonnes à une concurrence féroce et à des suren-
chères d’innovations. La Bundesbank s'est opposée
à l‘ internationalisation du mark. Cette politique, pour
un Anglo-Saxon, est incompréhensible.
Une divergence irréaliste
m ■ la
Le soutien dé la parité franc-mark par la Bun-
desbank, at donc son adhésion au SME, fut limité
puisque la spéculation a bouté le franc hors de ses
marges. La Bundesbank pouvait indéfiniment pro-
duire les marks en échange des francs créés pour
les spéculateurs.
Mais cette pléthore quantitative risquait de bri-
ser ta foi dans les signaux, la pratique liée à ta repré-
sentation de la monnaie marchandise, l'autorôgula-
tion non pas naturelle mais soigneusement
entretenue.
La Bundesbank a déclaré qu’elle ne pouvait plus
soutenir le franc. Comme si elle avait épuisé d'hypo-
thétiques réserves de marks. La vérité est qu’elle a
vu péril en la demeure.
L'enjeu de cette divergence idéologique entre
les deux pôles européens est de taille. Selon que le
politique est le régulateur des petites affaires pri-
vées ou le régulateur de la grande affaire publique,
l'Europe se fera à la mode anglo-saxonne, par un
élargissement contrôlé des marchés, ou è la mode
allemande, par un approfondissement politique.
U
par HERVÉ BEAUDIN (•}
(*) Economiste.
■
Les pompiers pyromanes
D
par MARC CHESNEY et DIDIER PÊNE (*)
EPUJS un an que le marché des changes
prend pour cible les monnaies du SME, des voix
accusent ia spéculation. Or, un marché libéré du
contrôle des changes rend de grands services en
permettant une accélération des transactions, la
couverture contre les risques de change, un
important abaissement du coût des transactions.
Il semble donc vain de condamner un marché
aussi utile et d'envieager le rétablissement du
contrôle . dBs changes, mais ces événements
conduisent tout de même è se demander si son
fonctionnement est optimal pour les entreprises,
l'Europe et l'économie mondiale.
D'abord les critères du marché sont trop ins-
tables. Les. règles è respecter en vue de la créa-
tion ds la monnaie unique ont été établies en
fonction dss exigences du marché des changes à
l’époque, la stabilité des prix, la diminution des
déficits publics, quitte è maintenir provisoirement
des taux d'intértt élevés.
Or il semble que, depuis un an, le marché des
changes privilégie la baisse des taux è tout prix,
sans se soucier du déficit budgétaire, et favorise
les «dévaluations» compétitives, dont on a
connu les ravages, ainsi que la résurgence d'une
inflation toujours latents I
L'importance prise par le marché est telle
qu'il y a un déséquilibre croissant entre^ les cam-
bistes et les banques centrales. A l'automne
1992, 150 milliards de francs suffisaient pour
défendre la franc. Pendant l'été 1993, plus du
double n'a pas permis de la maintenir.
Face è une attaque, soit les banques cen-
trales tentent de résister mais, ne disposant pas
de moyens suffisants, elles assurent aux spécula-
teurs des gains considérables, soit elles cèdent
d'emblée, mais elles renoncent alors è l'une de
leurs principales missions. Sans contrepoids suf-
fisant, le marché est tenté d'imposer des critères
qui n'ont rien è voir avec la logique économique.
Dire qu'il faut que le franc baisse d’abord pour
remonter ensuite est illogique, sauf si l'on remar-
que que cela offrirait aux spéculateurs adroits
deux plus-values successives I
Le marché des changes, après avoir joué le
rôle de pyromane en provoquant des mouve-
ments ravageurs de yoyo sur les monnaies, peut
mettre son casque de pompier en proposant è
ses victimes des instruments de couverture l
Et plus les variations de cours sont nom-
breuses et fortes, plus les risques que courent les
entreprises sont importants, plus elles cherchent
è se couvrir, ce qui accroît les bénéfices des
pompiers pyromanes.
En outre, ce pouvoir financier sans contrepar-
tie déborde sur le domaine politique. Les attaques
menées depuis l'automne dernier sont également
dirigées contra la monnaie unique, qui ne plaît ni
au dollar ni aux opérateurs du marché de Londres.
Les marchés, en faisant reculer l'union monétaire,
ont empiété sur la souveraineté des pays euro-
péens. Or, ce nouveau pouvoir n'a ni la légitimité
ni le respect de ta séparation des pouvoirs néces-
saires è la démocratie : il fixe la loi (les nouveaux
critères) selon des processus mystérieux et sans
discussion préalable, l'applique lui-même et punit
Iss « contrevenants » en leur infligeant de lourdes
pertes.
De plus il est anonyme et opaque. A l'excep-
tion de quelques-uns, comme Georges Soros, on
né connaît généralement pas le nom des interve-
nants. Il serait pourtant intéressant de savoir, par
exemple, quelles entreprises françaises spéculent
contre le franc en même temps qu’elles réclament
une aide de l'Etat 1 On cite le chiffre pharamineux
de 1 000 milliards de dollars de transactions
moyennes sur le marché des changes par jour.
Mais il est beaucoup plus difficile de savoir qui
gagne (et perd) et combien I Ajoutons
qu’empêcher les hommes politiques d'exprimer
leur opinion sur la stratégie économique de la
France sous prétexte d'une incidence possible
sur la monnaie est une atteinte à la liberté d'ex-
pression I Enfin, il n'est pas évident que ce com-
portement favorise la reprise économique. L'ac-
croissement de la volatilité des monnaies
entraîne un risque qui conduit les prêteurs è exi-
ger une prime correspondante. Cela ne peut que
jouer au détriment des investissements et donc
de l'emploi et de l'activité économique, pour les-
quels le marché prétend lutter.
Mais comment éviter ces excès sans
empêcher le marché de fonctionner ?
La disparition de l'anonymat des intervenants
et la transparence des transactions è l’échelon
international s’imposent. Tout refus d'aller dans
ce sens ne pourrait être que suspect. Une taxe
sur les transactions qui ferait
réfléchir les intéressés avant
d'agir n’aurait de sens qu'à
l'échelon mondial.
Aboutir le plus rapidement
possible & la monnaie unique
européenne et, pour ce faire,
rapprocher les politiques éco-
nomiques reste indispensable.
Mais il faudrait aussi que les
institutions financières interna-
tionales cherchent les moyens
de limiter la volatilité à l’éche-
lon mondial.
n mythe circule de nos jours dans las
milieux économiques : les marchés financiers, par
les anticipations des agents qui y opèrent, impose-
raient aux gouvernements la seuls politique
conjoncturelle convenable du moment.
Derri&re ce mythe se cache une réalité toute
sordide : des opérateurs «influents» se servent de
leur pouvoir financier pour imposer des vues dont le
perpétuel renouvellement ne sert qu'à pérenniser
leurs profits. Car la profit est la seul moteur des
marchés. Il n'y en s jamais eu et il n'y en aura jamais
d'autres. D’une hypocrisie redoutable ou d'une nab
veté regrettable font donc preuve les « relais » qui
commentent les prises de position spéculatives de
ces opérateurs en partant de t message qu'a voulu
adresser le marché au gouvernement». Mais le seul
message est, en l'occurrence : « Dévaluez le franc,
que nous empochions nos bénéfices. »
Le pire est que les marchés, c'est-à-dire les
agents qui y opèrent, ou plutôt la majorité - pondé-
rée par les capitaux détenus et maniés - des opéra-
teurs tiennent des discours successifs contradic-
toires. Ainsi le franc, attaqué è l'automne 1992 an
anticipation de ta baisse des taux, l'est désormais
en raison de leur niveau excessif et pour sanction-
ner la situation dépressive de l'économie qui en
résulte. C'est pourquoi l’on assiste cette fois à une
hausse concomitante du marché des actions, car si
le franc se déprécia, c'est pour que les taux
d’intérêt baissent, relançant ainsi l'économie, et non
pas en anticipation de leur baisse possible. D’antici-
pateur, le marché devient gouvernant, et mise sur
une reprise qu'il a lui même programmés.
Dès lors, on observe que le franc est dans tous
les cas de figure considéré par le marché comme
surévalué, mais qu’il l'est contradictoirement, tantôt
en raison de la faiblesse de l'économie française dü
fait de taux d’intérêt trop élevés, tantôt è cause de
la théorie financière classique du fait de taux
d'intérêt appelés à devenir trop faibles.
Mieux, la valeur d'une monnaie dépendant de ia
vigueur de son économie et étsnt fonction inverse
dü taux d'inflation, te franc devrait se valoriser par
rapport au mark puisque ta récession et l'inflation
allemandes sont toutes deux plus accentuées que la
récession et l'inflation françaises.
Mais le suprême paradoxe se situe ailleurs. Il
est que si les opérateurs avaient vraiment vocation
à réformer, les politiques gouvernementales, alors
ils prendraient le risque que les gouvernants, se
soumettant è leur «analyse», éradiquent les fonde-
ments mêmes de leurs positions spéculatives.
Ainsi, une baisse rapide at substantielle des
taux courts devrait-elle, selon le marché, contribuer
au redressement du franc. Mais où serait alors la
bénéfice des spéculateurs ? C'est bien lè la preuve
que le franc n’est pas attaqué parce que les taux
sont trop élevés, mais parce que les opérateurs ont
besoin, pour pérenniser leurs profits, de provoquer
des décalages fréquents et importants des cours
des devises, escomptant de F« histoire» qu'ils pro-
pagent ta réalisation de leurs gains. Voilà ta dé du
mécanisme de la machine è profit. Voici maintenant
ce qui révolte : non r« escroquerie» financière fon-
dée sur la liberté laissée è la spéculation par nos
institutions ; mais bien plutôt l'escroquerie intellec-
tuelle, c'est-à-dire la justification morale qu'elle pré-
tend apporter à son action, par le biais de conseils
de politique économique tirant leur source de posi-
tions spéculatives qui, pour être gagnantes, exigent
précisément qu'Hs ne soient pas mis en œuvre I
Ainsi, ce n'est pas le caractère erroné de la
politique économique qui explique les profits des
opérateurs, mais le talent qu'ils déploient dans l'an
du conte, tandis que, avec l'argent, ils possèdent le
moyen imparable de le faire passer pour ta réalité.
En imposant périodiquement des idées entièrement
nouvelles au marché, les opérateurs « dominants »
parviennent, entraînant dans leur sillage les opéra-
teurs influençables et ceux qui ne le sont pas mais
qui savent qu'il n'est pas du tout raisonnable de
prétendre avoir raison contre le marché, è réaliser
des profits substantiels et è justifier leur existence.
(*) Ancien gérant de portefeuille.
(*) Professeurs au groupe
HEC.
MBA Part-Time ESCP
Programme infer-Européen de Management
Janvier 1994
le MBA ESC P s edrtise a de jeunes codres cf dirigeants ayant 5 à 10 ans
d'experience. Ce programme, compatible cvcc Pactrvité professionnelle,
comprend 550 heures d'enseignement reparties sur 18 moi^.
A
Remise des dossiers avant le 1er octobre
Sélection et entretien du 1er au 30 octobre
Informations : Hélène Penaîn ou 49,23.22*70
t,
:.v_ v.
■ » a _ _
«
36 Le Monde • Mardi 14 septembre 1993
L A décision du 2 août d'élargir à +f - 15 % autour de leur cours central
les marges de fluctuation des devises du SME entre «lies, considérée
par de nombreux observateurs comme l’abandon implicite du système de
change européen, prélude & une période de flottement généralisé des
monnaies, a en ait peu modifié les politiques monétaires.
Loin (f adopter le comportement des Britanniques au lend emain du
décrochement de la livre du SME, les autorités monétaires ont maintenu
des taux relativement élevés. Les perturbations sur k change ont donc été
tempérées. Le franc s'est déprécié d'environ 2,5 % face au mark par
rapport au cours-plancher qui était le àen depuis 1987, k franc belge B
m
ALLEMAGNE
INDICATEUR • Le* taux d'IntérSt
Lente décrue
perdu moins de 2 % par rapport à ce même p l anc he r, la peseta ne s’est
pas écartée des marges de fluctuation fixées en mai dernier.
Un td résultat a été obtenu au détriment des baisses de taux d'intérêt
qui auraient pu avoir lieu une fois la contrainte de change levée. Ainsi, la
France a tout juste récupéré les niveaux de taux d’intérêt & court terme
oui étaient les sons avant la crise de juillet* la Banque c ent ral e de
Belgique, soudeuse de entrer toute dtp ricwü o s du franc beige yis-fr-vn
du ma*, a, contrairement i Toute êvoterion soubmt*bk s do poûa devne
de ractivité, relevé de trois points son ta» central denrfs jadis. La
Banque <r&pagne s, de mta* aanflen» ose pofitiq« rigcottoie,
Cétait donc une fois de plus de la Bundesbank que pouvait noir
une détente du dînjat monétaire. Elle en a donné le signal jeudi 9 ecfXctt-
bre, eu abaissant d'un demi-point ses taax directeurs, ce qm devrait
permettre de rapprocher les taux courts de ce que ks raaichés tutidpem
au vu du niveau des taux longs.
GRANDE-BRETAGNE
ITALIE
ÉTATS-UNIS
JAPON
nrn ml imf Juin |ri. AOÛT I 93 im avril mal ]uh ■ JtriL AOÛT n m nH mai Juki JS. AOÛT
Rappel août 92; CT :ê£ % LT:fl^S%[ (Rappel Mût 92; CT :10,3K LT:9,0%| [ Rappel août 92; CT: 10*4% LT: 9£%
is wE irai Juin Jufl. AOÛT
août 92; CT: 1^0% LT: 1
Un U. AOÛT
Rappel août 92; CT :3*4% LT:7^%
II!
Ml U IA U AOÛT
k 82; CT; ag»% LT; 4M
Eu colonnes : ks taux A court tenue, & trois mois sur 1e marché des eurodevises (CT). Eu courbes : ks taux des emprunts
L’ÉCONOMIE MONDIALE
L’Europe à la traîne
L ES dernières enquêtes auprès
des chefs d'entreprise et des
consommateurs, conduites par la
Commission des Communautés
européennes viennent de confir-
mer l'extrême dégradation du cli-
mat conjoucturd en Europe.
L’indicateur avancé de l’évo-
lution économique est tombé en
juin à son plus bas niveau histo-
rique. Cest eu Allemagne qu’il est
k plus médiocre, A la fois en
niveau et en tendance. Les entre-
prises industrielles indiquent avoir
de nouveau révisé à la baisse leurs
projets d'investisseme n t en Belgi-
que, en Allemagne, en Espagne,
en France, eu Italie et au Portu-
gal. L'indicateur de confiance des
consommateurs est loi aussi au
plus bas pour l’ensemble de la
Communauté, même si une légère
amélioration apparaît en Irlande
et an Royaume-Uni.
La récession a frappé PEn-
rope continentale A l’automne
1992, A un moment où k reste de
l'économie mondiale évoluait de
développés anglophones étaient
tous eu croissance, modérée mais
robuste. Beaucoup de pays d'Asie,
d'Amérique latine, du Moyen-
Orient connaissaient un dévelop-
pement dynamique. Cest dire que
cette récession a résulté de phéno-
mènes spécifiquement
liés aux difficultés de 1
allemande et de 1a coopération
communautaire, et qu’elle a placé
l'économie européenne sur une
trajectoire singulière.
Au cours des derniers mois,
ce décalage aigu de conjoncture a
engendré ses propres mécanismes
de diffusion et d'ainoitisreinenL
Les écarts de taux d'intérêt entre
l'Europe et les autres pays se sont
sensiblement réduits, k dollar a
vu sa sous-évaluation se résorber
partiellement et temporairement,
le yen s’est nettement apprécié, ks
flux commerciaux ont été forte-
ment modifiés.
Aux Etats-Unis, au deuxième
trimestre 1993, le glissement
annuel en volume des importa-
tions atteignait 10 %, alors que
celui des exportations n’était que
de 4 %. Parallèlement au recul des
dépenses publiques et de l'inves-
tissement en logement, cette
contribution négative du com-
merce extérieur a pesé sur la
croissance américaine. Malgré k
dynamisme continu de l'investis-
sement productif des entreprises
et révolution satisfaisante de la
consommation des ménages, la
croissance américaine revient vers
un rythme de 2,5% Pan. La
modération de la croissance et des
créations d’emplois, ainsi que
l'adoption du programme budgé-
taire, ont éloigné la perspective
d’un resserrement de la politique
monétaire américaine.
La stabilité des taux direc-
teurs américains et japonais n'a
pas empêché une forte apprécia-
tion du yen, y compris par rap-
port au dollar. La reprise japo-
naise pourrait en être affectée,
sans toutefois se trouver remise en
cause. Le nouveau gouvernement
japonais en tirera probablement
argument pour infléchir encore sa
politique économique, tant budgé-
taire que monétaire, dans 1e sens
de la stimulation.
En Europe, au contraire, les
échanges extérieurs avec k reste
du monde ont soutenu l’activité
économique et contribué A stabili-
ser la conjoncture. Ainsi, au cours
du premier semestre 1993, les
commandes externes en volume
au secteur manufacturier des
anciens Lânder allemands ont crû
de plus de 10 %. Après la chute
vertigineuse de la production
industrielle intervenue entre sep-
tembre 1992 et février 1993, k
deuxième trimestre a vu s'opérer
uire légère correction, qui déviait
se poursuivre jusqu’à k fin de
l’année 1993. Les tentatives de
rédaction des déficits publics et la
vigilance de la Bundesbank dans
la lutte contre L’inflation ne
devraient pas contrarier une
reprise progressive de l’économie
allemande. Son rythme dépendra
de façon cruciale de la capacité
des exportateurs allemands A
bénéficier du dynamisme des
débouchés extra-européens, et
donc, notamment, de l’atténuation
de la surévaluatiom du mark.
Le commerce extérieur a
apporté une contribution positive
d'un demi-point (k PIB A la crois-
sance (négative) de l’économie
française au premier trimestre
1993. Depuis k début de Tannée,
et pour autant que les perturba-
tions statistiques fiées au marché
TAUX DE CROISSANCE
l&sts-Uniay
glissement annuel an %
i i i [ r r i
1989 1990
1991
1992 1993
125
120
115
110
105
100
INDICES BOURSIERS
Allemagne
r
France (CAC 40)
A M J
Etats-Unis
(Dow Jones)
a s
unique ne troublent pas trop k
diagnostic, la France a bénéficié
(Tune réduction de ses déficits vis-
à-vis de l'Allemagne, des Etats-
Unisj du lapon et des antres pays
asiatiques, en même temps qu'elle
maintenait ses excédents. Les
p e rsp ect i ves de demande interne
restent maussades : k logement
pourrait rebondir bientôt, mais
l'investissement des entreprises est
pénalisé par f ampleur des capaci-
tés inemployées et la consomma-
tion des ménages par les ponc-
tions fiscales de juillet. Depuis la
fin de Phi ver, l'activité économi-
que est stabilisée, mais ks milices
de redémarrage sont encore ténus.
L’Europe continentale a été
épargnée, pour cause d'unification
allemande, par la récession de
1990-1991. Sa résistance a d’ail-
leurs permis d’en limiter l’am-
pleur dans ks pays anglo-saxons.
Le chassé-croisé se poursuit Tou-
chés A leur tour par la récession,
ks pays européens voient mainte-
nant leur activité soutenue par la
croissance des débouchés dans k
reste du monde. Quand la reprise
viendra en Europe, et que l'aug-
mentation de la consommation et
de l’investissement lui douma un
caractère auto-entreteau, çUe sera
de nouveau ralentie par l’affeiblis-
sement probable de 1a croissance
américaine : depuis la reprise du
printemps 1991, ks Etats-Unis
ont en effet déjà bénéficié de dix
trimestres consécutifs de crois-
sance.
Jean-Michel Charpin
directeur des études
économiques de la BNP,
MARCHÉS FINANCIERS
Euphorie boursière
L ES Bourses européennes flam-
bent. Alors que le continent
traverse une sévère récession, que
les entreprises publient des résul-
tats médiocres, voire exécrables,
que le chômage s’étend, les
indices boursiers votent de record
en record : plus de 1 5 % de
hausse depuis k début de l’année
en France et en Allemagne. Cest
encore mieux qu'à New-York et à
Londres, où pourtant 1993 est
aussi une année favorable.
Toutes ks Bourses du monde
bénéficient, comme il est normal,
de la décrue des taux d’intérêt A
long terme. Alimentée par l'ab-
sence d'inflation et la réduction
des besoins de financement pri-
vés, elk a été spectaculaire : pour
ks obligations à dix ans, plus d’un
point aux Etats-Unis depuis le
début de l’année, presque deux
points en France. La dégradation
des comptes publics ai Europe et
au Japon a été plus que compen-
sée par l’atonie de l'investisse-
ment des entreprises et la réti-
cence à s’endetter de beaucoup
docteurs économiques.
Dans certains pays, notam-
ment en France et on Allemag ne ,
la période récente a vu les Bourses
soutenues aussi par la baisse des
taux A court terme et k perspec-
tive de son accélération. Un phé-
nomène similaire avait été
observé auparavant aux Etats-
Unis et au Royaume-Uni : il
résulte de la conjonction de plu-
sieurs facteurs, dont te principal
est la perte d'attrait des place-
ments liquides rémunérés.
Faut-il eu déduire que les
intervenants ne prennent plus en
compte que les taux d’intérêt, cl
qu’ils sont devenus indifférents A i
la rentabilité des entreprises? Oer- 1
tainement pas. D’une part, les ,
Bourses européennes anticipent
une reprise économique en 1994.
Cette perspective reste incertaine,
mais elle trouve des arguments
dans k constat qu’un palier a été
atteint dis k premier trimestre de
1993, dans l’espoir d'une évolu-
tion positive du secteur du loge-
ment, dans 1e dynamisme persis-
tant hors d’Europe.
D’autre part, et plus profon-
dément, les analystes financiers
prévoient que la rentabilité des
entreprises connaîtra use amélio-
ration spectaculaire locs de cette
reprise. Dans cette optique, et
comme i’iliustre k décalage entre
les résultats nets eu finie détério-
ration publiés par les entreprises
et k maintien de ratios de renta-
bilité satisfaisants dans les
comptes nationaux (en France,
par exemple, un taux d'épargne
des sociétés de 18,3 % au premier
trimestre de 1993, à comparer A
17,3 % en 1991 et A 18,2 % en
1992), ce seraient des éléments
exceptionnels, dns A la récession,
qui seraient A la source des diffi-
cultés actuelles dm entreprises.
Les Bouses font un double
pari, su la baisse des taux
d'intérêt, gu la nature des pro-
blèmes financiers des entreprises,
n n'est pas sans justification.
J.-M. C.
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Les graphiques et ks cartes de ce sup^ément août réalisés par k service infogmphîque du Monde.
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